Archives mensuelles : mars 2022

Polewali 3: coup de gueule, trophée et cascades

Vendredi 11 Mars 2022, nous avons reçu le message de l’immigration nous confirmant que nos visas ont été approuvés et émis on se rend donc illico au Kantor Imigrasi (Bureau de l’immigration en indonésien). Bien sûr quand on arrive là bas, la fonctionnaire zélée qui c’était occupée de nous mercredi nous annonce que çà ne va pas être possible et qu’il va falloir revenir Lundi… Oui elle comprend bien que le message indique que les visas sont prêts mais il leur faut encore du temps pour imprimer les timbres, les coller dans nos passeport et les faire signer par le responsable ce qui va demander au moins 2 jours… Là je « pette un câble » et demande à la jeune fonctionnaire si elle se moque de nous et si elle se rend compte qu’on à fait le tout trajet depuis Sapoang (15 km) juste parce que leur message disait que nos visa étaient prêts. Cinq minutes plus tard, elle revient en arborant un grand sourire derrière son masque en nous tendant nos passeports dûment tamponnés et signés. Comme quoi, même en Asie çà vaut parfois le coup de s’énerver un peu.

Nous sommes vendredi et c’est le jour ou le marché qui se trouve juste à quelques rues de l’immigration est le mieux achalandé. C’est un immense marché ou on trouve vraiment de tout depuis des volailles vivantes, du poisson, des fruits et légumes mais aussi des fringues, des bijoux ou de l’électroménager. Nous pourrions y passer la journée mais on se contente de courses rapides car Ridwan du bureau de tourisme nous a appelé un peu plus tôt pour nous demander de passer à son bureau qui est juste l’autre côté du marché.

En arrivant au bureau du tourisme, c’est la surprise: nous sommes reçu par toute l’équipe et on nous remet une superbe maquette d’un sandeq le bateau traditionnel de la région dont ils ont envoyé l’original grandeur nature pour participer une première fois au rassemblement des vieux gréements de Brest 2012 (Ridwan était du voyage) puis à nouveau cette année pour l’édition 2022, et un petit sac de voyage. Nous sommes les premiers touristes étrangers cette année, ça mérite d’être célébré comme il se doit! nous sommes très touchés par cette attention. Mais bientôt l’appel de la prière retentis, Il est temps de prendre congé de Ridwan et son équipe. Pour nous c’est l’heure du déjeuner et nous finissons cette matinée dans un petit restaurant local.

Samedi était prévu jour d’excursion avec nos amis guides amateurs Syahida et Rival. Syahida n’étant finalement pas libre elle est remplacée au pied levé par Jul, le cousin de Rival. Aujourd’hui, aucun officiel ne demande à nous rencontrer, nous avons donc toute la journée devant nous pour aller voir les fameuses chutes d’eau en pleine montagne .

La route zigzague le long de la rivière. Au début elle est en bon état et les kilomètres défilent puis on commence la montée et l’état de la chaussée se dégrade franchement et malgré l’habilité de nos pilotes nos dos et nos postérieurs sont mis à rude épreuve mais çà vaut le coup de souffrir un peu:

nous en prenons plein les yeux de ces paysages grandioses. Rizières dans les vallées parfois même en terrasse, cacao sur les pentes et partout la forêt dense et luxuriante.

Au bout d’une heure et de nombreux arrêts photos on atteint une première chute, pour la découvrir il faut laisser les scooters à l’épicerie et continuer 10′ à pied sur un petit sentier.

Nous arrivons à la cascade ,Il fait chaud et l’eau m’attire comme un aimant. J’ai prévu le coup et j’ai apporté serviettes maillots et tee shirts pour se changer et c’est avec délice que nous piquons une tête dans cette eau délicieuse qui reste fraiche sans être froide.

En revenant de la cascade, nous nous arrêtons à la boutique pour acheter de quoi nous désaltérer. La dame qui nous accueille est philippine et parle très bien anglais

Revigorés par la baignade nous continuons notre excursion. Nos guides/pilotes on prévu de faire un circuit afin de ne pas repasser par la même route et de voir plus de paysages. Nous passons plusieurs cols. Nous traversons un pont suspendu en planche c’est assez impressionnant et nous nous arrêtons à une deuxième cascade aussi belle que la première mais nous résistons à la tentation de nous baigner car l’après-midi s’avance et on a encore pas mal de route à faire.

Les petits villages que nous traversons sont construits autours de leur église ou de leur mosquée et chrétiens et musulmans semble vivre en bonne intelligence.

C’est juste à l’entrée d’un de ces villages, où les habitants sont en train de bétonner la chaussée, que la moto de Jul tombe en panne: câble d’embrayage cassé. Bien sûr les gamins du village sont là pour assister au spectacle. Rival fonce chez un oncle qui n’habite pas très loin pour aller chercher des outils. Mais quand il revient, Jul à déjà réparer avec un calme et une dextérité étonnante. Il a récupéré un câble ailleurs sur sa machine, un nœud pour remplacer le sertissage cassé, repasser le câble au bon endroit et le tour est joué, c’est repartis!

La piste du retour est en très mauvais état et Domi commence à souffrir du dos, il demande à chaque instant à Jul de s’arrêter pour faire les parties les plus défoncées à pied. Le gué qui traverse la rivière est le dernier obstacle avant de retrouver la route principale.

Il est 18 heures quand nous arrivons à Sapoang fourbus mais absolument ravis de notre journée avec des images de ces paysages grandioses plein la tête. Un immense merci à Rival et Jul pour nous avoir fait découvrir ce petit morceau de leur si beau pays!

Il est temps d’aller retrouver notre Rêve à Deux. Tous les enfant sont sur la jetée pour la dernière baignade de la journée, les garçon d’un côté et les filles de l’autre, Hello Mister!

Polewali 2: à la découverte des rizières et des environs

Jeudi 10 mars 2022 nous avions programmé une excursion en montagne avec Syahida et Rival mais c’était sans compter sans l’immigration qui nous téléphone en tout début de matinée pour nous annoncer qu’ils viennent nous voir pour nous poser quelques questions complémentaires avant de nous donner nos visas. Ils arrivent à 5 dans un gros 4X4 ce qui nous à fourni une bonne excuse pour ne pas les faire monter à bord vu la taille de notre dingy (annexe) 3 places. C’est donc sous l’un des abris de la plage que nous nous installons, ils étaient en fait intrigués par notre bateau à la fois domicile et mode de transport ainsi que nos étapes passées et futures. L’ambiance était très bon enfant, le plus important étant d’être pris en photo avec nous.

Ensuite c’est un militaire qui passait prétendant que dans son rôle de gardien de la sécurité nationale il devait voir notre bateau (???) Pendant que Domi discutait avec lui, (et a apparemment réussi à le convaincre que ce n’était pas le bon jour pour une visite) je suis retournée seule, dans la petite rue d’en face faire quelques photos. En passant devant l’école les enfants m’attendaient dans la cours et comme c’était la récréation ils m’ont accompagné jusqu’à qu’on entende la cloche de l’école les appelant pour rentrer en classe. Dans la rue riz et des fèves de cacao sèchent sur des toiles à même le sol. Plus loin, une dame concasse les fruits pour en extraire les fèves. Entre temps Syahida et Rival nous annoncent qu’ils n’ont finalement pas trouvé de voiture pour l’excursion et qu’il est de toute façon un peu tard pour aller très loin.

Du coup il nous propose de visiter les environs sur leur scooters. On part sur les petits chemins qui serpentent à travers les rizières et les villages jusqu’au pied de la montagne. C’est magique et très différent de tout ce que nous avons vu jusqu’à présent, nous ne regrettons pas d’être finalement partis en scooter car les routes finissent souvent en petits chemins trop étroits pour une voiture et en 2 roues c’est plus facile de s’arrêter pour faire des photos. Le riz (3 récoltes par an) dans les plaines le long des rivières et le cacao au pied des montagne semblent être les deux ressources essentielles de la région. Il est 1 heure quant nous revenons du côté de Sapoang. Nous nous arrêtons dans une cantine au bord de la route pour nous restaurer. Après le repas, Syahida doit aller travailler. Nous nous séparons de nos guides tout en convenant d’organiser une nouvelle excursion samedi ou dimanche.

Comme il fait beau et que nous avons encore du temps avant le couché du soleil nous partons à pied faire le tour la montagne qui surplombe la baie. On commence par remonter ma rue préférée, puis un chemin qui grimpe dans la forêt à flanc de coteau en surplombant les rizières, traversons le col et revenons par un autre village de l’autre côte qui nous ramène sur la route côtière en faisant une belle boucle. Nous ne pouvons pas faire un pas sans que nous soyons arrêtés par les villageois. La barrière de la langue n’est plus un problème, quelques mots d’anglais universels beaucoup de gestes et quelques mots clés (Salam aleykoum, Perancis (France), Zidane, Paris , …) beaucoup de bonne humeur et de rires et on arrive toujours à se débrouiller. Domi réussira même à se faire draguer par une bande de nanas!

Le soir arrive, pause noix de coco au bord de la route avant de rentrer au bateau. Nos jambes nous rappellent douloureusement qu’elles n’ont pas beaucoup servi depuis notre départ de Sorong , mais quelle journée inoubliable .

Polewali 1: on fait les corvées avant de jouer les touristes

On aura tout le temps de récupérer de cette nuit en mer plus tard. Pour l’instant l’urgence est de remplacer notre batterie de démarrage maintenant que nous savons qu’elle est morte. Ce n’est pas un model très courant peut-être faudra-t-il la faire venir de Makassar ou même de Jakarta. Nous téléphonons tout de suite à Ridwan le responsable du bureau de tourisme que Sayfull avait prévenu de notre arrivée depuis Tolitoli, pour lui demander conseil. Il nous aiguille sur le plus gros revendeur d’accessoires automobile de Polewali.

Nous nous rendons à terre en annexe et débarquons sur l’estacade de Sapoang (la plus pratique et la mieux entretenue que nous ayons vue depuis notre arrivée en Indonésie) Nous trouvons tout de suite un angkot (taxis/minibus collectif parfois encore appelé ici oplet) qui nous amène jusqu’au magasin. Ils ont en stock un modèle de la bonne taille et de la capacité voulue mais les bornes sont inversées la charmante manager du magasin qui parle un anglais parfait passe plusieurs coups de téléphone pour essayer d’en trouver une avec la bonne configuration chez ses fournisseurs sans succès. Domi préfère revenir au bateau pour être sûr que les câbles soient assez longs pour atteindre les bornes. Le lendemain matin, nous sommes de nouveau au bord de la route devant l’estacade avec notre vieille batterie (le magasin les reprends au prix du plomb et nous confirmera au passage qu’elle était bien morte de chez morte). Mais cette fois-ci nous ne voyons passer aucun angkot. C’est en attendant ainsi que nous faisons la connaissance de Syahida une étudiante qui habite le quartier. Elle parle anglais et est ravie de pouvoir le pratiquer tout en nous aidant. Elle nous propose de mobiliser sa tante qui a une voiture pour faire l’aller et retour pour ramener la batterie et nous voilà repartis pour la ville qui se trouve à vingt minutes de route. Aussitôt rentrés nous installons la nouvelle batterie et bien sûr le moteur démarre au quart de tour.

L’après midi Ridwan et son collègue du bureau de tourisme nous rendent visite sur la jetée. Ils nous confirment que nous sommes les premiers touristes étrangers depuis 2019 et les premiers voileux depuis que le bureau existe. On discute des sites à explorer dans la région, ils ne sont pas disponibles pour nous piloter cette semaine mais Syahida et son copain Rival qui ont rejoint la discussion se proposent d’être nos guides et une excursion est programmée avec eux pour Jeudi. Ridwan reparti, Syahida nous propose une ballade à pied dans son quartier, juste de l’autre côté de la route . J’adore ce quartier, la rue est bordée de maisons typiques souvent très colorées. La plupart des habitants sont sur le pas de leur porte, les gamins nous accueillent avec leur habituel « hello mister! » et les adultes avec de grands sourires en nous proposant de venir faire des photos avec eux .

Mercredi 9 mars 2022, il y a déjà un mois nous étions à Bitung et nous avons renouvelé nos visas, il est temps de recommencer c’est la deuxième corvée dont nous devons nous acquitter avant de penser à nous amuser. Nous nous rendons donc au bureau de l’immigration situé dans la partie ouest de la ville. A l’exception des fonctionnaires qui y travaillent, le bâtiment est vide, pas un client en vue: leur fonction étant d’une part de délivrer des passeports aux autochtones qui veulent voyager à l’étranger et des visas aux étrangers de passage dans la région il est clair qu’en ce moment la demande doit être plutôt faible. Tout de suite on nous annonce que çà ne va pas être possible, d’abord il nous reste encore 2 semaines sur notre visa et notre sponsor n’est pas de Polewali (Bisa Visa à Bali). Une négociation serrée s’engage, on appelle Bisa Visa qui négocie pour nous en expliquant notre voyage, la fonctionnaire consulte son chef et nous réussissons finalement à les convaincre de prendre nos passeports et de procéder au renouvellement. On peut commencer à remplir les papiers. Par contre pas question de l’avoir dans la journée comme à Bitung, même si on passe tout de suite payer à la banque (pour lutter contre la corruption les administrations ne perçoivent plus de paiements directs, tout se passe par virement) il nous faudra revenir dés que nous recevrons la confirmation sans doute pas avant 2 ou 3 jours. Arrivés à 09:30 nous serons finalement libérés à 12:30, heureusement que nous étions seuls, je n’ose pas imaginer quand nous serions ressortis s’il y avait eu 20 personnes devant nous!

Une fois libre nous allons jusqu’au au marché du front de mer (partie Est de la ville) en bentor (contraction de becak -motor un genre de pousse pousse tricycle à moteur) et traversons cette ville qui n’est pas très belle. Le front de mer est un peu sinistre probablement les séquelles de tremblements de terre et la zone de mouillage n’est pas abritée, nous sommes bien content d’avoir choisi Sapoang pour ancrer.

Le retour au bateau se fait en angkot. Le chauffeur et sont épouse qui l’accompagne sont tellement heureux de vehiculer des étrangers qu’il nous faut faire la photo à l’arrivée pour immortaliser la course.

çà y est! nous sommes débarrassés du plus gros de nos corvées, bon il va bien falloir faire les courses et retourner à l’Immigration chercher nos passeports, mais en attendant nous avons tout loisir de profiter du coin et de l’arrière pays qui à l’air magnifique!

De Tolitoli à Polewali

Nous sommes le 10/03/2022, ayant pas mal flânés le long de la côte nord de Sulawesi on ne veut pas perdre trop de temps sur la côte Ouest, surtout que les mouillages bien abrités en cette saison de la mousson du Nord-Ouest n’y sont pas très nombreux. Il ne faut pas compter sur les blogs ou les guides pour nous indiquer les bons endroits, très peu de voiliers sont passés par ici au cours de la dernière décennie. Il ne faut pas compter non plus sur les cartes qui, à part sur les quelques ports principaux mis à jour récemment, sont très imprécise et ne montrent aucun détail. Mais en décortiquant les images satellites on trouve tout de même toujours son bonheur. Après un premier arrêt à Dampal Utara (une trentaine de milles seulement de Tolitoli), nous avons donc opté pour une descente rapide en 3 étapes de 100 à 150 milles ce qui permet d’alterner une nuit en mer et une nuit à l’ancre.

Ce premier jour commence par un contrôle de police inopiné et matinal. Nous n’avons pas entendu la prière pour nous réveiller à cinq heures, si bien qu’à 7 heures, quand le fonctionnaire est venu frapper à la coque nous étions encore au lit. J’ai donc été contrôlé vêtu de mon pyjama favoris usé jusqu’à la corde et maintes fois rapiécé: quelle opinion de la France va-t-on donner à ces gens si chaleureux et toujours correctement vêtus!

La plus grande partie de la journée se passera sous spi dans 8 à 10 nœuds de vent de Nord. Puis le moteur prend le relai sur une mer parfaitement plate. A 23 heures, nous franchissons l’équateur: nous étions dans l’hémisphère nord depuis le 27 janvier Bonjour l’hémisphère sud depuis le temps qu’on y traîne c’est un peu comme revenir chez soi… En début de matinées nous ancrons dans une anse bien protégée sous la pointe de Balotupi sur la côte Ouest de la péninsule de Dongala.

C’est très agréable de longer la côte qui est magnifique avec de hautes montagnes en arrière plan, sur une mer calme, avec suffisamment de vent pour se passer du moteur au moins la moitié du temps. Mais il faut toujours être vigilants, de jour, se sont les pirogues à fleur d’eau, de nuit se sont les dispositifs de concentration de poisson (FAD ou Fish Aggregation Device en anglais: des espèces de radeaux rudimentaires, parfois de simple bidons mouillés par des fonds allant parfois jusqu’à 2000m. Les cargos, assez nombreux ne sont pas un problème car ils sont bien éclairés et disposent d’AIS puissant par contre, les plus petits bateaux de commerce local et surtout les remorqueurs tirant de gigantesques barges remplies de charbon sont très mal signalés (AIS classe B au fonctionnement intermittent, pas de feux réglementaires et rien pour signaler la barge. Ces convois font la navette entre les ports charbonniers de Kalimatan (Bornéo) et les centrales électriques réparties le long de la côte, fort heureusement ils avancent très lentement.

Frayeur au milieu de la nuit: le vent faiblit et un contre courant agite la mer, nous n’avançons plus et quand nous voulons démarrer le moteur, rien ne se passe. Domi vérifie tout le câblage, les fusibles et le démarreur mais tout semble normal mais pas moyen de démarrer. On continue à la voile en barrant car à un nœud dans une mer un peu confuse le pilote n’arrête pas de se mettre en alarme. Mais même « à la main » la vitesse est trop faible pour se diriger. Domi va dormir en me laissant me dépatouiller pour essayer de faire porter les voiles . Quand il se réveille une heure plus tard il a une idée: et si c’était la batterie! La tension semble bonne (12,70 V) mais elle chute à 5V dès qu’on actionne le démarreur… Il bricole des câbles pour pouvoir démarrer en utilisant les batteries de servitude qui sont bien chargées mais assez loin du moteur. Au premier essai on entend le démarreur mais les câbles sont d’un trop petit diamètre et n’amène pas assez de courant, il les double et miracle çà démarre!

Etape à Belanbelang, l’endroit est parfaitement abrité avec un chenal d’entrée bien balisé (c’est rare dans ce pays) et serait très joli si le fond de la baie n’était pas occupée par une centrale à charbon. Vous noterez sur la photo du caboteur local son système de gouvernail semblable à 2 avirons disposés de part et d’autre de la poupe. Un tel système à pratiquement disparu des navires depuis le 13ème siècle! Ces bateaux sont des pièces de musée!

Nous repartons au matin pour la dernière partie de cette descente. Le vent est suffisant pour avancer toute la matinée, mais dans l’après-midi de gros nuages noirs s’amoncellent autours de nous. Juste avant la nuit nous affalons la grand voile pour ne pas nous faire surprendre: il n’y a pas de lune, on ne verra pas les grains arriver. Le trafic dans cette partie la plus étroite du détroit de Makassar est assez dense mais sans causer de soucis particulier. Vers Minuit nous contournons la pointe Rangasa et infléchissons notre route pour pénétrer dans cette immense baie au fond de laquelle se trouve Polewali. Nous voyons les lumières. de Magene. et tout de suite après la mer se couvre de lumières, nous nous retrouvons en plein milieu d’une zone de pèche. Plupart des bateaux sont stationnaires, amarrés aux fameux FAD, mais certains se déplacent et d’autres ne sont pas du tout éclairés et nous lance un bref éclair de lampe torche s’il nous trouvent trop près d’eux. La radar s’avère bien pratique pour évaluer les distances dans cette débauche de lumière et voir les embarcations non éclairées. Nous slalomons pendant une bonne heure dans cette flotte improbable.

Vers huit heures nous ancrons dans l’anse de Sapoang une très joie baie bien protégée une dizaine de milles à l’est de Toliwali. C’est l’heure idéale pour un bon petit déjeuner!

Tolitoli

Il est 15:00 quand nous ancrons à Tolitoli. La pluie diluvienne qui nous a accompagnée sur les derniers milles c’est fort heureusement calmée quand nous sommes entrés dans la baie. La zone où on peut ancrer est encombrée de grands bateaux de pêche au carrelet (il ne s’agit pas du poisson plats mais d’une technique de pêche utilisant un filet horizontal immergé et levé sous les immenses bras latéraux) nous réussissons tout de même à trouver une place à l’abri des vents dominants dans une profondeur raisonnable (11m) et hors du rayon d’évitage de ces libellules des mers. A peine sommes nous installés que la vedette de la capitainerie du port vient nous voir ils sont 7 et veulent tous monter à bord finalement 2 resterons sur leur embarcation. L’officier de quarantaine est présent et nous prend la température et vérifie le document de libre pratique délivré par son collègue de Sorong il y a 4 mois, le capitaine de port (Harbour Master) nous pose quelques questions sur notre voyage. Une fois ces formalités accomplies, Fitria la gentille fonctionnaire de la capitainerie qui agissait en tant qu’interprète nous dit que si on le souhaite elle a des amis qui peuvent nous aider pour aller faire nos courses et même découvrir la région. Elle nous laisse son numéro de téléphone.

Le matin alors que nous sommes encore dans le zodiac occupés à chercher un endroit ou nous pourrions débarquer, deux jeunes hommes nous hèlent en nous indiquant le point de débarquement (un petit ponton adossé à une sorte de petite plateforme en bois qui a du voir des jours meilleurs et avec un espace béant de presque 2 mètres entre le ponton et la dite plateforme. Ils nous aident à nous amarrer et à grimper sur la plateforme en nous disant qu’ils sont Sayfull et Jul, les amis de Fitria, qu’ils sont en scooter et qu’ils peuvent nous emmener où l’on veut, alors pourquoi pas.Ils étaient là depuis 7 heure mais n’ayant pas notre numéro de télèphone ils nous ont attendu. On va commencer par aller faire le marché parce qu’à part les bananes d’Oluhuta il ne nous reste plus rien.

Le marché est un peu plus loin sur le bord de mer, il est vraiment super bien achalandé, plus propre que la plupart de ceux que nous avons vu dans ce pays et les produits sont très beaux et très variés. On repart, les scooters croulants sous le poids des sacs à provisions bien garnis et on retourne mettre tout çà au frais au bateau. Puis on s’occupe du gasoil. On a beau utiliser nos voiles autant que possible, on a tout de même consommé 80 litres depuis Manado et comme on ne sait pas si on va avoir beaucoup de vent les jours prochains il vaut mieux refaire le plein.

Nous retournons à terre avec nos bidons. Sayfull n’arrive pas à trouver de voiture pour aller à la station service avec les bidons qui est un peu à l’extérieur de la ville. Après quelques hésitations Dominique part avec Sayfull et Jul sur leur scooter pour remplir les 4 jerrycans à la station pendant que je fais quelques courses dans la petite épicerie d’en face. Le retour de la station est assez épique les scooter surchargés par les bidons et le deuxième passager peinent dans les rafales qui soufflent sur la route mais finalement tout se passe bien.

On laisse nos bidons en garde à l’épicerie et on part tous les quatre manger dans un restaurant sur piloti face à la mer. Nous profitons du repas de poisson grillé pour mieux faire connaissance avec nos deux nouveaux amis. Sayfull est professeur d’anglais sur une petite île de l’autre côté de la baie et Jul prépare un master d’Indonésien à l’université de Jakarta.

Le repas terminé nous leur demandons de nous faire découvrir un peu des alentours. Ils nous amènent à travers les rizières puis sur une route très escarpée serpentant à flanc de montagne pour voir les plantations de clous de girofle tout en haut de la montagne qui surplombe Tolitoli. Les girofliers sont de grands arbres élancés qui poussent à flanc de montagne sur des pentes parfois vertigineuses. Le fameux clou est en fait le bouton floral du giroflier. Il faut les cueillir quand ils sont encore bien verts avant qu’il commence à s’ouvrir. La cueillette se fait à la main au moyens de grandes échelles en bambou: il ne faut pas avoir le vertige!

Nous découvrons aussi le Kapok, cet arbre dont la bourre cotonneuse qui rempli ses fruits sert à rembourrer fauteuils et coussins.

Des crêtes la vue sur les vallée et la baie est superbe, dommage que le soleil ne soit pas tout à fait au rendez-vous.

Pour finir ils nous font faire le tour de Tolitoli .

C’est trop court, on aurait aimé rester plus longtemps avec Sayfull et Jul et explorer plus avant cet endroit attachant mais demain nous devons profiter d’une bonne météo et d’un courant favorable pour continuer notre parcours au tour de Sulawaisi jusqu’à Polewali que nous aimerions atteindre d’ici une semaine, avant que le courant ne s’inverse dans le détroit de Makassar…

Après 7 jours d’arrêt nous voilà enfin repartis

23 février 2020, nous avons retrouvé la forme, il est temps pour nous de reprendre la mer. Les vivres frais commençaient à manquer mais et c’est avec deux régimes de banane, des épis de maïs et des patates douces donnés par Yusuf que nous repartons enfin . Encore un grand merci .

La côte nord de Sulawesi est découpée par de nombreuse baies et rias bien abritées de tout les vents y compris ceux de secteur Nord largement prédominant en cette saison. Nul besoin donc de faire de navigation de nuit ce qui arrange bien les convalescents que nous sommes. Nous pouvons continuer à jouer les rases cailloux pour profiter de la beauté de la côte en nous arrêtant tous les soirs pour dormir tranquillement dans un bon mouillage. Tous les jours nous arrivons à faire au moins la moitié du trajet à la voile. Souvent peu après que nous sommes ancrés en sécurité, l’orage de la fin de journée monte et déversent sur nous ses paquets d’eau. Partout, les locaux nous accueillent avec de grands sourires et leur traditionnel « hello mister ». Parfois même il nous offrent un bon poisson comme ce succulent chirurgien noir à Milango. Partout nous avons continuer à éviter tout contact nous considérant encore en quarantaine jusqu’au 26 les premiers symptômes étant apparus le 12.

On vous laisse découvrir nos étapes en photos. Elles s’appellent: Milango…

Mulangato… Eux aussi ont une cuisine à bord!

Lokodidi…Notre seul regret est de ne pas avoir été à terre , vue de la mer c’est magnifique

et Belonligun Un village musulman au ras de la mer est en face le village chrétien perché sur les côtaux

Et c’est le 27 février en début d’après-midi, sous une averse mémorable heureusement sans trop de vent que nous approchons de Tolitoli