de Niue aux Tongas

Dimanche 13 octobre :

Il est 17 heures et nous partons  avant la tombée de la nuit . Nous savons que nous allons avoir du vent entre 18 et 22 nœuds , aussi nous mettons seulement deux voiles d’avant en ciseaux . Comme nous sommes plein vent arrière, que la mer ne s’est pas améliorée depuis notre arrivée sur Niue et que nous n’avons que deux nuits à passer en mer , nous la jouons cool pour arriver au petit matin sur les Tonga. Ce bon vent va nous pousser gentiment sans forcer.

Mardi 15 Octobre :

Nous approchons de l’île de Vaa’u au petit matin comme convenu , Nous avons eu jusqu‘à 32 nœuds de vent cette nuit, aussi nous sommes content d’arriver. La passe principale est à l’est du groupe d’îles. Le temps de faire le tour, il est déjà 12 heure quand nous nous amarrons au port de Neiafu au quai de la douane à couple d’un voilier français. Quant on pense que ce tout petit pays , si pauvre , a une équipe de rugby qui a failli battre la France ? Il faut avouer que les hommes ici ne sont pas des demi portions, ils ont tous des carrures impressionnantes. La traversée du pacifique en Va’a ( les petites pirogues à balanciers Polynésiennes)ne leur faisait pas peur . Le temps n’est pas terrible et reste très perturbé.

Mercredi 16 octobre : (en fait c’est le même jour)

Nous venons d’apprendre par nos voisins que nous ne sommes plus le mardi 15 mais le mercredi 16 et oui nous avons perdu un jour en arrivant sur les Tonga. La ligne de changement de jour qui ne suit pas exactement le méridien 180° passe juste à l’est de l’archipel. C’est donc ici que  commence la journée sur Terre .

Les formalités (douane, immigration, quarantaine, environnement et santé sont expédiées assez rapidement – ils ont leur bureau juste sur le quai – en fait une table sous un hangar- seul la santé fera l’effort de venir à bord le lendemain) et il nous reste du temps pour visiter le village et faire quelques courses (grand marché au fruit/légumes sous les halles)

Le soir nous prenons l’apéritif à leur bord. Jean Pierre est Caldoche et Nadine Française, ils finissent leur tour du monde commencé il y a 17 ans. Leur rythme est en principe 6 mois en France, 6 mois en Nlle Calédonie et 6 mois sur le bateau et ainsi de suite. S’arrêtant dans chaque pays pour le visiter et y laisser le bateau pour quelques mois, voire une année complète. C’est sûr que dans ses  conditions 17 ans n’est pas de trop. L’autre voisin de quai, Peter, un Néo Zélandais nous rejoint. Il vient d’acheter son cata à Tahiti et rêve de voyager vers l’Alaska la saison prochaine, pour l’instant ils sont en route pour la Nouvelle Zélande et nous invite à venir les voir.

Jeudi 17 octobre :

Nous avons de l’eau au le chantier d’à côté pour 10 dollars . Nous en profitons pour faire une grande lessive et le nettoyage du pont . C’est l’eau de la ville mais malheureusement elle n’est pas vraiment potable (trop mauvais gout et trop de calcaire), elle n’est bonne que pour la lessive et les douches. Ici les gens boivent de l’eau de pluie filtrée ; çà ne fait rien c’est de l’eau, nous en stockons dans nos seaux pour les douches et la vaisselle des jours à venir. Il nous reste encore un réservoir plein (300l) et je pense que çà devrai largement suffire pour aller jusqu ‘à la Nouvelle Zélande.

Le soir , nous invitons les Français ( les Neo Zélandais sont partis) à prendre l’apéro. (En fait de la bière locale : le Tiki une bière sur levure (pale ale) très bonne)

Vendredi 18 octobre :

Nous avons été bouffé par les moustiques cette nuit , il est temps de partir de ce quai et de retrouver l’air de la mer. Le temps de faire un saut au marché et de revenir avec une belle langouste et quelques légumes et nous sommes en route. Nous n’allons que quelque milles plus loin, dans le fond d’une grande anse séparée par des haut fonds d’un autre bras de mer, entre les îles Utungake et Mala. L’eau y est transparente et les fonds  magnifiques et très poissonneux. Pas question de pêcher pour autant , la ciguatéra n’est peut-être pas loin, et puis c’est si beau que l’on a pas envie de détruire se monde animal . Nous avons trouvé une petite zone sableuse par quatre / cinq mètres de fond ou nous avons délicatement déposé notre ancre à l’écart de coraux. Mais à quelques mètres de là voyons déjà des petites langoustes dessous des pâtés de corail entourées de millier de poissons multicolores .

Samedi et le dimanche nous voulions bouger , mais le vent souffle à 25 nœuds et nous sommes bien, à l’abri dans notre petit paradis.

Lundi , le vent s’est calmé, il y juste ce qu’il faut pour faire de la voile peinard comme on aime. Nous partons à la découverte des îles . Nous essayons deux mouillages très beaux mais les pâtés de corail sont trop nombreux et nous avons peur  que l’ancre reste accrochée où détruise les coraux. Le troisième mouillage ( plage de l’île de Vaka’eitu) est bien mais il y a plus 15 mètres de fond aussi Domi met 60 m de chaîne pour être sûr que l’ancre accroche. Par contre c’est un  peu limite pour descendre en apnée repositionner l’ancre pour qu’elle soit bien enfoncée tout en évitant les coraux. Nous nageons au dessus du récif pour aller marcher sur la plage. Il y a une petite maison mais les habitants ne sont pas là. Nous les apercevrons plus tard. Ils étaient partis en barque chercher leurs deux petites filles à l’école sur l’île voisine.

Mardi , le temps est beau au levé du jour mais devient rapidement nuageux et cela nous donne envie de faire un peu de voile et chercher un autre mouillage . Une partie de la matinée nous la passons à glisser en tirant des bords entre les îles dans une brise évanescente, un vrais régal parsemè de quelques petites averses rafraichissantes. Nous trouvons un petit mouillage sympa au sud de l’île de Tapana, juste abrité du vent du large par le petit îlot de Tu’anukulau. A la pointe de l’île il y a petite maison à demi cachée dans la forêt avec une vue superbe sur la mer. Les fonds ici sont différents, pratiquement que du sable, très peu de corail et des centaines d’énormes étoiles de mer bleues. L’eau est cristalline, les rares pâtés de corail abritent une multitude de poissons et l’on passe un temps fou à admirer un récif de quelques mètres carrés. L’après midi nous en profitons pour faire un tour en canoé et nous allons nous balader à terre. Nous ne restons pas trop longtemps dans les sous bois, comme il a plu la nuit, nous avons peur des Nonos et des moustiques : Domi à oubliè son anti moustique à bord.

Mercredi : Le vent à soufflé cette nuit, mais nous étions bien à l’abri derrière notre petit îlot. Ce matin le vent va tourner et nous ne serons plus abrité, nous devons nous déplacer. Nous n’allons pas loin. Nous contournons simplement Tapana par l’ouest et rentrons dans cette baie pratiquement fermée pour mouiller devant cette étroite langue de terre boisée qui forme l’extrême sud de Pangaimotu. L’endroit est tellement abrité que nous décidons de mettre le récupérateur d’eau le soir avant de nous coucher. Et de fait une grosse averse en début de nuit nous permet de récupérer plus de 60 litres d’eau que nous mettrons dans le réservoir au matin.

Le mouillage est très joli, il y une dizaine de bateaux  et de l’autre côté un petit resto qui fait des paellas. Plein de petites méduses flottent autour de nous, elles ne sont pas urticante et cela ne nous empêche pas d’aller nous baigner. Nous allons aussi à terre mais nous sommes très déçu, c’est une air de pique-nique qu’utilisent les locaux le week-end et c’est sale, des canettes de bière et des papiers gras jonchent le sol, dommage ça gâche un peu le paradis .

Jeudi : L’analyse des cartes météo et des gribs du matin nous laisse entrevoir un créneaux météo favorable pour la Nouvelle Zélande dimanche soir. La douane et l’immigration ne travaillent pas le weekend il nous faut donc revenir au port (Neiafu) demain vendredi pour faire la « clearance » où sortie du territoire/dédouanement. Le temps est superbe et le retour vers Neiafu se fait entièrement à la voile. On jette l’ancre à Muihouma Point histoire de piquer une tête (superbes coraux) et de déjeuner tranquille et on repart toujours à la voile. On se fait vraiment plaisir et jusque dans le bras de mer qui abrite le port nous ne mettrons pas le moteur. Nous prenons une bouée de mouillage devant le quai des loueurs de catamarans  et au soleil couchant, en savourant une bière locale à la fraîche , nous assistons au ballet des chauve-souris arboricoles géantes (giant fruit bat) qui habitent dans les grands manguiers juste au dessus sur la rive .

Vendredi : La météo n’est pas fameuse, il y a plus de 20 nœuds de vent au mouillage, 25 ou plus annoncé plus tard dans la journée. Mais il faut aller à terre faire  nos papiers, en plus le marché est là juste à côté donc on aura pas à porter. A l’aller c’est facile, le vent est avec nous, mais au retour se sera plus difficile, il faudra pagayer dur. D’abord la douane… Hum c’est une femme qui est de service à la table sous le hangar. L’affaire se corse, contrairement au colosse débonnaire qui nous avait fait l’entrée, elle à l’air très tatillonne. Le dialogue s’emmanche mal : « Où se trouve le bateau ? » « Heu… juste là bas au mouillage ». « Non, non, je ne donne pas de clearance si le bateau n’est pas là au quai devant le bureau . . . » « Mais madame,  le vent est fort et pas bien situé, mon moteur n’est pas très puissant, on va se retrouver plaqué sur au quai, peut-être même nous ne pourrons pas repartir » « veux pas le savoir ! Le règlement dit à quai ici c’est tout ! » . Domi va payer la taxe de port dans le bureau voisin et revient remplir les quatre ou cinq pages de formulaires. On revient la voir, non c’est toujours non, le bateau doit être à quai ici. Bon il faut bien se faire une raison et nous voilà repartis , on passe devant le marché et l’on s’arrête pour acheter juste ce qu’il nous faut en frais pour une dizaine de jours de traversée : bananes , papaye, oignons , ananas , concombres et deux douzaines d’œufs . Le retour en kayak comme prévu est sportif et très humide mais l’eau, ici, est chaude  cela rafraîchit à peine. Il est 10h45 quant nous sommes de retour au bateau , nous avons encore le temps pour aller faire nos papiers avant leur pose déjeuner. Le vent souffle encore plus fort que tout à l’heure, nous verrons bien . Mais le quai officiel de la douane est pris, le marin de la vedette locale où nous voulons nous mettre à couple refuse , et le plaisancier d’à côté aussi donc pas de possibilité de se mettre là .  Par contre le ferry vient de partir son quai (juste à coté) est donc disponible au moins pour quelques heures, en plus il est pratiquement dans l’axe du vent donc normalement plus facile pour en repartir. Un plaisancier américain vient nous donner un coup de main pour prendre nos aussières. Domi saute à terre et court à la douane faire les papiers. En un quart d’heure il est de retour, tout est ok, le fonctionnaire (un autre colosse débonnaire) a juste demandé ou était le bateau « Just here alongside the warf, Sir ! » et le tout était joué, les passeports tamponnés et la clearance accordée. Par contre la mauvaise nouvelle est que comme nous avons cette fameuse clearance, nous devons quitter les îles immédiatements. Heureusement que nous avions fait les courses avant…

Bon ! Nous voilà de nouveau en route mais entre le règlement et la météo le choix et vite fait. Il y a un peu trop de vent et il est dans la mauvaise direction. Il nous faut attendre samedi midi pour un temps plus clément. Nous allons donc mouiller à l’anse Morelle que l’on voulait faire quelques jours plus tôt.  et ça tombe plutôt  bien puisqu’il est parfaitement à l’abri et que la journée et la nuit risque d’être agitée. Nous retrouvons un petit bateau que nous avions vu dans un des mouillages précédents. L’après midi on va nager, le récif est très abimé mais on voit quand même des spécimens intéressant dont un Napoléon, un énorme poisson scorpion et une drôle de cigale verte. Le soir un cata de location et un autre bateau rencontré à Niue mouillent pour la nuit. Il faut avouer que le mouillage n’est pas grand mais très abrités des vents dominants. Une petite barque vient nous voir, ici c’est payant 15 dollars sur ancre et 20 sur corps mort. Le petit gars a son badge et donne un reçu si on lui demande. Nous ne lui demandons rien, on est là incognitos, pour les autorités on devrait avoir quitté le pays (par acquis de conscience Domi a désactivé l’AIS des fois qu’ils auraient une telle technologie).

Samedi 19 Octobre 2019 :

Le matin le mouillage se vide, et nous sommes de nouveau seul avec le petit bateau. Nous prenons notre temps, le vent doit tourner à notre avantage en mollissant un peu pour se stabiliser à 15 nds. Nous en profitons pour faire une dernière plongée avant le repas et départ à midi pile. Nous passons entre les îles dont les falaises basses sont percées de magnifiques grottes. Ensuite nous longeons l’archipel ainsi protégé de la houle du large pendant au moins deux bonnes heures, la mer est belle et le vent est stable à 100° de la route. Nous naviguons ainsi toute le nuit, temps vraiment idyllique au travers.

Nous avions un temps pensé faire un arrêt à Hapai mais mis à part que nous sommes maintenant des « illégals aliens » (étrangers en situation irrégulière) nous passons à la hauteur du groupe d’île en pleine nuit.

Dimanche 20 Octobre 2019 :

Il est question aussi question de s’arrêter à Tongatapu dans un mouillage extérieur pour attendre que le créneau météo ne se précise. La météo n’arrête pas de changer depuis trois jours. Nous analysons les bulletins et cartes transmises par Michel et téléchargeons un grib pour refaire un routage. Cà semble pas trop mal, rien de catastrophique, pas de vent fort, c’est plutôt le contraire, il faudra traverser de grande zones de calme au milieu de l’anti cyclone mais sur 15 jours aucune prévoit de dépression génératrice de vent fort. Il y a même un bel anticyclone sur la mer de Tasman. Ce qui vent dire qu’on ne battra pas des record de vitesse mais on n’aura pas non plus l’épée de Damoclès d’un risque de gros mauvais temps sur les derniers jours de la traversée.  Il faut en profiter pour l’instant nous avons encore du vent favorable, nous partons avec. Donc pas d’arrêt pirate à Tongatapu. Il y a un petit atoll à 260 milles sur notre route qui a l’air sympa, on verra quant nous passerons devant.

Vers 16 heure , le vent refuse, nous nous faisons plaisir en mettant le spi, ça fait longtemps qu’il n’est pas sorti de son sac ! Malheureusement deux heures plus tard le vent tombe à moins de 5 nœuds nous obligeant à rentrer le spi qui ne porte plus. C’est au moteur appuyé des voiles que nous continuons. Vers 10 heures , le vent revient t toute la nuit sous un petit temps nous glissons entre6/8 nds vent travers.

Lundi 21 Octobre 2019 :

Toute la journée le vent reste le même, nous n’avons rien à faire qu’à surveiller les rares bateaux de pêche Chinois qui traînent par ici (nous en verrons 3 sur l’écran de l’AIS) et aussi les gros cétacés , baleines sans aucun doute. Nous apercevons de temps en temps un souffle ou une gerbe d’eau ou une queue sortir de l’eau.

Soudain, devant nous l’eau change de couleur de bleu profond, elle devient brune, Domi pense tout de suite à une remontée de fond et descend en vitesse vérifier la carte et la profondeur, non ce n’est pas cela on a 4000 mètres de fond, ensuite on pense à une nappe d’hydrocarbure, mais ça n’a pas d’odeur et çà ne semble pas gras, peut-être de la cendre de volcan sous marin, c’est très léger et dans cette région du globe, ils sont nombreux. On fait alors un prélèvement et de près çà semble organique, l’on pense plutôt à de la semence de corail. On en retrouvera à l’intérieur de Minerva (l’atoll où nous allons).

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