Hydra

Habitée au moins depuis l’époque mycénienne, cette île aride et escarpée resta longtemps en marge de la mythologie et de l’histoire. Désertée pendant le moyen âge à cause des attaques de pirates elle fut repeuplée par des réfugiés albanais (Arvanites) au XVIème siècle. Son histoire maritime commençe XVIIème siècle par le développement d’une flotte marchande qui lui permit de commercer avec l’Orient, la Mer Noire et l’Occident pour atteindre son apogée sur la deuxième moitiè du XVIIIème et le tout début du XIXème. On raconte même que pendant la révolution française et l’empire ses navires livrèrent des cargaisons de blé Ukrainien au port de Marseille. Pendant la guerre d’indépendance de la Grèce en 1821 les riches familles d’armateurs Hydriotes jouèrent un rôle prépondérant dans la défaite des Ottomans en mettant leurs flottes et leurs fortunes à la disposition de la révolution. A l’avènement de la marine à vapeur Hydra ne sut pas s’adapter et quitta la scène du commerce maritime. L’île attira par la suite (et attire toujours) de nombreux artistes, peintres, chanteurs et autres personnages célèbres. L’île est entièrement interdite aux voitures (sauf les services de secours et services municipaux) en dehors de la marche à pied, le seul moyen de transport, c’est à dos de mule.

En venant du large la ville fait penser à un théâtre antique dont les gradins ne seraient pas garnis de spectateurs mais de fortins, moulins à vent, maisons, villas d’époque, chapelles et autres édifices et dont la scène serait le port où se joue le ballet incessant des yachts, vedettes à passagers et bateaux taxis. C’est super joli mais on est tout de même content de ne pas avoir essayé de venir ici avec Rêve à Deux.

Notre vedette se faufile avec dextérité dans ce tohu-bohu pour accoster juste devant l’entrée du monastère de la Dormition de la Vierge, une cathédrale abritant des reliques et entourée d’un cloître à 2 étages.

De là nous montons à la villa de Lazaros Kountouriotis. La vue de la ville depuis la terrasse est époustouflante. Léguée par la famille du célèbre armateur au musée national l’imposante demeure est aménagée comme elle l’était au début du siècle dernier, cuisines comprises. Elle abrite des collections de costumes traditionnels et de peintures modernes avec les œuvres de Periklis et Constantinos Byzantios ainsi que des peintures et aquarelles de Panagiotis Tetsis tous trois natifs ou enfants adoptifs de l’île. Les œuvres que nous avons peut-être le plus appréciées dans ce musée sont celles de Vangelis Kyris and Anatoli Georgiev. Réalisées en 2021 pour le centenaire de la guerre d’indépendance, il s’agit de photographies mettant en scène des modèles vêtus de costumes traditionnels locaux du XIXème siècle. Les photos en elles-même sont très belles mais ce qui les rend si particulières est qu’elles ont été tirées sur toile et que des parties importantes des costumes ont été brodées à la main pardessus le cliché; difficile à rendre sur un écran mais les originaux méritent le détour.

Nous finissons notre matinée culturelle par la visite de la demeure et de l’atelier du peintre Panagiotis Tetsis situé à quelques ruelles de là et dont l’entrée est comprise dans celle du musée, complétant ainsi notre immersion dans l’Hydra de la fin du vingtième siècle.

On redescend en flânant dans ces ruelles magiques. Ici tout à été fait pour ne pas casser l’ambiance par une surabondance de boutiques de souvenirs ou de luxe (comme à Mikonos) ou de cafés et restaurants (ceux-ci sont concentrés sur le port). Tout à l’air authentique et serein.

Pour ne pas perdre trop de temps, nous achetons une salade à emporter et une boisson à la supérette du coin pour un pique-nique improvisé sur un banc du port. Flânerie encore d’un bout à l’autre du port et il est déjà temps de reprendre le bateau pour Ermaioni la tête pleine de toutes ces superbes images