Marathon couru à la vitesse d’un sprint, en 7 jours nous avons réussi à boucler toute la paperasse nécessaire à notre entrée en Indonésie, obtenir les visas**, faire les tests PCR et récupérer les certificats correspondants, réparer la cloison longitudinale du coffre arrière (qui avait céder sous le poids combiné des jerrycans de gasoil, de l’annexe et du foc de rechange), faire le plein de vivres, d’eau, de gasoil et de gaz pour une longue traversée (plus de 3000 milles), dénicher et télécharger les cartes et guides nécessaires pour cette région du globe, confectionner un pavillon indonésien, nettoyer le bateau de font en comble, boucler les articles en retard sur le blog et sans oublier bien sûr la préparation de la route (c’est fou le nombre de récifs et d’îlots à peine émergés qu’il va falloir éviter dans cette partie de l’océan – heureusement nous ne sommes plus à l’époque de Lapérouse mais les cartes vectorielles sont traitres: il faut parfois zoomer au maximum pour les voir apparaître) et l’étude de la météo et des routages.
On pensait en avoir jusqu’à au moins Mardi mais finalement Lundi après-midi on est prêts. Un rapide passage ou bureau de douane pour la clearance départ et à 17:30 on largue les amarres pour une nuit de navigation tranquille entre les îles: de Savusavu il y a une bonne journée de navigation avant d’atteindre la pleine mer, idéal pour se mettre en jambe et récupérer un peu de la fatigue de cette semaine de folie. Depuis c’est du vent arrière de 20 à 25 noeuds dans une mer très courte çà bouge un peu mais on avance bien. Comme on est très chargés en ce début de traversée, on évite de porter trop de toile tout en gardant une vitesse suffisante pour ne pas se faire rattraper par les vagues.
Notre but est Sorong au Nord-Ouest de la province Indonésienne de Papouasie Occidentale. Les routages nous font passer par la mer des Salomons et le détroit de Vitiaz (Nouvelle Guinée) à confirmer ce weekend quand nous atteindrons le nord de l’archipel de Vanuatu, affaire à suivre…
**Merci à Dominique et Fabienne de SeaYou pour toutes les infos et les coordonnées des agents. Ils sont partis de Nouvelle Calédonie la semaine dernière. Ils passerons par la Grande Barrière et le détroit de Torres pour à priori le même port d’arrivée. Au plaisir de vous y revoir!
Jeudi matin (8/9/2021) Nous retournons au mouillage où Pete nous attend pour célébrer nos retrouvailles.
Le lendemain nous retrouvons Letti avec trois autres femmes du village sur la plage. Elles sont venues pêcher depuis sur 2 kayaks. La pêche est pour elle une activité alimentaire de base mais qui semble rester un plaisir (en tout cas elles rient beaucoup. Leur méthode de pêche est assez particulière pour nous: elles se mettent à l’eau avec le filet et le tire en nageant ou marchant si la profondeur le permet pour entourer les poissons. Mais avec le passage du front froid, et le temps couvert il ne fait plutôt frais et le vent n’arrange rien à l’affaire. Il est presque quatre heure et elles sont dans l’eau depuis ce matin, elles sont transies et elles doivent pagayer encore une bonne heure dans leurs vêtements mouillés pour rentrer chez elles. Letti nous propose de nous donner du poisson contre un thé bien chaud à bord pour toutes les quatre. On leur offre un bon goûter avec, gâteau maison, confiture maison et chocolat. Du coup pour nous remercier elles nous offrent un joli snapper et un gros poulpe. Une fois restaurées, réchauffées et presque sèches il est déjà tard, notre voisin Julian de Quokka2 qui a un zodiac puissant les ramène au village avant la nuit.
Nous le dégusterons le poulpe le jours suivant à bord de Quokka2 avec Julian et de Debra lors d’un dîner très agréable en compagnie de Dennis et Natalia. Julian est Kwi et Debra Australienne mais ils vivent en Australie, ils ont fait « fortune » dans l’agriculture avec notamment une exploitation de carottes de plusieurs centaines d’hectares.
Nous avons trouvé deux petites passes au bout de la plage. Ces deux passes ne sont pas praticables par une embarcation même très petite. Elles forment un canyon étroit débouchant sur deux grandes piscines tapissées de coraux de toutes formes et de toutes couleurs. A marée montante une multitude de poissons y rentrent attirant de temps en temps un requin de bonne taille venu y faire son marché. Heureusement aucun n’a semblé s’intéresser à nous il faut dire qu’il y avait tellement de poisson nettement plus appétissants que nous autour.
Pete nous invite à son tour à bord de son cata. Il n’a pas trop le moral. Les Fidji ayant annoncé une ouverture de ses frontières à partir du 1er Novembre, il avait espérer que sa femme puisse venir le rejoindre. Mais voilà, cette ouverture ne concernera pour l’instant que quelques pays privilégiés dont l’Afrique du Sud ne fait pas partie. Il faudra qu’ils patientent encore pour pouvoir se retrouver et continuer leur voyage ensemble. On est arrivés quand même à lui faire passer un bon moment en essayant le sextant de son père et en se promenant sur la plage.
Samedi 11 Septembre, Pete et son Moon Dust nous quittent pour ancrer plus près de la passe ou il veut pêcher pour remplir son congélateur.
Il est rapidement remplacé au mouillage par un Koro Vida grand monocoque Néo Zélandais (Warwick 53) . Dan son skipper est bien connu des autochtones, il fait partie d’un association caritative et il fait des aller et retour entre Savusavu et Fulaga pour apporter des marchandises et du ravitaillement. Et surprise surprise Olivia de Juniper est à son bord. Sur son blog elle explique très bien l’action de Don et comment ils sont reçu. Je vous invite à aller le visiter. Nous passons encore une super soirée en leur compagnie , le lendemain ils reprennent le chemin de Savusavu pour une nouvelle rotation.
Nous avons enfin trouvé le temps de réparer notre canoé il s’était décollé entre le boudin du fond et celui d’un côté (sans doute trop de soleil pour la colle). Je l’ai cousu et nous avons ensuite collé deux bandes de chaque côté pour étanchéifier (colle 2 composants). Après 48 heures de séchage premier essai: Il n’a plus l’air de fuir. Du coup on s’offre une grande tournée d’exploration du lagon.
3 messages tombent coup sur coup sur l’iridium. C’est Dominique et Fabienne de Seayou et deux agents que nous avions contactés: çà y est, l’Indonésie vient de rouvrir ses frontières. C’est une excellente nouvelle et nous en nous sommes tout excités mais aussi un peu triste de quitter si vite ce havre de paix où la vie semble si belle et sans soucis. Mais il faut se faire une raison. La saison des cyclones approche et personne ici n’oublie les dégats et les victimes des deux derniers. On voit la peur subie et la tristesse due au pertes dans les yeux des habitants dès qu’on en parle. Il serait inconscient de notre part de prendre le risque de rester ici alors qu’une autre solution existe maintenant. Il est donc temps de remettre les voiles pour Savusavu pour complèter les demandes de visas, faire les dernières formalités administratives et refaire les provisions avant de partir pour l’Indonésie.
La dernière journée à Fulaga se passe à ranger tout le matériel, changer d’anodes d’hélice et nettoyer la carène bien comme il faut avant de revenir sur Savu Savu . Charlotte et So sont à la pêche dans le lagon elles viennent nous dire au revoir, prendre une dernière tasse de thé avec nous et échanger un beau crabe qu’elles viennent de pêcher contre 2 pots de confiture (il n’y en a plus au magasin et le prochain bateau est dans 4 semaines) Les larmes aux yeux elles nous souhaitent bon voyage . Pete vient de revenir et il est là aussi pour nous dire au revoir.
A l’heure de la marée haute , nous reprenons la passe qui sans le moindre nous semble bien plus facile qu’à l’aller, il n’y a pas beaucoup de vent et la mer est plate aussi la nuit sera douce est calme nous glissons sur l’eau à a peine 4 noeuds mais rien nous presse , nous sommes à temps pour continuer le voyage.
Ici, contrairement à la plupart des îles ou nous sommes passés depuis notre arrivée au Fiji, il n’y a pas de restrictions sanitaire et on peut aller à terre. Mais qui dit pas de restriction veut aussi dire respect scrupuleux de la tradition. La première chose à faire est donc de nous rendre au village pour faire notre « Sevusevu » (offrande traditionnelle au chef du village). La météo annonçant un passage de front pluvieux et venteux pour les jours suivant nous décidons d’y aller tout de suite après déjeuner et nous déplaçons le bateau de quelques milles pour aller ancrer devant le chemin qui mène au village de Muana-i-cake à un quart d’heure de marche l’autre côté de l’île (il y a trois villages sur l’île mais c’est ici que réside le chef responsable de toute l’île) . A peine arrivés, deux femmes en canoë viennent nous souhaiter la bien venue. Ensuite, Aquilla le pêcheur nous accompagne jusqu’à au village en nous faisant traverser des jardins potager . Ici Pas de masque , pas de panique vis à vis de l’épidémie, les voileux sont les bienvenus. Tous les villageois ont reçu la première injection et attende la deuxième dans quelques semaines .
Aquilla nous confie au bons soin de Letti. Elle même était venue de Savu pour rendre visite à sa famille quant la pandémie à refermé Viti Levu. Elle est donc bloquée là depuis presque 6 mois et ne pourra pas rentrer avant Novembre si le gouvernement confirme la fin du confinement comme prévu. Notez qu’elle n’a pas du tout l’air de se plaindre de la situation. Pour nous elle se transforme en guide affable et compétente et nous mène à travers le village en nous présentant à toute la population et en répondant gentiment à toutes nos questions.
Les enfants nous font de grands honneurs et égaillent notre journées de leurs sourires radieux . Depuis mars , ils n’ont pas d’école. Parmi les mesures confinements décidées, le gouvernement a décrété la fermeture de toutes les écoles du pays. Ils restent donc ensemble à jouer toute la journée à travers le village les plus grands s’occupant des plus petits.
Letti nous conduit à la maison du chef. Nous remettons notre offrande de kava à son adjoint (le Turaga ni koro) qui la présente au chef en récitant les formules traditionnelles. Le chef accepte notre offrande de la même manière. A chaque phrase tout le monde doit taper une fois dans ses mains. Il nous confirme ensuite que nous sommes les bienvenus dans son village, son île et son lagon, que lui et ses concitoyens feront leur possible pour rendre notre séjour agréable. Il nous rappelle les règles et les usages à respecter (comme par exemple de ne pas donner de boisson alcoolisée aux jeunes qui pourraient venir nous en demander ou respecter le repos dominical en n’allant pas à la pêche). Il nous demande aussi la taxe de 50 $FJ (20 euros) qu’il a institué avec l’aval du gouvernement pour tous les bateaux entrants dans le lagon. L’argent ainsi collecté permet de financer une partie les travaux nécessaire pour reconstruire tout ce qui a été détruit par le passage du dernier cyclone (Yasa en décembre 2020) et l’achèvement de la salle municipale construite grâce à une donation d’un plaisancier Australien .
Le village est super bien entretenu l’herbe est taillé ras et chaque chose a son utilité, rien n’est perdu.
La salle municipale est presque fini elle sera bientôt équipée de panneaux solaires ici pas de fil électrique, pas d’internet , et pas de téléphone portable ni de TV juste une liaison internet par satellite à l’école en cas d’urgence. Pas de véhicule motorisé juste une bouette que l’on pousse le long du petit chemin pour le transport des marchandises .
Le village compte plusieurs sculpteurs très habiles qui transforment le bois en objets utiles ou artistiques souvent incrustés de nacre provenant des coquillages locaux .
Les enfants de Lo, l’infirmière de l’île prennent leur bain. Il pleut assez souvent, l’eau est donc relativement abondante. C’est agréable de se baigner en jouant à son aise!
Lo est une personne adorable. Une de ses responsabilités en tant qu’infirmière est de contrôler que tous les visiteurs venant sur l’île satisfont aux exigence de santé (quarantaine et vaccination). C’est avec la plus grande gentillesse et beaucoup de tact qu’elle nous a timidement demandé nos papiers qu’on s’est bien entendu fait un plaisir de lui montrer. (la méthode est sans doute bien meilleur que le traditionnel « z’avez vos papiers! » auxquels nous, français avons été habitués.)
Mais Il se fait tard et il nous faut rentrer au bateau avant la nuit , et en plus les moustiques vont bientôt sortir pour attaquer et dans les sous bois ils sont parait-il féroces.
Retour au bateau nous croisons les derniers villageois qui rentrent au village après leur journée au potager ou à la pêche. Ils nous saluent de grands Bula Bula et s’arrêtent pour échanger quelques mots.
Paysage idylliques dont ces quelques photos sont loin de rendre toute la splendeur surtout qu’ il a fallu se faire violence pour quitter le chenal des yeux et prendre l’appareil photo tellement la passe est étroite et impressionnante. (surtout quand on ne se présente pas à la bonne heure… voir la fin de l’article précédent). Le récif affleure de chaque côtés nous laissant à peine la place pour passer avec nos 4,30 de large.
Heureusement on a vu un gros cata entrer juste avant nous alors on se dit que côté largeur, pour nous, çà devrait le faire. Mais lui a très peu de tirant d’eau alors que chargés comme nous sommes on doit être à 2,10 m. Le sondeur nous renvoie une image très chaotique du fond avec des profondeurs oscillant entre 4,50 m et 7,50 m et de nombreux pics très accidentés. Nous retenons notre souffle , tout va bien il faut encore raser le gros rocher qui marque la fin de la passe et c’est passé. Ouf!
Le lagon est parsemé de gros rochers calcaires (sans doute du corail surélevé) au formes tourmentées et sur lesquels s’accroche on ne sait comment une végétation luxuriante. Le terme magnifique n’est pas assez fort, nous n’avons pas assez de nos quatre yeux pour tout regarder… surtout qu’il faut encore en garder au moins une paire pour slalomer entre les patates de corail. Nous arrivons enfin au mouillage de rêve. Imaginez une zone de plusieurs hectares protégée de toute part par l’île elle même ou les îlots rocheux du lagon, des plages de sable blanc bordées de cocotiers et de forêt tropicale, une eau parfaitement transparente, des fonds de sables vraiment plats et fait de bon sable dur et enfin une profondeur de 4 mètres sans aucune patate de corail pour accrocher la chaîne. Par contre, rançon de la popularité de l’île, il y a déjà quatre bateaux ancrés, tous des catamarans dont le Moon Dust de notre ami Pete que nous avion laissé à Vanua Balevu il y a un mois et que nous sommes ravis de retrouver. (Bon c’est plus que ce à quoi on avait pris l’habitude au nord de Vanua Levu mais ce n’est pas non plus la foule de certain mouillages de l’archipel Polynesien )…
Une courte escale quelques jours à Savusavu pour remplir la cambuse avant de repartir pour les îles nous permet de faire la connaissance d’Olivia, metteur en scéne de documentaires et artiste Américaine géniale au tour du monde en solo sur son Juniper de 10,50m (voir son blog).
Nous allons ensemble à l’ anniversaire d’un autre voileux, celui là Britanique. La fête à lieu au Planter’s club un bar doublé d’un restaurant indien situé à cinq minutes à pieds de la marina en direction de la mer. On s’est bien amusé et on a bien mangé: pour 8 $FJ (soit 3,20 euros) chacun, nous avons dégusté un curry poisson d’une saveur remarquable. Au bar, nous avons fait aussi la connaissance de deux techniciens Français d’Alcatel arrivés ici en Mars pour raccorder le câble sous-marin fibre optique trans Pacifique au réseau telecom de l’île. Normalement ils devaient boucler les travaux en 1 mois maximum mais nous sommes en Septembre et ils était toujours bloqués la faute entre autre aux trois quarantaines qu’ils ont dû subir pour pouvoir travailler.
Le lendemain samedi 4 septembre 2021, la météo étant assez favorable pour aller vers l’est (ce qui est plutôt rare dans la région, nous reprenons la mer pour le groupe Lau et de nouvelles decouvertes .
L’idée était d’aller directement à Vulaga, la perle de l’archipel distante de 200 milles, mais dans l’après-midi, on se rend compte que le vent prévu ne nous permettra pas d’arriver avant la nuit le lendemain et deviendrais un peu trop fort et mal orienté le jour suivant pour un franchissement de la passe étroite en toute sérénité. Nous avons donc mis le clignotant à gauche vers Vanua Balavu et au petit matin, nous jetons l’ancre à Soso Bay (Mbatavu Harbour) . Cette fois-ci nous sommes tout seuls dans la baie (à part le gros yacht à moteur des propriétaires du coin qui est là à demeure) et l’eau est parfaitement limpide. Seul petit désagrément, au couché du soleil, nous sommes envahis de fourmis volantes qui se sont agglutinées sous la véranda nous contraignant au matin à un grand nettoyage pas superflu
Profitant du calme et de l’eau transparente et nous nettoyé la carène en apnée etl’après midi Domi est monté au mât pour changer l’ampoule du feux de mouillage et vérifier le grément. Lundi la météo était cette fois vraiment parfaite pour aller sur Vulaga dans des conditions de rêve (mer plate vent portant de 7 à 9 nds)
Nous sortons du lagon de Vanua Balavu par la passe Tongan au sud non sans avoir profité en route de la 4G du relais de Lomaloma pour télécharger de nouvelles images satellite de la passe et du lagon de Fulaga (sur celles chargées précédemment les détails étaient masqués par des nuages…)
Mardi en début de matinée, après un trajet en grande partie sous spi quand on ne zigzaguaient pas entre le îles et les attols du groupe Lau, nous avons avons embouqué l’étroite passe d’accès au lagon de Fulaga. Petite anecdote, le guide qui nous avait été remis à Denarau ainsi que l’application Sailling Fiji sur la tablette indiquait une renverse du courant dans la passe à mi-marée. Nous avions donc ajusté notre vitesse pour arriver pile poil à cet instant. Sauf que la renverse à en fait lieu à l’étale et le courant sortant était donc à son maximum. Mais tout est bien qui fini bien, la mer parfaitement plate, le vent faible et le courant n’excédant pas 3 nœuds nous ont permis de rentrer sans difficulté mais en serrant tout de même un peu les fesses: 45 m de large pour une passe c’est vraiment très étroit surtout quand l’eau est si clair qu’on voit parfaitement tous les coraux de chaque côté….
Fulaga(Vulaga), une île magique dans le Sud du groupe Lau (Est des Fidji),sans doute la plus belle de tout le Pacifique Sud. Nous avons l’immense chance d’y être depuis quelques jours!
En plus, cette perle de l’océan est habité par des gens adorables et accueillants dont la vie n’est pas (encore) polluée par les smart phones, la 4G, internet et les réseau sociaux.
Rançon de cet isolement, il vous faudra attendre qu’on ait envie de se déplacer vers une zône connectée pour découvrir les photos de ce paradis…
Lundi 23 août 2021. La météo pour les prochaines 24 heures est idéale pour aller explorer la côte nord et ouest de Vanua levu. Nous quittons donc Naqaiqai en fin de matinée et après une pause baignade et déjeuner à notre mouillage favori de Kioa nous partons pour une étape de 80 milles qui va nous faire contourner la pointe Nord Est de l’île en début de nuit et rentrer à l’intérieur de la barrière de corail par la passe de Sausau au matin avec la marée. Inutile donc de nous presser et dans un vent d’est d’une quinzaine de nœuds nous contentons du foc seul pour nous propulser sur cette mer bien calme. Nous ne hisserons la grand voile qu’une fois doublé la pointe Udu.
Au levé du jour, nous longeons le récif à quelques milles de la passe mais en l’absence de houle et étant sous le vent rien ne permet de voir cette barrière. La passe est large et profonde mais n’est pas balisée et là encore, sans le ressac, à part une légère différence de couleur de l’eau sur les bords rien ne permet bien voir les haut-fonds. Pas d’autre solution que de faire confiance à la cartographie (vectorielle et satellite, nous y reviendrons). Ce qui frappe quand on découvre cette côte c’est le côté aride des montagnes en arrière plan qui contraste avec la végétation luxuriante de la côte Sud et Est de l’île.
Nous essayons un premier mouillage devant la plage de cocotiers juste en face de la place mais les rafales contournant la colline des 2 côtés et le fond parsemé de nombreuses patates de corail nous pousse à chercher un meilleur abri. Nous essayons un peu plus à l’est dans la baie de l’île Tutu mais les collines élevées créent un couloir d’accélération ou les rafales atteignent 28 noeuds.
Nous allons donc chercher notre bonheur de l’autre côté et jetons notre dévolu sur la mangrove qui forme un plan d’eau presque fermé à l’Est de l’île Tivi. Abri parfait fonds de 6 mètres (çà fait plaisir de ne pas avoir à mettre des km de chaîne) et paysage attrayant mais bien sûr c’est une mangrove et l’eau n’a pas la limpidité des lagons bleus. D’ailleurs, c’est un peu le cas de tout le lagon entre la côte de Vanua Levu proprement dite et le Cakau Levu Reef (le grand récif barrière qui entoure cette côte de l’île): l’eau n’est jamais vraiment limpide ce qui rend la détection visuelle des récifs assez difficile depuis le pont du bateau. Le long des chenaux principaux la cartographie est plutôt exacte mis à part que la plupart des marques n’existent plus ou sont réduites à des trognons invisibles à marée haute (sans doute une conséquence du cyclone Yasa qui à ravagé l(île en décembre dernier.) Par contre une fois sorti des chenaux marqués les cartes deviennent très approximatives et parfois carrément fausses. Avant de quitter Savusavu nous avions donc téléchargé et géoréférencée des images satellite que nous utilisons dans un logiciel de navigation (Ozie Explorer). Ces images permettent une très bonne vision du fond jusqu’à une dizaine de mètre, de se situer très précisément par rapport aux écueils et de choisir les meilleurs mouillages. Bonne nouvelle, en dehors des récifs et autre patates de corail, les fonds en général de sable vasards et très plats.
Double navigation: cartographie Cmap sur TimeZero et image satellite sur OzieExplorer
Les jours suivants, nous avançons doucement vers l’ouest en saut de 10 à 30 milles par jour de façon à ne pas devoir partir trop tôt, pouvoir naviguer doucement sous foc seul (le vent est portant entre 15 et 20 noeuds: on a déjà assez de cheveux blancs: pas la peine de se faire peur en zigzaguant à 8 noeud entre les récifs) et surtout arriver bien avant le coucher du soleil au cas ou il faudrait « essayer » plusieurs baies avant de trouver celles où nous passeront la nuit (çà nous arrivera plusieurs fois).
Nous n’irons pas à terre de tout le parcours. Tous les soirs nous serons ancrés dans un mouillage abrité et un paysage grandiose mais les mangroves interdisent la plupart du temps l’accès à terre et là ou il y a une plage ou un accès, il y a en général un village dont des habitants viennent nous voir pour nous dire: « il n’y aurait pas eu la COVID on aurait été ravis de vous faire visiter notre village… » mais ils restent quand même adorables et généreux comme seuls les fidjiens savent l’être et n’hésitent pas à partager avec nous le peu qu’ils ont comme ici à Culavesi ses délicieux poissons ou à Galoa ces fougères comestibles.
Cette côte est très peu fréquentée, il y bien sûr toujours quelques barques de pêche aux environs des villages et il y a le terminal sucrier de Malau (Labasa) qui se limite à quelques cargos par mois. Côté plaisancier nous ne verrons personne à part un bateau échoué (apparemment depuis pas mal de temps déjà) du côté de Vatudamu et un catamaran de 54 pieds venant de l’ouest que nous croiserons devant Raviravi. Et puis le dernier jour peu avant de doubler Cocoanut Point nous croiserons un patrouilleur de la marine. En 10 jours, çà ne fait pas beaucoup…
Plus on avance vers le Sud Ouest plus la côte semble aride et desséchée. Cet état de chose est visiblement accentué par les feux, qu’ils soient utilisés pour défricher des terrains en vue de leur mise en pâture ou en culture ou encore, c’est le cas le plus fréquent, pour déchaumer les champs de canne à sucre après la récolte. Par endroit, il y tellement de feux que la fumée masque le paysage. C’est certes une méthode d’agriculture traditionnelle mais on peut se poser la question de l’impact environnemental sur les sols et l’atmosphère.
Notre dernier mouillage se fera à Bua Bay, une immense baie peu profonde bien abritée de la mer mais pas du vent. Le lendemain 30 août, nous décollons à six heures. Il y a peu de mouillages abrités le long de cette partie de la côte aussi voudrions nous arriver à Savusavu avant la nuit. Les conditions sont parfaites avec 10 à 15 de vent d’ESE et une mer plate, les bascules de vent nous permettent d’atteindre la passe de Nasonisoni avant 13:00 en tirant un minimum de bords. La passe est assez impressionnante, comme une fente rectiligne taillée dans le récif. C’est un sacré raccourci qui évite de faire le tour par l’extérieur de Namena Reef. Puis c’est un bord d’une vingtaine de milles légèrement débridé qui nous amène à Savuavu à 16:30 à temps pour que Billy, le responsable de la marina nous attribue une place au ponton et vienne prendre nos amarres avant de rentrer chez lui.
La journée se termine par un délicieux crabe local, une belle bête de 1,5 kg. Le nom local « Mud Crab » littéralement crabe de boue n’est pas très engageant. Ce n’est pas un dormeur comme nous appelons les tourteaux en Bretagne mais çà y ressemble et on s’est bien régalés.