
Rien ne vaut une bonne carte météo pour comprendre ce qui se passe. Vous voyez toutes ces dépressions (marquée d’un L pour Low) et notamment celle avec un minima à 998 hPa centrée sur le nord de l’île du Sud pas loin de la magnifique région des Marlborough Sounds où nous sommes. Elle va sans doute être rejointe par la dépression antarctique à 973 hPa qui se trouve sud. Du fait de la topographie montagneuse de l’île, tout çà donne du vent fort de sud-sud-ouest le long de la côte ouest devenant pratiquement ouest en atteignant le Cap Farewell tandis que côté est, c’est un vent de nord-est encore plus fort qui s’engouffre dans l’entonnoir du détroit de Cook. Les deux flux se rencontre pile-poil au dessus de nous. En fonction du déplacement de la dépression et du passage des front, la direction du vent sa force ainsi que la couverture nuageuse et les précipitation changent radicalement et très rapidement.









En pratique çà donne quelque chose comme çà: On se réveille avec un temps superbe et une petite brise d’est, à midi on a des nuages et un vent d’ouest 20 nœuds, à 16 heures le vent est passé au nord et il pleut, à 22 heures il se lève du sud-est 30 nœuds. C’est juste un exemple: çà change tout le temps.


Les bulletins côtiers de NZ MetService (merci Michel) donnent un très bonne vision de ce qui se passe à l’extérieur des Sounds et permettent de se faire un idée de ce qui va nous tomber dessus à l’intérieur à savoir que si il fait mauvais dehors, dedans aussi on va prendre cher.
Les gribs sont assez précis et justes mais ils ne tiennent pas compte des accélérations qui se produisent dans certains bras ou baies: plus les collines sont élevées et leur pente escarpées, plus les rafales seront violentes et viendront de toutes les directions. Et si en plus elles sont dépourvues d’arbre, même à quelques mètres sous le vent du rivage, elles n’offriront aucun abris. Les bras allongés et orienté dans la direction du vent sont, logiquement, de loin les plus redoutable. Dans les meilleurs abris, les rafales tourbillonnent moins qu’ailleurs mais reste difficilement prévisibles même amarré aux arbres tout près du rivage. Dans la plupart des cas, plus on rentre vers le fond du Sound, moins le vent est fort mais les rafales peuvent rester violentes.







A quelques milles de distance, d’un bras à l’autre, les conditions peuvent être très différentes. Au même moment au fond de Tennyson Inlet, il peut il y avoir 10 noeuds alors que dans le Popoure Reach les rafales monterons à 25 nœuds et à 40 nœuds dans Admiralty Bay ou Current Basin… en règle générale, si les gribs montrent un écart supérieur à 50% entre la vitesse du vent établi et celle des rafales, il faut s’attendre à une accélération supplémentaire significative de ces dernières. Ainsi, pour un vent indiqué sur les fichiers à 12 nœuds et des rafales à 20, nous avons constaté 40 nœuds établis dans Current Basin et dans Tawhitinui Reach ou Admiralty bay. A noter d’ailleurs que nous avons essayé de franchir French Pass 2 fois sans succès dans de telles conditions, les rafales rendant le passage sinon impraticable du moins trop risqué à notre goût (comme nous l’a suggéré Marion, peut-être faudrait-il la rebaptiser French don’t pass). Par contre par un vent modéré sans rafales le passage ne pose aucun problème.




Choisir un mouillages pour passer une nuit tranquille est donc un casse tête chinois surtout qu’à ces considérations météorologiques il faut ajouter le manque d’abris réellement protégés par tout les temps et surtout la nature des fonds dans les baies. Dans de nombreux bras, particulièrement prés du rivage, le fond est constitué d’une vase très fluide (à peu près la consistance de la “custard”) reposant sur un soubassement de pierre plates. Cette combinaison engendre une très mauvaise tenue des ancres dans de nombreuses baie. Dans la plupart des criques, ce phénomène ne peut pas être compensée par un amarrage avant-arrière à terre du fait de la largeur et de la profondeur des criques, au mieux, ce sera ancrage à l’avant aussières arrières à terre, ce qui n’empêchera pas l’ancre de chasser car dans les rafales tournantes le bateaux se retrouve travers au vent: Nous avons même dérapé avec 2 ancres empennelés! (dont une Fortress qui n’avait jamais bougé dans les pires conditions auparavant) . En 10 jours dans le Pelorus, nous aurons dérapé autant de fois qu’en quarante ans de navigation. Fort heureusement nous avons chaque fois réussi à rattraper le coup sans aucun bobo (merci l’alarme).








La solution recommandée par les locaux est de prendre une cotisation temporaire à l’un des clubs nautiques du coin pour avoir accès à leur corps morts. Mais là encore, dans le Pelorus, des corps morts, il y en a très peu. Peut-être étions nous trop tôt dans la saison et que toutes les bouées n’avaient pas été remises en place mais d’après les guides il y en a de toute façon beaucoup moins que dans le Queen Charlotte.





Pas simple donc, mais pour le temps il paraît que c’est normal au printemps: courage, l’été arrive! Et, ceci dit, l’endroit est magnifique et les paysages grandioses valent vraiment le détour! Ces quelques difficultés sont un petit prix à payer pour en profiter.






Nous avons aussi noté la présence de nombreux parcs à moules et élevage de saumons mais sans que ce soit une gène pour la navigation ou le mouillage.







Il parait que le poisson abonde dans les Sounds mais nous ne sommes pas très doués pour la pêche à la ligne. Par contre côté pêche à pied on se défend bien est on c’est régalé de moules et de coques en abondance. Ce qui nous a permis de tenir quelques jours de plus sans entamer notre stock de conserves.








Après avoir sillonné le Pelorus pendant 10 jours nous sommes maintenant passés dans le Queen Charlotte et faisons escale à Picton pour souffler un peu et laisser passer (encore!) quelques jours de mauvais temps…

