Archives mensuelles : juin 2024

Sardaigne 3: la costa Smeralda et les îles Maddalena

La Costa Smeralda (côte d’émeraude) est une portion de la côte sarde qui s’étend du Cap Figari (que nous avons passer hier) au sud jusqu’au port Palau (à ne pas confondre avec l’archipel de Micronésie qui porte le même nom) au nord. Avec en son centre la célèbre station balnéaire/port de luxe de Porto Cervo. Cette région à l’origine très pauvre mais gâtée par la nature de paysages marins d’une beauté exceptionnelle a été développé dans les années 1960 en un lieu de villégiature exclusive pour les plus riches et le plus célèbres de ce monde par le Prince Karim Agha Khan IV. Si l’on peut contester les bienfaits d’un tel développement sur la nature, il aurait été très bénéfique pour la population local, et il faut reconnaître que de très gros efforts ont été accomplis pour intégrer les constructions dans le paysage.

Mais le luxe de Porto Cervo n’est absolument pas pour nous : notre but, ce sont les îles Maddalena qui s’étendent dans toute la partie Sud des bouches de Bonifacio (le détroit séparant la Corse de la Sicile). Un grand beau temps avec du vent très modéré de Nord Est est annoncé pour les jours suivant. C’est idéal et il faut en profiter car ici la topographie du détroit en fait un cône de venturi presque parfait et dès que le vent souffle un peu fort de l’Ouest ou de l’Est il est brutalement accéléré rendant au mieux les mouillages inconfortables voire impraticables.

Tout l’archipel de Maddalena et les îlots voisins ont été déclaré parc naturel depuis de nombreuses années afin de limiter l’impact du tourisme et de la pêche sur la faune et la flore tant marine que terrestre. Des règles strictes mais assez simples ont été mises en place (voir carte ci-dessous) et un permis d’entrée payant imposé pour financer une partie du coût de cette protection. On peut le souscrire directement en ligne (et voir les tarifs) à cette adresse : https://autorizzazioni.lamaddalenapark.it/index.php?ssez=Home&lang=fr_FR

En saison les gardes font des contrôles fréquents, ils vendent aussi des permis mais c’est 50 % plus cher.

En tous cas ça vaut vraiment le coup : ces îles sont de pures merveilles.

Nous commençons ce séjour par 2 jours dans la baie de Porto Palma sur la côte sud de Caprera. Encore tranquille en cette saison nous avons toute la place pour choisir un beau patch de sable sans posidonie pour y déposer notre ancre. La baie est le terrain de jeu d’une école de voile très active (ça nous rappelle des souvenirs de jeunesse) et toute la journée dériveurs et petits habitables de régate s’ébattent dans un ballet incessant d’empannages, virements de bords et autres manœuvres.

L’avantage de cette baie est qu’on peut descendre à terre (je rappelle que nous sommes dans un parc naturel) et se balader sur les sentiers qui traversent le maquis et montent aux sommet de collines surplombant la baie . L’île à été pendant 20 ans la propriété du patriote Italien Giuseppe Garibali qui est mort est mort en 1867. Elle fût ensuite une base militaire dont on voit encore les vestiges un peu partout, la nature reprenant lentement ses droits.

Le 10 Mai nous quittons Caprera et tirons des bords dans une brise évanescente pour nous faufiler entre les îles : San Stefano, La Maddalena, Spargi pour venir ancrer à Budelli juste à l’entrée sud du « lagon » formé par les îles Budeli, Santa Maria et Razzoli.

Nous ne sommes que vendredi mais l’endroit est déjà assez fréquenté et entre l’espace disponible, les zones de posidonies et les rochers tapissant le fond et le changement rapide de profondeur il n’est pas très facile d’ancrer. D’ailleurs, dans la soirée, quand une petite brise d’Ouest se lève nous dérapons, mais à cet heure là nous ne sommes plus que 3 bateau à l’ancre et il est beaucoup plus facile de mouiller correctement.

Petite parenthèse sur l’usage du sondeur pour trouver le bon endroit pour ancrer : nous n’avons pas d’écho sondeur sophistiqué avec représentation 3D des fonds en couleur et tout le tintouin, juste une bête sonde mixte vitesse/profondeur relié au système, par contre l’afficheur du même système nous permet de visualiser soit le chiffre de profondeur soit un graphique représentant la profondeur détectée sur une échelle de temps ce qui c’est avéré suffisant pour repérer les endroits les plus plats : les rochers sont facilement visibles et les algues apparaissent comme une ligne très irrégulière.

Budelli est très jolie mais on ne peut guère s’y promener. Même la super plage côté « lagon » est interdite (messieurs les gardes du parc excusez nous : nous n’avons vu la pancarte qu’en revenant de notre promenade sur la plage déserte…) mais c’est vrai que l’endroit sans touriste est absolument magique.

Sardaigne 2: Mouillages idylliques et vents changeants

Le plein de vivre frais dans le garde manger et un peu plus de culture dans la tête, nous quittons Olbia dans le calme du petit matin. Le but explorer un peu les criques du sud de ce grand golfe avant de continuer notre progression vers le Nord.

Mais ce qui devait nous prendre 2 ou 3 jours relax s’avéra finalement un peu plus intense.

Nous profitons de la légère brise de Sud qui se lève à la sortie du chenal pour parer le cap Ceraso et tirer quelques bords entre entre l’île Tavolara et la terre. Vers 10:00 nous ancrons dans l’adorable crique de Girgolu bien protégée des vents de secteur Sud Est.

L’endroit est magique, eau transparente bien sûr, quelques villas autour et surtout la plage de sable blanc soulignée par les roseaux de la lagune juste derrière. Ballade à terre, mais à par la route il n’y a pas grand-chose tout le reste est privé… Nous rentrons à bord alors qu’un vent d’Ouest Nord Ouest se lève, il n’est pas encore très fort mais on est plus abrités et s’il forcit un peu….

Nouvelle vérification de la météo, nous sommes juste sur une zone de transition entre un système de SE et un autre de NO et chaque modèle la situe un peu plus sud ou un peu plus nord et çà change à chaque mise à jour… Bon ce n’est pas grave il fait beau, on va naviguer un peu. La côte Est du golfe D’Aranci devrait offrir de bonne possibilité d’ancrage pour du Nord Ouest. A 14:00 nous jetons l’ancre à nouveau dans l’anse de Terrata. Il n’y a pas beaucoup de place entre les rochers de chaque côté mais nous sommes seuls et l’abri semble bon pour du NO sur tout qu’il ne souffle vraiment pas fort pour l’instant. Mais voilà, vers 16:00 Rêve à Deux commence à tourner sont tableau arrière vers la plage, tiens tiens voudrait-il repartir. Bah ! C’est juste un courant d’air ! Mais non 10’ plus tard il y a une bonne douzaine de nœuds d’ENE et le clapot qui va avec, notre petite étendue de sable devient rapidement inconfortable. Bon ! C’est encore cette zone de transition qui bouge, si on veut un vent stable il faudrait monter encore un peu plus haut et quitter le golfe d’Aranci pour être suffisamment loin au-dessus pour arrêter de subir ces bascules incessantes. Chose dite chose faite et à peine en vue du cap Figari, le vent retourne au NO et c’est en tirant des bords dans 20 à 25 nœuds de vent sous grand voile à 1 ris et trinquette que nous arrivons finalement dans le fond de la baie de Marinella. bien à l’abri, c’est un peu comme rentrer à la maison (on y a passé 4 jours la semaine dernière).

Trois mouillages dans la même journée, on n’avait pas encore fait çà, mais c’est juste une illustration de la volatilité des conditions météo en Méditerranée. En cette saison, vu le peu de bateaux, tant que le changement de vent se passe de jour çà ne pose aucun problème, il suffit d’aller un peu plus loin dans une baie mieux abritée. En plein été, quand tous les mouillages sont bondés çà doit être beaucoup compliqué.