Archives mensuelles : août 2024

Marseille

Lundi 20 mai, du vent fort de secteur Ouest est prévu pour les prochain jours. Notre idée était d’aller au vieux port de Marseille dont nous avions gardé un souvenir inoubliable depuis notre participation à la SNIM 1977. Mais un appel à la capitainerie nous informe malheureusement qu’il n’y a aucune place disponible et nous conseille la marina du Frioul qui s’avérera une très bonne idée.

Pour l’instant il n’y a pas de vent et le port est presque vide. Heureusement parce que l’amarrage n’est pas des plus facile. Les bouées sont très loin du quai et mouillées très courtes (orin à pic sur le corps mort). Mais une fois les amarres en place, c’est un très bon port, bien protégé de tous les vents et de la houle du large et à 30’ du centre ville de Marseille grâce à la navette qui part toutes les 45’ de 07:00 à 21:00 (tarif : 11,10 Euros aller et retour). Là, nous y passerons 3 nuits. Le reste de la journée est utilisé à commencer la préparation du bateau pour la mise à sec à la fin de la semaine et grimper au mat pour inspecter le gréement suivi d’une belle promenade sur les sentiers de l’île Ratonneau.

Mardi nous allons en ville. Ballade sur le Vieux Port, c’est malheureusement le jour de fermeture hebdomadaire du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

mais le Mémorial des Déportations de la Ville de Marseille est ouvert. Découvrir l’histoire atroce de cette période noire permet de mieux comprendre le Marseille actuel.


Déjeuner dans un resto sympa du quartier du Panier avant de prendre le bus pour monter à la Bonne Mère. La vue de là haut est toujours aussi magique. On redescend à pied en flânant par les ruelles du quartier St Victor et visitons une galerie de peinture dans un vieil immeuble Cours d’Estienne-d’Orves. On passe faire quelques courses dans une supérette du quartier (au Frioul il n’y a rien…) et nous rentrons au Vieux Port par la Canebière.

Il est déjà temps de reprendre la navette pour rentrer. Le vent souffle et la mer est forte, la vedette est obligé de beaucoup ralentir pour ne pas tremper les passagers.

Mercredi nous continuons le rangement (nettoyer l’intérieur, dégréer les écoutes de spi, retenue de bôme et tout ce qui ne va pas servir demain pour tirer des bords vers Port St Louis (vent d’Est léger prévu) et finissons la journée par une belle promenade sur les sentiers de l’île Pommègue .

Jeudi matin, le temps est superbe, un douzaine de nœuds d’Ouest et la mer c’est bien calmée, en début d’après midi nous pénétrons dans le golfe de Fos entre 2 pétroliers. Il faut bien respecter le balisage pour contourner le banc de sable du They de la Gracieuse qui s’est visiblement beaucoup étendu vers le Nord Est depuis la dernière mise à jour de que notre cartographie (2021) et l’épave d’un voilier dont la coque est déjà à moitié enfouie dans le sable est là pour en témoigner. Nous pénétrons dans le canal Saint Louis et venant nous amarrer devant le chantier Port Navy Service à couple d’un joli Trimaran. Il nous reste juste à dégréer les voiles pour être prêts pour la mise à sec demain matin.

Samedi on est sous le travlift vers 14:00 et en milieu d’après midi nous sommes bien calés sur un ber au milieu du parc ouest de cet immense port à sec. Nous allons laisser Rêve à Deux ici jusqu’à la mi-Septembre mais nous prévoyons de revenir en voiture avant la fin Juin pour évacuer les objets et vêtement qui se sont accumulés à bord depuis notre départ, ramener du matériel de remplacement et effectuer quelques réparations. En attendant il nous faut trouver un moyen de transport pour rentrer à la maison. Il y a bien des vols « low cost » de Marignane à Tours pour 30 euros, mais le bilan carbone de l’avion est trop mauvais pour notre karma, par le train c’est difficile de faire le parcours dans la journée à moins de vouloir payer un billet à 200 euros avec changement de gare à Paris, alors on essaie le co-voiturage Bla-bla Car et çà se passe super bien. Partis vers 07:00 de port St Louis, nous sommes de retour chez nous dans notre Touraine profonde vers 19:00 .

Cap sur les calanques et l’île de Riou

On a prévu de mettre à sec pour la saison estivale à Port Saint Louis du Rhône le 24. Il nous reste donc une semaine de navigation. Mais le début de la semaine prochaine risque d’être très ventée surtout sur l’Est de la zone. Si nous voulons continuer à ne pas nous presser, il nous faut continuer à gagner dans l’ouest.

Le premier saut de puce nous amène à Bandol, pas forcément le mouillage de rêve mais pas désagréable non plus et en tous cas, suffisamment protégé de la petite houle qui c’est levée après la traversée de la rade de Toulon.

Dimanche matin nous décollons de bonne heure et mettons le cap sur les fameuses calanques qui font la réputation de cette portion de côte entre Cassis et Marseille. On en profite pour faire une petite parenthèse sur la réglementation du parc marin. C’est un écosystème unique dans un cadre magnifique qu’il faut bien évidemment protéger et sauvegarder pour les générations futures et pour ce faire mettre en place une réglementation stricte. Mais quand le document sensé expliquer au grand public les règles de mouillage dans cette zone commence par « 49 mesures concrètes » on se pose la question bien française : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Peu de corps morts ont pour l’instant été mis en place et les zones où l’ancrage est encore utilisé sont saturées où complètement impraticable car la grande profondeur et la place disponible pour éviter ne sont pas compatibles. On fait le tour de Morgiou et Sormiou en rasant la côte pour admirer les falaises puis on met le cap sur l’île de Riou.

On jette l’ancre à l’intérieur de la limite autorisée sur une belle plaque de sable blanc sans posidonie, mais le vent venant de l’île, quand la chaîne se tend, on se retrouve hors limite de quelques mètres. Bon ! Pour une bonne baignade et un déjeuner rapide çà devrait le faire. Mais à peine fini la dernière bouchée, on aperçoit la vedette des gendarmes qui contrôle les bateaux un peu plus loin. On ne va pas tenter le diable, on s’éclipse discrètement et on se fait un tour de cette merveilleuse île en passant à quelques mètres de ses roches au formes tourmentées.

Où va t’on passer la nuit ? Vu le nombre de bateaux qui rentre, le lundi de Pentecôte ne doit pas être férié pour tout le monde. Le passage de l’île Maire à des allures d’autoroute à l’heure de pointe… On essaie les anses de Mongenet et de la Maronaise où il n’y a personne mais on comprend vite pourquoi : la petite brise de Sud Est d’à peine 10 nds qui souffle au large se transforme en rafales à plus de 25 nds de ce côté du cap Croisette. On poursuit jusqu’au Frioul où il y à encore beaucoup de monde mais les mouillages de la côte Est commencent à se vider. On trouve finalement suffisamment de place pour ancrer dans l’anse de Port de Banc.

Retour sur la côte française continentale

Traversée paisible dans un vent d’Est plutôt faible nous obligeant à appuyer au moteur pendant une heure ou deux mais qui se renforce un peu quand nous approchons du continent et nous permet enfin de bien avancer. Jusqu’au moment où nous entendons un hélico nous tourner autour :

« Rêve à Deux, Rêve à Deux, ici l’hélicoptère de la Marine Nationale me recevez vous » « Hélico , Hélico, ici Rêve à Deux,» « Rêve à Deux, vous entrez dans une zone de tir, vous n’avez pas vu les derniers AVURNAV (avis urgent aux navigateurs) » «  non, désolé ! » «Bon ! Il y a une opération de tir en cours, vous ne pouvez pas continuer sur ce cap, vous devez faire du plein Ouest pendant 10 milles avant de reprendre votre route » « OK Helico, bien reçu nous changeons de cap au 270, terminé, reprenons la veille sur canal 16 »

Bien sûr, avec 10 nds de vent de travers le bateau avançait super bien mais une fois au cap demandé on se retrouve dans un vent arrière bâtard mais bon c’est toujours mieux que de se faire couler par un missile. Une heure et demie plus tard, nous sommes près à reprendre notre route quand l’hélico revient : « Rêve à Deux , Rêve à Deux, continuez encore 6 milles avant de changer de cap et mettez le moteur pour sortir plus rapidement de la zone dangereuse »

Entre temps le vent est monté et quand nous reprenons notre route, nous sommes au près avec un ris et la trinquette, merci la Marine ! Il est midi quand nous doublons le fameux cap des Mèdes et ses rochers si caractéristiques.

Quelques minutes plus tard nous jetons l’ancre dans la partie Sud-Ouest de la baie d’Alicastre. La dernière fois que nous avons ancré là, c’était en 1977… On reconnaît bien le paysage mais il nous semble plus vert, plus boisé (depuis le temps, les arbres ont sans doute eu le temps de grandir). Nous y resterons deux jours en attendant qu’un peu de mauvais temps de Nord Est passe.

Vendredi 16/05, le vent à tourné à l’Ouest et il fait un temps splendide. Mais le frigo est vide il faut faire les courses (la dernière fois c’était à Olbia…). On jette notre dévolu sur le Lavandou distant d’une dizaine de milles. Il y a 7 ou 8 voiliers à l’ancre. On embarque dans l’annexe et on se dirige vers la plage par un large chenal balisé de bouées jaunes. On pensait que c’était le chenal d’accès mais non, un maître nageur se précipite vers nous en nous disant que c’est le chenal réservé au secours et qu’il est bien sûr strictement interdit à toute embarcation mais que, comme la zone de baignade estivale n’est pas encore en place, on peu aborder un peu plus loin sur la plage à condition de démonter notre moteur et de le mettre au fond de l’annexe… Bon, je resterai sur la plage, pendant qu’Anne fait un saut au marché des producteurs locaux juste à côté. Elle revient avec quelques fruits une forte appétissante copa artisanale qui quand nous déchiffrerons les petits caractères de l’étiquette trahira sa provenance soit-disant locale pour avoir été produite en Charente Maritime…). On pose tout ça au bateau et on repart en laissant cette fois-ci l’annexe entre deux barques au fond du port. Centre ville plutôt agréable avec ses terrasses de café, courses rapides au Carrefour Market du coin.

On va mouillé pour l’après-midi et la nuit à l’anse de Gau à la sortie de la baie. Nous sommes seuls dans cette jolie baie entourée de résidences privées. Nous mouillons dans 8 m d’eau sur un fond de sable bien clair. Baignade et farniente. L’application Donia fait référence à un arrêté municipal réglementant le mouillage autorisé dans cette zone mais sans aucun détail, sur Navily, quelques commentaires indiquent une longueur maxi autorisée de 12 m : espérons que le brigade du littoral ne se promènera pas dans le coin avec un décamètre dans la poche (longueur officielle sans le bout dehors 12,80 m.

Vendredi 17/05/2024, ce matin le temps est idéal pour aller à Port Cros. Les bouée du parc devant le port sont gratuites pour la journée (payante pour la nuit – une quarantaine d’euros pour nous). On se fait une grande promenade dans la forêt et sur les falaises de la côte Sud. Le parc naturel rempli vraiment son rôle : la nature est superbe et visiblement préservée et en plus, en ce vendredi matin il n’y a encore presque personne. On rentre à bord en début d’après-midi, fourbus et affamés mais ravis de notre petite rando. Après un casse-croûte bien réconfortant (salade, feta, tomates, pois chiches) nous hissons les voiles et repartons sur un petit bord de vent de travers dans une gentille brise. Bord qui nous ramène rapidement et en douceur à Porquerolles où nous passons la nuit.

Corse Express

Ce matin, après une nuit paisible dans le décor de rêve de ces merveilleuses îles de l’archipel Madalena, nous traversons les bouches de Bonifacio.

Temps idéal, brise légère mer plate. On contourne Budelli par le Sud et l’Ouest en explorant la fameuse Cala Marina avant de quitter les eaux Italiennes. C’est au moteur et sans un souffle que nous arrivons aux îles Lavezzi. Première étape (de la journée…)

Nous jetons l’ancre au fond de la Cala Ghiucu sur fond de sable blanc de 3 à 4 m c’est très joli, mais c’est tout petit et nous sommes Samedi (11 Mai) : de nombreux zodiacs et autres petits bateaux à moteur arrivent de Bonifacio. Dans peu de temps la Cala sera bondée et si le vent s’en mêle, çà va devenir rapidement intenable.

On lève l’ancre et on continue notre route vers l’Ouest. Le vent se lève du Nord Est et c’est sous spi que nous longeons les falaises de Bonifacio avec sa vieille ville et sa citadelle perchée au sommet.

Conditions idéales, on se paie même le luxe de réparer une petite déchirure dans le bas du spi sans l’affaler. Avec ce vent de Nord Est on se dit qu’on sera très bien dans l’anse de Stagnolu de l’autre côté du cap Feno. Mais à peine passé ce promontoire rocheux, le vent tourne à l’Ouest accompagné d’une petite houle rendant cette crique très inconfortable. On se réoriente vers la baie de Chevaneau un peu plus haut sur la côte. Là l’abri n’est pas mauvais mais les fonds ne sont pas très plats. Anne se baigne et s’aperçoit que si pour l’instant on est bien mouillé, dès que le vent tournera, la chaîne risque de s’enrouler autour des gros rochers qui parsèment le fond. Il est presque dix huit heures mais le soleil se couche tard en cette saison, on a encore le temps d’aller à la baie suivante. On est au près mais à part un petit contre bord on peut y aller en route directe. Il est 20:00 quand nous doublons la pointe de Roccapina et un quart d’heure plus tard on ancre bien à l’abri dans la partie nord de la plage de Erbaju. Il n’y a qu’un autre bateau dans cette grande baie. Il y a aussi une fête au resto de la plage qui est illuminé de centaines de bougies mais la musique est très bonne et ne nous empêche nullement de nous endormir.

Au matin nous découvrons la plage de rêve que nous nous empressons d’aller explorer. A part le resto dont tous le mobilier est fait de bois flotté artistiquement mis en œuvre nous sommes seuls (l’autre voilier a décollé de bonne heure). Derrière la dune il y a une vallée luxuriante. Cet endroit est sans doute l’une des plus belles plages que nous ayons vu (et nous en avons vu pas mal) et le temps était idéal cette nuit car on imagine facilement qu’avec un tout petit peu de Sud dans l’Ouest le mouillage deviendra rapidement intenable malgré un excellent fond de sable sans posidonie. Du temps instable est justement prévu pour les prochains jours : il faut avancer.

Petite parenthèse : si vous voulez naviguer sur les côte française de la méditerranée (y compris en corse) téléchargez l’application Domia sur votre téléphone ou votre tablette. C’est une application cartographique qui répertorie les mouillages autorisés (si si, il en reste encore…) tout en indiquant les restrictions (zones délimitées par des bouées jaunes) la nature des fonds et les herbiers de posidonies.

Pour l’instant le temps est encore très agréable et nous tirons des bords le long de la côte de la province de Sartène dans une gentille brise de N.O. Puis nous traversons le golfe de Valingo au fond duquel se trouve le port de Propriano mais nous préférons aller ancrer dans la jolie baie de Cupabia au Nord Ouest. Il y a déjà 4 bateaux. La baie est belle avec des rives boisées plutôt escarpées avec quelques tours Génoises et au fond une grande plage avec une payotte/guinguette pas encore en activité. La nuit sera paisible.

Lundi 13 mai, les gribs du matin confirment ce que l’on entrevoyait depuis quelques jours : 24 heures de temps convenable suivis dans les prochaines jours d’orages assez violents sur toute la côte Ouest de l’île et accompagnés d’une houle d’Ouest pas énorme mais suffisante pour rendre beaucoup de mouillages de cette partie de l’île de Beauté plutôt inconfortables. Nous décidons donc d’entreprendre la traversée vers le continent tout de suite. Et c’est sur la vision des sommets enneigés du Monte Cinto et du Capitello que nous quittons la Corse et mettons le cap sur Porquerole.

C’était une visite vraiment très courte mais nous connaissons bien la Corse pour l’avoir explorée en long et en large même si ça remonte à la 2ème moitié des années soixante dix!