Archives mensuelles : novembre 2022

Turquie: Tlos la métropole lycienne

Comme le temps au large ne semble pas vouloir s’améliorer pour les prochains jours (on comprend pourquoi ici la saison se termine au 15 Novembre) nous avons décidé de louer une voiture et d’aller voir un peu l’intérieur du pays. Notre but: les ruines de l’antique cité Lycienne de Tlos.

Les origines de la ville remonte à plus de 4000 ans. Au 15ème siècle av. JC elle était déjà l’une des plus importantes métropoles de la région. La nécropole dont les tombes sont creusées à même le piton rocheux serait dédié à Bellérophon le cavalier du fameux cheval ailé Pégase. Envahie par les Perses en 540 av. JC, c’est sous leur domination qu’elle connu son apogée. Elle fut ensuite Grecque (beaucoup des construction encore visibles aujourd’hui datent de cette époque) puis Romaine . Les Romains en firent le chef lieu d’une province autonome au premier siècle, ils ont aussi beaucoup contribué à l’architecture de la ville avec notamment le théâtre. Pendant l’époque Byzantine elle est devenue chrétienne avec le statut d’évêché.

Au 19ème siècle un prince Ottoman décida de se faire construire un château au sommet du pic rocheux en utilisant les pierres de monuments antiques: quel gachi! même si de là haut la vue est magnifique.

La taille du stade dont les gradins peuvent accueillir 2500 personnes et les deux établissements de bain d’une taille colossale donnent une idée de l’importance de la ville dans la région.

Après une bonne matinée passée à arpenter ses ruines spectaculaires, la faim se fait sentir. La saison étant finie, beaucoup de resto sont fermés heureusement sur le bord de la route on en trouve un qui est encore ouvert! Et on est bien tombé, c’est un restaurant traditionnel la cuisine est délicieuse et les hôtes fort sympatiques. On assistera en direct à la confection des sufkas les fameuses crêpes Turques plus fines que du papier.

On termine cette belle journée par la visite des gorges de Saklikent.

Nous redescendons dans la vallée. Les routes sont bonnes et bien entretenue. Les vallée sont très cultivées avec beaucoup de plantations d’oliviers et de fruitiers (oranges, citrons) mais aussi beaucoup de serres (tomates et autres fruits et légumes). Autant les montagnes sont grandioses et très particulières, autant ces vallées n’offrent pas grand dépaysement, les villages, d’aspect modestes pourraient être n’importe où en Europe à la seule différence de la mosquée qui remplace l’église.

La journée a été bien remplie! Il est maintenant grand temps de prendre le chemin du retour si on veut avoir le temps de faire quelques courses avant de rentrer au bateau.

Turquie: Fethiye

Du très mauvais temps est annoncé pour la fin de la semaine, le week end et le début de semaine prochaine avec vent fort, orages et pluie. Gemiler est bien protégé mais on risquerait d’y être bloqué un moment. On recherche donc un endroit protégé plus à l’Ouest. Pourquoi pas une marina, de toute façon il faut qu’on aille vidanger notre cuve d’eaux noires avant lundi sous peine d’une amende de 1700 EUR et çà nous permettrait de laisser le bateau quelques jours pour explorer un peux l’intérieur du pays. Mais à Fithiye, la marina est archi pleine et n’accepte plus de visiteurs. Il y a encore de la place à Göcek mais à 129 EUR/nuit non merci. Fithiye accepte que l’on vienne à la station service vider la cuve. La baie semble propice au mouillage on pourra y rester au moins pour la nuit çà ne coûte rien.

Jeudi 17/11/2022, en tout début de matinée, nous quittons donc les fantômes de St Nicolas et de ces moines. On se rend compte au passage qu’ils étaient d’ailleurs bien défendus (ou souvent attaqués). Les ruines d’une église et des restes de maisons et peut-être de fortifications sont encore bien visibles sur l’île de Karacaoren à la sortie de la baie. D’après des archéologues une cheminée spéciale, dont les restes sont encore visible sur l’île, servait à avertir le gros de la communauté de Gemiler que des navires d’apparence hostile approchaient.

Une fois passé les falaises effondrées des imposants caps Dödukkbasi et Burn, le paysage change du tout au tout. Les pentes arides ou poussent quelques rares buissons épineux, font place à d’autres pentes toujours aussi escarpées mais couvertes d’une forêt de conifères assez dense. En pénétrant dans la baie proprement dite le contraste est encore plus fort. La rive sud est bordée d’hôtels et de résidence de luxe et quand on passe la pointe de Paçariz et sa statue de sirène, le paysage prend un peu des allures de lac Italien.

Fethiye est une ville moyenne d’environ 85 000 habitants (hors touristes). En pleine saison le coin doit regorger de touristes si l’on juge d’après les dizaines de caïques et gulet (goélettes locales traditionnelles) alignés le long des quais et de bateaux de location aux pontons de la marina.

Le centre ville, très commerçant est très agréable. Ça fait un sacré bout de temps qu’on avait pas eu l’occasion de faire du lèche vitrine dans une vrai ville, on s’en était pas aperçu mais en fait ça nous manquait.

Une nécropole Lycienne du 5ème siècle av.JC surplombe la ville. Les tombeaux aux airs de temples grecs sont creusés et sculptés à même la falaise. Les façade sont tellement impressionnantes qu’on s’attend aussi à quelque chose de grandiose à l’intérieur, mais non, il y juste une petite cavité peu profonde avec trois banquettes taillées à même le roc. Le manque de confort est largement compensé par la vue du moins tant que la tombe n’était pas scellées. Les défunts inhumés là étaient très certainement des notables ou des princes et devaient surement payer fort cher pour bénéficier d’une telle villégiature! .

Tous les quartiers ne sont pas somptueux tant s’en faut et si une grande partie de la ville semble héberger une classe moyenne vivant dans des conditions similaires à leur homologues Européens, il subsiste encore des quartiers pauvres.

Dans la ville on trouve aussi plusieurs sarcophage de pierre Lyciens de la même époque. contrairement au grecs, les lycien préféraient garder leur morts parmi les vivants. Il y avait donc des sarcophages disséminés un peu partout dans la ville comme celui-ci au beau milieu de la rue (à moins qu’il ne soit tombé du ciel depuis…)

La ville dispose aussi d’un musée d’antiquités rassemblant des pièces retrouvées dans les sites archéologique. C’est une petit musée mais il est bien aménagé et permet de mieux comprendre l’histoire de la région et en plus il est gratuit! Il y a malheureusement beaucoup de statues sans tête et quelques têtes de statue sans corps. Mais il faut comprendre que depuis les Lyciens, ses premiers habitants connus, la région a été soumise à de nombreuses guerres et invasions: les Hittites, les Grecs, les Perses, les Romains, les Byzantins, les Arabes, les Ottomans et j’en oublie sans doute.

Il est déjà 14:30 et nous n’avons pas encore mangé. Nous terminons notre matinée culturelle par un excellent kebab: si on en mange pas ici, on en mangera jamais et puis çà fait quand même partie de la culture (locale).

Turquie: Gemiler, l’île de St Nicolas

L’île est cachée tout au fond de la grande baie ou se trouve la fameuse station balnéaire d’Ölüdeniz. Le cadre est grandiose, enchâssé dans de hautes montagnes plongeant dans la mer. En venant du Sud-Est, l’île, ne se voit pas du large, elle se fond complètement dans l’immense falaise en arrière plan. Il faut arriver à quelques encablures pour distinguer l’étroit passage qui la sépare du continent. On mouille au milieu et on tire nos aussières à terre amarrées directement sur les ruines.

Il y a peu d’informations disponible sur l’histoire de cette île, si ce n’est que son apogée s’est située aux environs du 6ème siècle de notre ère. Tous les historiens sont d’accord pour dire que l’île avait une importance religieuse et servait d’étape aux pèlerins qui se rendaient en terre sainte pendant la première partie de moyen-âge (époque byzantine). Selon certains le fameux St Nicolas (celui du père fouettard) y aurait séjourné et y serait mort en 354. Sa dépouille y serait restée 2 siècles avant d’être mise à l’intérieur du continent. D’après d’autres, il s’agirait d’un autre Nicolas… Le mystère n’est pas près d’être résolu!

Elle est littéralement couverte de ruines dont plusieurs églises ou basiliques et une allée couverte de plusieurs centaines de mètres.

Quelques mosaïques y ont été découvertes mais la plupart ont été détruites

Les bâtiments religieux étaient protégés côté terre par une haute muraille (le côté mer est protégé naturellement). Les ruines des habitations et les ateliers des différents artisans s’étalent au dessous et descendent jusqu’au niveau de l’eau ou on distingue encore des vestiges immergés.

Nous sommes tout à la fin de la saison, il n’y a pratiquement plus de touristes et aujourd’hui nous sommes seuls sur l’île et en plus il fait un temps superbe, quelle chance!

Turquie: Fakdere, Yeşilköy et Kalkan

Nous quittons la baie de Kekova avec un vent faible mais suffisant pour avancer. En début d’après midi nous ancrons dans la baie de Facdere, bien dissimulée derrière deux îlots rocheux au fond d’une grande baie aux rives abruptes. Seulement quelques maisons, un sentier de randonnée, le cadre est idyllique mais c’est le cas de toute la côte on commence à s’habituer.

Le lendemain 13 Novembre 2022, nous reprenons notre progression paresseuse vers l’ouest. Nous passons entre le continent et Kastellórizo / Megisti. C’est une île Grecque située à seulement 1,5 milles (3km) de la côte Turque continentale et 70 milles de Rhodes dont elle dépend. On comprend facilement pourquoi les relations entre les deux pays sont si tendues et on fait bien attention de ne pas dépasser la limite des eaux territoriales: on ne veut pas d’ennui avec les gardes côtes ne l’un ni de l’autre pays!

Les quatre premières photos c’est le coté Grec, son village et ses églises et juste en face la Turquie avec ses résidences balnéaires et ses mosqués quel contraste!

Côté continent la côte devient de plus en plus impressionnante du fait de la hauteur des montagnes plongeant directement dans la mer, coupées par endroit de canyons vertigineux.

Nous ancrons dans la grande baie d’Yeşilköy (on a pas encore pu déterminer comment doit se prononcer le S cédille) après une après midi relax et une bonne nuit (encore une) nous traversons la baie pour nous rendre au village de Kalkan, petite station balnéaire nichée à flanc de côteau. Nous ancrons devant la plage juste à côté de l’entrée du port. Les environs sont un peu défigurés par des lotissements de vacances sans cachet mais la vieille ville est jolie avec ses petites maisons au murs blanchis à la chaux et sa vieille mosquée. Plus haut il y a un super marché Carrefour mais il est petit et pas très bien achalandé en produits d’alimentation par contre il dispose d’un rayon alcools avec un très bon choix de vins Turcs: si si çà existe! Ils ne sont pas mauvais du tout et à des prix raisonnables.

Un petite houle venant du large rentre dans la baie rendant le mouillage devant le port un peu rouleur. Nous repartons à Yeşilköy pour la nuit.

Départ aux aurores pour la baie suivante à une trentaine de milles. Nous serons toujours sur la côte de l’antique Lycie mais dans la Turquie d’aujourd’hui nous allons passer de la province d’Antalya à celle de Muğla.

Turquie: baie de Kekova

Kekova est la partie la plus sauvage et la plus isolée de la côte Lycienne. L’île de Kekova proprement dite protège un grand plan d’eau abritant de nombreuses criques et le grand lagon de Üçagiz. Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est Kaleköy et sa forteresse perchée tout en haut du piton qui domine la ville. Pour y arriver depuis Gökkaya ou nous venons de passer 2 jours très agréables, on se faufile entre des îles ravissantes et devant quelques baies tentantes,

La forteresse est en vue. Nous avançons jusqu’au pied du village. Il y a les pontons des restos mais il est encore un peu tôt pour songer à déjeuner. Sur la droite il y a un espace où on peu mouiller entre les maisons au bord de l’eau et quelques rochers. Il n’y a pas beaucoup de place mais nous sommes seuls avec un petit bateau de pêche. La vue, sur le site d’un côté et la baie et l’île de Kekova de l’autre, est magnifique.

La matinée n’est pas encore trop avancée, nous avons le temps de monter jusqu’au château par les ruelles étroites (peut-être sentiers serait plus approprié vu la largeur et l’escarpement). De là haut, la vue sur la baie est époustouflante. L’architecture et le style laissent supposer que les fortifications datent de l’époque byzantine (3éme à 12ème siècle de notre ère). Dans l’enceinte et sur les collines avoisinantes, on voit de nombreuse tombes lyciennes (de 2000 av.JC à 300 ap.JC) certaines sont des sortes de sarcophages de pierre au toit arrondi d’autres sont creusées dans la roche des falaises. Nous sommes le 10 novembre, le drapeau en haut du château est en berne pour commémorer la mémoire de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la république Turque mort le même jour en 1938.

Le midi un repas simple sur une terrasse de café et le soir, petit resto juste en face du bateau.

Jeudi nous traversons la baie pour mouiller (à la patagonne avec des aussières à terre) dans l’anse de Tersane sur l’île de Kekova. C’est une toute petite indentation dans la rive nord de l’extrémité ouest de l’île. Le pourtour de l’anse et ses environs sont couverts de ruines y compris sous l’eau. Certaines paraissent très anciennes d’autres sont typiquement byzantines (comme les restes de l’arche d’une église sur la plage). Nous n’avons pas trouvé de renseignements intéressants sur ce site et son origine mais son nom laisse suggérer que son activité principale était la construction de navires .

Pour laisser de la place aux bateaux touristes qui viennent ancrer tout au fond de l’anse, nous avons mouillé juste à l’entrée du côté sud mais notre ancre n’est pas assez loin pour maintenir suffisamment loin des rochers si la brise de terre qui se lève la nuit souffle un peu plus fort que d’habitude (ici les prévisions météo ne sont jamais très fiable – le modèle français Arpège semble être le plus souvent juste avec en deuxième position ICON EU. ECWMF et GFS sont quand à eux en général carrément fantaisiste pour ce qui est des prévisions côtières.) Pour être complètement rassuré on devrait donc remouiller.

Mais après le repas de midi, on décide que, tant qu’à relever l’ancre et libérer les aussières autant en profiter pour explorer un autre mouillage de cette magnifique baie de Kekova. Nous jetons notre dévolu sur Kisle Bogazy, juste en face, et nous y passons une super fin d’après midi et une nuit très paisible…

Note sur les fond marins de la Méditérranée orientale:

Ces baies sont réputées pour la qualité et la transparence de leurs eaux. L’eau y est effectivement parfaitement limpide et la blancheur du sable leur donne cette couleur bleue turquoise si attirante. Par contre, au niveau faune et flore, comme nous l’avions déjà constaté à Chypre, à part quelques bancs de tout petits poissons, quelques sars égarés et par endroit sur les fonds, des herbiers de posidonie, c’est un peu le désert! Pas de gros poissons, pas d’algues ni même d’oursins sur les rochers et bien sûr pratiquement pas d’oiseau de mer en surface. Après ces dernières années passées dans des eaux tropicales grouillants de vie c’est carrément déprimant. Est-ce que finalement, cette clarté inimitable ne serait pas un signe que cette mer se meurt? Seul signe d’espoir: nous avons tout de même aperçu quelques tortues…

Turquie: de Finike à Kekova

La traversée de Latchi (Chypre) à Finike (Turquie) s’est faite en grande partie dans du tout petit temps avec un vent tout juste suffisant pour nous déhaler à quelques nœuds sans avoir à trop mettre le moteur et surtout deux très gros orages avec éclairs dans tous les sens, pluie diluvienne et surtout violentes rafales montant jusqu’à 35 nds en quelques minutes. Heureusement on les voyait bien arriver ce qui nous a permis de réduire la toile à temps. A noter que les gribs n’indiquait des rafales jusqu’à 20 nds mais pas de tendance orageuse marquée (CAPE < 300 J/kg). Le dernier orage nous laisse peu après le levé du jour en vue de la côte Turque et c’est vers 15:00 Lundi 7/11/2022, sous un ciel encore bien chargé de nuages que nous nous amarrons au quai de la Marina de Finike .

Les formatés sont rapidement expédiées. L’agent que nous avions choisi avant de partir nous attendait sur le quai et avait tout préparé grâce aux papiers que nous lui avions transmis par e mail. Nous n’avons eu besoin que d’une très courte séance de photos à la police avant de pouvoir circuler librement dans le pays. Le prix de l’agent 130 euros tout compris ! quant même…

La marina est très grande et assez luxueuse mais à 74 euros la nuit, elle n’est pas donnée (c’est pourtant l’une des moins cher de toute la côte) alors, comme le dédouanement c’est bien passé on va essayer de repartir dès demain matin. On passe aussitôt au distributeur prendre des livres Turques , on achète une carte SIM à la boutique d’à côté, on fait quelques courses et on lave le bateau. Après une bonne nuit de repos et une bonne douche on refait le plein de gaz oil ( à 1,43 euros le litre au lieu de 2,30 à Chypre, sur 200 litres, çà valait le coup d’attendre) et c’est reparti: à nous la côte Turque .

Cette partie de la côte sud-ouest de la Turquie est bordée d’îles et d’îlots et découpée de baies bien protégées formant un vrai labyrinthe: un paradis pour faire du rase cailloux en toute décontraction surtout quand le temps s’y prête comme aujourd’hui: vent faible, mer plate, ciel bleu limpide et la mer transparente . La moindre crique est parait-il constellée de ruines le plus souvent antiques.

Dans l’antiquité, cette région s’appelait la Lycie. La civilisation Lycienne remonte à 3000 av.JC, ces origines sont assez peu connues des historiens. Il y aurait eu des échanges avec la civilisation Grecque au cours du dernier millénaire av.JC (Rhodes n’est pas loin) ils aurait aussi été envahis par les Perses. Au 3éme siècle apr.JC ils font partie de l’empire Byzantin et sont christianisés puis surviennent les invasions Arabes puis Ottomane.

Sans perdre de temps et mettons le cap sur Kekova et plus précisément la baie de Gökkaya, une petite crique coincée entre plusieurs îlots (Asrili et Kisneli et la terre, une sorte de minuscule port naturel parfaitement protégé, loin de toute route ou habitation: l’endroit idéal pour décompresser un jour ou deux et s’acclimater à l’atmosphère « vacances » que dégage cette côte.

l’endroit est truffé de ruines et de grottes nous avons plaisir à suivre les chemins des chèvres et à explorer les îlots en kayak (ici la grotte de Korsan Magarasi)

L’endroit est plutôt calme mais nous ne sommes pas tout seul non plus. Sur les deux jours on nous sommes restés là nous avons compté jusqu’à 8 bateaux à l’ancre: 4 ou 5 voiliers et 4 bateaux d’excursion 2 étant mouillés là apparemment à demeure, les autres ne faisant que passer pour même pas une heure. Nous sommes déjà hors saison, on imagine facilement la difficulté pour trouver une place dans ce petit paradis en plein mois d’aout …

Pour les voileux: nous n’avions vraiment préparé notre escapade en Turquie. C’est seulement une fois à Chypre que nous nous sommes dit: tient et si on faisait un petit détour par la Turquie avant que l’hiver ne s’installe (En Novembre le temps est généralement beau et les vent faibles ou modérés contrairement à Mars ou ils sont souvent très forts sur cette côte). « Du coup » on avait aucun guide de la région. En furetant sur internet nous en avons trouvé un qui répertorie les meilleures mouillages avec photos, cartes et quelques renseignement c’est le site Coast Guide TR (en anglais). J’ai sauvegardé tous les endroits où nous étions susceptible de passer en pdf afin de pouvoir les visionner même hors connexion.

Chypre/Pafos et ses ruines

Une fois sortis des embouteillages maritimes de l’entrée/sortie du Canal, Port Saïd contrôle nous appelle en VHF pour connaître notre destination et conclus l’échange par «Rêve à Deux – c’est bon, vous êtes sortis de la zone d’ancrage, vous pouvez augmenter votre vitesse » « Bien compris port control, pas de souci envoyez moi un peu plus de vent … » Et ce sera la caractéristique de cette traversée : on passera 2 jours à chasser la moindre risée. On aura pratiquement toujours le souffle d’air suffisant pour avancer mais jamais plus de 7 nœuds de vent et bien sûr toujours dans l’axe nous obligeant à tirer de bords : résultat la traversée la plus lente de Rêve à Deux : 74 heures pour faire les 206 milles qui séparent Port Saïd de Pafos notre destination (pour Rêve à Deux 206 milles c’est juste une bonne journée dans l’alizé !) Pas rapide donc mais pas fatiguant non plus et c’est tant mieux car la remontée express depuis la Tanzanie nous a un peu mise sur les rotules. Comme d’habitude nous servons de gite d’étape aux oiseaux de passages. Cette fois c’est une sorte de tout petit passereau mangeur de mouches que nos experts ornithologues identifieront peut-être , nous en hébergerons jusqu’à 4 et ils nous ont bien rendu service en nous débarrassant des mouches Égyptiennes qui avaient décider de faire la traversée avec nous.

Dimanche 30 11:00 nous arrivons enfin à Pafos. Le port est tout petit mais coquet. Le responsable, que nous avions prévenu de notre arrivée (le dimanche en principe il ne travaille pas), nous attend sur le ponton pour prendre nos haussières. Il n’y a pas de pendille il faut mouiller l’ancre entre les autres. Les formalités se passent rapidement : bureau du port, police maritime, officier de santé : à midi nous sommes libres de descendre sur cette petite partie d’Europe. La douane viendra nous faire l’entrée du bateau lundi (comme nous sommes Européens sur un bateau Européen et que nous n’envisageons pas de rester plusieurs mois à Chypre tout est plus simple). Le port ne dispose d’aucun service : électricité sur le ponton mais pas d’eau, toilettes publiques sur le quai mais pas de douche, mais les tarifs sont attractifs (Taxe initiale de 10 EUR pour le bateau et de 13 EUR/personne à l’inscription, puis environ 10 EUR par jour)

Et là on a brusquement l’impression d’être des vacanciers ordinaires. La ville regorge de touristes ; retraités profitant de l’arrière saison, Chypriotes en week-end, familles françaises, allemandes, anglaise où Russes profitant des vacances de la Toussaint (ou de l’équivalent dans leur pays). Les terrasses des cafés et des restos son bondées. Un coup d’œil aux menus nous enlève bien vite l’idée d’aller célébrer notre retour en Europe dans l’un de ces établissements : le moindre plat de poisson ou de fruits de mer est à 25 ou 30 Euros, ajoutez une entrée ou un dessert, de la boisson l’addition dépasserait rapidement les 100 EUR à deux…Même chose pour le gasoil le lendemain : il n’y a pas de pompe à proximité il faut faire venir un camion est c’est 2,30 EUR/litre : il nous en reste assez pour atteindre la Turquie, on verra là-bas. Nous avions un peu perdu de vue la dure réalité des choses et le retour de l’inflation en Europe.

Dans la soirée le trimaran Akron Aoton (ORMA 60 ex Groupama) vient se mettre au ponton à côté de nous. Apparemment il participerais à un relais pour le climat de Glasgow (ville de la COP 26) à Sharm el Sheikh (site de la COP 27) regroupant à chaque étape coureur à pied, cycliste et marins. Mais l’attitude de l’équipage (soft drinks dan verre en plastique) avec paille et le concept du passage du Canal de Suez au moteur dans un bateaux en fibre de carbone n’est pas très écolo…

Mais le principal attrait de Pafos (parfois aussi écrit Paphos) ce sont les ruines de l’ancienne ville fortifiée préservée dans un immense parc.

Le site de Patrimoine Mondial de l’UNESCO dont Pafos fait partie décrit le site ainsi: « Habité depuis les temps néolithiques, le site de Pafos fut un lieu de culte des divinités préhelléniques de la fertilité, puis d’Aphrodite elle-même, née selon la légende à Pafos. Le temple de la déesse, de construction mycénienne, remonte au XIIe siècle av. J.-C. Les vestiges de villas, palais, théâtres, forteresses et tombeaux confèrent au site un intérêt architectural et historique exceptionnel. Les mosaïques de Nea Pafos sont parmi les plus belles du monde ». Pour plus d’info voir cette page.

Dans la pratique, les ruines visibles les plus anciennes dates de 300 ans avant JC. (période hellénique), les plus spectaculaires de l’époque Romaine de 30 av JC jusqu’à 330 ap JC, avec notamment de superbes mosaïques parfaitement préservées.

Nous passons une bonne partie de la journée de lundi à arpenter le parc de long en large avant de rentrer au bateau vannés. Il faut dire qu’à part deux balades dans les ruines de Suakin, depuis la Tanzanie on a pas marché : on perd vite l’habitude.

Le mardi est employé à faire les courses. Le supermarché Papantoniou à deux pas du port est très bien achalandé.

Nous profitons aussi de l’escale pour essayer de planifier la suite du voyage. L’idée est de naviguer encore quelques semaines puis rentrer en France pour les fêtes et reprendre la navigation début Mars. Mais ou laisser Rêve à Deux ? On préférerait le stocker à sec (le gros avantage du Copper Coat) mais tous les chantiers et marinas que nous interrogeons sont soit complets (Rhodes) soit carrément hors de prix (Turquie).

Reste l’hivernage au ponton. Rhodes a de la place à flot serait possible et un peu moins cher que les ports Turcs (en plus on préférerait savoir le bateau en Europe par les temps qui courent on ne sait jamais) et Rethymno en Crète propose des tarifs très intéressants.

En attendant on va aller mouiller dans les jolies petites criques de la pointe Nord Ouest de l’île en profitant d’une eau cristalline encore à 27°C.