4)Ténérife: la pointe Ouest de l’île

Aujourd’hui nous allons explorer ensemble la partie Sud-Ouest de l’île de Tenerife. Cette région est délimitée par un périmètre passant, à l’Est par le pied des falaises de Los Gigantes, au Nord par Santiago del Teide, à l’ouest par la Montaña Negra (entre Garachico et Buenavista) et au Sud par le phare de la pointe de Teno. C’est une région très intéressante géologiquement car elle est à la fois beaucoup plus ancienne que le Teide et plus récente car remodelée par les dernières irruptions qui ont eu lieu sur l’île, ce qui lui donne une combinaison de paysages uniques et époustouflants.

Il y a quelques 12 millions d’années le point chaud des Canaries a fait sortir de l’océan un premier volcan situé où se trouve maintenant la partie sud de l’île et dont l’activité à cessé 3 millions d’années plus tard. Entre 6 et 7 millions d’années un deuxième volcan est apparu en mer une vingtaine de milles au Nord Ouest : le Teno puis un troisième plus à l’Est : Anaga (nous en reparlerons dans un prochain article). Vers 3,5 millions d’années, le premier volcan à repris son activité joignant entre eux les 3 volcans et formant une première ébauche de l’île de Tenerife.

Nous commençons l’exploration au départ de Garachico. Une fois passé la Montaña Negra, traversé Buan Vista Del Norte et quitté les bananeraies de la plaine cotiêre la route très étroite s’accroche à la falaise en empruntant un tunnel à sens unique. Nos photos datent de 2016, nous avons essayé de refaire la ballade fin décembre 2024 mais ce n’est plus possible. La route est interdite aux voitures particulières. On peut toujours aller voir le phare de Teno mais seulement en bus ou en taxi sans doute pour minimiser l’impact sur ce site naturel protégé et les risques d’éboulements le long de la route.

La pointe est beaucoup moins escarpée que les falaises vertigineuses, que nous longeons pour y arriver, pourrait le laisser supposer. Du phare, à cause de la brume on distingue à peine La Gomera pourtant distante de seulement 15 milles. Plage de galets, petit embarcadère et tout au tour, la nature aride et vierge.

On revient sur Buena Vista et on prend la route TF436 qui serpente dans la vallée. Pause déjeuner dans un excellent restaurant un peu après El Palmar (Meson del Norte).

C’est à El Palmar qu’il y a ce drôle de cône volcanique ressemblant à un gâteau au chocolat auquel il manquerait une part ou deux : la montaña Zahora à qui la vallée doit ses terres fertiles.

C’est aussi à El Palmar que commence la route sinueuse qui monte à Teno Alto. Tout là haut autour du petit village de Teno s’étend une sorte de plateau fertile coupé de quelques gorges.

C’est le dépaysement total, certains aspects du paysage feraient plus penser à quelque chose comme la côte ouest de l’Irlande qu’à un endroit situé à quelques degrés seulement du tropique. Ici, encore plus qu’ailleurs, la sécheresse qu’à subit l’île ces derniers mois se fait cruellement sentir, les pâturages verdoyants de nos passages précédents ont fait la place à des zones beaucoup plus arides où le moindre brin d’herbe semble avoir désormais du mal à pousser. En toile de fond on aperçoit le sommet du Teide enneigé.

Nous redescendons sur El Palmar pour continuer la montée de la TF436 vers le col de Altos de Baracán d’où l’on a une vue superbe sur les deux côtés de la montagne. La route continue jusqu’à Masca qui est un endroit magnifique. Quelques maisons, gîtes et restaurants avec une vue imprenable sur la montagne et le barranco qui descend jusqu’à la mer.

On y vient en voiture depuis les stations touristiques de la côte Sud en passant par Santiago del Teide ou en bateau depuis Los Gigantes et à pied par le sentier qui suit le barranco mais ce dernier est désormais payant (30 Euros pour un aller simple, le double pour l’aller et retour – prix du bateau en sus). C’est un site très fréquenté : pendant la période des fêtes de fin d’année 2024, il y avait tellement de monde que nous n’avons même pas réussi à garer la voiture heureusement que nous avions bien profité de cet endroit grandiose lors de nos visites précédentes.

Cette fréquentation élevée rend la remontée de la TF436 vers Santiago assez délicate. La route n’est pas toujours assez large pour se croiser et les touristes s’appropriant toute la chaussée dans les virages en épingle à cheveux comme s’ils étaient dans les spéciales sur routes fermées du rallye de Monte Carlo, rendent la montée parfois dangereuse. Mais, bon, en faisant très attention et en klaxonnant bien avant chaque virage sans visibilité on s’en sort ! Une fois on a même vu une bande de jeunes descendants en skate mais c’était un peu hors période d’affluence, et route bloquée en bas pendant leur descente. Et la vue depuis cette route tortueuse accrochée à flanc de falaise vaut bien de serrer un peu les fesses.

Passé Santiago, on redescend sur Los Gigantes juste pour voir d’en bas à quoi ressemble ses falaises géantes.