Aujourd’hui, nous avons l’intention de remonter le canal de Lefkas et de pousser jusqu’à la petite mer intérieure du golfe d’Ambracique (Amvrakia).
Départ de Méganisi sur une mer lisse comme un lac, nous n’aurons pas le moindre souffle d’air jusqu’à l’entrée du canal de Lefkas (Lefkada, Leucade). Avant l’arrivée des Corynthiens vers 650 av. JC, Lefkas était une péninsule rattachée au continent par une isthme marécageux. Ce sont eux qui ont commencer à creuser le canal, les infrastructures actuelles datent des années 1950. Le canal est étroit et peu profond (4 à 6 m au sondeur) et terminé au nord par un pont flottant reliant l’île au continent et ouvrant toutes les heures. Les Vénitiens puis les Ottomans ont fortifié l’entrée nord du canal et construit la ville au pied de laquelle s’étend maintenant une gigantesque marina.
Remontant vers le nord, nous n’étions que 2 bateaux, par contre dans l’autre sens c’était la foire d’empoigne. Les quelques voiliers de propriétaires bien respectueux des règles de navigation dans ses chenaux étroits (rester sur tribord vitesse, limitée à 5 nœuds) étaient sauvagement doublés par des bateaux de location (monocoques et catamarans, une bonne vingtaine au total) à fond au moteur, ne se préoccupant absolument pas de ce qui pouvait venir en face (nous en l’occurrence) pendant que leurs équipages (99 % mâles) fraîchement débarqués de l’avion (= aussi pâles que des cachets d’aspirine) éclusaient des bières dans le cockpit en rigolant. On dirait bien que la saison a commencé…
A la sortie du canal une gentille petite brise de Sud Est se lève nous permettant d’atteindre agréablement l’entrée du golfe. Le chenal dragué commence assez loin en mer et de chaque côté les profondeurs sont faibles. Du côté sud c’est la ville de Perveza de l’autre côté c’est l’aéroport d’Aktion et la Marina Cléopatra, l’un des plus grands stockages de bateaux à sec de Grèce.
A l’intérieur, tout au long des rives de cet immense golfe on voit beaucoup de fermes à poissons, l’eau verdâtre et trouble contraste avec le bleu limpide auxquel nous nous étions habitués. Toujours sous voiles, nous allons jusqu’à Vonitza ou plus précisément la baie de Koukounitza (çà ne s’invente pas) bien abrité du vent, qui a tourné à l’ouest et souffle maintenant à 18 nds , derrière l’îlot boisé éponyme et sa jolie chapelle.
Promenade à Vonitza l’après midi. La ville, sans doute aussi détruite par l’un des tremblements de terre qui ont affecté la région durant la deuxième moitié du siècle dernier, ne présente pas grand intérêt. Il subsiste peu de bâtiments anciens à part peu être le clocher d’une église et sa sacristie. Certaines rues sont pimpantes même si elles n’ont pas de style particulier mais dans d’autres les bâtiments sont très mal entretenus. En plus, nous sommes Dimanche : tous les commerces sont fermés. Sur le quais les habituels restos mais moins orientés touristes qu’ailleurs, en ce dimanche, la clientèle semble exclusivement locale.
Le port est dominé par une imposante citadelle Byzantine. Je suis un peu fatiguée et préfère rester en bas. Domi a envie d’admirer la vue de la haut. Arrivé à la porte quand la jeune gardienne lui demande 2 Euros pour le prix de l’entrée il s’aperçoit que j’ai gardé le porte-monnaie. Vous n’allez pas redescendre lui dit elle, je vous offre le ticket. Il est persuadé que c’est grâce à son charme, je pense plutôt qu’elle a eu pitié d’un vieux papy mal rasé.
Triple enceinte de mur d’une épaisseur impressionnante (les tremblements de terre qui on détruit la ville ne les ont même pas fendus.) et vue superbe sur le golfe.
Lundi 8 mai, nous allons mouiller à Perveza dans l’anse à l’Ouest de la ville pour visiter et faire quelques courses. Perveza, est bien plus jolie de l’intérieur qu’il n’y paraît quand on la voit depuis l’entrée du golfe. C’est une ville à l’histoire très tourmentée. Elle doit sont développement et son architecture aux Vénitiens. Mais elle a été le théâtre de nombreuses batailles. L’une d’entre elle vit le massacre de la garnison Française et d’une partie de la population locale par les Ottomans en 1798.
Le quai est occupé par de nombreux voiliers visiteurs de toutes nationalités et toute une flotte de bateaux de location mais ceux-ci sont fort heureusement encore en cours de préparation.
Le quartier entourant le port est joliment restauré, les maison anciennes sont rénovées avec goût, les rues piétonnes sont agréables.
Diaporama
Sur les vitrines de l’office de tourisme (fermé, le 8 mai est sans doute célébré ici aussi) une exposition de photos anciennes commémorent le centenaire de l’incendie du quartier chrétien de Smyrne (aujourd’hui Izmir) en 1922 et l’exode massif de réfugiés qui s’en suivi. Beaucoup d’entre eux ont été accueilli dans la région et s’y sont établis.
Bien que nous soyons un jour férié, la boulangerie, le primeur et le supermarché sont ouverts. Nous trouvons donc tout ce qu’il nous faut pour repartir demain matin.