Au temple d’Achaia (ou Aphaia)

Le mois d’octobre se termine, il commence à être temps de laisser derrière nous le Golfe Saronique pour aller retrouver nos Cyclades mais avant ça, nous voudrions voir encore deux magnifiques temples anciens l’un sur l’île Aigina et l’autre sur le continent

Commençons par Aigina. Nous hissons les voiles juste à la sortie du port d’Epidaure et à part un petit ralentissement quand nous passons sous le vent de Agkistri le vent nous propulse gentiment .

Quand nous arrivons en vue de la pointe Tourlos (Nord Est d’Aigina) nous apercevons le premier temple sur une colline dominant la mer et le problème habituel de la région se pose : où mouiller pour la nuit ? La petite baie avant la pointe est bien protégée du vent d’Est qui souffle ce soir mais elle ne le sera plus en 2éme partie de nuit quand il aura tourné à l’Ouest. En plus elle est à 3km de marche du temple alors que la baie Aigina Marina de l’autre côté de la pointe n’est qu’à 1,5km du site et sera abritée en fin de nuit et demain. Nous optons pour cette dernière en plus il y a un quai, peut-être pourrons nous nous y amarrer. Finalement une houle passait derrière la jetée risquant de rendre l’amarrage inconfortable et nous avons préféré ancrer devant la plage juste à côté. Grand bien nous en a pris ! Vers 20 heures, 7 ou 8 gros catamarans de location sont arrivés pour s’y amarrer: la saison tirant à sa fin, nous avions oubliés que le Samedi soir l’endroit est une destination privilégiée pour les équipages qui viennent de louer leurs bateaux depuis les marinas des environs d’Athènes. Certains ont même essayé de s’amarrer sur le côté extérieur de la jetée, une opération limite dangereuse avec cette houle les poussant sur la jetée.

Dés l’ouverture le matin nous sommes descendu à terre. Le site est facilement accessible d’abord par une petite rue du village puis un chemin à travers bois. Dès qu’on aperçoit le temple on se rend compte que c’est quelque chose d’extraordinaire. D’abord ce monument imposant est un chef d’œuvre d’architecture et du travail de la pierre encore en excellent état 2500 ans après sa construction. Ensuite du haut de sa colline, on a une vue magnifique sur l’île et sur tout le golfe Saronique de chaque côté.

Le site contient aussi de nombreuses explications sur sa construction, les moyens utilisés pour lever les lourdes pierres taillées sans en abîmer les arrêtes, les assemblages sans mortier etc.

Mais surtout il n’est pas dédié à Zeus ou à Apollon n’y même à Athena, mais à une déesse très peu connue, Aphaia (aussi écrit Achaia ou Aphea) et dont l’histoire est très intéressante : Fille de Zeus, née en Crète, celle qui s’appelait alors Britomaris était parait-il d’une grande beauté et attira la convoitise du roi Minos. Sautant d’une falaise pour lui échapper elle fut prise, au propre comme au figuré, dans les filets d’un pêcheur qui la ramena chez lui à Aigina. Pour enfin échapper à l’assiduité malsaine des hommes, elle demanda à Artemis (sa demi-sœur et protectrice) de la faire disparaître. Ce que fit Artemis en faisant, au passage, une déesse. Et c’est depuis que Britomaris est appelée Aphaia/Achaia qui signifie « l’invisible » . Le temple fut construit à l’endroit où elle aurait disparu.