Mardi 14/03/2023, nous levons l’ancre pour Tilos (ou Tylos) 22 milles plein ouest. Cà fait plaisir de remonter l’ancre dans ces fonds de sable, la chaîne remonte parfaitement propre, rien ne vient salir le pont çà change des fonds vaseux.
Tilos est comme toutes ses îles de la Dodécanèse un endroit idéal pour les randonneurs et les amoureux de châteaux médiévaux. Nous décidons de ne pas nous installer à l’intérieur du port qui nous semble un peu exigu vu de l’extérieur (nous ne sommes pas encore habitué à l’exiguïté des escales méditerranéennes) et préférons ancrer devant la plage. Attention de ne pas mouiller devant ou au nord de la jetée, c’est là que le ferry ancre pour venir à quai – heureusement le maître de port nous à prévenu à temps .
La traversée entre les deux iles fut rapide et nous avons le temps pour découvrir ce petit port pittoresque . Le village est agréable et la plupart des maisons ont été restaurées dans le style bien particulier de la région.
Pourquoi ne pas utiliser une vieille voiture comme jardinière?
Mais de nouveau, le meltem est prévu pour la fin de la semaine et à l’ancre ici nous ne serions pas très bien protégés de la houle qui rentrerait dans la baie. Nous voudrions aussi voir Nysiros avant de chercher un meilleur abri. Nous repartons donc le lendemain matin après avoir passé une bonne demi heure en apnée sous le bateau pour finir le nettoyage de la carène (le gros avantage du CopperCoat est qu’on peut le gratter sans risquer d’en enlever et donc de contaminer les fonds comme avec un antifouling classique ou pire un auto-érodant. )
Nous aurions aimer passer plus de temps dans cet endroit magnifique mais la sécurité du bateau est toujours le choix prioritaire.
10 mars, nous mettons les voiles pour l’île de Simi distante d’une vingtaine de milles , en passant devant la vieille villes de Rhodes. On imagine très bien le fameux colosse se dressant à l’entée du port. Dommage qu’il se soit effondré lors d’un tremblement de terre au 3ème siècle Av J.C
Après une traversée sans histoire, nous rentrons dans la baie de l’abbaye de Parnomitis au Nord Ouest de l’île.
C’est une petite baie fermée très abritée dont la rive sud est occupée par un grand monastère. Nous ne sommes pas venus pour faire un pèlerinage mais un peu de calme n’est pas de refus surtout qu’il y a pal mal de vent et de pluie prévu pour les jours suivants.
Le monastère date apparemment des années vingt ce qui explique sans doute son style architectural (occupation Italienne). Il n’y a pas grand monde ici, à part quelques artisans qui rénovent des bâtiments, le village semble à peut près désert. Nous nous promenons plusieurs fois autour de la baie et dans la montagne aux alentours et restons quelques jours en attendant que le mauvais temps passe. Nous sommes ravis d’avoir choisi cette période de l’année pour explorer ces îles car même si c’est l’époque où les vents sont forts et changeants, c’est aussi la saison des fleurs ce qui est tout de même plus agréable que la fin de l’été où tout doit être complètement desséché.
Les premiers jours le vent était de secteur sud ouest est l’abri était parfait. 2 ou 3 autres bateaux sont d’ailleurs venu nous rejoindre puis sont repartis samedi, sans doute inquiet en raison du vent qui devait tourner au Nord Nord Ouest dans la nuit. Effectivement, dimanche matin le meltem (nom local pour le vent du nord) soufflait assez fort, mais bien enfoncé dans la partie Ouest de la baie nous étions bien protégés et le méchant clapot que l’on apercevait à l’extérieur ne nous atteignait presque pas. Nous avons eu aussi un peu de pluie mais presque rien comparé à Rhodes où il est parait il tombé des trombes d’eau.
De nombreuses légendes y compris mythologiques existent sur l’origine de cette ville. Hélios (le dieu du soleil) se serait uni à la nymphe Rhodos (Rose), fille de Poséidon et d’Amphitrite ; ils eurent sept fils dont l’un engendra Kameiros, Ialysos et Lindos qui fondèrent les trois premières cités de l’île qui portent encore leurs noms aujourd’hui. Si l’île est peuplée depuis la fin du 3éme millénaire av. J.C. (Minoens et Mycéniens), ce n’est qu’en 408 av J.C que l’union de ces trois villes (synœcisme) que naquit la ville de Rhodes . Sa réalisation fut confiée à Hippodamos de Milet à qui on doit aussi le port du Pirée. La ville a connu par la suite une histoire très tumultueuse, tour à tour Romaine, Byzantine, Sarrasine, Vénitienne, Franque etc, etc. Les vestiges de la vielle ville, ces remparts et autres palais que nous pouvons admirer aujourd’hui sont en grande partie du à l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui en avaient fait leur fief après avoir été chassés successivement de Terre Sainte puis de Chypre. Leur « règne » sur Rhodes a duré de 1307 à 1522 date à laquelle ils ont été expulsé par Soliman le Magnifique après un siège de 5 mois. On a pu constater que pendant ces 2 siècles ils n’avaient pas chômé…
L’atmosphère est moins déprimante qu’en décembre où tout était fermé. Les premiers touristes sont de retour et quelques échoppes ont ouvert pour eux.
Venir ici sans venir voir un musée ? inconcevable pour nous .
Il y a de nombreux musées à visiter dont le palais des Grand Maîtres, le musée d’Art moderne …et celui que nous avons choisi de visiter le musée Archéologique qui est parait il le plus beau de Rhodes. Ici à part le bâtiment lui-même et les emblèmes des grands maîtres dans l’a grande l’immense salle de soin pas de référence à l’époque des Hospitaliers: les collections ouvertes au public concernent uniquement l’antiquité. Nous sommes seuls, nous avons le musée pour nous .
L’architecture est magnifique, il avait été construit pour y abriter un hôpital pour soigner les péperins et croisés se rendant ou revenant de Terre Sainte.
Non se ne sont pas de fèves pour la galette des rois! Ce sont de petites figurines sculptées retrouvées dans les tombeaux ou les urnes funéraires
Nous poursuivons notre visite dans les jardins où des mosaïques faites en petits cailloux recouvrent des murs d’enceintes.
En sortant nous remontons la rue des Chevaliers qui mène palais des Grand Maîtres. La rue comme le palais ont été magnifiquement restaurés à l’identique pendant l’occupation Italienne (1912 – 1943) Mussolini s’étant pris d’une passion toute particulière pour l’île.
La journée à été bien remplie, nous ne sentons plus nos jambes. Il est temps pour nous de rentrer au bateau. Les courses sont faites, on a récupéré notre acte de francisation (confié à la police maritime pendant notre absence pour éviter d’avoir à payer la taxe de navigation (102EUR/mois), La Marina est réglée (17EUR/jour c’est raisonnable compte tenu du service impeccable, par contre le bassin est très mal conçu et la moindre houle crée un ressac important qui devient rapidement inconfortable et met amarres et taquets à rude épreuve) , demain nous prenons la mer et quittons l’île de Rhodes.
Lundi 5 mars 2023, 5 jours déjà que nous sommes rentés de notre escapade hivernale de trois mois chez nous en France. Nous avons remis le Rêve à Deux en état de navigation mais avant de reprendre la mer nous voulons visiter cette île au passé prestigieux réputée notamment pour ses châteaux et forteresses de l’époque appelèe ici franque mais qui correspond en fait à la période des croisades (11ème 14ème siècles) et nous louons une voiture pour en faire le tour. Première étape à ne pas manquer, Lyndos sur la côte Est. La saison touristique n’est pas encore commencée, nous sommes seuls pour arpenter les jolie ruelles qui montent aux châteaux . Pas de chance, nous sommes un peu trop tard la fermeture du château est à 15h. Il nous faudra nous contenter de la vue extérieure qui vaut à elle seule la visite.
Nous rentrons par la route qui traverse la montagne plus typique que celle de la côte avec ses petits villages, ses forêts et ses plantations d’oliviers. Dans certaines vallées les arbres sont plein de cocons de chenilles, l’une d’entre elle est d’ailleurs surnommée la vallée des papillons. Au détour d’un virage, nous apercevons une harde de daims. Nous apercevons aussi une immense retenue d’eau, il faut dire qu’en été, quand la population de l’île décuple à cause des touristes la gestion de l’eau ne doit pas être simple.
La deuxième journée nous partons vers la côte est de l’île . Premier arrêt au site antique de l’ancienne Kamiros. Mais pas de chance, aujourd’hui nous sommes bien à l’heure mais nous sommes mardi c’est le jour de fermeture des musées… Nous filons jusqu’à l’ancienne forteresse franque de Kastelos qui est ouverte et gratuite. Perchée sur un piton, du haut de ses murailles, la vue sur les îles Kalki et Alimia est magnifique. Sur la route petit arrêt au petit port de Skala Kamiros (le seul de cette côte exposée au souffle du Meltem) connu pour sa tombe Lycienne.
En continuant vers le sud, nous explorons un peu le les gorges du canyon de Jacob et ses étonnantes parois feuilletées. Pause picnic à Monolithos avant de descendre tout en bas de l’île de Rhode pour voir la presqu’île de Prasonisi et sa grande plage (site assez décevant) .
Retour par la montagne en passant par les ruines du château fort d’Asklipio encore assez bien conservé avec du haut de ces remparts une vue imprenable sur 360 °. Quant je vous dis que c’est ici que l’on peut voir des chateaux forts … Il semblerait que tous ont été construits pendant la même période que la vieille ville de Rhodes par les chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, nous y reviendrons dans l’article suivant.
Le clou du spectacle de cette journée c’est le monastère de Moni Thari, la construction a été commencée au début de 9ième siècle et achevée au 12iéme. Une légende prétend qu’il aurait été érigé sur les ruines d’un temple d’Apollon, selon une autre, il aurait été construit sur les ordres d’une princesse Byzantine qui aurait été guérie d’une maladie mortelle par la source miraculeuse qui coule encore sur le site. C’est un lieu de repos et de contemplation mais les moines n’hésitent pas à partager la beauté de leur site. Les mosaïques sont magnifiquement conservées ainsi que les peintures décorant les murs et le dôme à l’intérieur de l’église. Dans le jardin, on voit encore des oliviers datant parait-il de l’époque de la constructions et la vigne ne doit pas dater d’hier non plus.
Voilà! en deux jour nous n’avons eu qu’un petit aperçu de cette île superbe. Ce matin le voilier nous a apporté nos voiles réparées. Mais avant de partir pour l’île suivante il nous faut encore faire les courses et surtout visiter le joyaux de l’île: sa ville médiévale et si on s’y prend bien on arrivera peut-être même à trouver un musée ouvert…
Le bateau doit être en parfait état : depuis Tanga en Tanzanie jusqu’à Chypre (première escale « facile » après le sortie du Canal de Suez) c’est un parcours de près de 4000 milles dans un environnement très difficile sans réelle possibilité de réparation. Il faut donc faire un checkup approfondi avant le départ (gréement, voiles, instruments etc.). On risque aussi d’y rencontrer beaucoup de calmes (ou plus précisément être obligé de progresser pendant les périodes de calme, en Mer Rouge, la navigation étant souvent impossible ou très difficile quand le vent souffle) et par conséquent de solliciter fortement le moteur : une bonne révision avant le départ mais aussi une carène bien propre sont indispensables.
Nous avons nettoyé la carène en plongée (merci Copper Coat) et fait l’entretient moteur au mouillage à Tanga avant de partir
Autre aspect fondamental, il faut bien se renseigner sur la situation du moment dans les zones traversées, l’évolution des formalités (visas, vaccinations et autres restrictions) dans les pays où on compte faire escale volontaire ou en cas d’urgence. Il existe un groupe privé (pour des raisons de sécurité évidentes) sur Face Book appelé « Red Sea Passage ». Il contient des tonnes de renseignements utiles accumulés depuis plusieurs années par tous ceux qui ont entrepris cette traversée. Pour y avoir accès, il faut contacter Wade, l’administrateur : wade@joana.ca
Et bien sûr, la plus grande partie du parcours se fait dans la zone dite à haut risque (High Risk Area: HRA). C’est là qu’au cours des 2 dernières décennies ont eu lieu de nombreuses attaques de pirates, jusqu’à 2020 principalement d’origine Somalienne mais plus récemment Yéménite. La plus grande prudence et une vigilance de tous les instants sont donc très fortement recommandées. Il est aussi vivement conseillé de s’inscrire auprès des organismes responsables de la sécurité dans la région et de suivre leur recommandations: UKMTO, MSCHOA (opération Atalante) et pour les navigateurs Français, notre Marine Nationale (MICA Center et ALINDIEN). L’inscription se fait très facilement sur leurs sites respectifs quelques jours où même quelques semaines avant le départ, c’est entièrement gratuit.
Illustration: Maritime Security News
Traversée de la zone à haut risque ( HRA)
Nous rendions compte quotidiennement de la situation et de notre position à : Watch keeper UKMTO, MSCHOA, MICA Center, ALINDIEN et MRCC Griz Nez (Comme nous l’avons toujours fait avec Griz nez depuis le début de ce voyage, au cas ou nous aurions à déclencher notre balise EPIRB vu que c’est ce MRCC qui reçoit les messages de détresse de toutes les balises enregistrées en France) . Un seul e-mail standardisé pour tous. Watch keeper UKMTO répond systématiquement (accusé de réception automatisé) ALINDIEN et Gris Nez souvent, MSCHOA et MICA Center demandent parfois des précisions.
Crédit photo: Marine Japonaise, base d’Atsugi
De ces forces de sécurité, nous n’avons vu que l’avion Orion P3 de la marine Japonaise patrouillant dans le golfe d’Aden. Nous avons échangé quelques mots par VHF avec lui à chacun de ces 3 passages. Nous avons également entendu des bulletins d’avertissements réguliers diffusés par un navire de guerre Japonais dans la même zone. C’est tout : aucune surveillance visible dans l’océan Indien, ni dans la mer Rouge.
Nous n’avons fait aucune mauvaise rencontre.
Les seuls contacts que nous ayons eus, étaient au large de l’Érythrée, avec de gentils pêcheurs yéménites voulant vendre leur pêche ou l’échanger contre de l’eau douce.
La zone à haut risque est supprimée à partir du 01/01/2023 et le mandat de l’opération Atalante se termine. Le risque de pirateries ou d’attaques est certes beaucoup plus faible qu’il y a quelques années mais demeure tout de même (voir ici https://www.ukmto.org/indian-ocean/recent-incidents). Il est donc toujours recommandé de s’inscrire auprès du MSCHOA, MICA Centre et du Watch keeper UKMTO. d’être attentif et de bien garder ses distances de la côte somalienne et de la côte Yéménite.
Vents et courants :
La majeure partie des voiliers qui remonte la Mer Rouge le font de Février à Avril. Ce n’est pas que les conditions soient plus favorables sur cette mer pendant cette partie de l’année (elles sont pratiquement les mêmes toute l’année et jamais vraiment favorables) mais la mousson souffle dans le bon sens pour entrer dans le golfe d’Aden en venant d’Inde, des Maldives de Malaisie ou d’Indonésie. Mais si, comme nous, vous venez de la côte Africaine de l’océan Indien la bonne saison est de mi-Septembre à fin Octobre.
Selon les données historiques, pilot charts (disponibles ici) ou Nullschool (https://earth.nullschool.net/) c’est le moment où la mousson du nord-ouest est encore active le long de la côte somalienne mais génère des conditions plus maniables dans la région de Socotra. Plutôt (de Juin à Septembre) les vents sont violents autour de Socotra plus tard (à partir de Novembre), l’alizé de Nord Est rend difficile la remontée de la côte Africaine.
Océan Indien
Nous avions planifié de quitter la Tanzanie vers le 20 septembre pour pouvoir contourner Socotra durant les premiers jours d’octobre. Et c’est exactement ce jour là que les GRIBS GFS à 16 jours (pour ce qu’ils valent) nous donnaient le meilleur créneau. Pendant tout le trajet, de Tanga à Socotra les prévisions GFS ce sont révélées exactes, nous n’avons jamais eu plus de 20 nœuds et toujours un courant favorable ou dans le pire des cas neutres.
Le courant est fort, nous avons enregistré jusqu’à 3 nœuds. Il pousse vers le NE jusqu’à 150 NM au large de la Somalie. Plus loin de la côte, il peut être contraire et aussi fort. C’est aussi la zone où le vent est le plus favorable. A 200 NM le vent devient très faible. La prédiction des grib RTOFS pour le courant s’est avérée assez précise.
La HRA (tracé rouge sur la carte) s’étendant jusqu’à près de 300 milles de la côte Somalienne, il n’est pas envisageable de l’éviter sauf à se battre contre le courant contraire dans des vents très aléatoires. Pas question non plus de s’aventurer trop près de la côte, les pirates somaliens semblent un peu calmés mais il ne faut pas tenter le diable. Nous nous sommes donc fixé une zone intermédiaire pour notre navigation allant de 100 à 200 milles de la côte (lignes bleues sur la carte). Il est intéressant de constater que notre routage initial (ligne verte sur la carte) passait pratiquement au milieu de cette zone intermédiaire. C’est aussi à peu de chose près la route que nous avons suivi.
Mer d’Arabie
Nous avons atteint Ras Darisha, la pointe la plus Est de Socotra le 29/09/2022 couvrant les 1500 milles depuis Tanga en 9 jours: une première partie de traversée rapide et agréable. Par contre, le contournement de Socotra a été plus compliqué. Le relief de l’île étant très escarpé l’alizé est très perturbé sous son vent. Même à 20 ou 30 milles au large de l’île et on a tout eu, du calme plat jusqu’à des rafales soudaines à 20 nœuds ou plus plusieurs fois par heure : pas de tout repos… Une fois passé la point Ouest de Socotra on a retrouvé un bon 15 à 20 de nœuds de travers bien établi avec un peu de mer.
Maintenant que la HRA va être supprimée, il sera très avantageux de passer entre Socotra et le continent. D’ailleurs, tous les navires marchands à destination ou en provenance de l’Afrique de l’Est que nous avons aperçu à l’AIS ou visuellement empruntaient cette route.
Golfe d’Aden
Dans le golfe d’Aden proprement dit, le vent était assez faible (jamais plus de 10 nds lors de notre passage) mais de direction assez constante. Nous avons pu porter le spi pendant une soixantaine d’heures sans interruption. Mais nous avons également eu de longues périodes de calmes plats, que nous avons affrontées au moteur. La mer était très calme et les courants faibles. Nous sommes restés entre la côte Somalienne et le corridor emprunté par les navires marchands ce qui semblait un bon compromis entre la sécurité (pirates d’un côté et risque de collision de l’autre) et les conditions de vent et de courant.
Pendant toute la traversée du Golfe d’Aden nous avons surveillé les prévisions pour le détroit de Bab El Mandeb et le Sud de la Mer Rouge. Comme elles étaient stables et favorable, nous avons décidé d’en profiter et de continuer sans nous arrêter à Djibouti. L’idée étant d’arriver le plus tôt possible en Méditerranée et bénéficier des conditions encore agréables de l’arrière saison
Mer Rouge
Octobre 2022 s’est avéré un bon choix pour remonter la mer Rouge. A part la température très élevée (air 38°C le jour, toujours >30°C la nuit, mer : 36°C) nous n’avons pas souffert. Nous avons eu presque toujours assez de vent pour naviguer à la voile et jamais plus de 20 nœuds établis (25 en rafale). Au dessus de cette force, le vent lève une mer très courte rendant le près très pénible. Le bateau tape et a beaucoup de mal à atteindre une vitesse décente à un angle de vent raisonnable, mais pour nous, au moteur, çà aurait été pire et il aurait fallu attendre les périodes de calme pour progresser. Nous n’avons pas perdu de temps ni eu a utiliser beaucoup le moteur.
Les courants sont également étonnamment forts dans certains endroits. Ils semblent former de grandes boucles sur toute la largeur de la mer. Le long des côtes égyptiens, ils semblaient pousser principalement vers le sud tandis qu’au milieu et parfois le long de la côte de l’Arabie Saoudite, ils se dirigeaient vers le nord ou étaient neutres ou non existants. Ici, les prédictions données par les gribs RTOFS et Copernicus, bien que montrant des schémas parfois très différents, étaient toutes les deux fausses la plupart du temps.
Dans le détroit de Bab el Mandeb et le sud de la mer Rouge, nous avons eu un vent faible à modéré tournant progressivement du secteur Sud au secteur Nord avant d’atteindre Suakin. Le modèle GFS était extrêmement précis dans cette partie.
Le reste de la mer Rouge s’est fait uniquement au près mais la direction du vent variait du NW au NE : généralement plus W le long de la côte de l’Arabie saoudite, plus E du côté égyptien et pile dans l’axe au milieu. Mais pour toute une journée, le vent était bien de la force indiquée sur les gribs mais, chose exceptionnelle sa direction était à plus de 120° de celle indiquée 180° par les modèles GFS et ICON. Dans le Golfe de Suez le vent était plus ou moins dans l’axe (NW), beaucoup plus fort côté NW (25 – 30 nds) alors que côté Sinaï on avait 15 à 20 nds et une mer raisonnable nous permettant de tirer nos bords dans de bonne conditions.
Cartographie
Nous utilisons Maxsea Time Zero 4.1 avec la dernière mise à jour de la cartographie C.MAP (11/2021).
Les cartes se sont montrées précises et fiables particulièrement pour le détroit de Bab El Mandeb, la côte Soudanaise et le golfe de Suez. La côte Egyptienne, en dehors du golfe de Suez, des environs de Safaga et de Hurgada, est très peu détaillée mais il n’est de toute façon pas recommandé de s’y arrêter (risque de devoir payer un visa ou une amende à des coûts prohibitifs) . Nous n’avons navigué en vue de côtes uniquement pour la remonté du Soudan (effectuée à l’intérieur du récif avec une nuit dans une marsa) et du golfe de Suez (côté Sinaï). Le reste du temps nous sommes resté au large où ,compte tenu du traffic très dense, la visualisation des cibles AIS sur la cartographie et une veille très attentive sont indispensables.
Nous n’avions pas réussi à nous procurer le Red Sea Pilot (épuisé chez l’éditeur), le seul guide pour cette mer, mais on s’en est passé sans aucun problème. Par contre nous avions bien sûr des images satellites de toute la côte bien utile pour rentrer dans les marsas si le besoin s’en était fait sentir (par exemple si nous avions du nous abriter du mauvais temps …)
Trafic Maritime
Si nous n’avons rencontré que 2 navires entre Tanga et Socotra, la suite du voyage s’est avérée tout à fait différente.
La Mer Rouge et le Golfe d’Aden font partie des zones de trafic les plus denses du monde. Des zones de séparation de trafic sont en place dans le golfe d’Aden, le Détroit de Bab El Mandeb et le Golfe de Suez. Dans les 2 premières nous n’avons pas entendu de contrôle mais la grande majorité des navires marchands s’y conforment. Nous sommes toujours restés à l’extérieur du « rail ». Par contre dans le Golfe de Suez le contrôleur nous a contacté par VHF une trentaine de milles avant Ras Mohamed pour confirmer nos intentions et nous a rappelé à l’ordre, très gentiment, quelques milles avant la zone d’attente de Suez quand un de nos bords nous a amené à mordre la limite du chenal, il nous a ensuite indiqué à quel endroit mouiller.
La zone de mouillage de Suez. Le contrôleur vous indiquera un emplacement où mouiller en attendant une période sans trafic pour rejoindre le Yacht Club ou se déroulent les formalités. Nous c’était le 3C
En mer rouge il y a aussi beaucoup de trafic transversal. Il y a bien sûr les Ferries, RORO et autre cargo assurant la liaison entre l’Egypte et L’Arabie mais il y a surtout les navires qui attendent leur tour dans les zones plus abritées à la limite des eaux territoriales Erythréennes ou Soudanaises pour aller charger aux ports Saoudiens.
Nous avons fait très attention de ne pas interférer avec la route des cargos mais, mis à part une seule fois pour laisser passer un ferry tout en haut de la mer Rouge, nous n’avons pas eu à modifier notre cap pour éviter une collision. Les navires marchands, beaucoup plus rapide que nous ont toujours fait ce qu’il fallait pour passer suffisamment loin de nous.
Un bon AIS (émission et réception) avec une antenne aussi haute que possible (la notre est en tête de mât) et un écran bien lisible (de préférence superposé sur la cartographie) est indispensable. Et bien sûr: veille permanente et VHf allumée comme dans toutes le zones à fort trafic.
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Moteur et carburant
Nous sommes partis de Tanga avec 220 litres dans le réservoir et 200 litres en bidon. C’est la quantité habituelle que nous embarquons pour une traversée océanique. De Tanga à Chypre nous avons utilisé en tout et pour tout 250 litres de Diesel dont 140 dans le golfe d’Aden et le sud de la Mer Rouge, 80 dans le nord de la Mer Rouge et le Golfe et de Suez et 30 dans le Canal pour un temps total au moteur de 157 heures (dont 30 à cause d’une voile d’avant endommagée que nous n’avons pas pu changer tout de suite) sur un temps de navigation total de 29 jours jusqu’à Suez plus 2 pour le canal soit 22,8%. Consommation moyenne 1,6 l/h (le moteur est un Volvo D2-55 (55 ch) que nous utilisons à 1200 à 1500 tr/min) pour une vitesse moyenne de 4,8 nds. Comme nous avons repris 140 litres à Suakin, nous sommes arrivés à Chypre avec encore 110 litres dans le réservoir et 200 en bidons.
Combien çà coûte
Nous avons eu une bonne fenêtre météo et nous avons pu nous rendre directement à Suakin sans nous arrêter à Djibouti. C’est évidemment une économie substantielle et en cette saison la température était de toute façon beaucoup trop élevée pour profiter de cette escale.
Suakin
Frais d’agent, dédouanement compris 250 USD
Nous avons acheté:
140 litres de gazole à 1,50 USD/l = 210 USD
200 litres d’eau purifiée pour 60 USD
Carte SIM (10GO) 30 USD
et dépensé environ 150 USD pour la lessive, l’épicerie, les restaurants et la visite à Port Soudan
Total 700 USD
note sur les espèces au Soudan : les cartes de crédit internationales ne sont acceptées nulle part dans le pays, ni dans les distributeurs automatiques de billets (quasiment inexistant de toute façon) ni dans les commerces. Le seul moyen pour les étrangers d’obtenir de l’argent est d’échanger des dollars US ou si on en a pas assez de demander à quelqu’un dans son pays d’origine d’en l’envoyer par Western Union à la Banque de Khartoum à Port Soudan.
Suez
Frais de transit du Canal de Suez 250 USD après mesurage du bateau, pilotage compris
Dédouanement du port de Suez. 335 USD incluant les frais d’immigration.
Taxes portuaires. 60 USD
Frais d’agent. 80 USD
Frais de port de plaisance. 21 USD (1 nuits) même si ce n’est pas vraiment un port de plaisance, juste un ponton délabré.
Pas de pourboire ou bakchich à quiconque (même si le 2ème pilote a bien fait une tentative) donc c’est tout .
Grand total dépensé de la Tanzanie à la Méditerranée : 1498 USD (environ 1500) ou 1250 si on ne compte pas les courses (qu’on choisisse de passer par la mer Rouge ou par le Sud de L’Afrique il faut quand même se nourrir)
Notez que seul les Euros et les Dollars US ou un mélange des deux sont acceptés par tous les agents. A Tanga nous avons pu acheter très facilement des dollars à la banque. Nous avions retiré des euros à Mayotte.
Agents
Pour entrer au Soudan et pour passer le Canal il faut obligatoirement utiliser des agents. Nous avions choisi, Mohamed Abu Baker à Suakin et le Captain Heebi (Prince of the Red Sea) et ce choix nous à donné entière satisfaction se sont tous les deux d’excellents professionnels et ils ont fait un très bon travail !
A noter aussi le travail extraordinaire effectué par Mohamed Monsen, responsable de la plaisance au sein de l’Autorité du Canal de Suez pour éliminer toute forme de corruption et rendre le passage de nos bateaux plus agréable et plaisant.
Visas
Au Soudan pour les plaisanciers il n’y a pas besoin de visa tant que vous restez sur la côte, le permis de croisière suffit (compris dans les 250 USD de l’agent). Par contre si vous voulez vous rendre à Khartoum il vous en faudra un et c’est très cher…
En Egypte, si vous ne faites pas d’escale avant Suez il n’y a pas besoin de visa. Par contre si vous faites escale avant dans un port ou une marina (par exemple port Ghalib) ou encore si vous voulez sortir de l’enceinte du Canal il vous en faudra un et il expirera dès que vous sortez du port si bien qu’au port suivant il faudra en reprendre un nouveau. Coût à chaque fois 216 USD/bateau (immigration entrèe sortie) + 25 USD/personne (visa proprement dit) Une courte escale sur ancre et sans descendre à terre pour ce mettre à l’abri du mauvais temps est toléré dans quelques marsas du golfe de Suez. Capt Heebi nous en avait indiqué 4 qui étaient sûres à ce moment là, dans d’autres le risque est de se voir refouler manu militari ou plus probablement « plumer » par des officiels corrompus. On déplore la différence entre ce traitement réservé aux seuls plaisanciers par rapport aux voyageurs aériens qui peuvent rentrer et circuler dans tout le pays sans visa. Mais des voix commencent à s’élever au sein des autorités gouvernementales pour essayer d’améliorer la situation.
Pourquoi passer par la Mer Rouge
D’abord parce qu’on en avait très envie. C’est une région chargée d’histoire et d’aventures (qui n’a pas lu Henry de Monfreid?) Et même si on a pas pu faire les escales qu’on aurait aimer faire, se glisser entre l’Afrique et l’Arabie par la Porte des Lamentations (Bab El Mandeb) ou contempler les hauteurs du mont Sinaï est déjà l’aboutissement d’un rêve.
Ensuite comme nous l’avons partiellement expliqué plus haut, c’est une question de saison. Pour passer par le Cap de Bonne Espérance, il aurait fallu attendre fin Novembre à la Réunion ou à Mayotte pour traverser jusqu’à Richards Bay puis avancer par étape entre les dépressions jusqu’au Cap pour ensuite remonter tout l’Atlantique soit pratiquement le double de route.
Et enfin, nous avions commencé ce tour du monde par une descente de l’Atlantique et un passage en Patagonie, avant de boucler la boucle, nous voulions découvrir la Méditérannée d’Est en Ouest.
Pour terminer: si vous prévoyez de transiter par le canal et la mer Rouge, soyez sûr de prendre les dernières informations concernant la sécurité et les formalités administratives car elles évoluent constamment…
A toutes et à tous, nous vous souhaitons une fantastique année 2023 avec plein de bonheur et, si vous êtes voileux, de belles navigations sans entrave administrative ni quarantaine. Mais surtout, puisse-t-elle être celle de la paix retrouvée et d’actions décisives pour la survie de notre planète.
Pour nous, elle commencera par notre première pause hivernale depuis bien longtemps… Nous avons laissé Rêve à Deux à la Marina de Rhodes pour rentrer chez nous en Touraine et passer les fêtes en famille. Mais ne vous inquiétez pas, ce ne sera qu’un court intermède, début Mars nous devrions être de retour à bord. Entre temps, continuez à suivre ce blog! En attendant de nouvelles aventures maritimes, on va essayer de publier quelques articles techniques.
C’est un ciel chargé de pluie que nous quittons la Turquie, il faut avouer que depuis quelques jours nous n’avons pas été gâtés par le temps. Toutes les nuits depuis une semaine des orages interminables déversaient des tonnes d’eau sur Fethiye et ses alentours, couvrant de neige les sommets les plus élevés. La température extérieure a chuté à 13 ° la nuit et 19 ° le jour et la petite couette ne suffisait plus pour réchauffer nos vieux os acclimatés aux températures tropicales depuis trop longtemps. Deux couvertures en polaire furent ajoutées. Nous avons même remis en route notre chauffage qui a bien voulu redémarrer sans problème après deux années de repos. Dire qu’il y a une semaine nous nous baignons encore dans cette méditerranée et qu’elle était toujours à 26°…
Nous avons tout organisé pour laisser Rêve A Deux pendant 3 mois à Rhodes (Grèce) le temps d’aller passer Noël en France avec la famille. Les billets sont pris pour le 6 décembre, nous sommes déjà le 27 novembre, il est temps de songer à programmer cette courte traversée de seulement 45 milles.
Mais les prévisions météo changent tout le temps et à deux jours près le temps calme annoncé devient un coup de vent à ne pas pouvoir prendre la mer. Nous avions prévu de partir le jeudi 1er décembre : tous les modèles consultés pendant le weekend indiquaient que la perturbation orageuse allait enfin se calmer et nous donner des conditions favorables pour ce jour là. Mais lundi, tout avait encore changé: une nouvelle dépression se dessinait à l’horizon nous laissant entrevoir pour le Jeudi une traversée assez rude et surtout de très fortes rafales à l’arrivée. Par contre Mardi, çà semblait vouloir passer même si l’arrivée risquait d’être un peu « olé-olè ». Pas question de risquer d’être bloqués ici, il faut y aller. Nous avons donc avancé le départ de 48 heures pour passer entre les deux dépressions, le créneau était court et çà promettait d’ être, sportif, mais pas infaisable. On est donc descendu à terre pour faire les formalités de départ chez l’agent , en 30′ chrono nos passeports étaient tamponnés et on avait notre clearance (coût de l’opération 65EUR mais, vu l’efficacité, çà vaut le coup). En plus on avait le droit de passer la nuit à l’ancre dans la baie. La nuit a été encore une fois orageuse, au matin il tombe des cordes. Dès que la pluie se calme on lève l’ancre. Ensuite, rien ne s’est passé comme prévu, au sortir de la baie on devait avoir 6 à 8 nds on a eu 15 à 20, au milieu on devait avoir un vent de SE 14 à 18 nds on eu du vent de NW 7 à 10 nds jusqu’à l’arrivée où on devait avoir des rafales jusqu’à 20 nds mais en fait il n’y avait pas un souffle dans le port. Tous les modèles consultés s’étaient « plantés grave »: GFS, ECWF, ICON EU, ARPEGE, Meteo Blue, pas un pour racheter l’autre, si on vous dit que la Méditerranée est imprévisible, je vous confirme que s’est vrai! Nous sommes donc passés comme des fleurs sous un temps plutôt agréable une fois passées les pluies du début.
Deux marins de la marina nous attendaient pour prendre nos bouts. Le port est quasiment vide. Nous sommes bien installés pour encaisser les tempêtes hivernales qui sont parait-il assez sévères ici.
La température est plus clémente, aussi nous avons délaissé les couvertures supplémentaires et nous nous endormons bercé par la houle du port.
Le lendemain il fait un soleil superbe. Nous sortons nos trottinettes pour aller en ville faire nos formalités d’entrée en Europe et ce n’est pas simple même pour nous qui battons pavillon Français . Nous nous rendons d’abord à l’autorité portuaire tout au bout du port Ouest La fonctionnaire enregistre notre entrée et copie passeport, preuve de payement de la taxe sur les bateaux de croisière (voir plus bas), attestation d’assurance acte de francisation et liste d’équipage. Il faut ensuite avec ces mêmes documents photocopiés en 4 exemplaires se rendre à la douane dont le bureaux est sur le quai Est du grand bassin des ferries pour faire la clearance d’entrée. De là il faut ensuite aller à la police des frontières (heureusement sur le même quai) pour le contrôle des passeports (le scanner à mis un bon quart d’heure à bien vouloir fonctionner) et rajouter un coup de tampon sur la liste d’équipage (nos passeports n’ont pas besoin d’être tamponnés, on est européens!). Et finalement il faut revenir à l’autorité portuaire remettre la liste d’équipage dûment tamponnée. Ouf! le parcours est terminé. De tout ce voyage, c’est l’une des entrées les plus compliquées que nous ayons faite juste derrière l’Indonésie et le Brésil. Mais ce n’est pas fini. Avant d’entrer en Grèce il faut payer la taxe sur les bateaux de croisière (TEPAI) on l’avait réglée sur internet avant de prendre la mer une première fois pour décembre comme on croyait partir le 1er et une deuxième fois pour novembre puisqu’on est finalement partis le 29/11. Cette taxe de 8 euros par mètres soit 102 EUR pour nous est a payer tous les mois où le bateau navigue dans les eaux grecques même pour un seul jour et il ne faut surtout pas oublié de la payer sous peine d’une forte amende . On peut en être dispensé pour les mois ou le bateaux est immobilisé au port mais il faut aller à la police maritime demander une dispense, ce que nous avons fait et çà nous a pris encore une bonne demi-heure. Pendant toute cette période d’immobilisation la police garde l’original de l’acte de francisation en gage.
C’était une matinée bien remplie, nous rentrons en longeant les quais. en nous régalant de la beauté des remparts de Rhodes . Puis nous pénétrons dans la vieille ville. Elle est doublement fortifiée et a gardé tout son charme . De début Novembre à fin Mars toute la vieille ville se met en hibernation, les commerces, les boutiques de souvenirs, les cafés et les restaurants ont pratiquement tous mis leur rideau de fer. Seul les musées restent ouvert. nous irons y faire un tour avant de partir s’il nous reste assez de temps.
En fin d’après midi le vent qui soufflait toute la journée s’est calmé. On en profite pour dégréer les voiles et le plier car la météo prévoit de forte pluies pour les jours suivants.
Jeudi, 1er Décembre le vent souffle très fort accompagné d’une pluie diluvienne. Heureusement qu’Anne avait insisté pour partir Mardi!.. On trouve tout de même une éclaircie assez longue pour que le maître voilier vienne chercher nos voiles abimées et qu’on se mette d’accord avec lui sur les réparations à effectuer avant notre retour.
Rêve A Deux est bien amarrée avec des amortisseurs contre la houle, les voiles d’avant sont retirées et il est fin prêt pour passer les trois mois en sécurité seul sans nous .
Comme le temps au large ne semble pas vouloir s’améliorer pour les prochains jours (on comprend pourquoi ici la saison se termine au 15 Novembre) nous avons décidé de louer une voiture et d’aller voir un peu l’intérieur du pays. Notre but: les ruines de l’antique cité Lycienne de Tlos.
Les origines de la ville remonte à plus de 4000 ans. Au 15ème siècle av. JC elle était déjà l’une des plus importantes métropoles de la région. La nécropole dont les tombes sont creusées à même le piton rocheux serait dédié à Bellérophon le cavalier du fameux cheval ailé Pégase. Envahie par les Perses en 540 av. JC, c’est sous leur domination qu’elle connu son apogée. Elle fut ensuite Grecque (beaucoup des construction encore visibles aujourd’hui datent de cette époque) puis Romaine . Les Romains en firent le chef lieu d’une province autonome au premier siècle, ils ont aussi beaucoup contribué à l’architecture de la ville avec notamment le théâtre. Pendant l’époque Byzantine elle est devenue chrétienne avec le statut d’évêché.
Au 19ème siècle un prince Ottoman décida de se faire construire un château au sommet du pic rocheux en utilisant les pierres de monuments antiques: quel gachi! même si de là haut la vue est magnifique.
La taille du stade dont les gradins peuvent accueillir 2500 personnes et les deux établissements de bain d’une taille colossale donnent une idée de l’importance de la ville dans la région.