Je vous entend d’ici chers lecteurs: « pas un seul article depuis prés de 15 jours, pas une seule photo pourtant se doit être beau là ou vous êtes, et quand on regarde le tracking vous n’avez pas bougé depuis votre arrivée. Vous nous aviez habitué à mieux, Que se passe-t-il? »
Bon, je vous l’accorde, nous avons été pris d’une certaine langueur tropicale, çà ne fait aucun doute. Fatigue accumulée pendant la traversée, lente adaptation à la température les raisons sont nombreuses. En plus, côté publication nous redécouvrons les limitations du monde pré-4G/WIFI haut débit. Ici internet est quasi inexistant est quand il est là, carrément anémique. Le seul moyen de publier reste l’Iridium, pour les photos il faudra donc attendre le futur plus ou moins lointain ou nous nous téléporterons dans un monde connecté.
Ceci dit, nous avons, en fait, été très occupés. Une fois la première dose de vaccin reçue et les petits travaux et réparations terminés nous aurions pu partir explorer les autres îlots de l’atoll. Mais comme on avait commandé par l’intermédiaire de Daniel, qui avait regroupé les commandes de plusieurs plaisanciers, un fut de gasoil qui devait arriver le 20 avril par la goélette (nom local du cargo Taporo VIII qui dessert l’île une fois par mois – ici il n’y a pas de station service le carburant doit être commandé par fût de 200 litres directement à Papeete) on a préféré attendre et d’ailleurs on avait encore rien vu de Mangaréva. Alors, on s’y est mis et croyez-moi çà vaut le coup.
Mangaréva est une île magnifique, sommets escarpés et plaines côtières fertiles ou poussent toute sortes de fruits le tout protégé des furies de l’océan par une barrière de corail. Il y a de quoi explorer pendant des semaines et, c’est promis, dés que possible on vous racontera et on vous montrera les plus belles photos comme celles de la rando au sommet du Mokoto.
Mais plus que ces paysages magnifiques, Mangaréva c’est avant tout la gentillesse infinie de ses habitants. Tous les gens que nous croisons dans la rue ou sur les chemins sont souriants et disent bonjour spontanément, la côte est un peu dure et nous avons sans doute l’air de peiner un peu, un automobiliste s’arrête et nous fait monter à l’arrière de son pickup, ailleurs c’est Léon qui nous donne des fruits des ses arbres à pain et des nonis en nous expliquant comment les préparer ou encore Tonicourou qui envoie son fils nous cueillir d’énormes avocats. Et puis, il y a cette famille qui habite en face des ruines du couvent de Rorou à qui nous avions demandé ou on pouvait trouver des fruits à vendre: non seulement ils nous on spontanément donné des bananes et des mangues délicieuses mais en plus un succulent gâteau à la banane qui sortait du four et comme nous avions l’air assoiffés un grand verre de jus de pamplemousse tout frais pressé.
Enfin il y a Tetou et Murielle. Ils habitent une jolie maison à mi-côte juste au-dessus du village. A l’entrée une pancarte: Laboratoire Géodésique de Polynésie: Tetou, assure la surveillance et l’entretien des appareils qui enregistrent l’activité sismique dans ce coin du Pacifique (du Chili à la NouvelleZélande). Mais ce n’est pas sa seule activité, il est aussi responsable de l’église protestante Maori pour l’archipel, tâche dont il s’acquitte jovialement avec un esprit d’ouverture et de bon sens qui manque tant à la plupart des cultes. Tous les deux ont aussi travaillé au greffage des perles (on avait oublié de vous dire que la perle est l’activité principale de l’île). Mais leur occupation principale à tous les deux c’est leur jardin, immense et magnifique, patiemment défriché et planté de tout ce qui peut pousser ici. Cocotiers, pamplemoussiers, citronniers, bananiers, arbres à pain, manguiers, lichees, corossols, piments, papayés. Les fruitiers côtoient les plantes ornementales et les plate-bandes de légumes le tout parfaitement entretenu sans désherbant ni produit chimique d’aucune sorte. Ils nous ont bien sûr offert papayes, bananes, aubergines, et même un corosol et un ananas. Tetou nous a préparé sa fameuse lotion à base de piments oiseaux efficace contre toute douleur musculaire ou articulaire. Ils sont venus à bord dimanche et nous avons passé l’après-midi à échanger sur des sujets aussi variés que l’apiculture (Tetou et Murielle viennent de s’y mettre), le greffage des nacres perlière, les graines germées ou les légendes Polynésiennes. Des gens adorables, ouverts sur tout et tellement interessants!
Une nouvelle preuve, s’il en fallait, que voyager c’est avant tout faire des rencontres. A suivre…