Archives mensuelles : novembre 2024

Essaouira et la côte

Il se fait tard nous n’arriverons pas à Essouira avant la nuit, on choisit donc de s’arrêter à Ounara, une trentaine de km avant. Booking.com nous suggère un établissement très bien noté, L’écrin de Mogador, nous ne serons pas déçus: villa de rêve nichée dans la campagne, accueil chaleureux de Véronique, l’hôtesse, baignade relaxante dans la piscine de 15m, dîner gastronomique suivit d’une excellente nuit dans une chambre spacieuse décorée avec goût. On se sentirait presque en vacances!

Après un bon petit déjeuner nous reprenons la route vers Essaouira (en voiture, pas à dos de chameau). Essaouira est aujourd’hui un port de pêche très actif comme en témoigne le nombre de barques amarrées dans le port. Leur forme d’étrave très particulière laisse facilement imaginer la grosse houle qui doit sévir à l’extérieur du port. Bien que ce port ne soit pas du tout adapté, quelques plaisanciers y font parfois escale en général ils mouillent à l’extérieur, devant la plage ou à côté de l’îlot qui protège un peu la baie. Aujourd’hui il n’y a qu’une goélette d’une trentaine de mètres à l’ancre et elle roule bord sur bord: on est bien content d’être venus par la terre.

La forteresse et les remparts on été construits au XVIème siècle par les portugais et portent encore quelques marques de leur style caractéristique. La ville portait alors le nom de Mogador. C’est au XVIIIème siècles, qu’elle connu sont apogée sous la houlette du sultan Mohammed Ben Abdellah. Il fit appel à l’architecte français Théodore Cornu pour construire la médina actuelle et en fit la plaque tournante du commerce entre l’Afrique sub-saharienne (on lui donna même le surnom de port de Tombouctou) et l’Europe. C’est l’une des rares villes Marocaines où, à l’époque, Arabes, Berbères, Juifs et Chrétiens pouvaient y vivre en bonne intelligence, négoce oblige. La richesse de ces marchands venait de l’exportation de denrées de base comme le sel ou le sucre, de métaux comme l’or mais aussi malheureusement d’esclaves. Elle fut longtemps le seul port du Maroc ouvert au commerce pour les Européens et fut à ce titre très convoitée par les grands empires coloniaux.

La médina est assez différente de toutes celles que nous avons vu jusqu’ici. On reconnait l’influence européenne et peut-être la patte de Théodore Cornut dans le style des édifices mais surtout dans l’agencement des ruelles, plus larges, plus droites: ici pas de risque de se perdre.

Nous continuons vers Agadir en longeant la côte autant que faire ce peut. Les quelques plages qui peuvent être accessibles par une route sont un paradis pour les surfeurs.

La route s’éloigne de la côte pour franchir une zone montagneuse plantée d’arbres que de loin on pourrait prendre pour des oliviers (et il y en a aussi bien sûr) mais la plupart sont des arganiers. Ces arbres produisent des fruit ressemblant, au début de leur croissance, un peu à des olives. Une fois mûrs (couleur brune), ils sont récoltés puis mis à sécher au soleil pour dégager la noix de l’enveloppe charnue (coque dure un peu comme une amande) quand les noix sont bien sèche, on les casse pour en retirer les noyaux. C’est ces noyaux qui sont ensuite broyés pour en extraire la fameuse huile d’argan (forte odeur de noisette, utilisée aussi bien en cosmétique qu’en alimentaire).

On retrouve l’océan dans la grande descente juste au Sud du cap Insoumane puis on traverse la grande bananeraie de Tamri et la côte sauvage du cap Ghir. Passé le cap, les grande plage et les hostel pour surfers font un peu penser à la Californie.

On arrive à Agadir juste à temps pour rendre la voiture! nous sommes mardi 29/10/2024, depuis que nous avons quitté Rêve à Deux vendredi dernier on en a vraiment pris plein la vue!

Marrakech Express*

*inspiration du titre: chanson de Crosby Still & Nash de 1969 que les moins jeunes aurons reconnu, nous n’avons certes pas pris le train mais on ne c’est pas attardés non plus.

Après une excellente nuit nous retraversons Aït Ourir avant de prendre la nationale en direction de Marrakesh. Aït Ourir est une ville agricole (principalement olives) de 52 000 habitants sans doute parmi les plus pauvres du royaume. Ici il n’y a pas de touristes. Les principales attractions sont le marché et les taxis hippomobiles.

Nous contournons Marrakech par l’Est pour trouver un parking aussi proche que possible d’une entrée de la Médina et nous commençons la visite par les souks qui sont ici très orientés touristes. Bien sûr conformément à notre habitude nous arrivons le jour hebdomadaire de fermeture des musées qui est ici le lundi. Mais heureusement certains ouvrent 7 jour sur 7 .

Notre première visite sera pour la Merdesa (école coranique) Ben Youssef, une merveille d’architecture islamique. Construite au 14ème siècle par le sultan marinide Abu Inan Faris. Elle fut agrandie vers 1565 et disposait de 132 chambres/cellules pour les étudiants. Elle déclina ensuite avant d’être finalement restaurée à partir de la fin du 19ème siècle, sous l’égide du sultan alaouite Moulay Hassan I pour être aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO avec d’autres monuments de la ville.

De là nous repartons à travers les ruelles tortueuses de la médina pour un musée d’art moderne qui était en fait une maison d’hôte et n’était donc pas visitable quand il y avait des clients. Le souk dans cette zone à un aspect plus authentique, avec de vrais artisans et des commerces de subsistance.

Nous retraversons à nouveau toute la médina (mais dans une autre direction) pour nous rendre au musée de la musique. Installé au cœur du quartier de Mouassine dans une villa du 16ème siècle qui appartenait à la famille du peintre Abdelleh Mellakh depuis plusieurs siècles, le musée explique les traditions musicales du pays Berbère et expose de nombreux instruments venant de toute l’Afrique dans un cadre magnifique. C’est Patrick Manac’h, un français originaire d’Ouessant, avec qui nous bavardons en déjeunant sur la terrasse du musée qui l’a fondé.

Mais la journée avance et il nous faut regagner la voiture. Au fait: où l’avons nous garée? Ni l’un ni l’autre n’avons noté le nom du parking, l’historique de Googlemaps ne nous est d’aucune utilité. Il y a plein de parking dans la partie de la ville où nous pensons l’avoir laissée. On refait donc une traversée de la médina dans la direction estimée…

… et on y trouve bien un parking mais ce n’est pas le notre. Pour des navigateurs çà la fiche plutôt mal, bon c’est vrai qu’avec un absence totale de ligne droite et une multitude de ruelles si tortueuses et si étroites que même le signal GPS ne passe plus, la médina est un sacré labyrinthe. Une seule solution: revenir à la Medersa Ben Youssef (la première visite de la journée) et essayer de refaire le chemin de ce matin sens inverse. Et pour une fois on avait pas pris nos fidèles trottinettes, on commence donc à en avoir plein les jambes mais ça marche, on retrouve enfin notre titine!

La traversée de l’Atlas jusqu’à la plaine de Marrakech

La décision est prise de traverser l’Atlas avant le mauvais temps prévu pour les prochains jours mais Il est déjà presque 16:00 quand nous reprenons la route. Plutôt que d’emprunter, la nationale 9 plus rapide nous choisissons de repasser par la vallée de l’Asif Ounila beaucoup plus pittoresque en bas duquel nous étions ce matin.

Passé Aït Ben Haddou, la route rétrécit et monte beaucoup. La chaussée très dégradée ne laisse place qu’à un seul véhicule et les bas-côtés pierreux présentent parfois un dénivelé inquiétant.

Ceci dit on se demande comment la route est encore là: entre le tremblement de terre, les glissements de terrains et les rares mais très violentes précipitations, les traces sont visibles, non seulement sur la route mais sur les villages que l’on traverse dont certains sont blottis tout au fond des gorges

En plus la règle habituelle de la priorité au véhicule montant semble ici inversée. Il faut dire que la journée est déjà bien avancée et que les touristes qui ont commencé l’ascension de l’autre versant ce matin sont déjà là parce qu’on ne croise que des touristes. Un convoi d’une vingtaine de campings cars Néerlandais, une équipe de 50 cyclistes, deux douzaine de grosses motos tout terrain et plusieurs groupes de gros 4X4. Pas question que ces derniers salissent leurs gros pneus c’est à nous de nous arrêter sur le bas côté.

A la sortie du village de Timsal on atteint un plateau montagneux, les gorges deviennent moins profondes la route plus large et en meilleur état. Coup d’œil rapide au passage à la Kasbah de Telouet qui était parait il très belle mais qui semble assez délabrée, tremblement de terre ou manque d’entretient?

Nous reprenons la N9 quelques kilomètres avant le col du Tichka. C’est une passe à 2260 m construite par la légion étrangère en 1927 (le Maroc était protectorat Français). La température n’est plus que de 7°C

Puis nous descendons vers la plaine. On est bien content d’avoir prix la petite route de montagne pour la première partie bien sûr parce que c’était très beau mais aussi parce que sur la nationale il y a beaucoup de circulation avec de gros camions et des taxi locaux qui roulent comme des malades.

Avant que nous le quittions, l’Atlas nous gratifie d’un beau coucher de soleil. Nous nous arrêtons pour la nuit à Aït Ourir, la première ville après la montagne précisément au Dar Tadout une maison d’hôte sympa perdue dans les oliveraies.

Les Kasbahs de la région de Ouarzazat

On commence cette journée par la Ksar que l’on voyait de notre terrasse: la Kasbah Glaoui de Tamdakhte. Les bâtiments on été bien endommagés par le tremblement de terre et le manque d’entretien. Nous étions venus juste pour quelques photos mais Adbul Rahman, insiste gentiment pour tout nous montrer en nous expliquant le fonctionnement de l’oasis irriguée depuis la rivière par des falajs, le travail de la terre et la récolte des olives, la vie à l’intérieur de ces vieux murs , la mosquée et le fonctionnement du puits pour les ablutions.

(Diaporama 21 photos)

Des français ont racheté des bâtiments adjacents pour les restaurer et en faire des hôtels mais le style un peu forcé ne fait pas très authentique…

De là nous redescendons sur Aït Ben Addou, où le flot de touriste n’est pas encore arrivé, hier en fin de journée il y avait je ne sais combien de bus garés sur le parking.

On y accède par un gué à travers l’oued dont l’eau claire coule entre les galets.

Le Ksar Aït Ben Haddou a été fondé au XIe siècle par la tribu berbère éponyme, Il était situé sur la route des caravanes, qui reliait Marrakech au sud du Sahara et qui permettait le commerce de l’or, du sel, des épices et des esclaves. Sa position stratégique au début de la vallée montant vers les cols de l’Atlas explique sa prospérité.

(Diaporama 31 photos)

Il a été touché par le tremblement de terre de Septembre 2023 mais son importance économique liée au tourisme fait qu’il a été restauré beaucoup plus rapidement que d’autres villages.

Puis nous poussons jusqu’à Ouarzazate. La ville elle même, moderne et propre ne semble pas présenter de grand intérêt. L’attraction c’est le Ksar Taourit dont l’hitoire est à peu près la même que celle Daït Be Haddou. Lui aussi à souffert du tremblement de terre et le palais de la kasbah avec ses magnifiques appartements ne se visite plus. Les autres bâtiments ont été bien restaurés.

Nous déjeunons à la terrasse d’un café avec une vue imprenable sur la kasbah. On en profite pour consulter les prévision météo. Du mauvais temps est annoncé à partir de demain et pour les prochains jours avec des précipitations importantes y compris de la neige et des températures proche de zéro au niveau de la route et du col que nous devons emprunter pour passer de l’autre côté des montagnes. on avait pourtant bien envie de continuer plus loin vers l’est en direction de la vallée des roses et de Skoura ou vers le sud en direction de Zagora et du désert proprement dit et ne partir vers Marrakech que demain après-midi. Mais compte tenu des prévisions, la prudence nous recommande de traverser l’Atlas aujourd’hui. C’est donc encore un peu sur notre faim de ksars et de paysages sahariens que nous mettons le cap sur ces montagnes de légende.

Taroudant à Aït Ben Haddou

Nous laissons Rêve à Deux à la marina pour quelques jours. Au programme, les médinas et autres kasbahs de Taroudant, de la région de Ouarzazate, de la traversée de l’Atlas, de Marrakech et d’Essaouira.

Le loueur de voiture se fait attendre et il est 18:30 lorsque nous récupérons le véhicule loué pour 17:30. Nous prenons tout de suite la route et arrivons vers 20:00 à Teroudant.

Le Riad que nous avons réservé est en plein cœur de la Médina mais grâce à la grande maîtrise d’Anne sur Google Map nous y arrivons sans encombre et sans détours inutiles. Je laisse donc Anne et nos deux sacs au riad et je pars garer la voiture au parking recommandé. Malheureusement je manque la première bifurcation qui y conduit. J’essaie donc de trouver un itinéraire bis à travers les ruelles. La particularité de la médina de Taroudant est que toutes les ruelles sont à sens unique, une partie des ruelles est ouverte aux voitures et une partie aux piétons seulement la transition entre les 2 n’étant pas nettement matérialisée et en plus beaucoup sont sans issue. Bref au bout de quelques minutes je me retrouve coincé entre un étal de boucher à gauche et celui d’un marchand de fruits et légumes à droite. Hilarité générale dans le quartier. Le gens du coin viennent spontanément m’aider à faire le parcours inverse en marche arrière, ce qui, avec les seuils et les étals empiétant sur la chaussée, et les virages à angle droit, n’est pas une mince affaire. Mais ces deux là ne parlent qu’Arabe et je ne comprend pas toujours leurs conseils. Au bout d’un moment l’un d’entre eux prend le volant et me sort du labyrinthe. Il me guide ensuite jusqu’au parking. Des gens vraiment gentils! 3/4 d’heure après avoir déposé Anne je suis de retour à l’hôtel (le parking était à 100m). Tout le monde commençait à être inquiet, un employé était même partis à ma recherche. De la gérante au cuisinier tout le monde a bien rit de ma mésaventure.

Riad Tafilag est une maison d’hôte/hôtel typique, décoré avec goût, chambre confortable avec grande terrasse privée donnant sur le patio où trône un immense Chorisia ou Ceiba Speciosa., excellente tagine de poulet bio confit à l’orange.

La médina de Taroudant grouille de vie et de commerces de tous genres mais ne présente pas grand intérêt en soi. Par contre la Kasbah et le mur d’enceinte valent le détour.

De Teroudant on met le cap à l’est en empruntant la rive sud de l’Asif Tifnout (nom de la rivière qui traverse toute la région en devenant l’oued Souss en arrivant sur agadir) ou il y a moins de circulation que sur la nationale au nord. L’eau qui y coule est vive et claire

La vallée verdoyante contraste avec les montagnes arides qui la borde.

Plus on avance plus ce contraste devient important et plus le pays se dessèche. On traverse plusieurs oueds à sec où il ne subsiste plus que quelques mares boueuses.

Région désertique donc mais on est loin de l’image des dunes de sable du Sahara. Ici sortis des oasis ou sont bâtis des villages de terre rouge, tout n’est que rocs et pierrailles si bien que par endroits on aurait l’impression d’être sur Mars.

Mais dans cette région desséchée il y a parfois des cultures en dehors des oasis, ici on ramasse des citrouilles (certaines espèce de courges sont bien adaptées au climats désertiques) là c’est un agriculteur qui retourne les cailloux de son champ.

il y a aussi des marchands qui vendent des fossiles , des pierres (galène, malachite) et même des géodes (quartz, améthyste)

Nous arrivons dans les contreforts de l’Atlas, le relief se creuse, les vallées sont plus profondes, les collines plus accidentées. Au moindre filet d’eau la végétation se développe.

Nous avons réservé pour la nuit au Tigmi Hamid à 2 km d’Aït Ben Haddou. C’est un gite construit en torchis de paille et de terre rouge sur le model des maisons traditionnelles de la région. La chambre est grande et confortable. Depuis la terrasse on a une vue imprenable sur la vallée de l’Asif Ounila et la vieille Kasbah du Glaoui de Tamdakhte.

Nous sommes seuls ce soir là dans l’établissement, le propriétaire et son personnel sont aux petits soins. (hier ils avaient un groupe de 18 personnes!) Après le repas ils nous offrent un petit concert de musique traditionnelle berbère. En conversant avec notre hôte il nous parle du tremblement de terre qui a dévasté le centre du pays en Septembre 2023 faisant 2900 morts, de nombreux blessés et des dégâts considérables. Lui-même a été blessé aux jambes et sa maison a souffert de plusieurs fissures importantes mais a tenu bon contrairement à beaucoup d’autres.

Nous avions oublié cette catastrophe mais maintenant partout où l’on passe on en voit les traces, villages effondrés ici bâtiment fissuré là, bidonville de bâches ailleurs et un peu partout les palettes de parpaings qui ont été livrées par le gouvernement pour réparer les dommages.

Après une bonne nuit de sommeil dans ce havre de paix et de fraîcheur (le vent souffle ce matin et il ne fait guère plus de 12°C) nous sommes prêts pour la journée des Kasbahs!

De Tanger à Agadir

19/10/2024, un excellent créneaux se présente pour descendre jusqu’à Agadir. Le dédouanement se passe assez rapidement une fois que les officiels sont revenus de leur pose café : même si nous allons vers un autre port marocain, comme nous quittons le ponton, pour eux c’est une sortie du territoire donc tamponnage des passeports et dédouanement du bateau.Nous avions prévu une heure et l’heure y est passée.

A 10:20 nous sommes partis. La marée est parfaite pour sortir rapidement de la dernière partie du détroit. Nous franchissons les fameuses colonnes d’Hercules en tirant des bords dans 8 à 10 nds de vent bien aidés par le courant sortant.

Sitôt passé le cap Espartel le vent s’établit au NNO et ne nous quittera plus jusqu’à l’arrivée, montant très progressivement de 10 à 18nds en 48 heures avec un courant favorable et une houle ne dépassant pas 1,50m. C’est l’avantage de l’Atlantique : cette longue houle de 1,50m (période 15s) est beaucoup moins gênante que 0,70m avec une période de 4s en Méditerranée. Nous avons choisi de passer très au large de la côte, entre 12 et 25 milles, pour éviter les pêcheurs et leurs filets invisibles la nuit et rester hors des eaux territoriales pour éviter les contrôles puisqu’on a dédouané. Les premières 24 heures nous croisons de très nombreux cargos mais une fois passé la latitude Casablanca le trafic diminue beaucoup. A cette distance de la côte il y a aussi quelques gros chalutiers mais eux ont l’AIS et veillent à la VHF.

Le 21 en début de soirée nous sommes par le travers d’Essaouira les gribs prévoyaient un vent de 20 à 22 nds avec des rafales à 30 ou plus pour la nuit. Le vent étant monté à 18 – 20 nds, nous prenons un ris, roulons le foc et déroulons la trinquette pour être parés quand ça viendra. Mais finalement nous passons une nuit très tranquille en avançant pépère sous voilure réduite : les rafales prévues ne sont jamais venues.

En seconde partie de nuit on croise de nombreux bateaux de pèche sans AIS et avec des feux de route très difficile à identifier on passe donc au radar pour assurer les trajectoires.

Au large du cap Ghir (prononcez Rhir) le vent faiblit et nous renvoyons de la toile. Au lever du jour, il tombe complètement et c’est au moteur que nous faisons les derniers milles en compagnie de dizaines de bateaux de pêche qui rentrent au port de pêche d’Agadir.

Il est 09:45 quand nous franchissons les digues de la marina. Le capitaine de port et le marin sont là pour nous accueillir. Avant de partir nous avions réservé une place par Whats App et nous les avions averti de notre heure d’arrivée par le même moyen hier (ils ne répondent pas aux email ni à la VHF)mais ils sont présents pour nous recevoir. On essaie une première place côté mur ou j’ai du mal à rentrer et qui ne me plaît pas trop entre deux bateaux ressemblant à des épaves abandonnées. Le capitaine nous en propose une autre au milieu du port et ils nous aident à nous amarrer.

Aussitôt Rêve à Deux amarré, les douaniers montent à bord. Les formalités ne durent que quelques minutes.

La marina est plutôt délabrée et entourées de bâtiments en travaux mais le personnel est très sympathique et l’abri est très sûr et facile d’entrée quelque soit le temps au large. Voilà un bonne base pour de nouvelles aventures terrestres !

FÉS

Sortis de l’agglomération de Rabat, le train roule dans une plaine agricole ou alternent vergers (olives et agrumes) maraîchages et grandes parcelles labourées. Le train est bondé et pas climatisé,(la climatisation se fait les portes des rames ouvertes …) nous n’étions pas monté dans la bonne voiture, il faut attendre plusieurs arrêts pour que des passagers descendent pour pouvoir nous déplacer dans les couloirs et trouver nos places réservées (ici quand on achète un billet il comporte systématiquement un n° de voiture et de place quelque soit le train.)

En approchant de Meknès le paysage devient beaucoup plus vallonné alternant les collines pelées et les valons verdoyants. Par ci par là on voit des ravinements provoqués sans doute par les fortes pluies de la semaine dernière. Meknès a aussi des sites remarquable à visiter mais on ne peut pas tout voir, on a choisi Fès, Meknès sera pour une prochaine fois (inch’Allah).

En fin d’après-midi nous sommes à Fès. La gare est située dans la ville nouvelle. Nous sautons sur nos trottinettes direction le palais royal traversons une première Médina (Fès El Jdid, moins ancienne que l’autre), longeons le jardin Jnan Sbil, la préfecture et le musée Batha pour entrer dans l’immense (se serait la plus grande au monde) et célèbre Médina de Fés El Bali par la rue de la Poste.

Nous trouvons facilement le Riad (maison d’hôte) que nous avons réservé pour la nuit. Une petite porte dans un mur sans autre ouverture au détour d’une ruelle sombre. Pas très engageant vu de l’extérieur mais dès la porte ouverte, on se retrouve projetés dans une ambiance digne des milles et une nuits (on vous l’avais promis). Le riad vient d’être rénové avec goût et soucis des détails authentiques du patio carrelé aux chambres qui y donnent. On pique une tête dans la piscine sur le toit et on dîne d’une délicieuse tagine sur la même terrasse avec vue sur toute la ville.

La taille de cette vieille cité est vraiment impressionnant, on est bien content d’avoir les trotinettes avec nous pour l’explorer. Fondée au IXe siècle, Fès a connu sa période faste aux XIIIe et XIVe siècles, sous la dynastie mérinide, quand elle supplanta Marrakech comme capitale du royaume. Le tissu urbain et les monuments essentiels de la médina remontent à cette période : médersa, fondouks, palais et demeures, mosquées, fontaines, etc. En dépit du transfert du siège de la capitale à Rabat, en 1912, elle garde son statut de capitale culturelle et spirituelle du pays.(source : UNESCO)

Si l’histoire de cette ville unique, classée au patrimoine mondial par l’UNESCO vous interesse, je vous suggère de lire la page que cette organisation lui consacre :

https://whc.unesco.org/fr/list/170/#:~:text=Fond%C3%A9e%20au%20IXe%20si%C3%A8cle%2C%20F%C3%A8s,%2C%20mosqu%C3%A9es%2C%20fontaines%2C%20etc.

Après une bonne nuit de sommeil on commence la visite par la Médersa (école coranique) Bou Inania célèbre pour son architecture et son horloge à eau.

On traverse ensuite toute la ville en faisant maints détours pour en voir le maximum jusqu’au tanneries de Chouara.

Tous ces tours et détours nous on appris quelque chose : les plaques des noms de rues de forme hexagonale indiquent une impasse les rectangulaires une rue avec issue c’est très utile car Google map à beaucoup de mal dans ce dédale et se trompe souvent.

Les tanneries sont au bord de l’oued (rivière) Boukhrareb. Nous avons de la chance aujourd’hui il fait frais et il a plu cette nuit l’odeur est donc tout à fait supportable. Les ouvriers tanneurs travaillent dans des conditions terribles, risquant à tout moment de glisser dans les cuves ou au bas des constructions. Ils sont aussi exposés aux produits utilisés qui même s’ils sont, parait-il, tous naturels n’en sont pas moins dangereux tels que la chaux vive où la fiente de pigeons concentrée (riche en ammoniac).

Nous jetons un coup d’œil dans les petits ateliers spécialisés au bord de la rivière qui continue la transformation du cuir après tannage.

Puis nous remontons par la place Seffarine passons devant l’université Karaouiyne.

Nous visitons le Fondouk Barka, un hôtel/entrepôt restauré et qui abrite le Musée de la menuiserie et du bois.

Passage par le premier hôpital psychiatrique du monde (construit au XIIIème siècle) le Maristan Sidi Fredj. Heureusement, il était fermé, des vieux avec des trottinettes, ils aurait été fichus de nous garder !

Déjeuner dans le patio d’un ancien palais (vous ne devinerez jamais ce qu’on a mangé).

Dans les souks, la foule est plus dense que ce matin heureusement que nous sommes hors saison et comme çà monte raide on est de toute façon obligés de marcher à côté de nos trottinettes. Passage par le souks des bouchers et on ressort par la fameuse porte Bab Bou Jeloud.

De là on se dirige vers le Mellah, le quartier Juif. Au Maroc, il existe des communautés juives depuis très longtemps. Leur présence dans les villes et leur intégrations dans la société c’est particulièrement renforcée quand qu’ils ont été chassés d’Espagne à la même époque que les Arabes. On a essayé d’aller visiter la vieille synagogue datant du XVème siècle mais elle était fermée et gardée par des policiers en arme. Ils nous ont très poliment demandé de quitter la ruelle mais il n’ont pas voulu nous dire si c’était à cause des événements de Palestine.

Le train que nous avions prévu de prendre partait à 18:00 mais bien que direct il ne devait pas arriver à Tanger avant 22:30. Il n’est que 16:20 nous avons peut-être encore le temps d’attraper un tortillard et la correspondance avec le dernier TGV à Kénitra (bien qu’il n’apparaisse plus sur le site de ONCF) et rentrer pour 20:00. On traverse la ville nouvelle à toute allure et c’est un peu essoufflés qu’on se présente au guichet. Victoire ! Le train de 16:40 est encore là et on a des places pour le TGV.

On aura certes pas tout vu à Fès : il faudrait des semaines ! Mais on a fait des kilomètres et on en a pris plein les mirettes. La ville mérite définitivement sa réputation, on est ravis !

Rabat

Nous avions pensé faire une escale à Rabat. Il y a une marina moderne à Salè juste de l’autre côté de la rivière: la Marina Bouregreg. Mais les conditions météo en ont décidé autrement: il y avait bien une quarantaine d’heures de répit entre un coup de vent de Sud Ouest remontant le long de la côte et un autre descendant du Nord, mais les coefficients de marée étant assez forts et la rivière où se trouve la marina pouvant être en crue en raison des fortes pluies qui ont arrosé l’intérieur du pays ces derniers jours, il fallait être sûr de pouvoir ce présenter pile poil à la bonne heure pour pouvoir franchir la barre, sans avoir le droit à une deuxième chance. C’est donc en TGV depuis Tanger que nous avons rejoint la capitale du royaume.

Si nous sommes assez doués pour nous faufiler entre les avatars du climat on l’est manifestement beaucoup moins pour les dates de visites des musées. Nous sommes le 15 octobre, un mardi et lorsqu’on sort de la gare pour se présenter au musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain juste à côté, on s’aperçoit que c’est le jour de fermeture hebdomadaire. Grosse déception bien sûr car les collections exposées sont parait il exceptionnelles. Mais finalement ce n’est pas du tout un soucis car il y a d’autres musées et comme les Marocains sont au boulot et touristes semblent plus intéressés par les plages et les boutiques de souvenirs que part l’art nous auront à chaque fois le droit à une visite privée et gratuite.

On commence par la Villa des Art siège de la fondation Amal.

L’exposition temporaire et consacrée au monde fantastique de Malak Iraki, une collection d’oeuvres à la fois poignantes et joyeuses d’une toute jeune artiste atteinte de trisomie 21. La fondation soutient des associations qui s’occupent de ces enfants et organise des ateliers leur permettant de s’exprimer à travers la peinture.

(Diaporama 25 photos)

Une salle était dédiée à des œuvres Orientalistes

Une partie seulement de l’exposition permanente était ouverte au public ce jour là. Elle regroupait de très belles œuvres modernes ou contemporaines utilisant des techniques classiques et des méthodes inspirées de l’artisanat traditionnel. Malheureusement la photographie était interdite.

C’est une villa moderne de style arabe typique (2006) entourée de jardins luxuriants parfaitement entretenus ou l’eau est omni présente.

Puis nous nous dirigeons vers Bab Rouah. C’est l’une des portes qui s’ouvrait dans la muraille entourant la ville et qui abrite aujourd’hui la galerie d’art municipale.

L’exposition qui s’y tient en ce moment est consacré au peintre Marocain Hamid Douieb en mettant l’accent sur l’évolution de ses œuvres et de son style à travers le 50 dernières années

(Diaporama 40 photos)

De là nous longeons les remparts en direction de la Médina (les trotinettes c’est quand même bien pratique) où nous rentrons par la porte El Had

Visite du marché aux poissons et des ruelles avoisinantes, on avale une part de pizza à la terrasse d’un café. Oui je sais ce n’est pas très marocain mais on a un train à prendre et on a plus le temps d’attendre qu’une gentille cuisinière nous prépare une bonne tajine.

La gare centrale de Rabat est dans un état de délabrement avancée (contrairement au reste de la ville qui est très propre et bien tenu). Les escaliers mécaniques ne fonctionnent plus, pas de banc, les plafonds semblent prêts à s’effondrer. Mais bon on a pas longtemps à attendre notre train arrive en gare. Ce n’est pas non plus un TGV mais un vieux tortillard bondé. On arrive tout de même à monter à bord et à trouver notre place et c’est parti direction Fès…

Tanger

Nous avons beaucoup apprécié notre séjour à Tanger. La marina est moderne est très sûre et son tarif abordable (moins de 25 Euros par jours pour nous). Elle est aussi bien située. Il y a un super marché Carrefour et de nombreux commerces de toute sorte à proximité. Il y a aussi des loueurs de voitures pas loin et la gare est à moins de 2 km. Pour nous, c’est donc une base idéale pour se réapprovisionner et explorer l’arrière pays. Nous n’y sommes pas resté assez longtemps pour la visiter comme elle le mérite et découvrir ses musées et autres attractions culturelles mais nous avons tout de même pris le temps de parcourir les ruelles de la Médina.

Troisième ville du Maroc par sa population (1,5 million d’habitants) est une grande ville moderne avec son front de mer et ses grandes avenues grouillantes de circulation mais s’est aussi un centre historique important. Sa position dans le détroit de Gibraltar, en fait depuis l’époque des Phéniciens un point stratégique entre l ‘Afrique et l’Europe. Bâtie à flanc de coteau sur la colline dominant le port la médina aux bâtiments blanchis à la chaux témoignent de ce passé.

Contrairement à beaucoup de médinas historiques, Tanger n’est pas un vaste souk aménagé pour les touristes mais un quartier de la ville où les gens vivent comme ils l’ont toujours fait.

C’est promis, la prochaine fois que nous passons dans le coin nous ferons une nouvelle escale à Tanger et nous irons visiter ses musées!

De retour sur le continent Africain, Chefchaouen

Dimanche 6 octobre vers 07:30 du matin nous quittons La Linea. Les conditions sont bonnes pour franchir le redouté détroit de Gibraltar. Nous sommes récompensés de l’effort de nous lever tôt par un superbe lever de soleil sur le Rocher.

Les courants du détroit sont un peu perturbés par les aléas climatiques. le niveau de la méditerranée serait légèrement plus bas que d’habitude en raison de sa température très élevée favorisant l’évaporation et de la sècheresse frappant les pays qui la bordent en diminuant l’appoint en eau douce provenant des fleuves et de rivières. Ce manque est compensé par un flux d’eau plus fraîche venant de l’Océan. De plus, le vent à soufflé de l’Ouest tous ces derniers jours accentuant encore le phénomène. Il ne faut donc pas espérer que la marée basse n’ inverse franchement le courant comme elle devrait le faire mais tout au plus qu’elle en réduise la force. Et puis il y a les orques. Les autorités espagnoles (ministère de la transition écologique) aidées par de nombreux scientifiques des pays impliqués ont répertorié toutes les interactions entre des voiliers et cet animal protégé . Ces résultats sont disponibles sous forme d’une carte. L’idée est bien sûr d’éviter la zone où se sont produites les attaques les plus fréquents.

Une fois sortis de la rade d’Algesiras nous longeons la côte Andalouse de très près en tirant de petits bords dans un vent d’ouest assez soutenu pour rester dans le contre courant. Puis avant d’arriver à Tarifa nous piquons plein sud en direction du grand port commercial de Tanger Med en laissant la zone rouge à tribord. En arrivant sur la côte Marocain le vent tombe et un courant favorable nous propulse gentiment jusqu’au au port de plaisance de Tanger (Tanja Marina). Nous sommes en début d’après midi, les douaniers sont peut-être à la sieste car il nous faut les attendre un bon moment mais dès qu’ils sont à bord les formalités se déroulent très rapidement et en douceur.

Du temps venté est pluvieux est prévu pour la deuxième partie de la semaine. Si on veut jouer les touristes profiter des environs de Tanger c’est maintenant qu’il faut le faire. Nous louons donc une voiture et dés le lendemain de notre arrivée, nous revoilà sur la route direction Chefchaouen, la ville bleue, située dans les montagnes du Rif une centaine de km au sud est.

Pour y accéder nous traversons une campagne verdoyante et de collines escarpées avec quelques grands lacs de retenue.

On trouve un bon parking gardé tout près de l’entrée de la médina (le vieux centre ville historique) et tout de suite on est plongé dans l’ambiance créé par ce savant mélange de façades peintes en bleu percées de portes basses, de ruelles abruptes et sinueuses et d’échoppes aux articles multicolores.

Le nom de Chefchaouen est dérivé du terme berbère, achaouen qui signifie les cornes en raison des sommets montagneux qui l’entourent. La ville a été fondée en 1471 par le chérif moulay Ali ibn Rachid al-Alami, (rien à voir avec les westerns: chérif est le nom donné à certains membres de l’une des lignées de descendants du prophète Mahomet, moulay signifie sultan) chassé d’Andalousie. La ville se composait alors d’une petite forteresse, qui constitue aujourd’hui la Kasbah de Chefchaouen qui abrite un musée très intéressant. Elle a été érigée pour aider à défendre la région contre d’éventuelles attaques étrangères, essentiellement celles des Portugais et des Espagnols.

Mais c’est sa fille, la princesse Sayyida al-Hurra qui est un exemple unique dans tout l’Islam. Elle fut gouverneur de toute la province de Tétouan de 1512 à 1542 et mena la guerre contre les attaques des Espagnols et des Portugais allant selon la légende jusqu’à s’allier avec le pirate Barberousse pour défendre sa terre.

La ville possédait un quartier juif (ils avaient été chassé d’Espagne à la même époque que les musulmans) mais les chrétiens y étaient strictement interdit sous peine de mort. Le premier à visiter la ville et en ressortir vivant fut sans doute Charles de Foucaud en 1883.

Après ces débuts mouvementés Chefchaouen connu une existence plutôt paisible jusqu’en 1920 quand les Espagnols s’en emparèrent. Elle fût ensuite bombardée par les troupes de Franco avant d’être finalement réunifiée au Maroc à la fin du protectorat en 1956.

La saison estivale est terminée et les vacances d’automne (Toussaint) ne sont pas encore commencées. Il y a donc peu de touristes. Après une tajine rapide dans l’un des nombreux restos de la ville nous continuons nos déambulations dans ce dédale azuréen en admirant les richesses de l’artisanat local: tissage, colorants naturels, tableaux, calligraphie, fabrication de lampes ou de sacs, il y en a pour tous les goûts.

Nous rentrons par Tétouan en suivant le bord de mer: jolies stations balnéaires pas trop bétonnées et belles plages de sable.

Mais à Fnideq commence l’enclave Espagnole de Ceuta entourée de son triple réseau de clôtures barbelées, il faut donc franchir la montagne et redescendre sur Tanger Med cet immense port de container construit de toute pièce à 40 km de la ville de Tanger pour dynamiser l’économie marocaine.

Il fait nuit depuis un bon moment quand nous arrivons au bateau.

Ne connaissant pas le Maroc nous étions partis un peu sur la réserve mais la gentillesse des habitants, la beauté des paysages et de ces vielles Medinas nous à convaincu: le tourisme terrestre dans ce pays ça vaut le coup!

Attendez vous donc à de nouveaux récits de visites dignes des milles et une nuits dans les prochains articles.