2020 et son cortège de désastres et de malheurs est enfin derrière nous.
Nous vous souhaitons à tous une bonne et heureuse année 2021, qu’elle soit dans tous les cas bien bien meilleure que la précédente! On vous embrasse!
Anne et Dominique
PS: nous sommes mouillés dans une superbe petite crique (Schoolhouse Bay, Queen Charlotte Sound) mais nous n’avons aucune couverture réseau. Ne vous inquiétez donc pas si nous ne répondons pas à vos message avant quelques jours. Cet article a été posté par iridium (téléphone satellite)
Pour nous, Français, le vin fait partie du patrimoine national et les vins « étrangers » sont peu connus chez nous mais d’aucuns pensent qu’ils ne peuvent arriver à la cheville de nos fameux crus.
La Nouvelle Zélande n’arrive qu’en quinzième position du classement mondial des pays producteurs de vin très loin des géants Européens. Mais Marlborough est la plus grande région viticole du pays et de part la superficie de son vignoble et sa production (environ 3/4 de la production du pays), elle peut rivaliser avec d’autres grandes régions viticoles du monde.
La région de Marlborough compte plus de 27 800 hectares de vignes, ce qui représente à peu près la même superficie que le vignoble de Bourgogne et 10 fois plus que le vignoble de Chinon. Elle a produit en 2020 près de 3 millions d’hectolitres soit le double de la production Bourguignonne ou 1/4 de la production Bordelaise, mais il faut bien dire qu’ici, ils n’ont pas à se soucier des quotas de production fixés par le PLC des différentes appellations.
Les principaux cépages sont le Sauvignon Blanc (plus des 2/3) et le Pinot Noir mais on y trouve aussi un peu de Chardonnay, Riesling, Pinot Gris et de Gewurztraminer, des cépages d’ailleurs bien de chez nous (cocorico!).
La majeure partie du vignoble est planté dans la plaine de la rivière Wairau qui descend des montagnes pour rejoindre l’océan Pacifique près de Blenheim et dont les terres alluviales caillouteuses se prêteraient, parait-il, particulièrement bien au Sauvignon blanc tandis que le Pinot Noir s’accommoderait mieux des terres plus anciennes et plus argileuses ondulant entre la vallée proprement dite et les collines Wither qui la limite au sud (zone appelée Southern Valleys). Bien que la large vallée de la Wairau soit bordée au sud, de collines ( les Wither Hills) et au nord, de montagnes (le Richmond Range), nous n’avons vu aucune plantation en côteaux. Nous n’avons pas encore visité la partie la plus au sud du vignoble: la vallée de l’Awatere ou l’exploitation a commencé plus récemment, qui serait plus vallonnée et dont les terres plus arides donnerait un caractère particulier au vin.
Le vignoble est très jeune puisque la viticulture n’a commencé dans la région qu’en 1973. Tout semble avoir été fait d’emblée pour faciliter la mécanisation. Les parcelles sont grandes et les rangs parfaitement rectilignes s’étendent à pertes de vue parfois sur plusieurs km. Ici pas de caves ou de châteaux mais des alignements de cuves inox et des installations industrielles ultra-modernes. Le géant français de la boisson Pernod Ricard ne s’y est pas trompé et a acquis des terres et des installations parmi les meilleures.
Et avec tout çà, me direz vous, est-ce qu’au moins le vin est bon ?
Nous ne sommes pas du tout œnologues ni experts en boissons mais les vins que nous avons dégustés étaient tous fort agréables à boire et malgré l’industrialisation apparente, nous avons pu noter de grandes différences de goût et de caractère d’une « marque » à l’autre sur des vins issus du même cépage et de la même année alors que les bouteilles provenaient pourtant d’exploitations très proches l’une de l’autre. Par contre d’une année à l’autre, pour la même marque, nous n’avons noté aucune différence…
Picton est avant tout le terminal des ferry reliant l’île du sud à l’île du nord et la base arrière pour toutes les résidences secondaires, les hôtels, gîtes et pensions disséminés dans le Queen Charlotte Sound. Mais c’est aussi une petite station balnéaire fort agréable.
Les bateaux de plaisance de passage, s’arrêtent en principe à Waikama, la grande marina, 5 km à l’est de la ville. Mais quand nous les avions appelés avant de venir, ils nous ont dit qu’il n’avait plus de place et nous ont mis en contact avec la petite marina du centre ville de Picton qui dispose d’un grand bassin pour les bateaux à moteur (inaccessible pour nous à cause de la passerelle fixe qui enjambe l’entrée) et d’un avant port destiné aux professionnels et aux (très) grands bateaux. Ils sont pleins aussi mais ils nous trouvent une place à l’intérieur du quai juste à côté du terminal de la Cougar Line la compagnie de vedettes qui dessert le Queen Charlotte Sound. Avantage : on est en ville tout près des commerces et du supermarché Fresh Choice, pratique pour faire les courses et pour changer la bouteille de gaz, c’est juste là sur le quai. Inconvénient : il faut faire le tour du port à pied par la fameuse passerelle pour aller aux douches et puis on est le long d’un quai (au lieu d’un ponton) mais ce n’est pas vraiment un problème l’amplitude des marées ne dépassant pas 1 m par contre les vedettes se mettent en route vers 7 heures et leurs gros diesels sont bien bruyants (leur « vacium cleaner »(aspirateur), aussi).
Première bonne surprise, le soir de notre arrivée on reçoit la visite de Julian et Patricia de A Capella of Belfast (un superbe Allure 49.5) qui viennent prendre un verre à bord. çà fait du bien de rencontrer des plaisanciers au long cours sympathiques qui vivent des expériences similaires aux nôtres (çà nous ne nous était pas arrivé depuis mi août après que nous ayons quitté nos amis Carole et Daniel pour descendre à Nelson). Comme nous, ils sont arrivés des Tongas fin octobre début novembre 2019 et comme nous, ils se sont retrouvés coincés par le virus au pays des Kiwis. Dans la discussion on s’aperçoit qu’ils ont rencontrés plusieurs bateaux amis : Libertaire à Suvaroff, Mille Momentti à Opua et Folligou à Whangarei le monde est petit. On passera de bons moments avec eux : resto chinois, thé et apéro à leur bord avant qu’il ne repartent.
Je vous disais plus haut que Picton était une petite station balnéaire fort agréable. En fait, çà ce limite à une promenade et des jardins aménagés sur le front de mer entre le port et le terminal des ferries, où on trouve un musée des baleiniers et un aquarium, et la rue principale , la « High Street » avec ses restos, ses commerces de fringues, et magasins de souvenirs… deux galeries d’art! Je dois dire que depuis notre départ d’Europe, on a été un peu sevré au niveau art et même les grands musées de Nouvelle Zélande comme Te Papa à Wellington ou la Sutter Gallery à Nelson nous ont laissé sur notre faim tant leurs collections d’art moderne sont limitées. C’est donc avec plaisir que nous avons découvert la présence de 2 galeries d’art et avec avidité que nous nous sommes précipités pour les visiter.
Histoire de volatiles:
– On se boirait bien un verre
– Zut c’est déjà fermé!
–Normal! Il est 17 heures: ils se couchent comme les poules chez les Kiwis!
La première ou nous sommes entrés est ARTOFACT (https://www.artofactgallery.com). C’est un marchand d’art qui fait la promotion et la vente d’œuvres d’artistes (peintres et sculpteurs) vivant en Nouvelle-Zélande tels que Jorg Engelbrecht, Olaf Mengeringhausen , Frances Hodgkins et bien d’autres. Les œuvres proposées étaient d’un excellent niveau et bien mises en valeur.(malheureusement il était interdit de prendre des photos mais vous pouvez faire un tour sur leur site pour les voir)
La deuxième est beaucoup plus intéressante. D’abord il ne s’agit pas d’un galeriste habituel. C’est la collection privée de Mr Mark Stenvenson (https://www.thestevensoncollection.co.nz/)
Pour la voir il faut appeler ce monsieur et prendre rendez vous pour la visite qui est gratuite, guidée et commentée par le collectionneur lui même. Nous convenons donc pour samedi matin 10 heures et nous venons avec nos amis Julian et Patricia ravis de l’occasion. Mark Stevenson est là, il finit de nettoyer les vitres de la devanture de sa galerie (en fait une ancienne quincaillerie reconvertie) et nous accueille pour la visite.
La collection est tout simplement époustouflante. Et encore, tout n’était pas là, certaines œuvres étaient prêtées à des musées en Australie ou des galeries dans d’autres villes de Nouvelle Zélande. Ce sont des œuvres d’artistes contemporains Néo-zélandais ou Australiens parmi les plus célèbres de notre époque tels que par example Bill Hammond, Toss Woollaston, Richard Lewer, Rosella Namok et bien d’autres, patiemment amassés par Mark tout au long de sa carrière professionnelle qu’il avait commencé comme enseignant/directeur d’école et terminé comme agent immobilier.
Tout au long de la visite, Mark nous commente les œuvres les plus marquantes avec humour et passion. On voit clairement ce qui le mène : son amour de l’art, son admiration pour ces artistes et par dessus tout l’envie de le partager avec son public. Bravo et MERCI Mark !
Lors de notre court séjour à Picton, nous en avons profité pour essayer de remplacer notre ancre principale par un modèle plus performant mais sans succès : les nouvelles Rocna Vulcan (de conception Kiwi) se sont arrachées comme des petits pains il n’y en a plus une de disponible avant l’année prochaine. Pour continuer notre exploration des Sounds l’esprit serein nous avons donc décidé de prendre un cotisation au Waukawa Boating Club qui pour 250 NZD (130 EUR) nous donne accès à une centaine de corps morts costauds et bien entretenus jusqu’à fin février de quoi souffler quelques temps dans ce magnifique paysage des Sounds et attendre la bonne fenêtre météo pour poursuivre notre exploration de ce fabuleux pays.
Rien ne vaut une bonne carte météo pour comprendre ce qui se passe. Vous voyez toutes ces dépressions (marquée d’un L pour Low) et notamment celle avec un minima à 998 hPa centrée sur le nord de l’île du Sud pas loin de la magnifique région des Marlborough Sounds où nous sommes. Elle va sans doute être rejointe par la dépression antarctique à 973 hPa qui se trouve sud. Du fait de la topographie montagneuse de l’île, tout çà donne du vent fort de sud-sud-ouest le long de la côte ouest devenant pratiquement ouest en atteignant le Cap Farewell tandis que côté est, c’est un vent de nord-est encore plus fort qui s’engouffre dans l’entonnoir du détroit de Cook. Les deux flux se rencontre pile-poil au dessus de nous. En fonction du déplacement de la dépression et du passage des front, la direction du vent sa force ainsi que la couverture nuageuse et les précipitation changent radicalement et très rapidement.
En pratique çà donne quelque chose comme çà: On se réveille avec un temps superbe et une petite brise d’est, à midi on a des nuages et un vent d’ouest 20 nœuds, à 16 heures le vent est passé au nord et il pleut, à 22 heures il se lève du sud-est 30 nœuds. C’est juste un exemple: çà change tout le temps.
Les bulletins côtiers de NZ MetService (merci Michel) donnent un très bonne vision de ce qui se passe à l’extérieur des Sounds et permettent de se faire un idée de ce qui va nous tomber dessus à l’intérieur à savoir que si il fait mauvais dehors, dedans aussi on va prendre cher.
Les gribs sont assez précis et justes mais ils ne tiennent pas compte des accélérations qui se produisent dans certains bras ou baies: plus les collines sont élevées et leur pente escarpées, plus les rafales seront violentes et viendront de toutes les directions. Et si en plus elles sont dépourvues d’arbre, même à quelques mètres sous le vent du rivage, elles n’offriront aucun abris. Les bras allongés et orienté dans la direction du vent sont, logiquement, de loin les plus redoutable. Dans les meilleurs abris, les rafales tourbillonnent moins qu’ailleurs mais reste difficilement prévisibles même amarré aux arbres tout près du rivage. Dans la plupart des cas, plus on rentre vers le fond du Sound, moins le vent est fort mais les rafales peuvent rester violentes.
A quelques milles de distance, d’un bras à l’autre, les conditions peuvent être très différentes. Au même moment au fond de Tennyson Inlet, il peut il y avoir 10 noeuds alors que dans le Popoure Reach les rafales monterons à 25 nœuds et à 40 nœuds dans Admiralty Bay ou Current Basin… en règle générale, si les gribs montrent un écart supérieur à 50% entre la vitesse du vent établi et celle des rafales, il faut s’attendre à une accélération supplémentaire significative de ces dernières. Ainsi, pour un vent indiqué sur les fichiers à 12 nœuds et des rafales à 20, nous avons constaté 40 nœuds établis dans Current Basin et dans Tawhitinui Reach ou Admiralty bay. A noter d’ailleurs que nous avons essayé de franchir French Pass 2 fois sans succès dans de telles conditions, les rafales rendant le passage sinon impraticable du moins trop risqué à notre goût (comme nous l’a suggéré Marion, peut-être faudrait-il la rebaptiser French don’t pass). Par contre par un vent modéré sans rafales le passage ne pose aucun problème.
Choisir un mouillages pour passer une nuit tranquille est donc un casse tête chinois surtout qu’à ces considérations météorologiques il faut ajouter le manque d’abris réellement protégés par tout les temps et surtout la nature des fonds dans les baies. Dans de nombreux bras, particulièrement prés du rivage, le fond est constitué d’une vase très fluide (à peu près la consistance de la “custard”) reposant sur un soubassement de pierre plates. Cette combinaison engendre une très mauvaise tenue des ancres dans de nombreuses baie. Dans la plupart des criques, ce phénomène ne peut pas être compensée par un amarrage avant-arrière à terre du fait de la largeur et de la profondeur des criques, au mieux, ce sera ancrage à l’avant aussières arrières à terre, ce qui n’empêchera pas l’ancre de chasser car dans les rafales tournantes le bateaux se retrouve travers au vent: Nous avons même dérapé avec 2 ancres empennelés! (dont une Fortress qui n’avait jamais bougé dans les pires conditions auparavant) . En 10 jours dans le Pelorus, nous aurons dérapé autant de fois qu’en quarante ans de navigation. Fort heureusement nous avons chaque fois réussi à rattraper le coup sans aucun bobo (merci l’alarme).
La solution recommandée par les locaux est de prendre une cotisation temporaire à l’un des clubs nautiques du coin pour avoir accès à leur corps morts. Mais là encore, dans le Pelorus, des corps morts, il y en a très peu. Peut-être étions nous trop tôt dans la saison et que toutes les bouées n’avaient pas été remises en place mais d’après les guides il y en a de toute façon beaucoup moins que dans le Queen Charlotte.
Pas simple donc, mais pour le temps il paraît que c’est normal au printemps: courage, l’été arrive! Et, ceci dit, l’endroit est magnifique et les paysages grandioses valent vraiment le détour! Ces quelques difficultés sont un petit prix à payer pour en profiter.
Nous avons aussi noté la présence de nombreux parcs à moules et élevage de saumons mais sans que ce soit une gène pour la navigation ou le mouillage.
Il parait que le poisson abonde dans les Sounds mais nous ne sommes pas très doués pour la pêche à la ligne. Par contre côté pêche à pied on se défend bien est on c’est régalé de moules et de coques en abondance. Ce qui nous a permis de tenir quelques jours de plus sans entamer notre stock de conserves.
Après avoir sillonné le Pelorus pendant 10 jours nous sommes maintenant passés dans le Queen Charlotte et faisons escale à Picton pour souffler un peu et laisser passer (encore!) quelques jours de mauvais temps…