Archives mensuelles : août 2021

Autour de Vanua Levu

Mercredi 18/08/2021, après une semaine passée à terre et un weekend à visiter Vanua Levu il est temps de reprendre la mer. La pluie et le ciel chargé de ces derniers jours on fait place à un temps plus agréable. Le vent est établi au Sud Est mais assez faible: idéal! Nous ne sommes pas tout à fait fixés sur notre destination mais l’idée général en quittant Savusavu est de reprendre l’exploration des îles du groupe Lau et éventuellement pousser jusqu’à jusqu’à Vulaga qui serait parait-il la plus belle.

L’hôtel Jean-Michel Cousteau à Savusavu

Après une première nuit à l’ancre devant Paradise resort à Taveuni la nouvelle tombe durant le petit déjeuner (quand nous avons du réseau nous essayons de lire ou d’écouter les journaux locaux et internationaux) des cas de COVID 19 ont été identifiés a Kadavu et dans au moins une des îles du group Lau et par mesure de précaution, le gouvernement interdit l’accès de ces îles. Ce n’est donc pas le moment d’y aller: mais vu le nombre d’îles du pays et sa longueur de côtes il y a encore de quoi faire. On change donc de programme et mettons le cap sur la côte Est de Vanua Levu découpée de baie profondes et bordée de nombreux îlots, le tout protégé par une barrière de corail à fleur d’eau. On pourrait penser que les petits villages nichés au fond de ces baies sont protégés des pires intempéries. Eh bien non! En décembre dernier le cyclone Yasa est passé et a tout détruit: habitations, jardins et cultures. Mais cela n’a pas affecté la gentillesse et l’hospitalité des habitants.

Première escale à Nasau Bay. Le pére de la famille installé là vient nous voir sur sa barque et nous donne une magnifique citrouille. Du mouillage on voit que les dégâts n’ont pas encore été réparés et une grande partie du sable de la plage a été emportée.

Vendredi 20 août, nous quittons Nasau pour faire le tour de l’île Kioa. Le guide électronique dont nous venons de faire l’acquisition (Sail Fiji Cruising Guide pour iPad) indique 2 bons mouillages dans la grande baie qui découpe la côte Nord Ouest de l’île. L’un est très mal abrité et l’autre, annoncé dans 12 mètres fond de sables s’avère en fait 23m et plein de coraux morts (peut-être un effet du cyclone). Qu’à cela ne tienne, juste à côté nous trouvons une belle anse, parfaitement calme, bordée d’une mangrove et dont le fond de sable descend gentiment entre 8 et 12 m. En plus l’eau est assez claire ce qui est rare en bordure de mangrove. Nous y resterons 2 nuits et nous y reviendrons.

Dimanche, la météo prévoit du vent un peu plus fort et un peu plus sud. On décide de tirer quelques bords jusqu’au fond de Buca Bay, qui sur le papier semble bien protégée des vents de ce secteur. A mi-chemin nous croisons une barque avec deux pêcheurs. On leur fait signe de la main en passant. Il ne nous répondent pas tout de suite mais quand ils le font au bout de quelques minutes ce n’est plus le petit coucou amical habituel mais des grands signaux de bras qui ont l’air pour tout dire un peu désespérés. Auraient-ils un problème? On affale aussitôt les voiles et rebroussons chemin vers eux au moteur. Ils sont bien contents de nous voir. Ils sont en panne d’essence en plein milieu de la baie et une bonne brise d’une vingtaine de nœuds les pousse vers le large…Nous les prenons en remorque et le conduisons jusque devant leur village. Tout le monde rit beaucoup de l’incident qui aurait pu mal se terminer vu le peu de bateau sur la baie. Ils nous proposent de rester un peu en prenant le corps mort devant leur village qui est d’après eux prévu pour des gros bateaux mais il n’a manifestement pas servi depuis longtemps et l’amarre qui retient le flotteur casse quand nous essayons de la prendre. Il y a plus de 20 m à quelques mètres du récif et l’endroit n’est pas très protégé nous préférons repartir vers le fond de Buca bay ou les profondeurs sont plus raisonnables.

Mais là le vent s’accélère en descendant des collines et de 20 nœuds au milieu de la baie on monte à 27+ au fond avec des rafales brèves mais encore plus fortes. Il n’est que midi, on à encore largement le temps de trouver mieux. Vu la géographie du coin et le nombre de bateaux qui navigue, on peut se permettre de faire les difficiles.

Mieux ce sera Naqaiqai de l’autre côté du passage qui sépare L’île de Kiaoa de Vanua Levu. On y rentre par une entrée étroite entre 2 falaises qui débouche sur un plan d’eau peu profond entouré de mangroves et de collines boisées. Un bon abri par tous les temps d’après le guide, il peut même être utilisé comme abri en cas de cyclone.

Il y a une jolie maison sur la rive Est. C’est là qu’habitent Edwin et sa petite famille. Il vient en kayak nous faire un brin de causette.

Ravitaillement à Savusavu

Savusavu, deuxième ville de Vanua Levu, est l’endroit parfait pour s’abriter quelque temps , visiter l’intérieur de l’île et faire les provisions avant de repartir pour les îles.

L’entrée est facile par tout les temps. Coprah Shed Marina propose des corps morts et des places au ponton. Les pontons ne sont pas équipés de bornes individuelles pour l’eau et l’électricité mais on peut tout de même faire de l’eau (le robinet est dans le bâtiment de la marina mais le tuyaux est suffisamment long pour atteindre les bateaux amarrés au ponton) et se brancher au courant si on dispose d’une rallonge assez longue. La marina, construite dans un ancien entrepôt utilisé pour exportation du coprah (la pulpe de noix de coco séchée pour en faire de l’huile) abrite un resto, une pizzeria et un petit magasin d’accastillage. L’endroit est calme malgré sa situation en pleine ville et le décor n’est pas désagréable. Ici, on a enfin l’impression d’être au Fidji , de voir une vrai ville avec de vrais habitants même si le bout de leur nez est caché par le masque obligatoire (seule restriction avec les QR codes à l’entrée et la sortie des magasins)! C’est une impression très agréable après la désolation du complexe hôtelier soit disant de luxe mais complètement désertée de Denarau et les villages fermés aux étrangers sur les îles.

Savusavu étant port d’entrée officiel, situé presque 200 mille moins loin de Tahiti et sur une île ou l’épidémie n’a pas encore sévit, on peut se poser la question pourquoi on nous à fait arriver à Denarau.

La population locale semble être composée en majorité de Fidjiens (mélanésiens) avec une minorité assez importante d’indiens (dominants dans les commerces). La ville de Savusvu c’est d’abord son marché situé sur le bord de la rivière (qui est en fait un bras de mer) juste derrière la gare routière. Ses dimensions sont certes plus modeste que celui de Labasa (voir cet article) mais il est très bien achalandé en fruits et légumes. On y a aussi trouvé des langoustes, du poisson et des écrevisse et bien sûr il y a la section dédiée au kava. Le long de la rue principale, il y a des tas de boutiques de toutes sortes allant de la quincaillerie aux fringues ou à la pharmacie. On notera la présence de deux boulangeries dont le pain est bon. Pour nous français, c’est toujours le style pain de mie mais au moins il est bien cuit et même un peu croustillant. Côté supermarché en plus de nombreuse petites supérettes il y en a trois de bonne taille. MaxValue presque en face de la marina, Suntek et Newworld l’un en face de l’autre au centre ville. Le mieux achalandé en produits européens est le Newworld (ce n’est pas la même chaîne qu’en Nouvelle Zélande) on y a même trouvé de la semoule de couscous et du vinaigre balsamique. Il est sans doute un peu plus cher que les deux autres pour les produits locaux les plus courant. Juste en face sur l’arrière du bâtiment qui abrite la banque Westpac il y a l’un des deux marchand de vin et spiritueux son choix est limité mais les prix sont raisonnable. Newworld et Suntek ont un embryon de rayon vins et alcools. Sealover’s wine de l’autre côté de la marina offre le plus grand choix et fait aussi épicerie fine (le seul endroit ou on ait pu trouver du lard fumé en tranches et de la polenta) mais les prix rivaliseraient avec Fauchon s’ils n’étaient pas en dollars fidjiens . A signaler aussi tout au bout de la rue principale, sur la gauche avant de tourner vers l’aéroport il y a une marchande de légume indienne dont la boutique ne paye pas de mine mais qui vend, entre autre choses, des ananas succulent (alors que personne n’en vend au marché) et du toffu frais.

Ce n’est pas encore ici que la cambuse de Rêve à Deux va manquer de quelque chose…

Chutes, cascades et villages de Vanua Levu

Nous avons pris la voiture pour tout le week-end. Nous sommes dimanches et le temps est presque ensoleillé. Notre but aujourd’hui ce sont deux des cascades de l’île .

La première est celle de Vuadomo (parfois aussi appelée chute de Nagawa) à environ une demi-heure de Savusavu. Nous trouvons assez facilement la piste qui descend au village de Vuadomo. A peine sur le chemin, nous doublons un homme et un jeune enfant. On s’arrête pour leur demander si on peut les conduire quelque part. Ils descendent au village, on les embarque. Le papa nous explique comment trouver la chute et nous dit qu’il faut d’abord passer par le village pour payer le droit d’entrèe (10FJD soit environ 4EUR/personne). Une fois notre obole payée nous garons la voiture et empruntons le sentier qui conduit aux chutes. L’endroit est superbe, les chutes se précipitent dans un bassin naturel entourées d’un écrin de rocs et de verdure. Nous sommes les seuls touristes mais pas les seuls à profiter de la beauté du site et de l’eau claire. Une famille et quelques gamins de village sont là et il s’amusent bien.

Etape suivant Maroroya et ses chutes. Nous roulons une dizaine de kilomètres sur la route principale puis nous empruntons la piste sur la droite juste avant le pont. Sur le bord du chemin quelques jeunes noyant leur ennui dans la bière et le gin nous indique très gentiment le chemin (ils nous proposent même de venir boire avec eux ce que bien sûr nous déclinons). Les chutes sont à mi-chemin entre la route et le village de Maroroya. Nous décidons de pousser jusqu’aux environs du village pour pique-niquer. La rivière nous arrête juste avant le village, il y a bien un gué mais il y a beaucoup de courant et plus de 60 cm d’eau hors de question de traverser en voiture. Pour la petite histoire, toujours selon la cartographie Maps Me c’est la même piste par laquelle nous aurions du passer hier… Google Map ne se mouille pas et n’indique rien dans le coin.

On casse la croûte au bord de l’eau puis on fait demi-tour pour aller voir les chutes. Un panneau arraché gisant par terre parmi les herbes indique qu’on aurait du se rendre au village pour obtenir la permission (et sans doute payer l’entrée) mais vu qu’on a pas pu traverser la rivière et que l’endroit semble un peu à l’abandon, on décide d’y aller tout de même. Visiblement très peu de gens sont venu ici dans les dernières semaines. Le sentier est encore plus ou moins visible mais la nature a repris ses droits et la végétation commence à l’envahir. Les poteaux qui servaient de rampe dans les passages les plus raides sont pourris ou mangés par les thermites.

Tout en haut, il y avait une passerelle en béton qui permettait d’accéder aux chutes en passant au pied de la falaise. Des arbres et des rochers sont tombés dessus et l’ont partiellement détruite ainsi que le belvédère qui surplombe le bassin. Finalement on a sans doute bien fait de ne pas demander la permission : on nous l’aurait sans doute refusée pour des raisons de sécurité. L’endroit est tout de même assez beau dans ce cirque de verdure et de jungle mais malgré sa beauté sauvage, la forêt semble en passe d’être étouffée par des liserons et autres plantes grimpante parasite. Est-ce un phénomène naturel ou s’agit-il d’espèces invasives introduites par l’homme ? Après une nouvelle baignade nous redescendons à la voiture. Il nous reste encore 2 heures et demie avant la nuit. Avant de rentrer, nous avons le temps de pousser jusqu’à la côte juste pour voir à quoi ressemble le fond de la baie.

La route côtière traverse plusieurs village mais les accès à la mer sont rares et toujours passe par un village. Nous décidons de tenter notre chance à Wailevu

Un habitant nous accueille et nous dit que nous sommes les bienvenus et qu’on peut se garer devant l’école. Le responsable du village (le Turaga-ni-Koro en Fidjien) vient à son tour nous accueillir et nous souhaiter la bienvenue. Ils nous accompagne jusqu’à la plage en nous donnant des détails sur son village. Wailevu abrite 20 familles dans le village proprement dit plus onze dans des maisons isolées des alentours. L’école du village assure l’éducation des enfant jusqu’au grade 8 (l’équivalent de la 5ème en France) pour le secondaire, les jeunes doivent se rendre à Savusavu ou a Lambasa ou il resterons en pension pour la semaine.

Ceux qui poursuivent à l’université doivent aller à Savu la capitale sur Vitu Levu. Les familles vivent de pêche et d’une petite agriculture vivrière. Pour la pèche qui se passe essentiellement à l’intérieur du lagon ils utilisent des simples radeaux de bambou.

En décembre dernier le village à été très affecté par le cyclone Yasa, presque toutes les maisons ont perdu leur toit fort heureusement il n’y a pas eu de victime morts ou blessé. On discute aussi bien-sûr de l’épidémie et de ces conséquence sur la vie de tout les jours. Pratiquement tout le monde au village est vacciné nous dit-il. Mais il se fait tard et nous devons rentrer. On le remercie pour son hospitalité en lui offrant le traditionnel kava. Il est ravi et nous invite a revenir quand on veut…

Le soleil se couche quand nous arrivons à Savusavu.

Et pour bien finir le week-end, soirée bien mérité au restaurant de la marina

Labasa: la petite Inde des Fidji

Samedi 14août 2021. Aprés le mauvais temps de la semaine le week-end devrait être suffisamment sec pour tenter une incursion terrestre. Nous louons donc une voiture chez James Rentals. C’est un tout petit 4X4 Suzuki en assez mauvais état mécanique, nous comprendrons rapidement pourquoi : les routes sont truffées de trous !

Le but de la journée est Lambasa la ville la plus importante de Vanua Levu située à 85 km dans le delta d’une rivière au milieu de la côte nord ouest de l’île. Pour y arriver il faut contourner la baie par une route côtière montagneuse puis traverser un plateau central ou les exploitations forestières ont beaucoup abîmé le paysage pour redescendre de l’autre côté à travers les exploitations de canne à sucre.

Le dépaysement est garanti. Les églises se font plus rares dans les villages que nous traversons et sont remplacées ici par une mosquée là par un temple Bouddhiste, Krishna ou Sikh. Les gens ne sont plus les même non plus. Assez peu de Fidjiens mélanésiens et beaucoup d’indiens, des femmes en sari multicolore et parfois la tête couverte d’un foulard. La ville nous rappelle un peu les quartiers Indo-Pakistanais de Sharja (Emirats Arabes Unis) il y a quelques années.

Commerces en tous genres dans la rue principale grouillant d’activités. Repas de midi dans un des restos du food corner de la galerie marchande (mais c’est de la vraie nourriture locale pas du fast food international). Puis on découvre la gare routière et surtout le marché qui à lui seul vaut vraiment de faire tout le trajet jusqu’ici.

Il est organisé en 4 sections : poissons et fruits de mers, légumes et fruits, kava et bazar avec à l’étage une petite section artisanat local surtout orienté bouquets et tapis en paille. Nous commençons par le marché au poisson qui est particulièrement intéressant : mérous gigantesques, poisson pérroquets, wahoos, palourdes, crabes, langoustes et algues commestibles : mana(raisin de mer ou Caulerpa lentillifera que nous connaissons bien) et lumi (Gracilaria maramae, çà ressemble à une chevelure). Nous nous laissons tenter par de la lumi et la marchande nous explique comment la préparer. (sa très forte teneur en agar permet de réaliser des gelées délicieuses, nous y reviendrons bientôt dans notre rubrique cuisine). Les deux halles consacrées aux fruits et légumes sont tout aussi fascinantes, nous en repartons les bras chargés.

Pour ne pas rentrer à Savusavu par la même route, nous essayons un autre chemin qui d’après Maps Me, sur l’écran du téléphone, traverserait la montagne en remontant la rivière par un itinéraire soit disant plus court d’une vingtaine de kilomètre. La piste serpente effectivement dans la vallée en traversant de petits villages typiques dans une alternance de forêt et de champs de canne à sucre. Mais au bout d’une trentaine kilomètres la route s’arrête.

On rebrousse chemin et un peu plus bas on trouve un gué qui nous permet de traverser la rivière. Mais il ne mène qu’au village. Les habitants nous accueillent de façon très sympathique et nous disent que la route ne va pas plus loin, c’est peut-être possible de continuer à pied le long de la rivière mais en voiture ce n’est pas faisable même avec un 4X4. Nous les remercions et un peu déçus, nous redescendons sur Labasa pour retrouver la route principale.

Quelques kilomètres après la sortie de la ville une jeune fille vend des écrevisses de la rivière sur le bord de la route : ce soir çà va être le festin à bord !

Il fait déjà bien nuit quand nous rentrons au bateau.

Vanua Balavu – Savusavu

Dimanche 8/8/2021. 05:30 la sonnerie du réveil nous tire du sommeil. Le jour va bientôt se lever et on voudrait être dans la passe en tout début de marée descendante (renverse à 06:25). Le temps de s’habiller, vérifier le dernier grib et relever l’ancre et c’est parti. Une fois franchi la passe une bonne brise de Sud Est de 18 nœuds nous cueille. Reve à Deux s’ébroue et démarre. Çà tombe bien on a 68 milles à faire pour notre première étape prévue dans un mouillage au Sud Ouest de l’île de Taveuni et on voudrait bien arriver avant la nuit qui ici tombe brutalement à 18:00… Au bout d’une heure, le vent se stabilise autours de 15 nœuds, on envoie le spi pour garder la cadence.

15:30 nous affalons le spi et empannons sous le cap Katoba, la pointe sud de Taveuni. On est encore dans les temps mais il ne va pas falloir mollir. On renvoie donc le spi sous l’autre amure (sur Rêve à Deux on préfère ne pas empanner sous spi – il nous faudrait quelques bras en plus et la configuration des drisses ne s’y prête de toute façon pas.). A 17:30 nous arrivons dans les mouillages de Paradise Resort (c’est un hôtel restaurant, centre de plongée qui met gratuitement des corps morts à la disposition des plaisanciers de passage. Il y a déjà 7 ou 8 bateaux. Une personne du Resort nous appelle à la VHF pour nous prévenir qu’ils sont désolés mais que tous les corps morts sont déjà pris. Elle nous conseille d’aller un peu sur la droite et d’ancrer dans une dizaine de mètres d’eau sur fond de sable (devant le resort il y a une cinquantaine de mètres de fond). On ancre à l’endroit proposé. Le fond semble assez plat au sondeur mais dans la clarté déclinante de cette fin d’après midi on distingue de nombreuses tâches plus sombres. Du coup, on est un peu loin pour aller au resto c’est dommage car les derniers morceaux de thon mis sous vide il y a 8 jours ne sont plus très appétissants. On se rabat sur le dernier paquet de Tofu (je vous disais bien qu’il était temps de se réapprovisionner) et on s’endort sur nos deux oreilles.

Au matin il n’y a pas du tout de vent et après un réveil tardif et un p’tit dej’ relax (comme presque tous les jours) je suis sur le roof en train de mettre le taud de bôme. L’eau autour du bateau est parfaitement limpide (sûrement la plus claire depuis que nous sommes au Fidji) et on voit très bien le fond et les grosses patates de corail dont une semble vraiment tout près de notre arrière. Anne plonge pour aller voir. Les fonds sont effectivement superbes dans cette eau limpide. Mais si hier soir le vent nous éloignait du récif, en son absence ce matin le courant nous pousse vers la côte. Je plonge à mon tour, le massif est là à moins d’un mètre de la surface et tout près de notre arrière ou notre safran(gouvernail) se trouve dans une position très vulnérable. La chaine de l’ancre est pour l’instant encore claire mais pas du tout tendue. Il faut dégager d’ici vite fait en faisant bien attention de ne rien accrocher en remontant l’ancre.

Un vent très léger se lève presque tout de suite nous permettant de nous déhaler à quelques nœuds. Mais à cette vitesse, il est trop tard pour arriver à Savusavu avant la nuit. Nous jetons donc notre dévolu sur Fawn Harbour, une baie bien protégée en plein milieu de la côte Sud de Vanua Levu. La passe d’entrée faisant un S pour franchir la barrière de corail est intéressante. Nous mouillons juste après la passe dans le premier bras derrière un petit îlot planté de mangrove. Il y a des endroits beaucoup mieux protégés dans les différentes anses de cette baie entourées de mangrove très dense mais nous voulons profiter de la baignade sur le récif tout proche (mais hors de notre rayon évitement cette fois-ci). L’eau est très claire mais il y a du courant.

Le lendemain matin 07:30, étale de marée haute, nous levons l’ancre pour avoir le moins de courant possible dans la passe.

Le vent de Sud souffle à 18 – 20 nœuds (au lieu des 10-12 prévus). Le peu de courant sortant, s’opposant au vent lève déjà un gros clapot court, dans une ou deux heures, à mi-marée descendante, çà risque d’être beaucoup plus agité, on a bien fait de partir à l’heure. Traversée expresse, le vent monte à 28 nœuds (pour 10 à 12 prévu sur le dernier grib) quand nous arrivons sur la point Passage qui marque l’entrée de la baie de Savusavu nous contraignant à prendre un deuxième ris et diminuer le foc pour négocier l’empannage. Nous ne sommes pas seul à avoir eu l’idée de venir à Savusavu pour laisser passer le mauvais temps : 3 catamarans arrivent derrière nous venant du Sud Ouest.

A 12:30 nous sommes amarrés au ponton de la Coprashed Marina. Le temps de se changer, de ranger rapidement le cockpit et de s’inscrire au bureau du port et nous sommes au café de la marina, attablés devant une grande pizza. Des fois, il faut savoir manger local…

Vanua Balavu: Sawana, Soso Bay et Bay of Islands

Lundi 2 août 2021, ce matin le village semble s’animer un peu, on décide de descendre à terre pour explorer. Le village noté sur la carte comme s’appelant Lomaloma s’appellerait en fait Sawana. On apprendra plus tard qu’il est en réalité divisé en deux parties, celle habitée par une population originaire des Tonga s’appelant effectivement Sawana et Lomaloma étant le côté Fidjien. A peine débarqué on demande à des jeunes de nous indiquer le chef du village en effet sur les îles il est important de lui remettre un paquet de racines de Kava pour la cérémonie du Sevusevu enfin d’être accepté sur l’île. Ils nous indiquent sa maison mais nous n’en avons pas encore pris la direction que nous sommes interceptés par un agent du contrôle sanitaire en 4×4. Nous n’avons pas le droit de débarquer, nous devons retourner à bord immédiatement et contacter l’inspecteur du service de santé… Bon! Donc la situation est la même ici qu’à Kadavu. A peine sommes nous à bord que l’inspecteur accompagnè d’un policier arrive sur la jetée et nous appelle. Contrôle des passeports et des documents tout est clair mais pas le droit de débarquer c’est pour répondre à l’inquiétude de la population ils ont trop peur d’être contaminés. Nous comprenons. Par contre il nous propose de faire nos courses et nous lui donnons notre liste (y compris une nouvelle recharge téléphone) et le kava pour remettre au chef.

Mardi matin, il nous rappelle, on peu venir chercher nos fruits et légumes sur la plage. Ils doivent prendre une marge assez confortable mais ils ont rajouté quelques laitues toutes fraîches et de piments. De retour à bord nous levons l’ancre aussitôt. Le vent va tourner au Sud Est ce soir et ce mouillage ne sera pas bien protégé autant partir tout de suite pour le nord de l’île ou sont parrait-il les baies les plus belles du Pacific Sud.

Soso Bay, une sorte de bassin circulaire entouré de falaises couvertes de végétation luxuriante et complètement érodées à leur base . On y rentre par un étroit passage. L’eau est bleu turquoise légèrement laiteuse en raison du calcaire dont sont faite les falaises. Sur les hauteurs on aperçoit deux villas. Il y a 5 bateaux ancrés. Notre guide indique qu’il y un chemin qui monte du fond de la baie jusqu’à un belvédère d’où la vue est magnifique. On verra çà demain si on à le droit de descendre !

Mecredi matin on s’aperçoit que les équipages des autres voiliers semblent aller à terre sans aucun problème. Y a pas de raison on y va aussi. Il y a même un appontement pour les annexes. Le propriétaire des lieux qui arrive sur son quad et nous dit qu’il n’y a aucun problème, il suffit de suivre le chemin. Le chemin démarre dans une sorte de gorge entaillant la falaise et serpente ensuite dans des prairies plantées de quelques cocotiers où paissent des montons, des chevaux et quelques vaches.

Sur un petit plateau, il y a les maison du personnel de la ferme et tout en haut de la falaise la villa du propriétaire et une autre villa blanche de style colonial.

Nous rencontrons une femme qui nous dit qu’on peut aller jusqu’à la villa blanche et que de là haut on captera internet. Le chemin qui même au point de vue démarre de l’autre côté de la prairie.

Le chemin serpente dans la forêt et arrive tout en haut de la falaise qui surplombe la fameuse baie des îles dont les îlots calcaires boisés en forme de champignons ont fait la réputation. La vue est à couper le souffle on est vraiment dans un paysage de rêve.

En redescendant nous croisons Pete et commençons à bavarder avec lui.

Il est Sud Africain et navigue tout seul à bord de son catamaran. Il nous invite à prendre le café dans l’après-midi pour déguster un gateau à la banane qu’il à cuit se matin. A son bord nous découvrons que derrière ce septuagénaire adorable ce cache un grand aventurier. Né en Rhodésie (actuel Zimbabwe) de parent circumnavigateurs (ils ont fait le tour du monde en 1980 sur un petit voilier en bois de 24’ (7,20m) que sont père avait construit lui même) il fait carière dans l’industrie pharmaceutique en Afrique du Sud. Quand il prend sa retraite, il décide de partir avec son épouse pour remonter toute l’Afrique, depuis le Cap ou ils vivent jusqu’à la frontière égyptienne dans un 4×4 aménagé, sans passer par aucune route goudronnée. Il nous montre le livre qu’il à écrit sur ce voyage. C’est vraiment de la grande aventure et les photos et les récits de leurs rencontres font rêver. Une fois rentré de ce périple, il craignait un peu de s’ennuyer dans sa maison du Cap. Ses enfants lui ont alors demandé : pourquoi ne partiriez vous pas autour du monde en voilier comme Papy et Mamy ? Et il a répondu chiche, seulement voilà, lui n’avait jamais navigué, alors, avant d’acheter un bateau il a fallu qu’il prenne des cours, accumule de l’expérience et passe sont diplôme de skipper (obligatoire pour acheter un bateau en Afrique du Sud). Il a finalement acheté son cata et ils sont partis en début 2018 : Namibie, Bresil, Antilles, Panama, Polynésie et Nouvelle Zélande où comme beaucoup ils sont restés bloqués par le COVID. Fin-2020, une de ses filles se mariant son épouse est rentrée au pays mais n’a la Nouvelle Zélande n’a jamais voulu la laisser revenir. Du coup, en juin 2021 Pete est parti pour les Fidji en solo en espérant que se soit plus facile pour son épouse de venir le rejoindre. En attendant il explore l’archipel et nous passerons quelques soirées mémorables avec lui.

Jeudi, après une dernière rando sur un sentier qui longe la falaise puis traverse la forêt (çà fait quand même du bien de pouvoir marcher un peu),

nous levons l’ancre pour la baie des îles (Bay of Islands) que nous avions aperçu du haut des falaises suivit de près par Pete et son Moon Dust. C’est une très courte navigation : il n’y a qu’à contourner la pointe par l’étroit chenal qui serpente entre les massif de corail. On déroule tout de même le foc pour faire de la voile et avancer tranquillement en savourant le paysage. Le cadre est superbe et très particulier avec ses îlots champignons qui pourrait rappeller une baie d’Along en miniature.

On y restera jusqu’à dimanche matin. Une grande partie du temps est consacré a nager entre les îlots et explorer les massifs de corail qui s’y cache on y verra beaucoup de poissons multicolores, quelques langoustes, trop petites pour valoir la peine d’être attrapées, et même une grosse tortue marine.

La semaine prochaine s’annonce pluvieuse et ventée, Pete pense qu’il est bien à l’abri derrière sont îlot et pense qu’il va rester en attendant que le temps lui permette de continuer vers le sud de l’archipel. Nous sommes un peu moins bien protégés et l’idée d’être bloqués là sous la pluie pour toute une semaine ne nous enchante pas. En plus il commence à être temps de songer à regarnir la cambuse. Ce serait peut-être le bon moment pour aller à SavuSavu le port principal de Vanua Levu la 2éme île du pays. On devrait disposer de 2 jours de temps agréable avant que çà ne se gatte…

Kadavu- Vanua Balavu

Il nous reste deux jours, on va donc pousser jusqu’à Kavala Bay à l’est de l’île voir même, si la météo le permet, Ono ou l’une des autres îles enserrées dans le lagon du récif de l’Astrolabe fameux pour les raies manta qu’on peut, parait-il, y voir en cette saison.

Jeudi matin, encore beaucoup de nuages mais tout de même de belles éclaircies nous levons l’ancre de la baie de Vunisea (qui en d’autres temps serait une excellente escale : très bon ancrage protégé des vents d’est à Ouest par le sud sur font de sable entre 10 et 5 m, village avec commerces et infirmerie). Nous tirons des bords le long de cette grande île (Kadavu fait près de 60 km de long) dans un vent de sud Est de 20 à 25 nœuds mais étant sous le vent de l’île la mer reste plate. Par contre, aller mouiller quelque part près de la barrière de corail de l’Astrolabe dans ce vent ne nous enchante pas. On préfère se rabattre sur la baie de Kavala très facile d’accès et bien abritée. On y arrive en fin d’après midi. La baie est superbe, entourée de hautes collines et bordée de plusieurs petits villages. Le mouillage entre une jetée et la mangrove est parfaitement calme. Parfait pour passer une bonne nuit avant la traversée (Vanua Balavu est à 200 milles).

Au matin, il y a de nombreuses barques qui sillonnent la baie, beaucoup font le détour pour passer à une cinquantaine de mètres de nous et nous saluer de Bula ! Chaleureux. En milieu de matinée nous avons la visite de la police, ils sont 4 sur une barque ils font 3 fois le tour de Rêve à Deux,nous sommes des vedettes, encore quelques flaches photos, nous demande si tout va bien et repartent.

A midi nous comprenons pourquoi il y avait tant d’activités sur la baie : le bateau de ravitaillement enfin vient de s’amarrer à la jetée qui est entourée de barque venu chercher le matériel, les fournitures ou denrées que les villageois ont commandés. Apparemment la rotation n’est pas très fréquente et à sans doute été fortement perturbée par la pandémie. Avant-hier à Vunisea nous avions constaté que dans les deux super marchés les congélateurs étaient carrément vides.

La matinée se passe encore et toujours à comparer les routages. Côté vent, le vent va tourner progressivement de l’est à l’ouest en passant par le nord dans la nuit de vendredi à samedi restant dans cette direction jusqu’à Lundi après midi ou il reviendra au sud, (super). De 15 à 18 nœuds Samedi ils se renforcera dimanche à 25 nds (ou plus dans le sud)(on sera plus là). La difficulté n’est donc pas la traversée elle même mais l’arrivée à Vanua Balevu. L’idéal serait d’arriver à l’étale de marée basse pour pouvoir avoir prendre la passe sans se soucier du courant tout en sachant qu’il sera favorable tout de suite après. Il faut aussi arriver de jour, le lagon étant assez mal pavé et dépourvu de tout balisage lumineux. Çà tombe bien Dimanche premier le jour se lève à 06:21 et la marée basse est à 06:49. Et Dimanche matin, le vent sur place ne devrait pas dépasser 15 nds orienté Est Sud Est, la passe Tongan se retrouvant sous le vent de l’île. L’heure d’arrivée est donc fixée : dimanche matin au levé du jour mais quand partir. Les routages proposent entre 20:00 et 22:00 ce soir. Mais le vent aura déjà tourné au nord il faudra donc tirer des bords pour contourner le Récif de L’astrolabe et en plus on ne verra pas les îles.

Vendu ! A 16:00 on lève l’ancre. Il vaut mieux être en avance qu’en retard, si nécessaire on ajustera la vitesse pour ne pas arriver trop tôt. La remontée du récif ce fait d’un seul bord, la nuit tombe alors que nous sommes par le travers de l’île de Dravuni. A minuit nous avons doublé l’extrémité du récif et le vent à tourné au nord nous permettant de virer. Par contre la mer est horrible, des vagues extrêmement courtes se bousculent dans tous les sens sans doute la conséquence du changement de vent et des courants dans ce passage. Rêve à Deux tape et retombe violemment dans les creux, c’est très inconfortable mais çà ne dure qu’une paire d’heure. Le jour ne c’est pas encore levé que la mer s’assagit et le vent adonne encore rendant la navigation plus agréable. On a encore 24 heures devant nous et il reste 120 milles et on est pas pressé on ajuste la voilure pour réduire la vitesse à 5 nœuds (pas facile de convaincre Rêve à Deux de se traîner mais une fois n’est pas coutume). 5 nœuds c’est la vitesse idéale pour la pêche et comme on est pas sûr de pouvoir se réapprovisionner de si tôt autant s’y mettre sérieusement. On en profite pour essayer un autre leurre, l’actuel n’ayant rein attrapé depuis son installation sur la ligne. Le résultat ne se fait pas attendre. Pendant mon quart j’étais descendu quelques minutes télécharger un grib sur l’ordi. Quand je remonte je vois la ligne faire de grandes embardées à toute vitesse derrière le bateau. Je redescends aussitôt et secoue Anne qui dort : réveilles toi on à l’air d’en avoir pris un gros. On laisse le poisson se fatiguer un peu puis on commence à remonter la ligne. Ces grands zig zag rapides font penser à un Mahimahi (daurade coryphène) mais il est d’un bleu éclatant (dans mes souvenirs les coryphènes sont plutôt vertes). Mètre après mètre on l’amène tout près du bateau mais au moment de le ramener à bord, d’un coup sec il se décroche et repart vers les profondeurs. Zut ! Mais la ligne est intacte on la remet donc à l’eau.

Un peu plus tard dans la journée c’est mon tour d’être réveillée : viens vite on en a pris un autre me dit Anne. Effectivement il y a un poisson au bout de la ligne et çà semble être un gros. Il fait moins de cirque que celui de ce matin. Doucement on remonte la ligne, pas de doute c’est un thon et il est magnifique sans doute le plus gros que nous ayons pêché ! A peine remonté, on le vide, le saigne et le débite en filets dont nous mettons une partie sous vide pour pouvoir les garder quelque jours.

Inutile de vous décrire le menu de notre dîner ce soir ni de vous dire qu’on c’est régalés.

Le vent étant passé plein vent arrière nous avons affalé la grand voile pour continuer sous foc seul.

La nuit se passe à enrouler et dérouler le foc pour ajuster la vitesse sur l’heure d’arrivée.

A 06:35 nous sommes devant la passe, le soleil se lève et la mer est parfaitement calme. Nous renvoyons un bout de grand voile et remplaçons le foc par la trinquette pour tirer des bords facilement sur les 8 milles qui nous sépare du mouillage que nous avons choisis. A neuf heures nous jetons l’ancre devant le village de Lomaloma. Le village est d’un calme étonnant, personne dehors, pas un chien qui aboie mais bon, on est Dimanche, on va les laisser tranquille et se reposer on verra bien demain.

Kadavu(Kadavou): on ne veut pas de vous !

Après cette courte traversée de rêve, il fallait bien payer pour cette chance.

L’île est magnifique verte et bien arrosée, il n’est pas tard et nous avons le temps pour une courte incursion à terre histoire de se dégourdir les jambes après cette traversée. Le temps que l’on gonfle l’annexe, le soleil va bientôt se coucher et pour couronner le tout, Domi est pieds nus (tête en l’air comme d’ab), pas confortable pour marcher sur la route empierrée !. Les habitants de Vunasea nous accueillent jovialement : Bula!Bula ! (Salut en Fidjien). Par respect des consignes, on porte le masque comme la plupart d’entre eux. On achète quelques légumes chez une marchande et on rentre à bord. On ira plus loin demain!

La chance s’arrête ici

Le mardi le vent souffle sur la baie et il pleut des cordes toute la journée. On ne va pas se laisser aller au découragement et on en profite de toute cette eau tombée du ciel pour faire la lessive et refaire le niveau des réservoirs.(quant je vous dis que l’île est verte, je comprends mieux maintenant) On profite aussi de la bonne connexion (c’est mieux que la Polynésie pour la connexion internet) pour regarder les nouvelles de France et du monde et mettre ce blog à jour (nous le verrons plus tard, contrairement à la Polynésie ou en dehors de Tahiti le réseau est inexistant, ici ils ont fait des gros efforts pour assurer une bonne couverture 4G sur toutes les îles et souvent même en pleine mer entre les îles).

Mercredi, les éclaircies entre les grains deviennent de plus en plus longues,et entre deux, équipés de nos cirés nous pouvons retourner à terre: quelques courses aux deux supermarchés du village puis promenade sur la route qui longe le bord de mer. Passé l’aérodrome où aucun avion ne s’est posé depuis notre arrivée, nous atteignons une autre partie du village. Les maisons sont très modestes voire carrément délabrée, les enfants jouent sur le chemin. On échange quelques mots avec les habitants, il y a en a même un qui parle un peu français. Ils ont l’air content de nous voir. Jusqu’à ce qu’une femme sorte d’une maison et nous demande gentiment sans agressivité mais fermement de partir : ils ne veulent pas être contaminés par le virus. Pas de soucis on fait demi-tour.

A peine repartis dans l’autre sens, une voiture s’arrête à notre hauteur, un policier en uniforme en descend. Savez vous que vous violez la loi Fidjienne nous dit-il. Vous n’avez pas le droit de débarquer, vous devez rester à bord. Il exécute le protocole, tout se bouscule dans sa tête et les questions fuses d’où venez vous avant les Fidji ? où avez vous été ensuite ? , dans quel magasin vous avez serré la main ou touché quelqu’un ? On lui explique que nous sommes titulaires d’un passe « Blue Line » qui nous autorise à aller dans toutes les îles sauf Viti Levu, qu’on a fait une quarantaine, qu’on a été testé 2 fois et qu’en plus on est vacciné. Il est désorienté et nous montre le texte de la loi sur son smart phone : les passagers et membres d’équipage des navires marchands ou de plaisance ne sont autorisés à débarquer nulle part d’où qu’ils viennent. Il nous raccompagne jusqu’à notre annexe et attend sur la plage qu’on revienne lui montrer tous nos documents que bien-sûr nous avions laissés à bord. De retour sur la plage Il examine notre permis et la lettre en fidjien expliquant le principe de la «Blue Line » aux responsables insulaires. Souriez vous êtes sur la photo en nous demandant de rester à 2 mètres l’un de l’autre protocole sanitaire oblige… Fin de la ballade .

Sitôt rentré j’appelle notre agent pour lui demander à quoi sert le cruising permit et l’autorisation Blue Line si on ne peut pas aller à terre. C’est un mal entendu nous dit elle, ce bureau de police n’est pas au courant des dernières réglementations je vais les appeler pour arranger çà. Une demi-heure plus tard, des cris sur le bout de la jetée, c’est le policier . On doit revenir à la plage… Cette fois-ci il est venu avec son chef et le super intendant responsable de tout le district. Ils sont bien sûr masqué et gantés. De nouveau retour case départ, les mêmes questions et vérification des mêmes papiers. La question cruciale pour eux n’est pas de définir si oui ou non nous pouvons aller à terre (c’est tout simplement hors de question) mais de décider quel protocole ils vont devoir appliquer aux magasins où nous sommes passés(il y en a que deux dans le village et on les a fait tous les deux…) A cours d’idée je leur rappelle que nous sommes vaccinés. Ils semblent voir là une ouverture possible. On leur montrent nos carnets de vaccination (le modèle jaune de l’OMS). Ils les épluchent dans tous les sens (ils contiennent toutes nos vaccinations : BCG, diphtérie , tétanos, typhoïde, fièvre jaune , choléra, variole etc et les deux doses du Pfizer) se font préciser les dates et lieus d’injection, les prennent en photo. Ils confèrent un moment avec leur grand chef et reviennent nous dire que tout est clair. Ouf !!! Nous n’avons pas fait de faute parce qu’on avait pas été prévenu de l’interdiction d’aller à terre et au vu de notre dossier il semble peu probable que nous ayons pu contaminer quelqu’un sur l’île. Nous sommes donc libre… de retourner à bord. Nous pouvons aussi ancrer ailleurs sur l’île si nous le souhaitons et même nager autour du bateau mais sans débarquer et sans aucun contact avec qui que ce soit. En cas ou nous aurions un besoin urgent de quelque chose nous devons leur téléphoner, ils essayerons de nous aider toujours sans contact…Nous comprenons leur attitude. Ils sont au début de la vaccination dans le pays et leur système de santé a des moyens très limités mais surtout leurs manuels d’histoire leur rappelle l’épidémie de rougeole de 1875 qui tua un quart de la population simplement parce qu’un chef qui, étant allé en Australie négocier l’indépendance du pays (alors colonie britannique), était revenu sans faire de quarantaine. Pour relancer l’économie du tout jeune pays après cette hécatombe les dirigeants avait alors du faire venir massivement de la main d’œuvre indienne initiant sans le savoir les tensions ethniques qui éclatèrent dans les années 2000.

Voilà qui nous refroidi un peu sur le bien fondé d’une croisière dans cet archipel de rêve. Que sommes nous venu faire dans cette galère? Serions nous plus heureux en France avec un passe sanitaire ? Pas sûr ! Mais de toute façon, partir d’ici, pour aller où ? peut-être vers l’Indonésie à 3500 milles mais rien d’autre n’est ouvert?. Heureusement il nous reste le paysage de rêve, et les baignades dans l’eau chaude des lagons, nos 10 000 bouquins et BD sur nos tablettes et internet plein pot…

Le mauvais temps n’est pas fini, les gribs et les cartes météo nous prévoie le passage d’un front froid avec beaucoup de vent de secteur Ouest et encore de la pluie sur le Sud et le Sud Ouest pour ce week-end. C’est le moment ou jamais de repartir un peu vers l’Est du pays pour essayer de voir ces joyaux que sont les îles du groupe Lau et particulièrement Vanua Balevu tout au nord de ce petit archipel. L’idéal serait de partir juste devant le front, pour bénéficier de la bascule du vent (qui souffle d’est pour le moment) tout en évitant le gros de la perturbation.