De l’île de Poros à Epidaure

Nous quittons la baie de Poros mais nous ne sommes pas seuls dans la petite passe: en même temps que nous sortent un super yacht de 50 mètres et le “Speed Cat” à destination du Pirée que nous éviterons de prendre pour un homme des fois que les dauphins qui nous suivent songent à nous noyer. Ceux qui ne se rappellent plus du poème peuvent toujours le relire ici.

A la sortie du chenal une toute petite brise de Sud Est se lève juste ce qu’il faut pour nous déhaler tranquillement vers l’île de Aigina. Comme nous approchons de l’île, le vent se renforce et nous passons rapidement devant le petit port de Pedrika pour aller nous abriter pour la nuit dans la petite crique de Profitis Ilias.

Le lendemain c’est le calme plat de chez plat et c’est au moteur que nous couvrons les 10 milles qui nous séparent de la vieille Epidaure (Archaia Epidavros ou Palaia Epidavros) heureusement il y a des îles au paysages grandioses sur la route.

Quand nous arrivons il n’y a que deux autres bateaux dans le port et en plus c’est des vrais plaisanciers pas des charters. Une aubaine ! On va pouvoir se mettre à quai. En plus le voisin nous apprend que le maître de port a pris ses quartiers d’hiver et qu’en conséquence, l’amarrage, l’eau et l’électricité sont gratuits. C’est d’ailleurs le premier endroit ou nous avons pu échanger avec d’autres vrais navigateurs depuis que nous avons repris la mer le 24 Septembre, performance de notre Rêve à Deux, endroit visités par les uns et les autres, tout y passe.

Nous étions venus ici il y a 12 ans (par voie terrestre avec Mamie – Grand MERCI à Adrien et Miriam pour nous avoir fait connaître cet endroit) et rien ne semble avoir changé dans le village tout juste une couche de peinture blanche sur la façade, un peu défraîchie à l’époque, de l’hôtel où nous avions dormi. Pas étonnant les ruines antiques ont bien tenue 2,5 millénaires!

Parce que bien entendu, c’est pour çà que nous sommes là : revoir le fameux théâtre antique. Il n’est qu’à une quinzaine de km il faut donc trouver le moyen d’y aller. Le taxi à 45 Euros, non merci ! Il y a parait-il des bus. On essaie de trouver les horaires sur le site de la companie (KTEL) qui indique que pour pouvoir faire l’aller et retour dans la journée il faudrait partir à 7:30 et acheter ses billets à l’avance. C’est un peu tôt mais bon, le site ouvre à 08:00. Le soir nous passons au bureau de la compagnie pour acheter les billets et on nous dit non non, ce bus ne passe pas par le site mais il y a 2 autres à 8:30 et 10:30. Le tiket c’est 1,60 Euros et vous le prenez dans le bus. A 8:30 nous sommes là l’employée du bureau est aussi le chauffeur du bus.

Le site est toujours aussi magnifique, et en cette saison et à cette heure nous sommes très peu nombreux. Un théâtre de cette taille pour pratiquement nous tous seuls, c’est quelque chose. Nous allons même jusqu’à tester l’acoustique du lieu (parfaite comme il se doit : du haut des gradins on entend parfaitement une personne parler doucement au milieu de la scène). Mais discipline discipline, on se fait rapidement rappeler à l’ordre par un coup de sifflet de la gardienne : on ne badine pas avec l’antiquité interdit de chanter ou de danser dans l’arène.

Mais ce théâtre si impressionnant soit-il n’est qu’un des éléments de ce sanctuaire d’Asclépios, un immense complexe dédié au dieu de la médecine ou l’on trouve aussi les ruines des temples d’Artémis et d’Asclépios, du Tholos (temple circulaire), de l’enkoimeterion (bâtiment ou l’on mettait les malades pour qu’il soit guéris par les dieux ou leur serviteurs medecins). Le site de l’UNESCO le décrit ainsi : Premier sanatorium organisé, le sanctuaire est important pour son association avec l’histoire de la médecine, apportant la preuve que la croyance en la guérison divine s’est peu à peu muée en science de la médecine. Dans les premiers temps, au IIe millénaire av. J.-C., le sanctuaire fut un site de pratiques thérapeutiques cérémonielles avec associations curatives peu à peu enrichies à travers les cultes d’Apollon Maléatas au VIIIe siècle av. J.-C. puis d’Asclépios au VIe siècle av. J.-C. Le sanctuaire des deux dieux est devenu le centre thérapeutique le plus important du monde antique. Ces pratiques ont par la suite été diffusées au reste du monde gréco-romain et le sanctuaire est ainsi devenu le berceau de la médecine.

Parmi les installations de la période classique se trouvent des édifices qui représentent toutes les fonctions du sanctuaire, notamment cultes et rituels thérapeutiques, bibliothèque, bains, sports, hébergement, hôpital et théâtre. A noter que l’hôpital était conçu pour accueillir des malades très contagieux sans qu’ils risquent de contaminer d’autre patients

Nous rentrons vers10:30. A y réfléchir, on aurait du rester jusqu’au bus suivant (11:45), il y a tant à voire. A bord c’est lessive et plein des réservoirs (il y a de l’eau potable gratuite profitons-en) puis courses dans la soirée. La vieille Epidaure n’est sans doute pas le meilleur endroit pour se réapprovisionner. Il y a bien un super marché AB de bonne taille mais il est sur les hauteurs complètement à l’extérieur du village impossible d’y aller sans un véhicule! On se contente donc des deux petites supérettes proches, du port convenablement achalandées au vu de leur taille mais encore à des prix spécials touristes. Un peu de natation et une bonne douche sur la plage de la pointe pour finir la journée. En fin de journée plusieurs gros bateaux de location (catamarans et monocoques) viennent s’insérer dans les espaces restés libres mais bon çà se passe plutôt bien. Athènes n’est pas loin et les locations se terminent le Samedi et la saison la semaine prochaine.

Vendredi 27 octobre nous restons ici encore une journée. L’idée est d’aller nager au dessus des ruines de l’ancienne cité engloutie d’Epidaure. Elle se trouve à moins de 2 km du port, il faut passer près du petit théâtre antique de la ville, toujours fermé des fouilles étant en cours. On essaie de longer la mer mais des propriétés privées bloquent le passage. On se rabat sur la route. On cherche un peu le long de la plage avant de la trouver. L’eau est parfaitement transparente et dans moins de 2m on découvre ces ruines assez intéressantes y compris de grandes jarres qui servaient sans doute à stocker les denrées dans les entrepôts du port. Il y a des poissons partout ce qui n’est pas si courant dans cette mer et rajoute à l’attrait du lieu. Par contre, je doute un peu que ces petits murs et surtout ces jarres remontent à quelques siècles avant Jésus-Christ… surtout à cette faible profondeur sur une côte pas très protégée de la houle du large.