Côte Nord et Ouest de Vanua Levu et retour à Savu Savu

Lundi 23 août 2021. La météo pour les prochaines 24 heures est idéale pour aller explorer la côte nord et ouest de Vanua levu. Nous quittons donc Naqaiqai en fin de matinée et après une pause baignade et déjeuner à notre mouillage favori de Kioa nous partons pour une étape de 80 milles qui va nous faire contourner la pointe Nord Est de l’île en début de nuit et rentrer à l’intérieur de la barrière de corail par la passe de Sausau au matin avec la marée. Inutile donc de nous presser et dans un vent d’est d’une quinzaine de nœuds nous contentons du foc seul pour nous propulser sur cette mer bien calme. Nous ne hisserons la grand voile qu’une fois doublé la pointe Udu.

Au levé du jour, nous longeons le récif à quelques milles de la passe mais en l’absence de houle et étant sous le vent rien ne permet de voir cette barrière. La passe est large et profonde mais n’est pas balisée et là encore, sans le ressac, à part une légère différence de couleur de l’eau sur les bords rien ne permet bien voir les haut-fonds. Pas d’autre solution que de faire confiance à la cartographie (vectorielle et satellite, nous y reviendrons). Ce qui frappe quand on découvre cette côte c’est le côté aride des montagnes en arrière plan qui contraste avec la végétation luxuriante de la côte Sud et Est de l’île.

Nous essayons un premier mouillage devant la plage de cocotiers juste en face de la place mais les rafales contournant la colline des 2 côtés et le fond parsemé de nombreuses patates de corail nous pousse à chercher un meilleur abri. Nous essayons un peu plus à l’est dans la baie de l’île Tutu mais les collines élevées créent un couloir d’accélération ou les rafales atteignent 28 noeuds.

Nous allons donc chercher notre bonheur de l’autre côté et jetons notre dévolu sur la mangrove qui forme un plan d’eau presque fermé à l’Est de l’île Tivi. Abri parfait fonds de 6 mètres (çà fait plaisir de ne pas avoir à mettre des km de chaîne) et paysage attrayant mais bien sûr c’est une mangrove et l’eau n’a pas la limpidité des lagons bleus. D’ailleurs, c’est un peu le cas de tout le lagon entre la côte de Vanua Levu proprement dite et le Cakau Levu Reef (le grand récif barrière qui entoure cette côte de l’île): l’eau n’est jamais vraiment limpide ce qui rend la détection visuelle des récifs assez difficile depuis le pont du bateau. Le long des chenaux principaux la cartographie est plutôt exacte mis à part que la plupart des marques n’existent plus ou sont réduites à des trognons invisibles à marée haute (sans doute une conséquence du cyclone Yasa qui à ravagé l(île en décembre dernier.) Par contre une fois sorti des chenaux marqués les cartes deviennent très approximatives et parfois carrément fausses. Avant de quitter Savusavu nous avions donc téléchargé et géoréférencée des images satellite que nous utilisons dans un logiciel de navigation (Ozie Explorer). Ces images permettent une très bonne vision du fond jusqu’à une dizaine de mètre, de se situer très précisément par rapport aux écueils et de choisir les meilleurs mouillages. Bonne nouvelle, en dehors des récifs et autre patates de corail, les fonds en général de sable vasards et très plats.

Double navigation: cartographie Cmap sur TimeZero et image satellite sur OzieExplorer

Les jours suivants, nous avançons doucement vers l’ouest en saut de 10 à 30 milles par jour de façon à ne pas devoir partir trop tôt, pouvoir naviguer doucement sous foc seul (le vent est portant entre 15 et 20 noeuds: on a déjà assez de cheveux blancs: pas la peine de se faire peur en zigzaguant à 8 noeud entre les récifs) et surtout arriver bien avant le coucher du soleil au cas ou il faudrait « essayer » plusieurs baies avant de trouver celles où nous passeront la nuit (çà nous arrivera plusieurs fois).

Nous n’irons pas à terre de tout le parcours. Tous les soirs nous serons ancrés dans un mouillage abrité et un paysage grandiose mais les mangroves interdisent la plupart du temps l’accès à terre et là ou il y a une plage ou un accès, il y a en général un village dont des habitants viennent nous voir pour nous dire: « il n’y aurait pas eu la COVID on aurait été ravis de vous faire visiter notre village… » mais ils restent quand même adorables et généreux comme seuls les fidjiens savent l’être et n’hésitent pas à partager avec nous le peu qu’ils ont comme ici à Culavesi ses délicieux poissons ou à Galoa ces fougères comestibles.

Cette côte est très peu fréquentée, il y bien sûr toujours quelques barques de pêche aux environs des villages et il y a le terminal sucrier de Malau (Labasa) qui se limite à quelques cargos par mois. Côté plaisancier nous ne verrons personne à part un bateau échoué (apparemment depuis pas mal de temps déjà) du côté de Vatudamu et un catamaran de 54 pieds venant de l’ouest que nous croiserons devant Raviravi. Et puis le dernier jour peu avant de doubler Cocoanut Point nous croiserons un patrouilleur de la marine. En 10 jours, çà ne fait pas beaucoup…

Plus on avance vers le Sud Ouest plus la côte semble aride et desséchée. Cet état de chose est visiblement accentué par les feux, qu’ils soient utilisés pour défricher des terrains en vue de leur mise en pâture ou en culture ou encore, c’est le cas le plus fréquent, pour déchaumer les champs de canne à sucre après la récolte. Par endroit, il y tellement de feux que la fumée masque le paysage. C’est certes une méthode d’agriculture traditionnelle mais on peut se poser la question de l’impact environnemental sur les sols et l’atmosphère.

Notre dernier mouillage se fera à Bua Bay, une immense baie peu profonde bien abritée de la mer mais pas du vent. Le lendemain 30 août, nous décollons à six heures. Il y a peu de mouillages abrités le long de cette partie de la côte aussi voudrions nous arriver à Savusavu avant la nuit. Les conditions sont parfaites avec 10 à 15 de vent d’ESE et une mer plate, les bascules de vent nous permettent d’atteindre la passe de Nasonisoni avant 13:00 en tirant un minimum de bords. La passe est assez impressionnante, comme une fente rectiligne taillée dans le récif. C’est un sacré raccourci qui évite de faire le tour par l’extérieur de Namena Reef. Puis c’est un bord d’une vingtaine de milles légèrement débridé qui nous amène à Savuavu à 16:30 à temps pour que Billy, le responsable de la marina nous attribue une place au ponton et vienne prendre nos amarres avant de rentrer chez lui.

La journée se termine par un délicieux crabe local, une belle bête de 1,5 kg. Le nom local « Mud Crab » littéralement crabe de boue n’est pas très engageant. Ce n’est pas un dormeur comme nous appelons les tourteaux en Bretagne mais çà y ressemble et on s’est bien régalés.

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