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Week-end à Soop

Jeudi 13 janvier 2022 , très court arrêt à Tampa Garam pour aller déposer nos passeports à l’immigration. Encore! me direz vous. Eh oui! Nos visas initiaux étaient valables 2 mois du 23/10/2021 au 23/12/2021 mais depuis cette date, nous devons les renouveler tous les mois. C’est assez astreignant pour ne pas dire carrément pénible d’abord il ne faut pas rater la date (minimum 3 jours ouvrables avant l’expiration)au risque d’avoir une amende à payer il faut aller en personne à l’immigration faire la demande de renouvellement et revenir 3 jours ouvrable plus tard pour récupérer les passeport estampillés avec le nouveau visas et bien sûr pendant ces 3 jours ils gardent nos passeports, on ne peut donc pas s’éloigner de Sorong. Par contre la demande de renouvellement peut être faite à partir de 10 jours avant l’expiration ce qui nous permet de gagner un peu de temps pour la fois prochaine .
Domi avait prévu de mettre le bateau hors de l’eau à Helena Marina dans la rivière au sud-ouest de la ville la semaine prochaine pour changer les anodes et refaire la sous marine sur l’embase et l’hélice. Mais après discussion avec Wick et son chef de chantier, il s’avère que leur engin de remontée n’est pas adapté à un monocoque avec plus de 2 mètres de tirant d’eau surtout que les marées sont très faibles en cette période. Mauvaise nouvelle mais on va se débrouiller Domi bricolera quelque chose en plongée pour retenir l’anode. Et on verra le reste à Lombok quand on y arrivera en mars ou avril. On ne va pas changer nos plans pour çà, on a eu assez de mal à se construire un itinéraire qui nous motive à travers l’Indonésie.


Mais de toute façon on est bien obligés de rester dans le coin encore pour quelques jours: on doit encore attendre nos passeports et la livraison de nos nouveaux panneaux solaires. Nous allons donc passer le weekend à Soop une petite île tranquille pas très loin de Sorong . Le Mouillage devant le chantier de construction de barques traditionnelles devrait être bien abrité du vent prévu et c’est gratuit…


Le chantier est sur une belle plage et nous sommes mouillés dans une grande piscine d’eau claire et en dépit de la proximité de la grande ville. Les récifs de corail qui nous entourent à l’est et à l’ouest sont beaux et sont accessibles à la nage directement depuis le bateau . Samedi, après avoir installé un brelage maison pour immobiliser l’anode du sail drive (le narguilé c’est quand même super pratique) nous allons à terre voir les charpentiers à l’oeuvre sur une nouvelle embarcation. Ils nous accueillent les bras ouverts. Leurs seuls outils semblent être une tronçonneuse et un rabot électrique . La plage qui de loin paraissait idyllique avec son sable blanc et ses cocotiers est en fait un horrible dépotoir couvert de monceaux de déchets plastiques rejetés par la mer. Nous avons beau être dans le pays depuis trois mois et en avoir déjà vu pas mal, nous n’arrivons toujours pas à nous y faire: comment peut-on polluer autant? Un des charpentiers nous fait passer sur des planches pour atteindre l’autre plage où des familles pique nique .

Les enfants sont heureux, c’est le week-end ils jouent et se baignent en riant. En suivant le bord de mer sur quelques centaines de mètres nous atteignons le premier village.

Une rue large et toute droite avec de chaque côté de petites maisons dont beaucoup sont construites en dur, chacune au milieu d’une grande cour. C’est un village de pêcheur sans doute très pauvre mais ici tout est propre , la rue et les cours sont bien balayées, aucun déchet ne traine par terre. Au milieu du village il y a bien sûr l’église, ici, elle est Luthérienne.

. Pour atteindre le deuxième village il faut passer devant le cimetière , chaque tombe à son petit toit de taule et bien peint de couleur bleu turquoise.

100 mètre plus loin on arrive dans le deuxième village de l’île. D’apparence encore plus modeste mais toujours propre. Ce qui différencie les deux villages c’est la religion: on a pas pu tout déchiffrer mais il semblerait que l’église catholique aient été convertie au culte musulman…


Le soir Matin, qui habite une cabane sur la plage vient nous voir dans sa petite pirogue pour admirer notre bateau , il parle un peu anglais et on lui a dit que notre bateau est lui aussi en bois .


Le week-end est fini , et à 8:00 lundi matin nous nous amarrons une dernière fois à Tampa Garam pour une semaine marathon. Au menu: plein de gaz oil, de gaz et de nourriture, vidange moteur /inverseur et changement des filtres, montage des nouveaux panneaux solaires (qui sont arrivés entre temps, c’est la bonne nouvelle de la semaine), remontage des anciens à un nouvel emplacement, lessive et grand nettoyage sans oublier bien sûr d’aller récupérer nos passeports. On trouvera quand même le temps pour un bon repas à notre restaurant favori.
Dès que tout çà est fini on se barre!

Rajah Ampat çà continue!

Mercredi nous avons levé l’ancre pour aller mouiller dans une anse profonde sur la façade Nord Est de Kawe à une dizaine de mille pratiquement sur l’équateur. Toute la région de Rajah Ampat est truffée d’îles et d’îlots mais il n’est pas pour autant facile de mouiller, à moins de 100 mètres de la côte on trouve souvent des fonds de plus de 30 mètres et plus près, les coraux empêchent d’approcher. Domi passe beaucoup de temps tous les jours sur ses deux ordinateurs à la recherche de mouillages sympas et abrité de ces vents imprévisibles à l’aide de photos satellites téléchargées et des blogs et guides compilés par voileux qui nous ont précédés dans ces eaux peu connues et mal cartographiées.


Si les îles sont splendides les fonds sous-marins valent aussi la peine , et dés que le bateau est amarré nous enfilons notre tenu de bain, nos palmes et masques et nous passons le reste de la journée sous l’eau à nous émerveiller devant cet aquarium gigantesque.


Jeudi nous franchissons le détroit de Bougainville pour pénétrer dans le dédale de la baie d’Entrecasteau (qui portent aussi des noms locaux mais pour une fois qu’il y a des noms français sur la carte on va pas se priver: cocorico!).

On trouve une anse bien protégée entourée de mangrove pour la nuit. Vendredi on ressort par le bras ouest le paysage est grandiose entouré de rives abruptes avec une allure de fjord ou de ria. La baie est encombrée par une très grande ferme perlière mais un large chenal est aménagé au milieu.

A la sortie, juste avant le village de Selpele on aperçois une baleine qui effleure la surface avant de regagner la profondeur. Nous passerons l’après-midi et la nuit dans une baie de rêve sur le nord de la côte ouest de Batang Pele, profonde d’une quinzaine de mètres et parfaitement protégée de tous les vent. On nage avec les poissons sur le récif de la sortie et avant la nuit, des jeunes en pirogue viennent nous vendre des noix de coco qu’ils viennent de cueillir: juste à l’heure pour l’apéro.

Etape suivante passage entre Yagafo et Gam, nous y sommes déjà passé plusieurs fois mais cette fois nous nous y arrêtons. La passe est réputée pour ses eaux claires et ses fonds magnifiques. Mais la crique est étroite et profonde. On ancre au milieu dans 28 mètres avec la totalité de nos 70 m de chaîne et deux haussières à terre dans la mangrove l’une au nord et l’autre au nord ouest (çà nos rappelle nos mouillages Patagons) . Avec çà on devrait être prêt à tout surtout que la météo ne prévoit qu’un vent de nord très faible.

L’après midi plongée snorkeling dans la passe on l’on croise les plongeurs d’un « live aboard » de passage. Les fonds sont magnifiques et l’eau d’une clartés surprenantes. Nous nageons pendant plusieurs minutes avec une tortue qui nous remarque à peine. La nuit est calme et étoilée par contre le matin le ciel est gris, chargé de pluie. Nous partons quand même pour une autre plongée. Au retour surprise et inquiétude: nos amarres arrières sont complètement distendues. Le vent à tourné au sud est, la seule direction ou la forêt est à plus de 50 mètres et même s’il ne dépasse pas les 10 ou 15 noeuds, l’ancre semble avoir dérapée . Nous décidons de partir tout de suite , détachons et enroulons nos haussières et remontons l’ancre. Le guideau peine à remonter les derniers mètres (normalement les moins difficiles) mais l’ancre apparait enfin. J’embraye la marche avant et me dirige vers la sortie mais au bout de quelques mètres, silence complet, le moteur a calé et la manette est bloquée. Et là, derrière le bateau on voit apparaître une immense bâche… Pas de panique, l’annexe est encore à l’eau, on re-déroule rapidement une haussière à terre de chaque côté de l’anse pour sécuriser le bateau (pratique les 200m de dyneema sur enrouleur!). Domi enfile ses palmes et son masque et plonge. Le verdict tombe : l’ancre a remonté du fond de l’eau une bâche en maille (du type utilisé pour recouvrir les toits en chaume – il y a justement 3 gites en construction on fond de la baie) ce qui explique aussi qu’on est dérapé, l’ancre étant prise dans la bâche et non dans le sable du fond. Celle-ci a été ensuite happée par l’hélice et au bout de quelques tours a bloqué l’inverseur et calé le moteur. Un bon couteau à pain pour la retirer et un quart d’heure plus tard le moteur redémarrait et rien ne semblait avoir souffert. Plus de peur que de mal! De là nous allons de nouveau mouiller à Besir, sans surprise on connait bien!

Lundi 10 janvier, celà fait déjà 12 jours que nous sommes partis et les vivres frais sont épuisés surtout que la température ne nous aide pas pour conserver les fruits et légumes et du côté protéines comme nous n’avons pas de congélateur il ne nous reste plus que quelques oeufs et des boîtes de conserve. Nous allons nous ravitailler à Waisai.

Même par vent de nord le mouillage n’est pas des plus confortable notamment à cause des barques qui la sillonnent en permanence mais le marché est tout proche, juste à l’entrée de la rivière sur la rive gauche. Par contre, si vous avez peur d’attraper des maladies autres que le COVID évitez de vous y aventurer.

La face arrière du marché qui donne sur la rivière est définitivement d’une saleté immonde. Nous arrivons tant bien que mal à accéder au quai et à débarquer. Une fois dans le marché c’est comme partout: des petits commerçants vous vendent pour quelques dizaines de milliers de roupies bananes, haricots, tomates papaye, poissons, toffu (prélevé à la main par la marchande dans un seau de 20 litres à même la rue…

heureusement qu’on l’aime bien cuit) bref, tout ce dont nous avions besoin en un temps record. Sur le quai c’est un embouteillage de longues barques et la mer a baissée, notre annexe est complètement à l’extérieur et il n’y a presque plus d’eau. On a pas trop envie de patauger dans cette vase dégoutante. Un jeune homme nous aide à atteindre notre annexe. Nous n’avons pas été plus loin dans cette ville qui au dires des navigateurs qui y sont passés ne serait pas désagréable.


Peu avant le couché du soleil, Domi était sur l’ordi travaillant sur les prochaines destinations quand il aperçoit l’ombre d’une bête genre grosse araignée qui se faufilait vers la cuisine? Panique à bord , dans mes recherches sur les animaux de la région j’avais vu qu’il pouvait y avoir des tarentules et je ne me voyais pas vraiment, moi qui a horreur de ces bêtes là, lui courant après à quatre pattes sous la cuisine. Au matin Domi trouve enfin le coupable c’était un tout petit crabe arrivé là, on ne sait comment, qui se déplaçait sur le bord de la descente, le soleil bas sur l’horizon à ce moment là avait projeté son ombre très agrandie sur le plancher de la cuisine. Ouf! Comme quoi il n’y a pas que les gamins qui ont peur des ombres chinoises.

Mardi, on repart cap pour aller voir la pointe Est de l’ile de Waigo et l’on fini par deux mouillages un peu rouleur sur la pointe est. Mais il est déjà temps de rentrer à Sorong pour renouveler à nouveau nos visas. Nous disons adieux au parc de Rajah Ampat, c’est un endroit extraordinaire mais il le serait encore plus si le pays se donnait les moyens d’éliminer ses déchets plastiques et se dotait d’une vrai politique environnementale. En retraversant le détroit de Dampier au moteur nous sommes poursuivi par un très gros orage. Nous arrivons tout juste à la marina de Tampa Garam avant que le vent ne se déchaine, heureusement que le marin du gros cata Américain était là pour prendre nos haussières avec son zodiac! Merci à lui!

On aura passé quinze jours vraiment fantastiques dans ces paysages extraordinaires!

Wayag 2, le retour

Mardi 28 décembre, fin de matinée, après deux heures d’attente aux bureaux de l’immigration, nous avons enfin nos visas. On est de nouveau en règle jusqu’au 23 janvier. Pour arroser ça nous avons repéré dans le quartier un restaurant dont la devanture ne paye pas de mine mais dont l’intérieur est un patio avec fontaine tout à fait à notre goût au menu, poisson grillé et nouilles sautées c’est délicieux et pas cher du tout.

Delà on repasse par notre quartier favori pour aller au marché frais compléter nos approvisionnements pour les 15 prochains jours. En plus des fruits et légumes habituels, on trouve du tolu et des dattes fraîches.


Mercredi nous attendons la marée avec impatience pour sortir du bassin de Tampa Garam. Il est 13:30 quand la hauteur est suffisante, nous avons juste le temps d’aller jusqu’à Batanta pour y passer la nuit. Là nous y retrouvons le calme et la vie en pleine nature. De là, nous allons jusqu’à Pef où nous passerons notre soirée de réveillon, cette année encore, seuls devant une magnifique plage déserte. Pas de folie au menu car on veut repartir de bonne heure demain matin et malheureusement il n’y a aucune couverture internet donc pas de possibilité de contacter la famille ou les amis aux 12ème coup de minuit. On est donc au lit de bonne heure mais nous en somme tiré vers minuit par le bruit des pétards tirés du village à l’autre bout de la plage et nous avons droit au feu artifice papou qui part de tous les côtés.


Notre but est bien sûr Wayag, la perle de Rajah Ampat juste de l’autre côté de l’équateur.

Quand nous y étions passés en Novembre, nous avions dû rentrer précipitamment après seulement une nuit mais le peu que nous en avions vu nous avait laissé sur notre faim. Cette fois-ci, nous avons bien l’intention d’y rester plusieurs jours et de l’explorer comme il se doit ce paysage magnifique et si dépaysant. Cette fois-ci , quand nous arrivons, nous ne sommes pas seul. Il y a une grosse goélette charter et un yacht à l’entrée mais tous deux semblent se préparer à partir. On aperçoit aussi une ou deux petites vedettes de touristes qui circulent et il y a quatre voiliers ancrés dans la grande baie du fond. Par contre notre petit crique devant la plage est libre et au bout de deux jours le dernier voilier est parti et nous nous sommes retrouvés seuls. Etaient-ils venus la seulement pour réveillonner ou ont-ils été découragés par le temps pluvieux… On savait qu’il pleuvait beaucoup dans la région mais en ce jour de l’an, c’est vraiment le déluge. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, nos réservoirs sont pleins et on a assez d’eau dans nos seaux, bassines et jerrycans pour prendre des douches trois fois par jour et faire plusieurs grandes lessives. Pas besoins de Karcher, le pont est astiqué et rincé à grande eau. Domi prétend se rappeler d’un vieux proverbe (à moins qu’il ne l’ai inventé…) qui dirait « Nouvel an pluvieux: 100 ans de bonheur pour les vieux » si c’est vrai alors là on devrait être vraiment gâtés!


Après la pluie le beau temps et dès dimanche, nous pouvons gonfler le kayak pour aller explorer les méandres de ce plan d’eau étonnant en nous faufilant entre ses milles et un pains de sucre.

On a vraiment l’impression d’être sur une autre planète complètement hors du temps, impression renforcée par le fait que nous sommes les seuls humains présents. Les formes si particulières de ces îlots vient de leur nature karstique qui aurait ici été amplifiée par ses immersions au fond de l’océan et remontées successives au gré de la tectonique des plaques (s’il y a des géologues parmi vous n’hésitez pas à nous envoyer vos théories, moi j’ai pas tout compris). La pêche étant strictement interdite, les eaux sont très poissonneuses surtout au tour des massifs de corail partout très nombreux. Elles sont aussi très claires mais un peu verdâtre du fait de la végétation abondante.


Notre ami Anglais Peter était monté au sommet de l’îlot le plus proche de l’entrée et nous avait dit que la vue de là haut valait vraiment la peine. Aussi, mardi après midi, comme il faisait beau, on est partis pour faire la grimpette à notre tour. Mais il avait oublié de nous dire que certaine parties de la montée sont tellement raides et ravinées qu’elles nécessitent des qualités d’alpinistes (peut-être le sentier avait-il aussi été détérioré par les pluies diluviennes depuis son passage). A peine au pied de la paroi, j’ai renoncé à monter et j’ai laissé Domi partir avec l’appareil photo et le téléphone (on avait déjà photographié la plage en long et en large).

Tant pis pour la vue mais ce n’est pas grave, j’adore flâner sur la plage pour dénicher de jolis coquillages et aussi faire un peu de ménage car même au coeur de cet espace protégé, les déchets plastiques rejetés par la mer sont omniprésents. J’étais dos à la mer et je regardais la forêt lorsque soudain, à trois mètres de moi, un gros, mais très gros lézard était en arrêt et me regardait. Je me maudit aussitôt de n’avoir pas gardé au moins le téléphone j’aurai pu vous montrer une photo de ce monstre que nous identifierons plus tard comme étant un magnifique varan de Gould.

Photo d’un varan de Gould, identique à celui que j’ai croisé, empruntée sur Wikipedia. Merci à son auteur!

Sur le moment je n’ai pas eu peur et même je me suis approchée tout en respectant une bonne distance entre lui et moi mais si j’avais lu ce que l’on en disait de cette bête sur internet j’aurai sans doute pris mes jambes à mon cou. Ceci dit je préfère encore me trouver en compagnie de cette charmante bestiole à la langue fourchue plutôt que d’un de ces reptiles encore beaucoup plus gros à la mâchoire puissante et aux dents acérées qui parait-il fréquentent les eaux du parc.

Après s’être regardé dans les yeux un moment, chacun a finalement repris ses occupations lui s’est enfoncé dans la forêt et moi je suis retournée à mes coquillages non sans garder un œil dans sa direction. Domi aurait bien aimé lui aussi faire sa connaissance surtout qu’il n’a pas pu aller jusqu’en haut, la fin du parcours était trop abrupte et glissante pour lui.

Notre exploration de Rajah Ampat continue dans l’article suivant..