Archives mensuelles : juin 2023

Remontée de la côte Croate (6)

Pourquoi remonter si vite ?  La date buttoir pour arriver au bout n’est que le 2 Juin. Certes mais le passage le plus délicat du parcours est la traversée du canal Kvarner. Ce bras de mer qui baigne la côte sur de l’Istrie et donne accès au port Rijeka a assez mauvaise réputation (sans toutefois être aussi dangereux que le canal Velebitski) et peu générer des vents forts. Et c’est justement ce qui est prévu pour ce week-end et le début de la semaine. On préfère donc le passer aussi vite que possible tant que le temps est maniable.

Et ce fut en effet un passage éclair, mer plate, vent d’est 15 à 18 nœuds, c’est à 8 nœuds que nous traversons le canal Kvarner. Nous avons levé l’ancre de Sunfarni à 07:10, à 12:10 nous  la mouillons dans l’anse de Paltana (Banjole) en Istrie (quelques km au Sud de Pula. Cette baie aurait pu être très jolie si elle n’avait pas été défigurée par un hôtel en béton aux couleurs criardes d’un côté et d’un lotissement de luxe mais pas plus joli de l’autre. Mais l’abri est bon sauf du plein Ouest et le fond de très bonne tenue.

Vendredi matin nous nous déplaçons de quelques milles pour aller ancrer dans la baie de Stoja entourée de plages et de camping et qui a l’énorme avantage d’être à quelques minutes du centre ville de Pula par le bus qui part du font de la baie toutes les 20 minutes.

Sitôt arrivés nous débarquons et sautons dans le premier bus pour le centre ville de Pula.

Pula aurait été fondée il y a plus de 3000 ans par les Illyriens mis elle a connu son heure de gloire après la conquête par les Romains  en 177 avant J.-C..

Ceux-ci firent de la ville la plaque tournante pour l’approvisionnement de l’empire en vin et en huile, développant du même coup l’agriculture de la région ainsi que l’industrialisation (déjà à cette époque) de la production d’huile et la fabrication des amphores. Ce sont eux qui construisirent les fameuses arènes et le temple d’Auguste au début de notre ère. La seconde phase de prospérité commença en 1150 quand Pula fit allégeance à la République de Venise. C’est aux Vénitiens que l’on doit la citadelle et l’architecture de la vieille ville qu’elle surplombe.

Autre atout important de cet endroit : du côté Nord Est de la baie derrière la plage les pins et les villas du bord de mer il y a un shopping mall de bonne taille (je pense qu’on dit centre commercial en français) avec bien sûr beaucoup de boutique de fringues de marques, électroménager, parfumerie, bijouteries et tout le tintouin mais surtout un assez grand supermarché bien achalandé et un magasin bio. Idéal pour réapprovisionner la cambuse tout en restant dans un mouillage gratuit et agréable.

Remontée de la côte Croate (5)

Le côté du large de cette partie de l’archipel est en grande partie occupé par le Parc National de Kornati et le Parc Naturel de Telascica. Mais entre ces sites et le continent il reste encore suffisamment d’îles et de canaux pour occuper plusieurs semaines de croisières sans avoir à se préoccuper du prix de ces parcs. Pour nous ce sera des petites criques tranquille ou nous serons presque toujours seuls.

Vrtiluka  au sud de Murter, Prtljug au Nord Est d’Ugljan et Sunfarni à l’ouest de Losinj. Nous avons eu peu devant mais toujours assez pour faire la plus grande partie sans avoir recours au moteur. Entre Murter et Ugljan nous avons même fait un grand bord de spi.

À Prtljug, quand nous nous sommes réveillés le matin il y avait un brouillard à couper au couteau, du cockpit on ne voyait même pas l’avant du bateau…

fort heureusement la brume s’est éclaircie un peu vers 9 heures,  on y voyait encore qu’à quelques dizaine de mètres mais avec le radar et l’AIS on pouvait commencer à avancer en toute sécurité. Puis nous sommes sortis du brouillard et la vision de cette ouate blanche enveloppant les îles derrière nous était surréaliste.

Remontée de la côte Croate (4)

Dimanche nous repartons de très bonne heure, avant que le vent ne se lève pour éviter tout risque si on devait pousser le bateau du voisin pour récupérer l’ancre et peut être aussi pour emmerder un peu ceux-ci qui mouillés beaucoup trop près n’ont pas voulu se déplacer hier soir et on préféré boire des bières jusqu’à fort tard. (grrr…)

Le vent se lève quand nous atteignons le canal Drveniki : en Croatie, tous les bras de mer entre les îles et le continent sont appelés canaux ce qui n’est pas sans rappeler la Patagonie dont la géographie présente aussi quelques ressemblances mais pas le climat…

Nous arrivons en tout début d’après midi dans la baie de Ragoznica. Mous ancrons à devant la plage à l’Est de la presqu’île ou se trouve la vieille ville.

La presqu’île est couverte de pins et de cyprès avec de-ci de là quelques villas coquettes et un chemin piétonnier qui en fait le tour. Sur la rive Ouest se situe la vieille ville. Avec, le long du quai, ses jolies maisons anciennes en pierres de taille joliment restaurées et encore couvertes pour certaines de toitures en pierres plates (comme le lauzes du Massif Central). Cela fait plusieurs jours que nous n’avions pas marché, le tour de la presqu’île nous fait le plus grand bien. Cet endroit n’a rien d’extraordinaire, pas de château ou de cité historique mais c’est l’un des plus agréables ou nous soyons passé depuis notre arrivée en Croatie.

Et cerise sur le gâteau,  c’est l’endroit parfait pour faire les provisions : on peut se rendre directement en annexe juste devant le supermarché et le marché aux légumes et aux poissons : pas de lourds cabas à porter sur une grande distance :  il n’y a que la rue à traverser. À 9:00 nous sommes de retour au bateau avec des provisions pour la semaine (c’est qu’on se tape la cloche sur Rêve à Deux) et c’est reparti cap au Nord.

Remontée de la côte Croate (3)

Samedi nous décollons de bonne heure. Le vent d’Est s’effondre bien vite pour être remplacé par de l’Ouest 10 à 12 nds. Nous voilà repartis à trier des bords mais ici entre les îles, c’est super, la mer reste plate. Nous progressons le long de la côte sud de la longue île de Hvar et nous nous faufilons entre cette île et le chapelet d’îlots qui la déborde à son Sud Est.

Dés qu’on arrive au phare sur un îlot qui marque l’entrée du passage on découvre l’impressionnante citadelle qui surplombe l’endroit et un peu plus tard la vielle ville Vénitienne de Hvar. Un endroit de plus à ajouter à notre liste d’endroits à visiter au retour à condition toutefois de trouver un bon mouillage pas trop cher pas trop loin

Le temps qui était jusque là très beau se couvre quand nous doublons la Pointe Pelegrin (extrémité Ouest de Hvar) et mettons le cap au portant sur le détroit de Splitska entre les îles de Brac et Solta. Du détroit on aperçoit au loin la ville de Split (très belle parait-il mais nous n’y ferrons sans doute pas escale cette fois-ci ni la prochaine : voir paragraphe précédent). Le vent tombe complètement dans ce passage étroit et c’est au moteur que nous arrivons dans la baie de Necujam (Solta)

Petite parenthèse sur le choix des mouillages en Croatie. Nous avons l’ « Adriatique Pilot Imray » (version électronique) qui nous permet de nous donner tous les renseignements nautiques et nous permet de nous faire une idée sur les endroits où passer et trouver un abri. Mais il faut savoir qu’en Croatie, les marinas sont hors de prix (genre 150 euros la nuit : pas du tout dans notre budget). Les quais des ports publics ne sont pas beaucoup moins chers. De nombreuses baies et autres criques sont occupés par des corps morts (bouées) louées pour 35 à 50 euros la nuit (réservation obligatoire en saison), le même tarif est souvent appliqué si on s’ancre dans la même baie. Dans beaucoup d’endroit l’ancrage est carrément interdit. Alors comment fait-on ? Heureusement il y a Navily, c’est un site web et une appli pour tablettes et smart phone qui répertorie les mouillages à peu près partout dans le monde (surtout en Méditerranée pour l’instant) et qui publie les commentaires des usagers sur chaque endroit (application que l’on consulte gratuitement sur ordinateur mais payant sur smartphone et tablette). Bien sûr tous les commentaires ne sont pas toujours précis ou tout à fait fiables d’un point de vue maritime. Mais au moins on peu se faire une idée de la qualité de l’abri, de la tenue des fonds et surtout du tarif ou, pour ce qui nous intéresse, de la gratuité de l’ancrage !

Nous mouillons dans le fond de la baie dont les rives boisées sont assez jolies mais pas la première partie de la baie devant le village de Necujam est  horrible. En fait de village, c’est une sorte de collection de lotissement de vacances et autres locations saisonnières construit sans style ni goût. Nous faisons un tour à terre mais il n’y a strictement rien à voir en cette saison même le supermarché est fermé. Quand nous sommes arrivés en tout début d’après midi nous étions seuls dans cette partie de la baie. Mais dans la soirée les bateaux de location ont commencé à arriver. Nous sommes Samedi jours de début des contrats et Necujam est le premier abri sûr une fois sorti des marinas de Split. Certains découvraient manifestement leurs bateaux mais apparemment aussi le b-aba du mouillage. Il a fallu longuement parlementer avec plusieurs d’entre eux pour essayer de les convaincre que dans 15 m de fond, 60 m de chaîne est une longueur raisonnable et qu’avec un tel rayon d’évitage (le cercle que fait le bateau en tournant sur son ancre) il ne faut pas se mouiller à  5 m les uns des autres…