Jeudi 25 Avril, une fenêtre météo se profile qui devrait nous permettre de traverser enfin sans souci cette mer Thyrrénienne vers le nord de la Sardaigne.
Mais le temps de comparer les modèles, discuter des destinations possibles et faire tourner les routages il est déjà 11:00. Et en jetant un coup d’œil dehors on trouve qu’il y beaucoup de monde à la marina aujourd’hui. Et m…. ! on avait oublié, aujourd’hui c’est l’anniversaire de la chute du fascisme et de la fin de la guerre et c’est donc un jour férié en Italie. On se précipite donc en ville avant que les magasins ne ferment (la plupart restent ouvert jusqu’à 13:00. Il nous faut donc faire les provisions, le Carrefour Express tout proche et le 365 près de la gare y pourvoiront. Mais surtout il nous faut trouver à tout prix un broyeur pour qu’Anne puisse continuer à faire notre lait d’amande et surtout ses fameux cookies à l’okara dont la recette est pour l’instant tenue strictement secrète mais que je ne désespère pas de voire paraître un jour dans la rubrique cuisine de ce blog -stay tuned ! Sans ces délicieux biscuits la vie serait bien terne. Bon, il à fallu faire vite, mais on a tout trouvé, ouf !
Le lendemain matin sous un ciel très maussade nous larguons les amarres. Il n’y a plus de vent mais la mer est encore agitée. Contrairement aux grands océans ou une houle de 3 ou 4 m peut passer quasiment inaperçue, ici, 1 m c’est déjà très gênant tant la période (le temps entre 2 crêtes) est courte (ici 4 ou 5 secondes). Nous longeons la côte Almafitaine rendue célèbre par sa beauté et par les nombreux films tournés à Amalfi ou dans les environs. Mais aujourd’hui, elle a perdu tout son charme tant le temps est bouché. Le temps s’éclaircit quand nous passons à côté de Capri que nous avions adoré lors de notre visite il y a quelques années. En regardant à l’Est on distingue le Vésuve qui ne semble pas en irruption aujourd’hui. Au milieu de la baie de Naples nous croisons un voilier magnifique : le fameux Class J Topaz : 43m, 180 tonnes, 950m2 de voilure au près. Ce serait la réplique, lancée en 2014, d’un concurrent de la Coupe de l’América 1935.
La houle résiduelle d’Ouest et le vent qui va tourner du Sud-Ouest à L’Est au cours de la nuit, ne nous laisse pas beaucoup de choix pour le mouillage. Nous optons pour la côte ouest de Procida, aujourd’hui bien protégée, mais nettement moins jolie que la côte Est ou se trouve notamment le fameux village éponyme avec ces maisons aux murs de toutes les couleurs. Au matin l’eau de la baie est trouble et dégage une odeur pestilentielle : les égouts de la ville se déverseraient-ils ici ?
Le créneau mer plate vent adéquat se confirme pour Dimanche. Nous avons le temps pour un halte à Ponza. Il reste encore un peu de houle mais le vent est suffisant pour stabiliser le Rêve à Deux, propulsé par son grand spi. Nous passons au large de la petite île de Ventotene. Sur l’horizon, Poza apparaît comme un croissant de falaise. Cette fois encore, la côte Est ou se situe le port et la ville principale est ouverte à la houle nous allons donc sur l’ Ouest. Mais là, pas de déception, au contraire, le paysage de hautes falaises est tout simplement grandiose. Nous mouillons dans la Cala Feola, juste entre le bout de la jetée et les piscines naturelles creusées dans la roche au pied de la falaise. Mais avant d’aller voir ces bassins il nous faut nous baigner ici au bateau : l’eau est tellement claire qu’on ne peut y résister. Nous avons vu notre lot d’eaux transparentes et cristallines aux quatre coins du monde mais là, c’est le top du top, on a tout simplement l’impression d’être suspendu dans le vide au dessus d’un sable turquoise c’est magique. En plus elle avoisine les 20° donc on peut nager un peu. Les grottes et les arches qui mènent aux piscines sont superbes mais malheureusement le fond du bassin naturel est souillé de déchets d’emballages…
Le lendemain, départ matinal encore sous spi mais cette fois-ci sur une mer sans houle ni vagues. On passe à proximité de l’île Palmarola et de ses falaises vertigineuses. En début d’après-midi, juste à l’heure prévue par le routage, le vent se calme et le spi ne porte plus, on met donc le moteur pour aller chercher le vent de Nord qui doit s’établir une vingtaine de milles plus loin.
On traverse d’immense bancs de Vellele. Ce ne sont pas des méduses mais des hydrozoaires, constitués chacun d’une colonie de polypes, portés par un disque cartilagineux, surmonté d’une voile rigide. Il parait qu’on en trouve un peu partout dans le monde et particulièrement en Méditerranée en cette saison mais nous n’en encore jamais rencontré. Pour en savoir plus cliquez le liens ci-dessous:
https://doris.ffessm.fr/Especes/Velella-velella-Velelle-228
Nuit paisible dans une dizaine de nœuds de vent de travers. Grande première depuis Mayotte, nous captons notre premier message en français sur la VHF : c’est une alerte météo émanant du CROSS Med Ajaccio histoire de nous rappeler qu’on est plus très loin des côtes françaises.
Au matin on voit les côtes Sardes se détacher sur l’horizon.
Plus nous approchons plus leur beauté se révèle à nos yeux. C’est un savant mélange de hautes falaises, d’îlot rocheux usés par la mer, de collines couvertes de maquis et de plages de sable blanc aux eau turquoise ou peut-être plutôt émeraude, en effet , cette portion de côte entre Olbia, où nous atterrissons, et les Bouches de Bonifacio s’apelle la Costa Smeralda… çà donne envie d’y passer quelque temps.
A 14:00, nous embouquons le chenal du port d’Olbia, petit arrêt à la station service de la marina pour remplir quelques jerrycans de gasoil (la dernière fois c’était à Leros et les stations semblent rares sur cette côte). Au passage un grand merci au pompiste l’accostage vent de travers dans les rafales qui s’étaient subitement mises à souffler était un peu olé-olé. On repart aussitôt pour aller mouiller au calme devant la plage de la Saline juste à la sortie de la baie. On va pouvoir réfléchir au programme des jours suivant qui risque d’être un peu compliqué en raison d’un bon coup de Mistral prévu pour le milieu de la semaine: affaire à suivre…