Archives mensuelles : avril 2021

Mangaréviens au grand coeur

Je vous entend d’ici chers lecteurs: « pas un seul article depuis prés de 15 jours, pas une seule photo pourtant se doit être beau là ou vous êtes, et quand on regarde le tracking vous n’avez pas bougé depuis votre arrivée. Vous nous aviez habitué à mieux, Que se passe-t-il? »
Bon, je vous l’accorde, nous avons été pris d’une certaine langueur tropicale, çà ne fait aucun doute. Fatigue accumulée pendant la traversée, lente adaptation à la température les raisons sont nombreuses. En plus, côté publication nous redécouvrons les limitations du monde pré-4G/WIFI haut débit. Ici internet est quasi inexistant est quand il est là, carrément anémique. Le seul moyen de publier reste l’Iridium, pour les photos il faudra donc attendre le futur plus ou moins lointain ou nous nous téléporterons dans un monde connecté.
Ceci dit, nous avons, en fait, été très occupés. Une fois la première dose de vaccin reçue et les petits travaux et réparations terminés nous aurions pu partir explorer les autres îlots de l’atoll. Mais comme on avait commandé par l’intermédiaire de Daniel, qui avait regroupé les commandes de plusieurs plaisanciers, un fut de gasoil qui devait arriver le 20 avril par la goélette (nom local du cargo Taporo VIII qui dessert l’île une fois par mois – ici il n’y a pas de station service le carburant doit être commandé par fût de 200 litres directement à Papeete) on a préféré attendre et d’ailleurs on avait encore rien vu de Mangaréva. Alors, on s’y est mis et croyez-moi çà vaut le coup.

Mangaréva est une île magnifique, sommets escarpés et plaines côtières fertiles ou poussent toute sortes de fruits le tout protégé des furies de l’océan par une barrière de corail. Il y a de quoi explorer pendant des semaines et, c’est promis, dés que possible on vous racontera et on vous montrera les plus belles photos comme celles de la rando au sommet du Mokoto.
Mais plus que ces paysages magnifiques, Mangaréva c’est avant tout la gentillesse infinie de ses habitants. Tous les gens que nous croisons dans la rue ou sur les chemins sont souriants et disent bonjour spontanément, la côte est un peu dure et nous avons sans doute l’air de peiner un peu, un automobiliste s’arrête et nous fait monter à l’arrière de son pickup, ailleurs c’est Léon qui nous donne des fruits des ses arbres à pain et des nonis en nous expliquant comment les préparer ou encore Tonicourou qui envoie son fils nous cueillir d’énormes avocats. Et puis, il y a cette famille qui habite en face des ruines du couvent de Rorou à qui nous avions demandé ou on pouvait trouver des fruits à vendre: non seulement ils nous on spontanément donné des bananes et des mangues délicieuses mais en plus un succulent gâteau à la banane qui sortait du four et comme nous avions l’air assoiffés un grand verre de jus de pamplemousse tout frais pressé.
Enfin il y a Tetou et Murielle. Ils habitent une jolie maison à mi-côte juste au-dessus du village. A l’entrée une pancarte: Laboratoire Géodésique de Polynésie: Tetou, assure la surveillance et l’entretien des appareils qui enregistrent l’activité sismique dans ce coin du Pacifique (du Chili à la NouvelleZélande). Mais ce n’est pas sa seule activité, il est aussi responsable de l’église protestante Maori pour l’archipel, tâche dont il s’acquitte jovialement avec un esprit d’ouverture et de bon sens qui manque tant à la plupart des cultes. Tous les deux ont aussi travaillé au greffage des perles (on avait oublié de vous dire que la perle est l’activité principale de l’île). Mais leur occupation principale à tous les deux c’est leur jardin, immense et magnifique, patiemment défriché et planté de tout ce qui peut pousser ici. Cocotiers, pamplemoussiers, citronniers, bananiers, arbres à pain, manguiers, lichees, corossols, piments, papayés. Les fruitiers côtoient les plantes ornementales et les plate-bandes de légumes le tout parfaitement entretenu sans désherbant ni produit chimique d’aucune sorte. Ils nous ont bien sûr offert papayes, bananes, aubergines, et même un corosol et un ananas. Tetou nous a préparé sa fameuse lotion à base de piments oiseaux efficace contre toute douleur musculaire ou articulaire. Ils sont venus à bord dimanche et nous avons passé l’après-midi à échanger sur des sujets aussi variés que l’apiculture (Tetou et Murielle viennent de s’y mettre), le greffage des nacres perlière, les graines germées ou les légendes Polynésiennes. Des gens adorables, ouverts sur tout et tellement interessants!

Une nouvelle preuve, s’il en fallait, que voyager c’est avant tout faire des rencontres. A suivre…

Première injection

Déjà 10 jours que nous sommes ici… On continue a sadapter doucement à la vie des îles. Quand la lessive, le nettoyage et les milles et un petits travaux listés pendant la traversée nous en laisse le temps, on commence à marcher un peu à terre mais on a encore beaucoup de mal avec la température alors que les plaisanciers arrivant de Panama la trouvent plutôt fraîche. Ah oui parce quils arrivent presque tous les jours, un nouveau bateau, en provenance de Panama directement ou via les Galapagos. Certains arrivent sans autorisation et se voient infliger une amende de 120 euros, dautres arrivent avec un visa en bonne et due forme et sont accueillis à bras ouvert sans limitation de la durée du séjour ou pour 4 jours seulement comme Yara ce voilier Français arrivé avant-hier avec une voile déchirée: cest a ny rien comprendre.
Côté vaccination pour nous cest parti! Juliette, linfirmière nous avait appelé en fin de semaine dernière pour le rendez vous et nous avons reçu la première injection hier après-midi: même pas mal . En plus cest le vaccin Pfizer donc le moins controversé pour linstant: nous avons de la chance. Ils avaient organisé une session spéciale pour les « voileux » (terme légèrement péjoratif pour désigner les plaisanciers en Polynésie). Il y avait là 3 couples américains, 2 anglais et nous étions les seuls français. En discutant avec les Français sur lîle et sur les bateaux, ils sont plutôt retissants pour se faire vacciner. Nous aurons la deuxième injection le 5 mai. Daprès le docteur qui nous a ausculté avant la vaccination, après çà on sera 90 % a labri pour 6 mois mais à plus long terme on ne sait pas encore.
Les photos seront à suivre plus tard ( pas moyen de les télécharger internet trop faible).

Bienvenue au paradis

Si vous avez suivi ce blog vous savez que nous sommes bien arrivés sur l’île de Mangareva Samedi 3 avril au matin.
Première surprise quand nous sommes arrivés devant le mouillage de Rikitea : pas moins de 23 bateaux sont ancrés là. Une majorité de Français mais aussi des Anglais, Américains, Kiwis, Canadiens et même 1 Australien, 1 suisse et 1 Allemand. Sur la base des blogs que nous avions lus avant de venir, on s’attendait plutôt à 3 ou 4 voiliers : les temps changent et la pandémie a bloqué pas mal de navigateurs dans l’archipel…
L’accueil a été absolument fantastique. D’abord Geneviève et Jean Charles qui à peine notre ancre avait touché le fond sont venus nous voir avec une corbeille de fruits pour nous souhaiter la bienvenue, ensuite, de nombreux autres skippers de bateaux à l’ancre dans le lagon sont passés nous saluer et enfin les gendarmes eux-même qui ravis que nous ayons obtenu toutes les autorisations nécessaires avant de partir et accomplis les formalités requises à l’arrivée (15 mois en Nouvelle Zélande çà vous forme à la discipline administrative) nous ont offert une dizaine de pamplemousses de leur arbre. Nous avons passé le reste de la journée à bord de « Tout est là » le magnifique Dynamique 44 de Geneviève à déguster des rororis (pieds de nacres perlières) qu’elle avait délicieusement préparés crus et cuits. Inutile de vous dire que la nuit tombée on s’est effondrés dans notre couchette pour une nuit de plus de 10 heures ! Jean Charles a, lui, un superbe trimaran bleu clair avec une très jolie décoration : Manuia. Ils naviguent ensemble, chacun seul sur son bateau ou ensemble sur l’un des deux.
C’est le week-end Pascal donc pas grand-chose à faire, de plus nous sommes en semi-quarantaine le temps que le bureau de veille sanitaire de Papeete confirme que nous ne sommes pas une menace pour la santé de la population (ce qu’ils ont déjà fait à note départ de Lyttelton). La semi quarantaine consiste à limiter nos déplacements à terre au minimum nécessaire en restant dans le village mais de toute façon, tout est fermé pour le week-end prolongé. En attendant de pouvoir découvrir l’île on récupère petit à petit de la traversée en faisant la lessive, le nettoyage et les milles et un petits travaux listés pendant le voyage.
Lundi on essaie de trouver de l’eau pour faire la lessive. Pour le point d’eau à jeton et la citerne d’eau de pluie de la municipalité il faudra attendre mardi que la mairie ouvre. On trouve finalement de l’eau chez Fritz, un ancien de la légion qui s’est établi ici depuis longtemps et qui aide les plaisanciers. Le midi nous sommes invités à bord du bateau de Daniel et Brigitte, un plan Mauric en alu de 44 pieds. Eux sont arrivés de Panama quelques jours avant nous mais sans autorisation préalable, l’accueil à la gendarmerie a été nettement moins jovial. Au menu rorori cru et cuit et un délicieux flanc au coco comme dessert.
Mardi, la vie reprend dans le village. Raid sur la poste pour acheter une carte SIM et des Francs Pacifique (CFP), passage au dispensaire pour s’inscrire pour la vaccination COVID : ils vaccinent tout les habitants et, dans la mesure des doses disponibles, les plaisanciers de plus de 60 ans. On devrait recevoir la première injection d’ici 3 semaines.
L’argent liquide est un problème sur l’île : pas de distributeur ni de banque. La poste accepte de rendre la monnaie en CFP si on achète des recharges téléphone ou des timbres en payant en Dollars US ou exceptionnellement en Euros. Certains commerçants acceptent aussi de rendre quelques CFP si on paye par carte. Et il y a Titouan qui habite à côté de la Gendarmerie et qui rend quelques services au plaisanciers dont l’achat de CFP contre virement en EUR sur son compte et une modeste commission. On s’adapte…
On est super content d’être ici et aussi très satisfait de notre traversée. Même si elle n’a pas été de tout repos, en passant beaucoup de temps sur l’analyse des gribs et de la météo, on aura réussi à se frayer un chemin entre les dépressions australes et les perturbations tropicales sans rencontrer de vrai mauvais temps ni faire de grands détours et on est arrivé à l’heure pour la marée et la lumière du jour en évitant les grains.
On aurait aimer vous faire profiter des photos de la traversée et de l’arrivée mais voilà, ici pas ou peu d’internet. Il y a bien du WIFI gratuit chez Jojo mais soit le débit est ridiculement faible soit il n’y a pas de connexion du tout. Donc en attendant mieux il va falloir nous contenter de la liaison Iridium et donc d’une seule et toute petite photo par article… On se rattrapera plus tard!

Mangareva nous voilà

Il est 03:03, le jour se lève sur Mangareva à l’instant même ou nous embouquons le chenal de la passe Nord-Ouest. Depuis Lyttelton, nous aurons parcourus 3138 milles en 24 jours et 17 heures. Il nous reste encore 7 milles jusqu’au mouillage de Rikitea.

Jamais contents!

Dans notre post du 31 mars nous montions vers le Nord Est chercher un vent qui devait basculer de l’Est au Nord au passage de la fameuse dépression qui, nous l’avons vu, passera finalement le 2 avril à l’Est des Gambiers pour aller sévir sur Pitcairn. Donc pas de flux de Nord mais du Sud Est virant à l’Est le 4 Avril. Qu’à cela ne tienne notre remontée vers le nord nous a permis de bénéficier d’assez bonnes conditions sur cette journée et d’attaquer ce nouveau système avec un angle favorable sinon confortable (70° du vent). Le seul problème c’est que, depuis jeudi après-midi, les sympathiques cumulonimbus typiques de cette « fabrique à nuage » qu’est l’océan ont été remplacé par d’horribles cumulus à fort développement vertical et à la base noire sombre de menaces. De jeudi soir à vendredi mi- journée nous avons livré bataille à ces monstres dans une ambiance très « pot au noir » mais fort heureusement sans orage ni rafale supérieure à 28 noeuds. Par contre on a pas chômé: quand on passe de 8 a 25 noeuds puis à 4 en moins d’une heure il y a de la manoeuvre! Ah aussi: il y a du avoir un bug dans la distribution des nouveaux gribs à tous les cumulus: si le vent qu’ils généraient, tournaient bien toujours dans le sens des aiguilles d’une montre (hémisphère Sud oblige)mais sous certains il venait déjà du Sud Est quand sous d’autres il était carrément au nord ce qui nous a permis plusieurs fois de faire le même cap sous les deux amures à quelques milles de distance. Une fois cette zone de transition négociée, les conditions se sont stabilisées et on a pu faire route vent de travers à plus de 7 noeuds jusqu’au soir moyennant quelques ajustements de voilure qui nous on vu finir la journée avec la trinquette et 1 ris dans la grand voile toujours à la même vitesse.
Mais voilà il y a vite, trop vite et pas assez vite. Si les conditions restent optimum jusqu’au bout on pourrait arriver à l’entré de la passe extérieure ( qui est encore à 7 milles de la passe intérieure qui mène au mouillage) Samedi 3 Avril vers 16 heures (soit Vendredi 2/4 18 heures heures locale: les horloges du bord sont toujours à l’heure kiwi) soit juste à la tombée de la nuit et rappelez vous qu’ici sous les tropiques quand la nuit tombe elle tombe: en 3/4 d’heure on passe du plein jour au noir le plus total surtout que le ciel est couvert et que la lune ne se lèvera qu’en fin de nuit, le dernier quartier. La passe d’accès au mouillage de Rikitéa n’est, certes, pas très difficile mais elle serpente entre les récifs et nous avons peu de détails sur le mouillage proprement dit. La prudence recommande donc d’arriver de jour.
Gagner 2 ou 3 heures sur l’ETA calculée supposerait de marcher 10% plus vite sur tout le reste du parcours ce qui semble très improbable vu qu’on est déjà à 100% presque tout le temps et qu’on va immanquablement rencontrer des « molles ». Il faut donc se résoudre à ralentir et éventuellement attendre en tirant des bords ou en se mettant à la cape au large de l’archipel si on est encore trop tôt. Le jour se lève vers 04:00 kiwi (06:00 locale), il n’y aura donc pas trop à attendre et la marée sera favorable pour franchir les passes.
Malgré tout (ralentir n’est pas dans nos habitudes) l’équipage garde bon moral. On essaie de se reposer au maximum pour être en forme pour la dernière nuit et l’atterrissage. La fatigue accumulée sur ces dernières semaines commence à se faire sérieusement sentir, on pense à ce que doivent ressentir les marins du Vendée Globe en course sur des bateaux beaucoup plus durs et pendant 3 mois contre 24 jours et seulement la moitié du Pacifique pour nous!
Quand on passe un peu de temps ensemble, sous la véranda, entre les quarts et les siestes,l’ambiance est plutôt nostalgique. On évoque souvent ces 14 mois inoubliables passés en Nouvelle Zélande, tous les amis qu’on y a laissé et les paysages magnifiques dont on a encore plein les yeux. Mais aussi la France et le vieux continent, la famille et les amis très chers qu’on a pas vu depuis si longtemps. Et puis il y a les souvenirs plus lointain, l’enfance et tout ce qu’on a vécu depuis…Vous voulez que je vous dise: il est grand temps qu’on arrive!

Poissons d’avril

Le Chef de l’Etat (la news ne dit pas du quel…) a déclaré que, pour limiter la propagation du virus dans les voyages inter continentaux, le seul moyen de transport autorisé sera desormais le voilier (à l’exception des foilers). Pas bête, après plus de 20 jours de traversée les risques de contagion sont quand même limités.
Photo: Comme tous les matins depuis que nous avons franchis la latitude 30 Sud, nous ramassons les poissons volants qui ont atterri sur le pont pendant la nuit. Il y en avait un cinquième un peu plus gros mais je l’ai entendu frapper le pare-brise de la verranda et j’ai pu le remettre à l’eau avant qu’il ne perde conscience..

Depressions

La perturbation que nous suivions sur les gribs depuis quelques jours est maintenant clairement identifié sur la carte facsimilé de la NOAA Hawaï. En fait une depression qui se dirige vers Pitcairn ou elle devrait générer un bon coup de vent. Et il y en a une deuxième quasi stationnaire sur les Tuamotus. Il nous reste encore 300 milles à faire avant d’arriver. On devrait pouvoir se glisser entre les deux.
Sinon, la nuit a été bonne, on avance plutôt bien, on a même dû prendre un ris pour quelques heures. Ce matin il fait gris et l’air est chargé d’humidité. Sacré tropique!