Dans notre post du 31 mars nous montions vers le Nord Est chercher un vent qui devait basculer de l’Est au Nord au passage de la fameuse dépression qui, nous l’avons vu, passera finalement le 2 avril à l’Est des Gambiers pour aller sévir sur Pitcairn. Donc pas de flux de Nord mais du Sud Est virant à l’Est le 4 Avril. Qu’à cela ne tienne notre remontée vers le nord nous a permis de bénéficier d’assez bonnes conditions sur cette journée et d’attaquer ce nouveau système avec un angle favorable sinon confortable (70° du vent). Le seul problème c’est que, depuis jeudi après-midi, les sympathiques cumulonimbus typiques de cette « fabrique à nuage » qu’est l’océan ont été remplacé par d’horribles cumulus à fort développement vertical et à la base noire sombre de menaces. De jeudi soir à vendredi mi- journée nous avons livré bataille à ces monstres dans une ambiance très « pot au noir » mais fort heureusement sans orage ni rafale supérieure à 28 noeuds. Par contre on a pas chômé: quand on passe de 8 a 25 noeuds puis à 4 en moins d’une heure il y a de la manoeuvre! Ah aussi: il y a du avoir un bug dans la distribution des nouveaux gribs à tous les cumulus: si le vent qu’ils généraient, tournaient bien toujours dans le sens des aiguilles d’une montre (hémisphère Sud oblige)mais sous certains il venait déjà du Sud Est quand sous d’autres il était carrément au nord ce qui nous a permis plusieurs fois de faire le même cap sous les deux amures à quelques milles de distance. Une fois cette zone de transition négociée, les conditions se sont stabilisées et on a pu faire route vent de travers à plus de 7 noeuds jusqu’au soir moyennant quelques ajustements de voilure qui nous on vu finir la journée avec la trinquette et 1 ris dans la grand voile toujours à la même vitesse.
Mais voilà il y a vite, trop vite et pas assez vite. Si les conditions restent optimum jusqu’au bout on pourrait arriver à l’entré de la passe extérieure ( qui est encore à 7 milles de la passe intérieure qui mène au mouillage) Samedi 3 Avril vers 16 heures (soit Vendredi 2/4 18 heures heures locale: les horloges du bord sont toujours à l’heure kiwi) soit juste à la tombée de la nuit et rappelez vous qu’ici sous les tropiques quand la nuit tombe elle tombe: en 3/4 d’heure on passe du plein jour au noir le plus total surtout que le ciel est couvert et que la lune ne se lèvera qu’en fin de nuit, le dernier quartier. La passe d’accès au mouillage de Rikitéa n’est, certes, pas très difficile mais elle serpente entre les récifs et nous avons peu de détails sur le mouillage proprement dit. La prudence recommande donc d’arriver de jour.
Gagner 2 ou 3 heures sur l’ETA calculée supposerait de marcher 10% plus vite sur tout le reste du parcours ce qui semble très improbable vu qu’on est déjà à 100% presque tout le temps et qu’on va immanquablement rencontrer des « molles ». Il faut donc se résoudre à ralentir et éventuellement attendre en tirant des bords ou en se mettant à la cape au large de l’archipel si on est encore trop tôt. Le jour se lève vers 04:00 kiwi (06:00 locale), il n’y aura donc pas trop à attendre et la marée sera favorable pour franchir les passes.
Malgré tout (ralentir n’est pas dans nos habitudes) l’équipage garde bon moral. On essaie de se reposer au maximum pour être en forme pour la dernière nuit et l’atterrissage. La fatigue accumulée sur ces dernières semaines commence à se faire sérieusement sentir, on pense à ce que doivent ressentir les marins du Vendée Globe en course sur des bateaux beaucoup plus durs et pendant 3 mois contre 24 jours et seulement la moitié du Pacifique pour nous!
Quand on passe un peu de temps ensemble, sous la véranda, entre les quarts et les siestes,l’ambiance est plutôt nostalgique. On évoque souvent ces 14 mois inoubliables passés en Nouvelle Zélande, tous les amis qu’on y a laissé et les paysages magnifiques dont on a encore plein les yeux. Mais aussi la France et le vieux continent, la famille et les amis très chers qu’on a pas vu depuis si longtemps. Et puis il y a les souvenirs plus lointain, l’enfance et tout ce qu’on a vécu depuis…Vous voulez que je vous dise: il est grand temps qu’on arrive!
Jamais contents!
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