FÉS

Sortis de l’agglomération de Rabat, le train roule dans une plaine agricole ou alternent vergers (olives et agrumes) maraîchages et grandes parcelles labourées. Le train est bondé et pas climatisé,(la climatisation se fait les portes des rames ouvertes …) nous n’étions pas monté dans la bonne voiture, il faut attendre plusieurs arrêts pour que des passagers descendent pour pouvoir nous déplacer dans les couloirs et trouver nos places réservées (ici quand on achète un billet il comporte systématiquement un n° de voiture et de place quelque soit le train.)

En approchant de Meknès le paysage devient beaucoup plus vallonné alternant les collines pelées et les valons verdoyants. Par ci par là on voit des ravinements provoqués sans doute par les fortes pluies de la semaine dernière. Meknès a aussi des sites remarquable à visiter mais on ne peut pas tout voir, on a choisi Fès, Meknès sera pour une prochaine fois (inch’Allah).

En fin d’après-midi nous sommes à Fès. La gare est située dans la ville nouvelle. Nous sautons sur nos trottinettes direction le palais royal traversons une première Médina (Fès El Jdid, moins ancienne que l’autre), longeons le jardin Jnan Sbil, la préfecture et le musée Batha pour entrer dans l’immense (se serait la plus grande au monde) et célèbre Médina de Fés El Bali par la rue de la Poste.

Nous trouvons facilement le Riad (maison d’hôte) que nous avons réservé pour la nuit. Une petite porte dans un mur sans autre ouverture au détour d’une ruelle sombre. Pas très engageant vu de l’extérieur mais dès la porte ouverte, on se retrouve projetés dans une ambiance digne des milles et une nuits (on vous l’avais promis). Le riad vient d’être rénové avec goût et soucis des détails authentiques du patio carrelé aux chambres qui y donnent. On pique une tête dans la piscine sur le toit et on dîne d’une délicieuse tagine sur la même terrasse avec vue sur toute la ville.

La taille de cette vieille cité est vraiment impressionnant, on est bien content d’avoir les trotinettes avec nous pour l’explorer. Fondée au IXe siècle, Fès a connu sa période faste aux XIIIe et XIVe siècles, sous la dynastie mérinide, quand elle supplanta Marrakech comme capitale du royaume. Le tissu urbain et les monuments essentiels de la médina remontent à cette période : médersa, fondouks, palais et demeures, mosquées, fontaines, etc. En dépit du transfert du siège de la capitale à Rabat, en 1912, elle garde son statut de capitale culturelle et spirituelle du pays.(source : UNESCO)

Si l’histoire de cette ville unique, classée au patrimoine mondial par l’UNESCO vous interesse, je vous suggère de lire la page que cette organisation lui consacre :

https://whc.unesco.org/fr/list/170/#:~:text=Fond%C3%A9e%20au%20IXe%20si%C3%A8cle%2C%20F%C3%A8s,%2C%20mosqu%C3%A9es%2C%20fontaines%2C%20etc.

Après une bonne nuit de sommeil on commence la visite par la Médersa (école coranique) Bou Inania célèbre pour son architecture et son horloge à eau.

On traverse ensuite toute la ville en faisant maints détours pour en voir le maximum jusqu’au tanneries de Chouara.

Tous ces tours et détours nous on appris quelque chose : les plaques des noms de rues de forme hexagonale indiquent une impasse les rectangulaires une rue avec issue c’est très utile car Google map à beaucoup de mal dans ce dédale et se trompe souvent.

Les tanneries sont au bord de l’oued (rivière) Boukhrareb. Nous avons de la chance aujourd’hui il fait frais et il a plu cette nuit l’odeur est donc tout à fait supportable. Les ouvriers tanneurs travaillent dans des conditions terribles, risquant à tout moment de glisser dans les cuves ou au bas des constructions. Ils sont aussi exposés aux produits utilisés qui même s’ils sont, parait-il, tous naturels n’en sont pas moins dangereux tels que la chaux vive où la fiente de pigeons concentrée (riche en ammoniac).

Nous jetons un coup d’œil dans les petits ateliers spécialisés au bord de la rivière qui continue la transformation du cuir après tannage.

Puis nous remontons par la place Seffarine passons devant l’université Karaouiyne.

Nous visitons le Fondouk Barka, un hôtel/entrepôt restauré et qui abrite le Musée de la menuiserie et du bois.

Passage par le premier hôpital psychiatrique du monde (construit au XIIIème siècle) le Maristan Sidi Fredj. Heureusement, il était fermé, des vieux avec des trottinettes, ils aurait été fichus de nous garder !

Déjeuner dans le patio d’un ancien palais (vous ne devinerez jamais ce qu’on a mangé).

Dans les souks, la foule est plus dense que ce matin heureusement que nous sommes hors saison et comme çà monte raide on est de toute façon obligés de marcher à côté de nos trottinettes. Passage par le souks des bouchers et on ressort par la fameuse porte Bab Bou Jeloud.

De là on se dirige vers le Mellah, le quartier Juif. Au Maroc, il existe des communautés juives depuis très longtemps. Leur présence dans les villes et leur intégrations dans la société c’est particulièrement renforcée quand qu’ils ont été chassés d’Espagne à la même époque que les Arabes. On a essayé d’aller visiter la vieille synagogue datant du XVème siècle mais elle était fermée et gardée par des policiers en arme. Ils nous ont très poliment demandé de quitter la ruelle mais il n’ont pas voulu nous dire si c’était à cause des événements de Palestine.

Le train que nous avions prévu de prendre partait à 18:00 mais bien que direct il ne devait pas arriver à Tanger avant 22:30. Il n’est que 16:20 nous avons peut-être encore le temps d’attraper un tortillard et la correspondance avec le dernier TGV à Kénitra (bien qu’il n’apparaisse plus sur le site de ONCF) et rentrer pour 20:00. On traverse la ville nouvelle à toute allure et c’est un peu essoufflés qu’on se présente au guichet. Victoire ! Le train de 16:40 est encore là et on a des places pour le TGV.

On aura certes pas tout vu à Fès : il faudrait des semaines ! Mais on a fait des kilomètres et on en a pris plein les mirettes. La ville mérite définitivement sa réputation, on est ravis !