Archives mensuelles : octobre 2023

Hydra

Habitée au moins depuis l’époque mycénienne, cette île aride et escarpée resta longtemps en marge de la mythologie et de l’histoire. Désertée pendant le moyen âge à cause des attaques de pirates elle fut repeuplée par des réfugiés albanais (Arvanites) au XVIème siècle. Son histoire maritime commençe XVIIème siècle par le développement d’une flotte marchande qui lui permit de commercer avec l’Orient, la Mer Noire et l’Occident pour atteindre son apogée sur la deuxième moitiè du XVIIIème et le tout début du XIXème. On raconte même que pendant la révolution française et l’empire ses navires livrèrent des cargaisons de blé Ukrainien au port de Marseille. Pendant la guerre d’indépendance de la Grèce en 1821 les riches familles d’armateurs Hydriotes jouèrent un rôle prépondérant dans la défaite des Ottomans en mettant leurs flottes et leurs fortunes à la disposition de la révolution. A l’avènement de la marine à vapeur Hydra ne sut pas s’adapter et quitta la scène du commerce maritime. L’île attira par la suite (et attire toujours) de nombreux artistes, peintres, chanteurs et autres personnages célèbres. L’île est entièrement interdite aux voitures (sauf les services de secours et services municipaux) en dehors de la marche à pied, le seul moyen de transport, c’est à dos de mule.

En venant du large la ville fait penser à un théâtre antique dont les gradins ne seraient pas garnis de spectateurs mais de fortins, moulins à vent, maisons, villas d’époque, chapelles et autres édifices et dont la scène serait le port où se joue le ballet incessant des yachts, vedettes à passagers et bateaux taxis. C’est super joli mais on est tout de même content de ne pas avoir essayé de venir ici avec Rêve à Deux.

Notre vedette se faufile avec dextérité dans ce tohu-bohu pour accoster juste devant l’entrée du monastère de la Dormition de la Vierge, une cathédrale abritant des reliques et entourée d’un cloître à 2 étages.

De là nous montons à la villa de Lazaros Kountouriotis. La vue de la ville depuis la terrasse est époustouflante. Léguée par la famille du célèbre armateur au musée national l’imposante demeure est aménagée comme elle l’était au début du siècle dernier, cuisines comprises. Elle abrite des collections de costumes traditionnels et de peintures modernes avec les œuvres de Periklis et Constantinos Byzantios ainsi que des peintures et aquarelles de Panagiotis Tetsis tous trois natifs ou enfants adoptifs de l’île. Les œuvres que nous avons peut-être le plus appréciées dans ce musée sont celles de Vangelis Kyris and Anatoli Georgiev. Réalisées en 2021 pour le centenaire de la guerre d’indépendance, il s’agit de photographies mettant en scène des modèles vêtus de costumes traditionnels locaux du XIXème siècle. Les photos en elles-même sont très belles mais ce qui les rend si particulières est qu’elles ont été tirées sur toile et que des parties importantes des costumes ont été brodées à la main pardessus le cliché; difficile à rendre sur un écran mais les originaux méritent le détour.

Nous finissons notre matinée culturelle par la visite de la demeure et de l’atelier du peintre Panagiotis Tetsis situé à quelques ruelles de là et dont l’entrée est comprise dans celle du musée, complétant ainsi notre immersion dans l’Hydra de la fin du vingtième siècle.

On redescend en flânant dans ces ruelles magiques. Ici tout à été fait pour ne pas casser l’ambiance par une surabondance de boutiques de souvenirs ou de luxe (comme à Mikonos) ou de cafés et restaurants (ceux-ci sont concentrés sur le port). Tout à l’air authentique et serein.

Pour ne pas perdre trop de temps, nous achetons une salade à emporter et une boisson à la supérette du coin pour un pique-nique improvisé sur un banc du port. Flânerie encore d’un bout à l’autre du port et il est déjà temps de reprendre le bateau pour Ermaioni la tête pleine de toutes ces superbes images

De Porto Héli à Ermioni (Hermione en Français).

Porto Chéli est sans doute le mouillage le plus sûr de toute la région. Une baie circulaire ouverte seulement par son chenal d’accès orienté plein Ouest. Un fond plat de sable de très bonne tenue et une profondeur de 7 à 3 m. Le tout entouré de rives boisées et construites avec des collines très basses en arrière plan: aucun risque de rafales catabatiques. Escales pratiques aussi grâce au grand super marché AB juste derrière la Marina et à la station service tout près du bord avec son petit ponton bien pratique pour amener les bidons annexe. Par contre si l’entrée de la baie et le paysage sont agréables (si l’on excepte les quelques hôtels en béton qui bordent sa rive Est), la ville elle-même ne présente aucun intérêt.

L’orage prévu est finalement passé en plein milieu de la nuit accompagné de quelques rafales bien senties et de pluies diluviennes qui ont eu l’avantage de bien rincer le pont qui n’avait pas vu l’eau douce depuis Monfalcone.

Jeudi 19 octobre 2023 on quitte Porto Chéli en tirant quelques bords entre Spetsai et le continent puis vers l’île Dokos ou nous mouillons devant la petite plage de galets tout au fond de la grande baie de Skiros. Pour une fois nous sommes seuls et nous profitons sans contraintes de l’eau parfaitement limpide.

L’attraction de la région c’est la fameuse île d’Hydra et sa vieille ville mais tous les mouillages suffisamment proches de la ville pour aller la visiter sont mauvais ou trop fréquentés. Nous décidons donc que nous allons mouiller dans la baie d’Ermaioni d’où part une navette tous les jours pour Hydra, ce sera plus simple.

Ermaioni est un charmant village prolongé par une pointe boisée qui abrite le port avec un un sentier de promenade qui en fait le tour. Le port ce trouve côté baie et c’est là que nous ancrons.

L’eau de la baie n’est malheureusement pas très claire en raison de travaux de dragage sur son côté Nord. Mais de l’autre côté ou sont d’ailleurs la plupart des accès, rampes ou escalier aménagés dans les rochers pour aller se baigner est limpide. Il existe aussi un quai sur la rive sud de la petite péninsule bien pratique quand les vents de secteur nord balayent la baie – ce qui n’est pas le cas en ce moment.

Demain, la vedette pour Hydra part à huit heure…

La Pointe du Péloponnèse et le détroit d’Elafonissos

Dimanche 15 Octobre 2023, matin, nous sommes au large de l’île de Sapienza qui marque l’extrèmité Sud Est du Péloponèse. Il fait beau mais la météo annonçant un bon 30 nds de la pointe de Tainaro au détroit d’Elafonissos en fin de journée nous décidons donc de nous arrêter quelques heures à Koroni pour laisser passer.

Le mouillage du port de Koroni bien calme à notre arrivée est devenu de plus en plus agité dans l’après midi au fur et à mesure que le vent de ENE montait et les rafales contournaient l’escarpement qui protège le port. Mais tous les modèles météo étaient formels dés la nuit tombée le vent serait parfait pour le reste de notre passage. Vers 18 heures nous sommes donc repartis, à temps pour le superbe coucher de soleil. Les rafales à 25 nds qui soufflaient au port ont rapidement fait place à un vent portant de 12 à 15 nds mais la mer pourtant pas très creuse (0,70m) était plein travers à notre route et les vagues très rapprochées donnaient des mouvements vraiment très désagréables : un peu comme quand on se fait rattraper par un sillage de bateau à moteur sauf que là çà ne s’arrêtait pas.

La situation s’est améliorée une fois passé le cap Tainaro mais pour être remplacé par un trafic de cargos très dense une vrai autoroute à l’heure de pointe. Il n’y pas de DST (séparation de trafic) ni de contrôle trafic sur cette zone et si la plupart des navires marchands respectent la réglementation IMO (naviguer sur le côté tribord d’un détroit ou chenal) ce n’est pas le cas de tous et certains ne se gènent pas pour « couper le fromage » et naviguer à contre sens. Ajouter à çà tous les navires en attente dans le golfe de Lakonikos ou sous le vent de Cythère et qui subitement viennent se joindre au trafic et vous avez la recette pour passer une nuit de veille sans avoir ne serait-ce que l’envie de fermer l’oeil. Heureusement ils ont tous l’AIS et répondent volontiers à la VHF quand on a un doute sur leurs intentions (OK sir, red on red!)

Le jour se lève quand nous passons ce détroit d’Elafonissos. Le vent faiblit et la mer se calme et c’est comme sur un lac que nous franchissons le très redouté cap Maléas. Çà y est ! Nous sommes passés en mer Égée et ce très largement dans le temps que nous nous étions fixé en partant de Monfalcone. Sans doute les moines de la petite abbaye perchée sur la falaise ont ils fait le nécessaire pour nous assurer les meilleures conditions possible – qu’ils en soit remerciés !

Le vent en à profité pour passer au Sud Est 7 à 8 nds, juste ce qu’il faut pour longer la côte à la voile en admirant le relief abrupt. Nous dépassons Monemvasia dont on aperçoit la vieille ville fortifiée pour rentrer dans le tout petit port de Gérakas.

C’est en fait une sorte de boyaux en S passant entre et hautes collines et joignant la pleine mer à une grande lagune. On ancre dans la partie la plus étroite du boyaux juste devant le petit village. Au dessus de ce charmant village, des ruines d’origine Minoennes, une sorte de forteresse sans doute, il n’en reste que quelques murs fait d’énormes pierres jointives. Le site est désert, quoi rêver de mieux pour s’installer face à la mer et tailler la barbe de Domi qui commençait un peu trop à le faire ressembler au Père Noël : c’est pas encore la saison !

Nous célébrons notre retour dans cette mer mythologique à la terrasse du café juste devant notre Rêve à Deux à l’ancre.

Au matin la houle d’Est qui s’est levée rentre un peu dans le port. Des conditions instables avec une possibilité d’orages sont annoncées pour les prochain jours. Nous décidons donc de repartir pour Porto Héli (parfois écrit Porto Chéli , on même Khély)

Les îles Ioniennes 2, la descente

Mardi 10 octobre 2023 nous quittons la citadelle de corfou pour mettre cap au Sud. Nous hésitons pour notre étape du soir entre Paxos dont nous avions adorés les mouillages et Antipaxos que nous ne connaissons pas encore. Comme demain nous voulons passer le canal de Lefkas nous choisissons Antipaxos quelques milles plus au sud et nous ancrons dans la très jolie baie de Karavi au Sud Est de l’île. Malheureusement malgré le manque de vent, l’endroit s’avére plutôt rouleur.

Au matin nous repartons, le vent se lève de l’est et monte rapidement à 15 – 20 nds. (heureusement que nous avons quitté la baie!) Un grand bord légèrement débridé nous amène à l’entrèe du canal juste à temps pour l’ouverture du pont à 14:00. Nous ne sommes que 5 bateaux à entreprendre le passage vers le Sud et un seul dans l’autre sens.

La baie formée entre l’île de Lefkas et le continent est toujours aussi grandiose, entourée de ces sommets escarpés culminants à plus de 1000m et 1500m respectivement. Nous tirons des bord dans la petite brise de cette fin d’après-midi jusqu’à la pointe Nord de Meganisi ou nous ancrons tout au fond de la callanque de Bàlos l’une des nombreuses baies bien protégées de cette île paradisiaque.

Le lendemain vent faible à nouveau mais çà m’arrange car je suis en pleine recherches culinaires : je mets la dernière main à ma recette pour produire du Tempeh à bord (publiée ici).

Aujourd’hui nous frôlons la violation du règlement informel que nous nous étions fixé pour ce retour (éviter de refaire escale aux endroits que nous avions déjà visités à l’aller): en décidant de passer la nuit dans la baie magnifique de Vathi à Ithaque. Mais cette fois-ci nous mouillons juste devant le village (la dernière fois c’était devant le chantier à l’entrée de la baie) Ouf ! l’honneur est sauf ! Courses au supermarché (on est juste devant) et lessive à la laverie juste à côté.

Vendredi, peu de vent prévu mais suffisamment pour nous amener tranquillement jusqu’au petit port de Poros sur l’île de Kephalonia à ne pas confondre avec l’île de Poros de l’autre côté du Péloponnèse. Ce petit port très fréquenté en été est aujourd’hui désert et nous nous amarrons le long du ponton: une première, depuis que nous avons quitté Monfalcone nous avons toujours passé la nuit à l’ancre! C’est 12 euros la nuit eau comprise. Ballade jusqu’à la petite station balnéaire de l’autre côté de la pointe et baignade. Au retour nous prenons un pot dans un bistro aménagé dans une grotte à côté du port.

Le lendemain nous partons pour Zakyntos, la plus sud des îles Ioniennes.

Il y a toujours très peu de vent et pendant que j’essaie de capter la moindre risée Domi est plongé dans son ordi étudiant la météo. Nous sommes au milieu du passage entre les deux îles quand il relève la tête de son écran et me dit : j’ai fait des routages avec tous les modèles disponibles : si on passe par l’ouest de Zakyntos on devrait avoir un vent favorable et pouvoir descendre jusqu’à Koroni d’une seule traite et peut-être même passer de directement de l’autre côté du Péloponnèse, si on ne profite pas de ce créneau, il faudra peut-être attendre une dizaine de jours. Banco ! C’est parti !

Comme le vent annoncé ne va se lever qu’au Sud-Ouest de l’île, on en profite pour longer au plus près cette côte Ouest de l’île, célèbre pour ses falaises à couper le souffle et sa fameuse plage de l’épave dont les photos ont illustré tant d’affiches et de brochures touristiques.

Une fois passé l’îlot Agios Ioanisos nous nous éloignons de la côte de Zakynthos et comme prévu nous trouvons le vent. La journée se termine sous spi. Mais nous sommes sur la route des cargos, il faut rester vigilants!

Pendant la nuit, une espèce de houle très courte se lève et fait rouler le bateau de façon assez désagréable, surtout pour le matériel, dés que le vent descend en dessous de 12 nds.

Au petit matin nous sommes au large de Methoni et de l’île de Sapienza.

Corfou

Samedi vers 17 heures, nous mouillons juste en dessous de l’impressionnante citadelle, côté Sud…

Par les faibles brises de secteur Nord prévue sur cette partie de l’île pour les prochaine 24 heures, notre ancre bien assurée dans le fond de sable, avec la possibilité de laisser l’annexe au ponton du NAOK (le club de voile de Corfou) nous sommes dans un position stratégique pour aller visiter la vieille ville en toute quiétude.

Il y a des centaines d’articles disponibles sur internet décrivant la ville de Corfou (Kerkira en grec moderne) et racontant son histoire. Pour les plus paresseux d’entre vous, je vous fais la version super courte.

La ville est dominée par deux forteresses imposantes : la Vieille construite au 12ème siècle par les Bizantin et la Neuve (tout est relatif) construite au 13ème siècle par les Vénitiens, (au pied de la quelle nous sommes ancrés) , devant la vieille citadelle un grand parc aménagé en court de cricket, (ce jeux tellement ennuyeux dont sont si friand les anciennes colonies Britaniques) et bordée d’arcades à l’architecture française (genre rue de Rivoli le terrain de cricket remplaçant le Louvre) à l’extrémité de l’esplanade, le grand palais de St. Michel et St. Georges et entre les deux forteresses une ville d’origine médiévale recouvre la colline de son labyrinthe de ruelles étroites et sinueuses à l’atmosphère inimitable, héritage des cultures et civilisations qui s’y sont succédées et mélangées mais surtout grâce au fait qu’à part quelques rues et placettes dont se sont emparés les marchands de souvenirs et les restaurateurs, c’est une cité bien réelle avec de vrais habitants qui y vivent toute l’année pas juste un leurre entretenu pour attirer le touriste.

Côté histoire c’est très compliqué, retenez seulement qu’elle fut fondée par les Corinthien au 8ème siècle av.JC. Carrefour stratégique entre l’Orient et l’Occident sous l’empire romain et surtout après sa scission en 395, elle devint un comptoir important tour à tour pour les francs (croisés), le royaume de Naples et les Vénitiens puis la dernière place forte chrétienne à la porte de l’empire Ottoman. Département Français pendant la révolution et l’empire, colonie Russe pendant quelques temps elle fut finalement placée sous protectorat Britannique en 1814 jusqu’à son rattachement à la Grèce en 1864.

En visionnant les photos que nous avons prises je suis sûr que vous pourrez identifier des traces de toutes ces étapes.

Nous finissons la journée par une expédition réapprovisionnement dans un grand supermarché à la périphérie ce qui nous a permis de tester les transports en commun locaux. Il y a des bus neufs qui vont a peu près partout, le ticket est à 1,10 EUR, la seule difficulté est de comprendre quelle ligne utiliser et à quel arrêt la prendre. Le plan de la compagnie de bus ne montre que les arrêts pas le trajet des lignes : un vrai jeux de piste.

Le soir, rentrés à bord, nous nous régalons d’un superbe couché de soleil sur la (Vieille) Citadelle en buvant un rafraîchissement bien mérité : nous sommes mi-Octobre mais il fait encore bien chaud.

Retour vers la Grèce

Vendredi 6 octobre 2023, à part quelques petits nuages sur les sommets Bosniaques (la Croatie possède le littoral, mais ici, dans le sud du pays, à quelques km de la côte c’est la Bosnie) le temps est magnifique, une légère brise de Nord Est ride à peine la mer. Tous les modèles Météo nous donnent des conditions parfaites pour une traversée rapide et confortable vers la Grèce.

A condition toutefois de ne pas essayer d’y aller en route directe : le courant et le vent sont contraires au large de l’Albanie.Tous les routages que nous faisons suggèrent la même chose : un bord de largue tribord amure jusqu’à une dizaine de milles au large de Bari, empannage, descente le long de la côte italienne et traversée du détroit d’Otrante sur l’autre bord. Mais pas question de faire escale en Italie car cette fenêtre météo idéale est beaucoup trop courte et risque de ne pas se reproduire prochainement.

(Attention au téléphone portable : bloquez le sur un opérateur Italien où Grec pour être sûr qu’il ne choisisse pas tout seul un réseau Albanais qui sont souvent beaucoup mieux captés dans le coin et qui sont hors UE et donc hors forfait – ça nous a couté cher à l’allée)

Et nous avons rencontré exactement les conditions prévues, des cargos mais toujours très loin et une nuit douce avec un peu de lune.

Samedi en début de nuit nous atteignons l’île Grecque d’ Ereikoussa dont la grande baie bien protégée de ce vent de Nord nous tend les bras et nous ne résistons pas à la tentation de passer une bonne nuit à l’ancre pour repartir le lendemain matin frais et dispos et attaquer l’étroit passage qui sépare l’île de Corfou de l’Albanie.

Pause baignade dans l’anse Agios Stephanos au Nord Est de Corfou (après 2 jours de mer çà fait du bien de se décrasser dans une eau à 27°) . L’endroit a l’air sympa au premier abord mais en fait il est très perturbé par des bateaux à moteur de location qui passent à toute vitesse au ras de nos moustaches et en plus les fonds sont couverts de déchets plastiques. A peine le déjeuner avalé nous repartons donc pour la ville de Corfou proprement dite notre but de toute façon.

De Korkula à la calanque Saplunara (île de Mljet)

Korkula , nous étions déjà passé par là au printemps lors de notre remontée de l’Adriatique mais nous n’avions pas pu nous arrêter assez près de la ville pour aller la visiter. Cette fois-ci nous avons décidé de faire un petit accroc à notre budget pour mouiller dans la baie qui est attenante. L’autorité portuaire nous à fait payer 30 euros pour la nuit à l’ancre. En Croatie c’est comme çà dans beaucoup de sites mais au moins ici le prix demandé reste raisonnable et est perçu par un fonctionnaire accrédité. La petite baie est agréable et plutôt calme même si les vagues des petits bateaux de touristes et autres taxis faisant la navette avec la ville perturbent un peu cette tranquillité.


Korkula est peut être l’une des vieilles villes historiques de Croatie les plus attachantes. Son passé est, bien-sûr, chargé d’histoire. Elle aurait été fondée au 11ème siècle AV-JC par un guerrier Troyen échappé du désastre. La grande majorité des constructions et les fortifications datent de l’époque vénitienne comme en atteste le lion de St Marc présent un peu partout sur les murs. C’est donc avant tout un ancien comptoir vénitien mais elle a été apparemment disputée à Venise par les Génois qui l’ont annexée à plusieurs reprises. Le personnage le plus célèbre de la ville est sans conteste Marco Polo.

Des légendes voudraient qu’il y soit né (ce qui n’a jamais été prouvé) ou du moins que sa famille en fut originaire (plus plausible). Par contre il est tout à fait véridique que capturé lors d’une bataille navale il y fut emprisonné plusieurs années par les Génois alors occupants de l’île. Évidement les bateaux amènent leur lots de touristes mais la saison touche à sa fin et les petites ruelles restent tranquilles. L’impression reste celle d’une petite ville ancienne qui vit encore à son rythme pas celle d’un immense musée/restaurant envahi par la foule comme Dubrovnik .

Ce sera notre dernière ville en Croatie. Demain nous ferons une dernière escale dans la belle calanque de Saplunara à la pointe Sud-Est de l’île de Mljet et si nos routages confirment le créneau favorable, demain vendredi nous attaquerons la traversée de 250 milles jusqu’en Grèce .

De Zadar à Vis en passant par Hvar

Comme toujours, nous avons la bougeotte et dès le lendemain de cette super journée à Zadar, nous profitons de ce temps magnifique pour continuer. Pourquoi tant de hâte alors qu’il y a tant à découvrir dans cet archipel sublime? Avant tout parce que pour passer en mer Egée dans de bonnes conditions météo nous aimerions être à pied d’œuvre pour contourner le Péloponnèse avant la fin Octobre en comptant quelques jours de sécurité supplémentaires pour rester à l’abri en cas de vents trop forts, çà ne nous laisse pas beaucoup de temps pour flâner en route. Ceci dit, on a déjà bien avancé et on peu tout de même se permettre quelques belles escales comme la baie de Smetjna sur l’ile de Zmajan ou la calanque de Stradinska sur Solta. Nous en profitons aussi aussi pour visiter ces vieilles villes vénitiennes de Hvar et de Korkula que nous n’avions qu’aperçues de loin à l’aller sans pouvoir nous y arrêter.

Côté cambuse, je continue mes expériences culinaires en commençant par un tempeh aux haricots mongos qui s’est révélé absolument délicieux! Aussitôt mangé il a été remplacé dans notre glacière/étuve par un tempeh de pois chiches (pour lancer le procédé de fermentation, le tempeh doit séjourner à une trentaine de degrés pendant au moins deux jours, nous nous servons d’une petite glacière de camping dans laquelle je place une bouteille d’eau chaude que je change pour maintenir une température entre 30 et 40°). Dans trois quatre jour celui-ci sera prêt à être dégusté .

Dans le port de Hvar il y a un quai et quelques corps morts qui peuvent être utilisés par les plaisanciers de passage mais qui d’une part sont en général toujours occupés et surtout très chers (150 EUR/nuit pour 12m) donc pas pour nous. Par contre on peut ancrer gratuitement devant la pointe fermant le port à l’Ouest, juste avant la balise marquant l’entrée. C’est profond, assez mal abrité de la plupart des vents et très inconfortable en raison du passage incessant des bateaux à moteurs et autres vedettes, mais çà permet d’aller facilement en ville en annexes pour quelques heures car la vieille ville de Hvar vaut vraiment la peine d’être vue.

Elle n’est pas très grande mais d’une beauté surprenante il n’y a pas à dire à l’époque ils savaient construire de superbes bâtiments qu’il soit palais, église ou simple demeure. Une grande partie à été restauré et la ville rayonne comme dans ces plus beaux jours surplombée par sa citadelle que nous n’avons pas prévu de visiter, ne voulant pas trop nous éloigner de Rêve à Deux à son ancrage mal protégé.


Et nous avons bien fait car deux heures plus tard le vent a tourné envoyant les bateaux au mouillage en plein dans le chenal et levant un petit clapot désagréable . Il était temps pour nous de retourner à bord et trouver un abri plus sûr pour la nuit. Quelques bords à tirer pour sortir du canal Pakleni nous abattons, le cap sur Vis à 8 et 9 noeuds. La baie principale ou se trouve la ville et le port de Vis (aussi le nom de l’île) est bien abritée du vent de Nord Ouest qui soufflait. Malheureusement ici aussi qu’on aille à la marina, qu’on s’amarre au quai de la ville , qu’on prenne un corps mort ou qu’on s’ancre à proximité le prix est le même et toujours très en dehors de notre budget.

Mais pas de problème pour nous ce soir car nous allons dans la crique de Stonca sur la rive Ouest de la baie elle aussi bien abritée et où, que pour peu qu’on reste assez loin des corps morts de sa rive sud et du petit chantier sur la rive nord on peut ancrer gratuitement. Après une nuit très paisible, nous prenons le temps de faire le tour de la baie pour admirer la vieille ville avant de mettre le cap sur l’île de Korkula.

De la baie de Vestar à Zadar

Nous devons encore passer une nuit dans la baie de Vestar (juste au sud de Rovinj) pour attendre que le coup de vent qui sévit sur Pula et le canal Kvaerner se calme. le lendemain, Mercredi 27 septembre 2023, les prévision sont bien meilleures sur le Sud de l’Istrie et c’est par un temps magnifique et un vent de NE d’une vingtaine de nœuds que nos traversons très rapidement le fameux canal tant redouté des marins locaux pour ancrer dans la jolie baie d’Arturi sur l’île de Losinj. Balade à terre pour faire quelques courses à l’épicerie du village ou nous somme reçus très (mal)aimablement accueillis (Bonjour Madame, vous avez des bananes? NAN!) et nuit paisible à bord.


A partir d’ici côte Dalmate et l’archipel qui la borde nous offrent mille possibilités de mouillages pittoresques et de routes différentes. Nous choisissons bien sûr un itinéraire différent de l’aller. Ne serait-ce le climat méditerranéen et la densité de bateaux et de villages, l’endroit rappelle un peu la Patagonie avec son labyrinthe de canaux se faufilant entre des dizaines d’îles toutes en longueur avec sur le continent les hautes montagnes en arrière plan (même si ici elle sont moins hautes et bien sûr il n’y a pas de glaciers). La côte est certes assez peuplée mais il y a suffisamment d’îles pour ne pas se disputer la place et n’oublions pas que nous sommes fin septembre et que le tourisme s’essouffle en cette période de l’année . Les campings sont encore bien remplis de sexagénaires qui profitent de leur retraite ainsi que des rares personnes plus jeunes qui peuvent se permettre de prendre leurs vacances en septembre.

A cette époque de l’année la température de la mer qui a bien chauffée tout l’été est très agréable (26°) et nous profitons pleinement en allant nous baigner dés le bateau arrêté. D’ailleurs, nous sommes pleins de bonnes résolutions et tous les matins chacun de notre côté nous faisons nos exerces d’assouplissements et autres figures de yoga pour bien démarrer la journée . Un voilier çà n’est pas toujours très adapté à ces pratiques et nous devons souvent adapter les exercices en fonction de la place disponible et des mouvements du bateau, mais cela nous donne bonne conscience et agit en positif sur notre moral et nos articulations.


A bord j’aime aussi faire la cuisine et j’ai ramené avec moi des graines de légumineuses achetées chez le producteur bio de mon village. Je peux donc me lancer dans la fabrication de tofu de tempeh et de cookies à l’okara d’amande et de gougère à l’okara de soja … j’ai pleins d’idées et comme il y a peu de vagues entre ces îles, j’ai tout mon temps pour expérimenter de nouvelles recettes, parfois inspirées de recettes existantes souvent directement sortie de mon imagination. Domi est un très bon gouteur et adore tellement mes créations qu’il en re-demande. J’en mettrai quelques unes bientôt dans la rubrique cuisine de ce site que vous puissiez vous aussi vous amuser.


L’étape de choix de cette descente c’est Zadar 2éme plus grande ville de Dalmatie (après Split), port actif et vieille ville chargée d’histoire. Domi a repéré un petit port bien abrité au sud de la ville dans le quartier d’Armansi ou l’on peut ancrer gratuitement. Non loin d’une zone industrielle et partageant la même entrée que le port commercial l’endroit n’était à priori pas très attractif mais quand l’alternative est de payer 150 Euros dans une marina faut bien faire quelques concessions. Finalement l’endroit était étonnamment agréable, nous sommes tout seul, entouré d’un parc où les gens viennent se baigner et faire leur gym ou leur footing, très sympa.

Le bus passe tout près du petit super marcher , il est possible même d’y faire le plein de gasoil sur un quai en face dans la baie. Le 29/09/2023, matin nous prenons le bus pour la vieille ville. En 10’ le bus nous dépose au pied des remparts. C’est une ville qui vit pas juste une ville musée/resto comme Dubrovnik. Les bâtiments historiques et le demeures ancienne sont parsemés de constructions plus récentes dont certaines datent visiblement de la période communiste.

Beaucoup les vieilles églises et clochers restaurés ou en cour de restauration, le forum et ses restes de colonnes, nous rappellent l’histoire de la ville de puis l’empire romain jusqu’à nos jours en passant par la période paléochrétienne et l’apogée du comptoir vénitien.


Devant le front de mer des panneaux solaires ont été intégré dans le sol du quai et le soir venu, l’énergie produite est libéré sous forme d’un spectacle lumineux parait-il féérique (et zéro carbone) baptisé la salutation au soleil (rein à voir avec le yoga). Un peu plus loin un immense orgue qui à été noyé dans les marches du quai. Chaque vague venant frapper le quai compresse l’air dans ses tuyaux et produit des sons harmonieux au gré de l’état de la mer et du sillage des bateaux de passage.


Il y aurait encore beaucoup à raconter sur cette très belle ville et son histoire mais pour nous, le clou de cette magnifique journée est sans aucun doute la visite du musée d’art moderne de la ville.

Diaporama Musée moderne de Zadar

Il est consacré aux artistes Croates du début du 20ème siècle à nos jours. Pour nous des illustres inconnus mais leurs œuvres magnifiques, peintures ou sculptures valent vraiment le détour. En plus dans ce palais du recteur, bâtiment historique datant de l’époque vénitienne elles sont superbement mise en valeur avec de bons éclairages. Et pour couronner le tout , la cerise sur le gâteau, le musée héberge une expo temporaire sur Banksy et son street art: génial!

Diaporama expo de Banksy

Nous finissons cette visite par une pose dans les jardins de la ville au dessus des remparts et du vieux port et rentrons tranquillement à pied par le joli chemin qui borde la mer.

Zadar: tu nous en auras vraiment mis plein les yeux!