Lundi 22 janvier 2019:
Il est 10 heure et après s’être débarrassé de tout le kelp que l’on pouvait ramasser avec notre ancre et avoir dit au revoir à nos amis Suédois et Américain nous reprenons le canal qui se rétrécit à l’Angostura Inglesa, nous avons promis aux gardes côtes d’arriver à la caleta Sabauda (notre première étape dans le canal messier) avant 18 heures il nous faut donc pas rater la marée.
Caléta Sabauda S 48°54’16-W 74°21’76
Le passage est splendide et le soleil montre le bout de son nez, de plus la nuit dernière il a neigé sur les sommets saupoudrés de neige fraiche. Le courant est nul, l’eau plate comme un miroir, ce passage réputé difficile prend des allure de navigation fluviale.

Mais les meilleures choses ont une fin, à peine à la sortie du passage que le vent de nord ouest se lève à 20 nœuds. Heureusement nous sommes presque arrivés. Nous ficelons Rêve à Deux par 4 bouts dans l’étroit emplacement indiqué sur le guide. Aussi nous passons une nuit calme même si dehors dans le canal il pleut des cordes et le vent souffle fort.

Mardi 23 janvier 2019:
Nous restons aujourd’hui sagement au mouillage. Le vent même ici souffle fort et l’annexe qui se trouvait à l’arrière du bateau a été soulevé au cour d’une racha. Domi en profite pour rajouter un bout supplémentaire sur le côté (on est jamais trop prudent) . Des williwaws et rachas se sont succédés toute la journée dans la baie et de temps en temps la mer devenait toute blanche, un vrais temps de cochon ! En fait ils se formaient juste au dessus de nos têtes et tombaient quelques fois juste devant le bateau, heureusement qu’on s’était rentrés au maximum. Par contre Il ne fait pas froid et l’on en profite pour se laver la tête et pour Domi se raser de prés mais c’est à peu près tout ce que nous arrivons à faire. Avec ce barouf que fait le vent nous avons du mal à nous concentrer et nous ne pouvons faire que des travaux simples.
Le soir enfin le vent se calme.
Mercredi 24 janvier 2019 :
Nous nous levons tôt ce matin pour pouvoir partir avant que le williwaws ne se réveillent. En général le phénomène ne se produit qu’assez tard dans la matinée et se calme vers 18 heure (horaire syndical sans doute). Nous avons de la chance tout est calme quant nous remontons les bouts à bord.
Encore une épave de bateau échoué
C’est une journée un peu spéciale qui nous attend. Le vent varie entre 8 et 27 nœuds en quelques secondes. Quelle voilure choisir, c’est un vrai casse tête chinois, pas question de réduire et de renvoyer de la toile toutes les 30 secondes. Finalement nous restons avec un ris et la trinquette se qui nous permet de virer facilement et nous contrôlons avec l’écoute de G-V si le vent monte. Il n’est que 13 heures et nous pourrions continuer encore quelques heures mais çà suffit ! Nous en avons un peu marre de ce vent à claque qui n’arrange pas le matériel et et comme nous sommes juste devant la caleta Yvonne, un excellent abri juste à l’entrée du seno Iceberg (qui mène au glacier continental Campo de Hielo) nous décidons d’y mouiller.
Caléta Yvonne S 48°39’81-W 74°19’31
C’est sympa de s’arrêter de bonne heure on a l’impression de vivre deux journée dans une J, çà fait du bien. La crique est très jolie, c’est un petit bassin presque complètement fermé, entouré de beaux arbres, on aperçois le seno par l’entrée.
J’ai le temps d’aller à terre pour faire un peu de lessive et Domi de bricoler sur son bateau, aujourd’hui il change (encore) les bosses de ris qui s’use à une vitesse alarmante, il faut dire qu’elles sont très sollicitées. En fin d’après-midi nous observons un phénomène très impressionnant la mer descend et c’est le courant venant tout droit du glacier qui remplie le lagon d’une eau bleu pale un peu laiteuse et 2°C plus froide que l’eau de mer. Juste avant la nuit un bateau autre bateau arrive et vient mouiller dans la deuxième anse contiguë à la notre. Nous leur parlerons à la VHF le lendemain matin, c’est un bateau Chilien avec un équipage français. Ils viennent de Puerto Montt, ils ont passé le golfe de Penas il y a quelques jours et ils ont eu du mauvais temps, en arrivant ils se sont abrité à la caleta Idéal qu’il nous conseillent vivement : ils y ont essuyé 50 nœuds de vent de nord ouest sans aucun problème. Ils vont au glacier.
Jeudi 25 janvier 2019:

Il est prévu que nous n’ayons pas de vent aujourd’hui mais la météo a tout faux et est à peine le nez à l’extérieur de la caléta que le ciel ce couvre de gros nuages noir de noir présageant de fortes rafales, mais nous sommes partis. Un gros Cruise Ship (paquebot de croisière) est devant l’entrée du glacier. Nous n’irons pas, cela fait un trop grand détour 25 milles aller et retour dont plus de la moitié forcément au moteur et contre le courant. Tant pis peut-être la prochaine fois avec un moteur tip-top…Finalement le temps s’arrange au fur et à mesure que nous avançons et nous marchons bien dans un vent modéré et pas tout à fait dans l’axe du canal Messier.

Aussi à la fin de la journée, au lieu de nous arrêter comme initialement prévu à la caleta Point Lay nous préférons pousser jusqu’à la caléta Chaski qui est une caléta très bien protégée de tout les vents et pas sujette au williwaws. Il nous faut en effet un vrai bon abri, les jours et les nuits qui vont suivre seront très ventés. Juste avant d’arriver, nous croisons un catamaran venant du nord. Avec toutes les rachas et williwaws que l’on subit sur les canaux j’aurais un peu peur de naviguer avec ce genre de bateau. Nous essayons d’abord d’entrer dans la caleta Tinja, un petit bras à l’entrée de la caleta Chaski. Sur le plan l’abri semble parfait mais l’entrée est vraiment très très étroite, encombrée de kelp et avec très peu de place pour se faufiler entre les arbre, l’endroit nous rappelle ce petit bras de canal ou nous avions essayé d’entrer en Hollande et ou nous nous étions échoués en essayant d’éviter que la girouette ne s’accroche dans les arbres. Nous nous en étions sortis grâce à un remorqueur à vapeur d’époque qui passait par là. Mais ici il n’y a que les canards vapeur aussi nous continuons jusqu’au fond de la caleta Chaski ou l’abri est parfait une fois amarré aux arbres.

Vendredi 26 janvier :
Notre prochaine marque de parcours c’est le golfe de Penas qui n’est qu’à une trentaine de milles. Ce golfe est réputé pour être difficile avec une mer forte et courte. Nous passons donc beaucoup de temps à étudier la météo pour avoir le meilleur créneau météo pour passer. Pour l’instant, l’anticyclone est encore trop loin et les dépressions du pacifique sud nous donnent de forts vents de nord à nord ouest avec de la houle de 4 à 5m, pas bon du tout. Par contre, on aura peut être une chance au milieu de la semaine prochaine avec l’anticyclone qui s’affermit et se rapproche en amenant des vent de sud sud-ouest et une mer moins forte (on trouve tout çà sur les gribs, vive le progrès !). En attendant nous sommes toujours à Chaski et c’est un vrais bijou.
On a même l’eau courante !
Nous nous sommes bien installés tout au fond de la crique à côté de la rivière , on a une vue splendide sur la montagne environnante et les sommets enneigés de l’autre côté du canal Messier que l’on aperçoit par l’entrée de la caleta. La forêt autour est complètement inaccessible, c’est un rideau végétal impénétrable et Domi a eu beaucoup mal à nous amarrer sans pouvoir débarquer. On entend les oiseaux et une loutre vient de temps en temps nous observer intriguée par notre venue. Le calme y est parfait et nous allons nous reposer et préparer notre passage. Ce soir je prépare une morue (achetée à Itajaï ne le dite pas aux douaniers chiliens) que j’avais dessalée la veille et qui attendait sur le coin de la cuisine le moment propice pour être dégustée. Accompagnée de pomme de terre et d’un bon verre de vin blanc elle nous permet de finir cette journée paisible agréablement.
Notre copain cormoran qui nous fait un show!
Et oui il s’est mouillé! Pas toujours facile la vie de cormoran funambule!
et révérence !
dimanche 27 janvier 2019:
C’est le jour d’une bonne grasse matinée et aussi le jour de lessive , je me suis aperçu que les matelas à l’avant commençaient à être piqué par l’humidité. Donc, on déménage tout on aère les matelas et on lave les housses. Vinaigre, eau de javel et essence de tee tree sont très efficaces pour ôter l’odeur de moisie. Par contre ce n’est pas le bon jour pour faire sécher la lessive car, oui, il pleut encore et toujours. Par contre on récupère suffisamment d’eau douce et pure pour remplir tous nos jerrycans.
l’habitat d’une loutre , oups ! elle est plus là !
Et là c’est pas une loutre mais un phoque !
lundi 28 janvier 2019:
Nous restons ici nous y sommes bien et organisons notre attente à faire plein de choses que nous avions envie de faire et que nous n’avions pas le temps de faire. Comme du matelotage monter en haut du mat pour vérifier le gréement faire la vidange moteur , et des choses plus agréable se regarder un film et cuisiner des gâteaux et mettre à jour ces articles car même si ne nous pourrons pas les charger sur le blog avant peut-être un mois, c’est important de ne pas prendre de retard dans la rédaction .
mardi 29 janvier 2019:
Et pourquoi pas un dernier jour de repos dans ce havre de paix surtout que ce matin le soleil fait son apparition . Çà nous donne plein d’entrain pour remuer tout le bateau et le sécher avant les prochaines pluies . Un courant d’air est organisé d’avant à l’arrière , on secoue les puces du bateau et on les met dehors …Domi répare encore une fois les bosses de ris et leurs donnent une dernière chance en les inversant où en réparant les gaines usagées . Le frigo est nettoyé, c’est facile, il commence à ne plus rester grand-chose dedans. L’équipage prend même une douche chaude à l’extérieur, il fait si bon !
Pourquoi partir on est si bien ici ?
mercredi 30 Janvier :
On commençait à prendre racine. 
Nous changeons de crèmerie et allons 35 mille plus loin vers la caleta idéal qui est le point d’attente parfait avant le passage du golfe de Penas (littéralement le golfe des peines)un passage largement ouvert sur le pacifique et redouté de tous les marins. La grande houle d’ouest sud ouest générée par les incessants trains de dépressions, se raccourcit en arrivant sur le talus continental tout proche ou les fonds passent en quelques milles de 3000 à moins de 100 mètres. La houle de perd pas de sa hauteur mais devient confuse et hachée, particulièrement si le vent du nord- ouest venant encore ajouter des vagues croisées. Or il nous faut gagner vers l’ouest pour contourner la Peninsula de Taitao, qui se termine par les Cabo Trés Montes et Cabo Raper. Un vrai programme de réjouissances. Mais demain nous devrions avoir des conditions assez favorables pour franchir cette véritable barrière qui sépare la Patagonie au sens propre de l’archipel des Chonos. Pour l’instant bien amarré trois points dans un renfoncement de la côte et nous en profitons pour avancer notre liste de bricolages et d’entretiens du bateau.
Caléta Idéal S47°45’50-W 74°53’55
Sur le GRIB de 18 heures les conditions sont bonnes pour demain matin. Par contre le vent va faire un passage par le nord nord est à 25-30 nœuds dans le milieu de la nuit et dans notre petit renfoncement nous ne serons plus protégés, et par le fait un peu trop près des rochers au gout de Domi. Nous allons donc mouiller sur ancre au milieu de la caleta. Cela nous permettra aussi de partir plus rapidement sans avoir à aller chercher les bouts à terre ni dégonfler et ranger l’annexe.
Le vent à bien tourné en montant comme prévu dans la nuit mais les fond ne sont pas très bon dans cette caleta : principalement des pierres et des rocher. Chaque fois que le bateau bougeait dans une rafale la chaine raclait sur les rochers en faisant un bruit infernal nous laissant penser que l’ancre dérapé. Domi est inquiet et me communique son inquiétude. Aussi nous nous relayons pour surveiller et comme la nuit est d’un noir d’ancre nos seule références sont le radar et le GPS sur l’écran de l’ordi agrandi au maximum : c’est comme regarder en boucle le film de la trace du bateau tissant une toile serrée sur l’écran.

Jeudi 31 janvier 2019:
Après cette nuit sans sommeil, le réveil n’est pas facile et quand retentit la sonnerie nous avons un peu de mal à quitter la couette mais on se fait violence et partons sans regret de cette caleta qui nous avait paru au premier abord si accueillante.
Le vent à bien tourné comme prévu au sud ouest 20 nœuds. Nous filons à plus de 8 nœuds vent de travers. On se signale au passage à la VHF au gardien du phare de San Pedro et c’est sous le regard de deux cachalots que nous nous engageons dans le Pacifique.
La vie est belle J !
Pas facile à prendre en photo ces bête là !