De retour sur le continent Africain, Chefchaouen

Dimanche 6 octobre vers 07:30 du matin nous quittons La Linea. Les conditions sont bonnes pour franchir le redouté détroit de Gibraltar. Nous sommes récompensés de l’effort de nous lever tôt par un superbe lever de soleil sur le Rocher.

Les courants du détroit sont un peu perturbés par les aléas climatiques. le niveau de la méditerranée serait légèrement plus bas que d’habitude en raison de sa température très élevée favorisant l’évaporation et de la sècheresse frappant les pays qui la bordent en diminuant l’appoint en eau douce provenant des fleuves et de rivières. Ce manque est compensé par un flux d’eau plus fraîche venant de l’Océan. De plus, le vent à soufflé de l’Ouest tous ces derniers jours accentuant encore le phénomène. Il ne faut donc pas espérer que la marée basse n’ inverse franchement le courant comme elle devrait le faire mais tout au plus qu’elle en réduise la force. Et puis il y a les orques. Les autorités espagnoles (ministère de la transition écologique) aidées par de nombreux scientifiques des pays impliqués ont répertorié toutes les interactions entre des voiliers et cet animal protégé . Ces résultats sont disponibles sous forme d’une carte. L’idée est bien sûr d’éviter la zone où se sont produites les attaques les plus fréquents.

Une fois sortis de la rade d’Algesiras nous longeons la côte Andalouse de très près en tirant de petits bords dans un vent d’ouest assez soutenu pour rester dans le contre courant. Puis avant d’arriver à Tarifa nous piquons plein sud en direction du grand port commercial de Tanger Med en laissant la zone rouge à tribord. En arrivant sur la côte Marocain le vent tombe et un courant favorable nous propulse gentiment jusqu’au au port de plaisance de Tanger (Tanja Marina). Nous sommes en début d’après midi, les douaniers sont peut-être à la sieste car il nous faut les attendre un bon moment mais dès qu’ils sont à bord les formalités se déroulent très rapidement et en douceur.

Du temps venté est pluvieux est prévu pour la deuxième partie de la semaine. Si on veut jouer les touristes profiter des environs de Tanger c’est maintenant qu’il faut le faire. Nous louons donc une voiture et dés le lendemain de notre arrivée, nous revoilà sur la route direction Chefchaouen, la ville bleue, située dans les montagnes du Rif une centaine de km au sud est.

Pour y accéder nous traversons une campagne verdoyante et de collines escarpées avec quelques grands lacs de retenue.

On trouve un bon parking gardé tout près de l’entrée de la médina (le vieux centre ville historique) et tout de suite on est plongé dans l’ambiance créé par ce savant mélange de façades peintes en bleu percées de portes basses, de ruelles abruptes et sinueuses et d’échoppes aux articles multicolores.

Le nom de Chefchaouen est dérivé du terme berbère, achaouen qui signifie les cornes en raison des sommets montagneux qui l’entourent. La ville a été fondée en 1471 par le chérif moulay Ali ibn Rachid al-Alami, (rien à voir avec les westerns: chérif est le nom donné à certains membres de l’une des lignées de descendants du prophète Mahomet, moulay signifie sultan) chassé d’Andalousie. La ville se composait alors d’une petite forteresse, qui constitue aujourd’hui la Kasbah de Chefchaouen qui abrite un musée très intéressant. Elle a été érigée pour aider à défendre la région contre d’éventuelles attaques étrangères, essentiellement celles des Portugais et des Espagnols.

Mais c’est sa fille, la princesse Sayyida al-Hurra qui est un exemple unique dans tout l’Islam. Elle fut gouverneur de toute la province de Tétouan de 1512 à 1542 et mena la guerre contre les attaques des Espagnols et des Portugais allant selon la légende jusqu’à s’allier avec le pirate Barberousse pour défendre sa terre.

La ville possédait un quartier juif (ils avaient été chassé d’Espagne à la même époque que les musulmans) mais les chrétiens y étaient strictement interdit sous peine de mort. Le premier à visiter la ville et en ressortir vivant fut sans doute Charles de Foucaud en 1883.

Après ces débuts mouvementés Chefchaouen connu une existence plutôt paisible jusqu’en 1920 quand les Espagnols s’en emparèrent. Elle fût ensuite bombardée par les troupes de Franco avant d’être finalement réunifiée au Maroc à la fin du protectorat en 1956.

La saison estivale est terminée et les vacances d’automne (Toussaint) ne sont pas encore commencées. Il y a donc peu de touristes. Après une tajine rapide dans l’un des nombreux restos de la ville nous continuons nos déambulations dans ce dédale azuréen en admirant les richesses de l’artisanat local: tissage, colorants naturels, tableaux, calligraphie, fabrication de lampes ou de sacs, il y en a pour tous les goûts.

Nous rentrons par Tétouan en suivant le bord de mer: jolies stations balnéaires pas trop bétonnées et belles plages de sable.

Mais à Fnideq commence l’enclave Espagnole de Ceuta entourée de son triple réseau de clôtures barbelées, il faut donc franchir la montagne et redescendre sur Tanger Med cet immense port de container construit de toute pièce à 40 km de la ville de Tanger pour dynamiser l’économie marocaine.

Il fait nuit depuis un bon moment quand nous arrivons au bateau.

Ne connaissant pas le Maroc nous étions partis un peu sur la réserve mais la gentillesse des habitants, la beauté des paysages et de ces vielles Medinas nous à convaincu: le tourisme terrestre dans ce pays ça vaut le coup!

Attendez vous donc à de nouveaux récits de visites dignes des milles et une nuits dans les prochains articles.