Archives mensuelles : mars 2023

Tylos (Dodécanèse)

Mardi 14/03/2023, nous levons l’ancre pour Tilos (ou Tylos) 22 milles plein ouest. Cà fait plaisir de remonter l’ancre dans ces fonds de sable, la chaîne remonte parfaitement propre, rien ne vient salir le pont çà change des fonds vaseux.

Tilos est comme toutes ses îles de la Dodécanèse un endroit idéal pour les randonneurs et les amoureux de châteaux médiévaux. Nous décidons de ne pas nous installer à l’intérieur du port qui nous semble un peu exigu vu de l’extérieur (nous ne sommes pas encore habitué à l’exiguïté des escales méditerranéennes) et préférons ancrer devant la plage. Attention de ne pas mouiller devant ou au nord de la jetée, c’est là que le ferry ancre pour venir à quai – heureusement le maître de port nous à prévenu à temps .

La traversée entre les deux iles fut rapide et nous avons le temps pour découvrir ce petit port pittoresque . Le village est agréable et la plupart des maisons ont été restaurées dans le style bien particulier de la région.

Pourquoi ne pas utiliser une vieille voiture comme jardinière?

Mais de nouveau, le meltem est prévu pour la fin de la semaine et à l’ancre ici nous ne serions pas très bien protégés de la houle qui rentrerait dans la baie. Nous voudrions aussi voir Nysiros avant de chercher un meilleur abri. Nous repartons donc le lendemain matin après avoir passé une bonne demi heure en apnée sous le bateau pour finir le nettoyage de la carène (le gros avantage du CopperCoat est qu’on peut le gratter sans risquer d’en enlever et donc de contaminer les fonds comme avec un antifouling classique ou pire un auto-érodant. )

Nous aurions aimer passer plus de temps dans cet endroit magnifique mais la sécurité du bateau est toujours le choix prioritaire.

Simi, Baie de l’abbaye de Parnormitis

10 mars, nous mettons les voiles pour l’île de Simi distante d’une vingtaine de milles , en passant devant la vieille villes de Rhodes. On imagine très bien le fameux colosse se dressant à l’entée du port. Dommage qu’il se soit effondré lors d’un tremblement de terre au 3ème siècle Av J.C

Après une traversée sans histoire, nous rentrons dans la baie de l’abbaye de Parnomitis au Nord Ouest de l’île.

C’est une petite baie fermée très abritée dont la rive sud est occupée par un grand monastère. Nous ne sommes pas venus pour faire un pèlerinage mais un peu de calme n’est pas de refus surtout qu’il y a pal mal de vent et de pluie prévu pour les jours suivants.

Le monastère date apparemment des années vingt ce qui explique sans doute son style architectural (occupation Italienne). Il n’y a pas grand monde ici, à part quelques artisans qui rénovent des bâtiments, le village semble à peut près désert. Nous nous promenons plusieurs fois autour de la baie et dans la montagne aux alentours et restons quelques jours en attendant que le mauvais temps passe. Nous sommes ravis d’avoir choisi cette période de l’année pour explorer ces îles car même si c’est l’époque où les vents sont forts et changeants, c’est aussi la saison des fleurs ce qui est tout de même plus agréable que la fin de l’été où tout doit être complètement desséché.

Les premiers jours le vent était de secteur sud ouest est l’abri était parfait. 2 ou 3 autres bateaux sont d’ailleurs venu nous rejoindre puis sont repartis samedi, sans doute inquiet en raison du vent qui devait tourner au Nord Nord Ouest dans la nuit. Effectivement, dimanche matin le meltem (nom local pour le vent du nord) soufflait assez fort, mais bien enfoncé dans la partie Ouest de la baie nous étions bien protégés et le méchant clapot que l’on apercevait à l’extérieur ne nous atteignait presque pas. Nous avons eu aussi un peu de pluie mais presque rien comparé à Rhodes où il est parait il tombé des trombes d’eau.

Un dernier tour dans la vieille ville de Rhodes

De nombreuses légendes y compris mythologiques existent sur l’origine de cette ville. Hélios (le dieu du soleil) se serait uni à la nymphe Rhodos (Rose), fille de Poséidon et d’Amphitrite ; ils eurent sept fils dont l’un engendra Kameiros, Ialysos et Lindos qui fondèrent les trois premières cités de l’île qui portent encore leurs noms aujourd’hui. Si l’île est peuplée depuis la fin du 3éme millénaire av. J.C. (Minoens et Mycéniens), ce n’est qu’en 408 av J.C que l’union de ces trois villes (synœcisme) que naquit la ville de Rhodes . Sa réalisation fut confiée à Hippodamos de Milet à qui on doit aussi le port du Pirée. La ville a connu par la suite une histoire très tumultueuse, tour à tour Romaine, Byzantine, Sarrasine, Vénitienne, Franque etc, etc. Les vestiges de la vielle ville, ces remparts et autres palais que nous pouvons admirer aujourd’hui sont en grande partie du à l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui en avaient fait leur fief après avoir été chassés successivement de Terre Sainte puis de Chypre. Leur « règne » sur Rhodes a duré de 1307 à 1522 date à laquelle ils ont été expulsé par Soliman le Magnifique après un siège de 5 mois. On a pu constater que pendant ces 2 siècles ils n’avaient pas chômé…

L’atmosphère est moins déprimante qu’en décembre où tout était fermé. Les premiers touristes sont de retour et quelques échoppes ont ouvert pour eux.

Venir ici sans venir voir un musée ? inconcevable pour nous .

Il y a de nombreux musées à visiter dont le palais des Grand Maîtres, le musée d’Art moderne …et celui que nous avons choisi de visiter le musée Archéologique qui est parait il le plus beau de Rhodes. Ici à part le bâtiment lui-même et les emblèmes des grands maîtres dans l’a grande l’immense salle de soin pas de référence à l’époque des Hospitaliers: les collections ouvertes au public concernent uniquement l’antiquité. Nous sommes seuls, nous avons le musée pour nous .

L’architecture est magnifique, il avait été construit pour y abriter un hôpital pour soigner les péperins et croisés se rendant ou revenant de Terre Sainte.

Non se ne sont pas de fèves pour la galette des rois! Ce sont de petites figurines sculptées retrouvées dans les tombeaux ou les urnes funéraires

Nous poursuivons notre visite dans les jardins où des mosaïques faites en petits cailloux recouvrent des murs d’enceintes.

En sortant nous remontons la rue des Chevaliers qui mène palais des Grand Maîtres. La rue comme le palais ont été magnifiquement restaurés à l’identique pendant l’occupation Italienne (1912 – 1943) Mussolini s’étant pris d’une passion toute particulière pour l’île.

La journée à été bien remplie, nous ne sentons plus nos jambes. Il est temps pour nous de rentrer au bateau. Les courses sont faites, on a récupéré notre acte de francisation (confié à la police maritime pendant notre absence pour éviter d’avoir à payer la taxe de navigation (102EUR/mois), La Marina est réglée (17EUR/jour c’est raisonnable compte tenu du service impeccable, par contre le bassin est très mal conçu et la moindre houle crée un ressac important qui devient rapidement inconfortable et met amarres et taquets à rude épreuve) , demain nous prenons la mer et quittons l’île de Rhodes.

Retour à Rhodes ( son île)

Lundi 5 mars 2023, 5 jours déjà que nous sommes rentés de notre escapade hivernale de trois mois chez nous en France. Nous avons remis le Rêve à Deux en état de navigation mais avant de reprendre la mer nous voulons visiter cette île au passé prestigieux réputée notamment pour ses châteaux et forteresses de l’époque appelèe ici franque mais qui correspond en fait à la période des croisades (11ème 14ème siècles) et nous louons une voiture pour en faire le tour. Première étape à ne pas manquer, Lyndos sur la côte Est. La saison touristique n’est pas encore commencée, nous sommes seuls pour arpenter les jolie ruelles qui montent aux châteaux . Pas de chance, nous sommes un peu trop tard la fermeture du château est à 15h. Il nous faudra nous contenter de la vue extérieure qui vaut à elle seule la visite.

Nous rentrons par la route qui traverse la montagne plus typique que celle de la côte avec ses petits villages, ses forêts et ses plantations d’oliviers. Dans certaines vallées les arbres sont plein de cocons de chenilles, l’une d’entre elle est d’ailleurs surnommée la vallée des papillons. Au détour d’un virage, nous apercevons une harde de daims. Nous apercevons aussi une immense retenue d’eau, il faut dire qu’en été, quand la population de l’île décuple à cause des touristes la gestion de l’eau ne doit pas être simple.

La deuxième journée nous partons vers la côte est de l’île . Premier arrêt au site antique de l’ancienne Kamiros. Mais pas de chance, aujourd’hui nous sommes bien à l’heure mais nous sommes mardi c’est le jour de fermeture des musées… Nous filons jusqu’à l’ancienne forteresse franque de Kastelos qui est ouverte et gratuite. Perchée sur un piton, du haut de ses murailles, la vue sur les îles Kalki et Alimia est magnifique. Sur la route petit arrêt au petit port de Skala Kamiros (le seul de cette côte exposée au souffle du Meltem) connu pour sa tombe Lycienne.

En continuant vers le sud, nous explorons un peu le les gorges du canyon de Jacob et ses étonnantes parois feuilletées. Pause picnic à Monolithos avant de descendre tout en bas de l’île de Rhode pour voir la presqu’île de Prasonisi et sa grande plage (site assez décevant) .

Retour par la montagne en passant par les ruines du château fort d’Asklipio encore assez bien conservé avec du haut de ces remparts une vue imprenable sur 360 °. Quant je vous dis que c’est ici que l’on peut voir des chateaux forts … Il semblerait que tous ont été construits pendant la même période que la vieille ville de Rhodes par les chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, nous y reviendrons dans l’article suivant.

Le clou du spectacle de cette journée c’est le monastère de Moni Thari, la construction a été commencée au début de 9ième siècle et achevée au 12iéme. Une légende prétend qu’il aurait été érigé sur les ruines d’un temple d’Apollon, selon une autre, il aurait été construit sur les ordres d’une princesse Byzantine qui aurait été guérie d’une maladie mortelle par la source miraculeuse qui coule encore sur le site. C’est un lieu de repos et de contemplation mais les moines n’hésitent pas à partager la beauté de leur site. Les mosaïques sont magnifiquement conservées ainsi que les peintures décorant les murs et le dôme à l’intérieur de l’église. Dans le jardin, on voit encore des oliviers datant parait-il de l’époque de la constructions et la vigne ne doit pas dater d’hier non plus.

Voilà! en deux jour nous n’avons eu qu’un petit aperçu de cette île superbe. Ce matin le voilier nous a apporté nos voiles réparées. Mais avant de partir pour l’île suivante il nous faut encore faire les courses et surtout visiter le joyaux de l’île: sa ville médiévale et si on s’y prend bien on arrivera peut-être même à trouver un musée ouvert…

A suivre