Archives mensuelles : novembre 2023

Au temple d’Achaia (ou Aphaia)

Le mois d’octobre se termine, il commence à être temps de laisser derrière nous le Golfe Saronique pour aller retrouver nos Cyclades mais avant ça, nous voudrions voir encore deux magnifiques temples anciens l’un sur l’île Aigina et l’autre sur le continent

Commençons par Aigina. Nous hissons les voiles juste à la sortie du port d’Epidaure et à part un petit ralentissement quand nous passons sous le vent de Agkistri le vent nous propulse gentiment .

Quand nous arrivons en vue de la pointe Tourlos (Nord Est d’Aigina) nous apercevons le premier temple sur une colline dominant la mer et le problème habituel de la région se pose : où mouiller pour la nuit ? La petite baie avant la pointe est bien protégée du vent d’Est qui souffle ce soir mais elle ne le sera plus en 2éme partie de nuit quand il aura tourné à l’Ouest. En plus elle est à 3km de marche du temple alors que la baie Aigina Marina de l’autre côté de la pointe n’est qu’à 1,5km du site et sera abritée en fin de nuit et demain. Nous optons pour cette dernière en plus il y a un quai, peut-être pourrons nous nous y amarrer. Finalement une houle passait derrière la jetée risquant de rendre l’amarrage inconfortable et nous avons préféré ancrer devant la plage juste à côté. Grand bien nous en a pris ! Vers 20 heures, 7 ou 8 gros catamarans de location sont arrivés pour s’y amarrer: la saison tirant à sa fin, nous avions oubliés que le Samedi soir l’endroit est une destination privilégiée pour les équipages qui viennent de louer leurs bateaux depuis les marinas des environs d’Athènes. Certains ont même essayé de s’amarrer sur le côté extérieur de la jetée, une opération limite dangereuse avec cette houle les poussant sur la jetée.

Dés l’ouverture le matin nous sommes descendu à terre. Le site est facilement accessible d’abord par une petite rue du village puis un chemin à travers bois. Dès qu’on aperçoit le temple on se rend compte que c’est quelque chose d’extraordinaire. D’abord ce monument imposant est un chef d’œuvre d’architecture et du travail de la pierre encore en excellent état 2500 ans après sa construction. Ensuite du haut de sa colline, on a une vue magnifique sur l’île et sur tout le golfe Saronique de chaque côté.

Le site contient aussi de nombreuses explications sur sa construction, les moyens utilisés pour lever les lourdes pierres taillées sans en abîmer les arrêtes, les assemblages sans mortier etc.

Mais surtout il n’est pas dédié à Zeus ou à Apollon n’y même à Athena, mais à une déesse très peu connue, Aphaia (aussi écrit Achaia ou Aphea) et dont l’histoire est très intéressante : Fille de Zeus, née en Crète, celle qui s’appelait alors Britomaris était parait-il d’une grande beauté et attira la convoitise du roi Minos. Sautant d’une falaise pour lui échapper elle fut prise, au propre comme au figuré, dans les filets d’un pêcheur qui la ramena chez lui à Aigina. Pour enfin échapper à l’assiduité malsaine des hommes, elle demanda à Artemis (sa demi-sœur et protectrice) de la faire disparaître. Ce que fit Artemis en faisant, au passage, une déesse. Et c’est depuis que Britomaris est appelée Aphaia/Achaia qui signifie « l’invisible » . Le temple fut construit à l’endroit où elle aurait disparu.

De l’île de Poros à Epidaure

Nous quittons la baie de Poros mais nous ne sommes pas seuls dans la petite passe: en même temps que nous sortent un super yacht de 50 mètres et le “Speed Cat” à destination du Pirée que nous éviterons de prendre pour un homme des fois que les dauphins qui nous suivent songent à nous noyer. Ceux qui ne se rappellent plus du poème peuvent toujours le relire ici.

A la sortie du chenal une toute petite brise de Sud Est se lève juste ce qu’il faut pour nous déhaler tranquillement vers l’île de Aigina. Comme nous approchons de l’île, le vent se renforce et nous passons rapidement devant le petit port de Pedrika pour aller nous abriter pour la nuit dans la petite crique de Profitis Ilias.

Le lendemain c’est le calme plat de chez plat et c’est au moteur que nous couvrons les 10 milles qui nous séparent de la vieille Epidaure (Archaia Epidavros ou Palaia Epidavros) heureusement il y a des îles au paysages grandioses sur la route.

Quand nous arrivons il n’y a que deux autres bateaux dans le port et en plus c’est des vrais plaisanciers pas des charters. Une aubaine ! On va pouvoir se mettre à quai. En plus le voisin nous apprend que le maître de port a pris ses quartiers d’hiver et qu’en conséquence, l’amarrage, l’eau et l’électricité sont gratuits. C’est d’ailleurs le premier endroit ou nous avons pu échanger avec d’autres vrais navigateurs depuis que nous avons repris la mer le 24 Septembre, performance de notre Rêve à Deux, endroit visités par les uns et les autres, tout y passe.

Nous étions venus ici il y a 12 ans (par voie terrestre avec Mamie – Grand MERCI à Adrien et Miriam pour nous avoir fait connaître cet endroit) et rien ne semble avoir changé dans le village tout juste une couche de peinture blanche sur la façade, un peu défraîchie à l’époque, de l’hôtel où nous avions dormi. Pas étonnant les ruines antiques ont bien tenue 2,5 millénaires!

Parce que bien entendu, c’est pour çà que nous sommes là : revoir le fameux théâtre antique. Il n’est qu’à une quinzaine de km il faut donc trouver le moyen d’y aller. Le taxi à 45 Euros, non merci ! Il y a parait-il des bus. On essaie de trouver les horaires sur le site de la companie (KTEL) qui indique que pour pouvoir faire l’aller et retour dans la journée il faudrait partir à 7:30 et acheter ses billets à l’avance. C’est un peu tôt mais bon, le site ouvre à 08:00. Le soir nous passons au bureau de la compagnie pour acheter les billets et on nous dit non non, ce bus ne passe pas par le site mais il y a 2 autres à 8:30 et 10:30. Le tiket c’est 1,60 Euros et vous le prenez dans le bus. A 8:30 nous sommes là l’employée du bureau est aussi le chauffeur du bus.

Le site est toujours aussi magnifique, et en cette saison et à cette heure nous sommes très peu nombreux. Un théâtre de cette taille pour pratiquement nous tous seuls, c’est quelque chose. Nous allons même jusqu’à tester l’acoustique du lieu (parfaite comme il se doit : du haut des gradins on entend parfaitement une personne parler doucement au milieu de la scène). Mais discipline discipline, on se fait rapidement rappeler à l’ordre par un coup de sifflet de la gardienne : on ne badine pas avec l’antiquité interdit de chanter ou de danser dans l’arène.

Mais ce théâtre si impressionnant soit-il n’est qu’un des éléments de ce sanctuaire d’Asclépios, un immense complexe dédié au dieu de la médecine ou l’on trouve aussi les ruines des temples d’Artémis et d’Asclépios, du Tholos (temple circulaire), de l’enkoimeterion (bâtiment ou l’on mettait les malades pour qu’il soit guéris par les dieux ou leur serviteurs medecins). Le site de l’UNESCO le décrit ainsi : Premier sanatorium organisé, le sanctuaire est important pour son association avec l’histoire de la médecine, apportant la preuve que la croyance en la guérison divine s’est peu à peu muée en science de la médecine. Dans les premiers temps, au IIe millénaire av. J.-C., le sanctuaire fut un site de pratiques thérapeutiques cérémonielles avec associations curatives peu à peu enrichies à travers les cultes d’Apollon Maléatas au VIIIe siècle av. J.-C. puis d’Asclépios au VIe siècle av. J.-C. Le sanctuaire des deux dieux est devenu le centre thérapeutique le plus important du monde antique. Ces pratiques ont par la suite été diffusées au reste du monde gréco-romain et le sanctuaire est ainsi devenu le berceau de la médecine.

Parmi les installations de la période classique se trouvent des édifices qui représentent toutes les fonctions du sanctuaire, notamment cultes et rituels thérapeutiques, bibliothèque, bains, sports, hébergement, hôpital et théâtre. A noter que l’hôpital était conçu pour accueillir des malades très contagieux sans qu’ils risquent de contaminer d’autre patients

Nous rentrons vers10:30. A y réfléchir, on aurait du rester jusqu’au bus suivant (11:45), il y a tant à voire. A bord c’est lessive et plein des réservoirs (il y a de l’eau potable gratuite profitons-en) puis courses dans la soirée. La vieille Epidaure n’est sans doute pas le meilleur endroit pour se réapprovisionner. Il y a bien un super marché AB de bonne taille mais il est sur les hauteurs complètement à l’extérieur du village impossible d’y aller sans un véhicule! On se contente donc des deux petites supérettes proches, du port convenablement achalandées au vu de leur taille mais encore à des prix spécials touristes. Un peu de natation et une bonne douche sur la plage de la pointe pour finir la journée. En fin de journée plusieurs gros bateaux de location (catamarans et monocoques) viennent s’insérer dans les espaces restés libres mais bon çà se passe plutôt bien. Athènes n’est pas loin et les locations se terminent le Samedi et la saison la semaine prochaine.

Vendredi 27 octobre nous restons ici encore une journée. L’idée est d’aller nager au dessus des ruines de l’ancienne cité engloutie d’Epidaure. Elle se trouve à moins de 2 km du port, il faut passer près du petit théâtre antique de la ville, toujours fermé des fouilles étant en cours. On essaie de longer la mer mais des propriétés privées bloquent le passage. On se rabat sur la route. On cherche un peu le long de la plage avant de la trouver. L’eau est parfaitement transparente et dans moins de 2m on découvre ces ruines assez intéressantes y compris de grandes jarres qui servaient sans doute à stocker les denrées dans les entrepôts du port. Il y a des poissons partout ce qui n’est pas si courant dans cette mer et rajoute à l’attrait du lieu. Par contre, je doute un peu que ces petits murs et surtout ces jarres remontent à quelques siècles avant Jésus-Christ… surtout à cette faible profondeur sur une côte pas très protégée de la houle du large.

Poros

A moins de 2 heures de route, 45’ de vedette rapide ou une journée en voilier d’Athènes, Poros est LA destination touristique de la région.

Les quais et les mouillages autour de la ville sont bien entendu bondés surtout que l’étroit passage entre cette île et le continent n’offre pas grand place. Nous trouvons un endroit convenable au Nord Ouest de la ville juste devant l’école Navale au Nord Ouest du quai des bacs.On craignait un peu que de là, il soit un difficile d’aller en ville à cause du passage de ces bacs mais en fait ils ne posent aucun problème car ils ne passent que toutes les 1/2 heures et quand ils arrivent près de leur quai leur sillage est négligeable, à la différence de celui, monstrueux, des « SpeedCat », vedettes rapides et bateaux taxi qui, sont fort heureusement, tous cantonnés sur le quai Sud.

Ce qu’il y a de fantastique avec les villages Grecs c’est que même les plus fréquentés comme ici Poros, ont sût garder leur cachet authentique et leur côté paisible. Les maisons sont comme elles ont toujours été, pas de grands immeubles en béton ou de McDo aux couleurs criardes.

Nous passons une bonne partie de la journée à flâner dans les ruelles encore très calmes : elles s’animeront dans la soirée quand les catamarans de location auront déversé sur le quai leurs équipages assoiffés.

Repas de midi au restaurant Το Σοκάκι (To Sokaki : la ruelle) un vrai restaurant Grec, je veux dire : un restaurant pour les vrais Grecs, un resto où les gens du coin vont manger à midi quand ils travaillent , pas un de ces pièges à touristes des quais. Cuisine excellente, portions copieuses et prix très très raisonnables, on s’est régalés !.

Ce soir le mouillage est suffisamment calme pour que nous puissions y passer une bonne nuit non sans avoir admiré le coucher du soleil sur la ville.

Au matin, nous nous déplaçons tout de même pour une baignade dans la petite baie dite des « Russes » un peu plus à l’Ouest de l’île.

De Ermioni à Poros

Retour sur Hermione à temps pour aller nous baigner non sans un clin d’œil au passage aux mangeoires à oiseaux accrochées à l’arbre du quai. Sur cette même bord de mer vous constaterez que le phare de l’alignement d’entrée est « made in France » construit à Paris dans les années 30.

Dimanche 22/10/2023, nous repartons d’Ermioni et comme il n’y a pas un souffle on en profite pour aller raser au plus près la merveilleuse côte d’Hydra. Ce relief accidenté et toutes ces couleurs du vert sombre des oliviers et des buissons épineux au gris de la pierraille en passant par le beige des herbages desséchés et le brun noir des roches est grandiose à admirer mais rappelle aussi que la vie ne doit pas être facile sur ce caillou quand on n’est pas un armateur fortuné ou un riche touriste.

Pause devant Vlychos, il y a deux autres bateaux à l’ancre et la profondeur est bonne (7 à 10 m). L’eau est parfaitement limpide mais les fonds sont tellement rocheux que nous n’osons même pas y passer plus que le temps de la baignade de peur que l’ancre ou la chaîne ne restent coincées.

Nous passons au ralenti devant la ville pour bien en imprégner notre mémoire: qui sait, peut-être ne la reverrons nous pas de si tôt : la prochaine fois nous quitterons la mer Égée, le canal de Corinthe sera peut-être ouvert?

De là, toujours au moteur nous mettons le cap sur l’étroit passage qui sépare les îlots Spathi et de Tselevinia. Le vent nous rejoint juste avant le passage et c’est à la voile que nous le franchissons. On jette un coup d’œil dans la baie de Sprathy à la recherche d’un ancrage paisible pour la nuit mais une légère houle d’Est rentre et l’endroit ne nous plaît pas de trop.

Nous trouvons notre bonheur juste avant l’île de Poros : la petite plage de Plaka bien protégée par les îlots Mpourtzi et Lemoni. Le cadre est joli et l’eau est limpide, nous passerons une nuit très calme seuls au mouillage. A moins d’un mille de Poros c’est une aubaine !