Mardi 22 Octobre 2019 :
Nous arrivons à North Minerva en début d’après midi. C’est un récif isolé tout seul au milieu de l’océan (en fait 2 récifs le nord et le sud mais seul le nord à une entrée praticable) à 5 milles on ne voit rien, pourtant le temps est beau à un mille on commence à apercevoir quelques brisants (pas grand chose : il y a très peu de houle), c’est tout : nous sommes à marée haute : rien ne dépasse. Il ne faut vraiment pas le manquer ce récif: sans GPS en pleine nuit par mauvais temps ou pourrait facilement se fracasser dessus sans rien comprendre. C’est un atoll presque parfaitement circulaire avec une entrée bien dégagée et protégée des vents dominants, le lagon fait environ 3 milles de diamètre et la profondeur ne dépasse pas une vingtaine de mètres au milieu mais il faut aller très prés du bord pour trouver moins de 10m . La couronne de corail à fleur d’eau à marée haute est suffisante pour casser la houle du large et offrir un abri sûr. Le lagon pourrait contenir une centaine de bateaux et pas que des petits vu les profondeurs, il y en a paraît-il souvent une bonne trentaine attendant un créneau météo favorable pour continuer sur la Nouvelle Zélande mais aujourd’hui nous ne sommes qu’une petite dizaine éparpillée sur toute la circonférence. Pas de remous à l’intérieur, la mer est plate, transparente et chaude. Super pour un petit repos de 24 heures avant d’entamer la grande traversée.

Mercredi 23 octobre 2019 :
Après une dernière analyse météo et un ultime routage s’est confirmé : pas mal de petits airs prévus mais pas de mauvais temps en vue pour au moins les 10 prochains jours, c’est exactement ce que nous voulons. En milieu de matinée, nous levons l’ancre et partons sous une brise légère. Dans la passe nous croisons les Suédois que nous avions rencontrés à Niue, ils sont en zodiac, ils reviennent de plonger sur la barrière et ramènent des langoustes pour le repas, les veinards …

Le temps se couvre et de gros grains de pluie passent devant nous. On est entre les deux récifs, C’est le moment idéal pour la pêche et à peine suis-je descendue pour me reposer dans ma couchette qu’un énorme maï maï (dorade coryphène) vient se prendre à la ligne. La bête est de taille et très nerveuse elle part à toute vitesse de chaque côté du bateau et nous dépasse jusqu’à que la ligne la rappelle à l’ordre. Domi m’appelle, et je monte en vitesse pour l’aider à remonter la bête qui est presque aussi grande que moi. A deux nous la hissons à bord et nous la découpons tout de suite pour en faire deux bocaux et mettre le reste en filets sous vide. Nous savons qu’à l’arrivée en Nouvelle Zélande les douaniers confisquent toute la nourriture fraîche, il faudra le finir avant J. On est bon pour en manger à tous les repas, cela tombe à pic, nous n’avions pas eu le temps d’acheter aucune protéines fraîches (à part des œufs) avant de partir de Vava’u. Ce petit intermède m’a bien occupé deux bonnes heures. Du coup je range la ligne, «c’est fini pour reste de la traversée nous avons à manger pour un régiment ! » on pratique la pêche raisonnée.


Très peu de vent dans l’après-midi et de temps en temps nous devons mettre le moteur pour continuer à avancer.
Magnifique couché de soleil, le ciel est rouge sang sur tout l’horizon. En général çà n’annonce rien de bon et effectivement vers 4 heures du matin, le vent monte. (Décalé de quelques heures par rapport au grib). On prend alors un ris et le vent monte jusqu’à 23 nœuds mais redescend presque aussitôt à plus rien, ce n’était qu’un nuage. Le phénomène se reproduit encore deux fois dans la nuit il faut être très vigilent.

Jeudi 24 octobre 2019 :
Au matin le vent s’établit finalement à 18 à 20 mais pile dans l’axe de la route. Nous sommes maintenant au près à tirer des bords avec 1 ris dans la grand voile. Par contre à chaque virement il faut changer de bord à l’hydrogénérateur (rançon d’un bateau large). La solution la plus pratique que nous ayons trouvé est de mettre le bateau à la cape quelques instants, le temps de faire la manip. C’est beaucoup plus facile que quand le bateau avance et très sécurisant même quand le vent est fort. Cà nous fait perdre quelques minutes mais sur un bord de 6 heures c’est pratiquement négligeable (on est pas en course). A midi le vent n’a pas changé mais la houle s’est bien levée longue et puissante et la mer s’est formée avec des creux de trois mètres, pas très confortable. Le vent nous mollit au coucher du soleil.
Vendredi 25 octobre 2019 :
Après avoir passé une nuit très calme où chaqu’un notre tour nous avons pu bien nous reposer, le vent est complètement tombé la mer est devenue miroir et nous commençons cette journée au moteur.
Ça y est! Nous avons franchi le méridien 180° (l’opposé du méridien zéro, celui qui passe à Greenwich). Depuis notre départ de France, la latitude de notre position était exprimée en degrés ouest ce sera maintenant en degrés est. Nous avons dons accompli la moitié du tour de la terre J ! Depuis que nous avons quitté l’archipel des Tonga, nos instruments nous indiquent un courant contraire allant de 1 nœud à quelque fois 2 nœuds ce qui est assez fort compte tenu que nous sommes en plein pacifique et qu’en cette saison çà devrait plutôt aller dans l’autre sens. El Nino aurait-il quelque chose avoir la dedans.
Samedi 26 octobre 2019 :
La direction du vent varie sans arrêt et il n’est pas non plus stable en force. En plus la forte houle et le courant contraire nous font beaucoup dériver, ce qui fait que notre près n’est pas très bon et on gagne péniblement sur la route mille après mille. Avec mois de 100 milles gagnés vers le but en 24 heures (150 sur le fond) c’est sûr qu’on ne va pas faire de record sur cette traversée, sans doute la plus lente depuis que nous sommes partis .
Dimanche 27 octobre 2019 :
Nous apprenons la naissance de Gustave Nous sommes très content pour Chantal qui est de nouveau arrière grand-mère. Cela nous fait drôle de suivre des naissances à distance, la vie continue ailleurs et nous ne sommes pas seul au monde.
Moteur, c’est pétole de nouveau

Lundi 28 octobre 2019 :
Il fait chaud dès le levé du jour et c’est toujours pétole. Après le petit déjeuné j’en profite pour aller me baigner et regarder sous la coque si tout va bien. Toute la journée, pas de changement.
Mardi 29 octobre 2019 :
Changement de temps, il pleut ce matin, une grosse averse rince le bateau mais il n’y a toujours pas de vent. C’est à partir de 10 heures qu’Eole daigne enfin souffler. Pendant ma sieste de l’après midi, Domi s’amuse sur mer plate avec 13 nœuds de vent a 70° de la route le bateau glisse à 8/9 nœuds . Pendant mon quart je m’amuse bien aussi mais la mer commence à se former est çà devient de moins en moins confortable.
Finalement en début de nuit, le vent refuse, nous ne faisons plus route directe, et monte d’un cran, il faut prendre un ris puis enrouler le foc pour mettre la trinquette et finalement prendre le deuxième ris. Notre cap est très à l’ouest et la mer s’est beaucoup creusée.
Mercredi 30 octobre 2019 :
Nuit agitée à bord . On avait un peu perdu l’habitude de faire du près dans 25-28 nds de vent sur une mer aussi agitée. Dominique n’a pas pu dormir dans sa couchette vampire (la couchette anti roulis du carré), il y a un bruit infernal et des mouvements trop brusques, il a été contraint de se pelotonner dans la couchette arrière, sous le vent mais un peu plus tranquille. Le bateau avance bien mais il tape assez violemment à chaque fois qu’il retombe dans le creux d’une vague plus courte que les autre. La préparation de notre petit déjeuner habituel (fruits, céréales, tartines) s’avère un peu trop sportive. Heureusement j’avais profité des calmes de la veille pour cuire une grande gamelle de riz au lait et c’était une bonne idée. Avec çà on se remplis bien l’estomac et on retrouve toute son énergie.
Le midi Domi arrive tout de même à cuire de nouveau du riz normal qu’il prépare avec des calmars en boite et des graines germées. Ce fut parfait aussi.

A 16 heure nous virons de bord, c’est plus confortable, le bateau tape toujours mais passe mieux la vague et surtout nous prenons de la vitesse, nous sommes à 7 nœuds au près et c’est très bien en plus on fait pratiquement route directe sur ce bord .
La nuit n’est pas très confortable, Domi au rêveil a l’impression d’avoir la machoire décrochée avec le mouvement du bateau qui fait battre la tête sur l’oreillr et entrechoque les dents mais malgré cela il dit qu’il a bien dormi. C’est beau la voile !!!
Jeudi 31 octobre :
Plus nous approchons de l’île et plus la mer s’allonge et s’aplatit, le vent adonne aussi légèrement nous sommes maintenant à 55-60° du vent toujours de 18 -20 nds. Rêve à Deux adore çà et il accélère à 8 nds. Nous sommes à 50 milles mais nous ne la voyons toujours pas. Par contre nous commençons à voir des bateaux sur l’AIS, d’abord Deux portes conteneurs puis un voilier allemand de 50’ que nous doublons (nous rencontrerons son skipper le soir au ponton – il navigue tout seul et il dormait à ce moment là). Même les oiseaux sont au rendez-vous. Ce sont surtout des pétrels. Ils font des acrobaties sur les vagues et passent à quelques cm de notre arrière.

12h 45 Terre terre ! c’est la Nouvelle Zélande ! On aperçois enfin les falaises et les montagnes au dessus de l’horizon. La côte découpée est très découpée. Nous avons hâte d’arrivée mais nous sommes toujours au près ce qui n’est pas mal en soit car la côte maintenant nous protège et le vent faibli. La mer à l’entrée de la baie des îles est tout à fait plate. On en profite pour prendre une bonne douche, shampoing, rasage pour Domi, ranger tout le bateau, mettre les pavillons de courtoisie, quarantaine et national, et se préparer un bon repas.
Il était temps, la vedette de patrouille de la douane n’est pas loin et nous appelle à la VHF pour confirmer notre arrivée. Excellente première impression, ils sont plutôt sympa à la radio et chose étonnante pour nous ils ont déjà tous nos détails grâce à « l’advance notice of arrival » que nous avions envoyé par email avant de quitter les Tonga. C’est quand même autre chose que sur les îles…Ils nous souhaitent la bienvenue en Nlle Zélande.

Nous profitons au maximum de ce petit vent pour tirer des bords jusqu’au bout mais du coup nous arrivons juste après la fermeture des bureau (16 :30) il est donc trop tard pour dédouaner se soir. Le 50 pieds allemand que nous avions doublé cette nuit est là aussi, ainsi que deux autres qui arrivent plus tard. Nous devront attendre sur le ponton de quarantaine (ponton sans accès à terre) jusqu’au lendemain que les douaniers et la quarantaine viennent régulariser notre entrée.

Vendredi 1 octobre :
La douane/émigration se passe très vite, nos passeports sont tamponnés et la fonctionnaire nous donne le fameux papier jaune (admission temporaire du bateau) qui nous permettra de ne pas payer la TVA pour tout le matériel dont nous pourrions avoir besoin. La quarantaine (MPI) prend un peu plus de temps : inspection sommaire de nos réserves, les quatre oignons qui nous reste sont confisqués ainsi que les haricots secs on a pu garder les œufs mais sans leur coquilles. Comme nous ne pouvons prouver la propreté de notre carène le fonctionnaire insiste pour l’inspecter avec une caméra sous marine et nous félicite pour sa propreté (merci Copper Coat). Un dernier coup de tampon et Nous sommes admis en Nouvelle Zélande et nous pouvons abaisser notre pavillon jaune (Q=quarantaine). Il est déjà midi et prenons une place à la marina toute proche avec l’aide de la fille de marina qui nous aide à décoller du ponton avec son zodiac (il y a pas mal de courant). Nous sommes en Nouvelle Zélande pour 6 mois en attendant que la période des cyclones dans la zone tropicale du Pacifique sud soit finie. En attendant nous allons en profité pour contrôler tout le bateau et lui refaire une petite santé, rentrer à Noël pour les fêtes et profiter ensuite au maximum de ce pays magnifique.
