La route des villages blancs

Rêve à Deux bien à l’abri à la marina de la Linea, on peut à nouveau se déguiser en touristes ordinaires et aller explorer un peu l’intérieur de cette Andalousie chargée d’histoire. La première idée était de pousser jusqu’à Grenade mais d’une part c’était un peu loin pour le kilométrage de la voiture de location et surtout nous n’étions pas sûrs de pouvoir rentrer dans Alhambra, le site internet officiel affichant complet jusqu’à la mi-novembre. Nous sommes donc partis pour la route dite des villages blancs qui serpente dans les montagnes au dessus de Gibraltar , et nous n’avons pas été déçu .

Première étape: Setenil de las Bodegas, situé environ150 km au nord de Cadix, ce sera la plus septentrionale de notre virée. Ce village troglodyte, au façades peintes en blanc, blotti sous de vertigineuses falaises en surplomb, tout au fond des gorges impressionnantes creusées par le río Guadalporcún. Le village est surmonté des ruines du château de Setenil une forteresse imprenable sous la domination musulmane, qui ne tomba qu’après 7 tentatives au main du duc de Cadix Rodrigo Ponce de León , le 21 septembre 1484. Nous parcourons les ruelles tortueuses et déjeunons paisiblement dans la fraîcheur relative d’une terrasse de taverne à l’ombre des falaises.

Les paysages desséchés d’Andalousie avec pour seule note de verdure ses champs d’oliviers à été décrits par maints poètes célèbres. Mais cet été a été ici encore plus chaud que d’habitude avec des températures jamais atteintes auparavant. Heureusement nous sommes tard dans la saison et il fait bon.

Deuxième étape: Zahara de la Sierra, village blanc et forteresse perchés au sommet d’un piton rocheux au centre du Parque Naturel de la Sierra de Grazalema au pied de la Sierra du Jaral.

Ici aussi les effets de la canicule sont bien visibles: on voit clairement que le niveau du lac de retenue en contre-bas de la ville est de plusieurs mètres en dessous de son niveau habituel.

La ville était à l’origine un avant-poste mauresque stratégiquement positionné entre Ronda et Séville. La forteresse est encore debout et nous bravons la pente pour l’escalader jusqu’au sommet de son donjon.

Le soir nous trouvons un petit hôtel sympa dans la rue principale du village. Dîner pour qu’une dizaine d’euros au resto d’en face (le tourisme hors saison à du bon). Nous nous autorisons une entorse flexitarienne pour goûter une spécialité de la région le Lagarto Iberico (littéralement lézard ibérique) mais après l’avoir dégustée, nous provoquons l’hilarité de la serveuse quand nous lui demandons si c’est vraiment la viande du reptile ou plus prosaïquement le nom d’un pièce particulière de cochon grillée au demeurant délicieuse.

Au matin nous reprenons la route en faisant une courte pose à Prado del Rey mais cette ville construite au 18ème siècle suivant un plan rectangulaire ne présente grand intérêt. Note positive pour les agriculteur du coin: il a plu ce matin. Nous poursuivons notre route et au détour d’une route principale pas loin de el Bosque nous tombons sur les Salinas de Iptuci (les salins d’Ipuci) accessibles par une courte piste peu visible. C’est un peu étrange de tomber sur un marais salant à plus de 100km de la mer mais la visite (gratuite) du site nous fera comprendre son fonctionnement.

Le site a été créé par les Phéniciens puis développé par les Romains. Les fouilles ont permis de comprendre qu’il y avait tout un village autour de ce site commercialement très important à l’époque. Le sel provient de dépôts géologiques très ancien profondément enfouis dans le sous-sol de la région. Les eaux d’infiltration se chargent en sel au contact de ces dépôts et remontent à la surface sous forme de sources chaudes. C’est l’une de ces sources qui alimente le marais salant d’Iptuci toujours en activités depuis plus de 30 siècles! Nous faisons provision de ce délicieux sel au comptoir.

Suite de ce voyage au prochain article