De Garachico à la péninsule d’Anaga s’étend la côte le plus verte de l’île c’est aussi la partie de l’île ou la proportion de touristes par rapport aux locaux est de loin la plus faible : c’est la plus fraîche et la moins ensoleillée et parfois même il y pleut rendez-vous compte quand on a acheté son billet soleil garanti : l’horreur ! Mais pour nous c’est la plus agréable de l’île et surtout les villes et villages y sont chargés d’histoire.
Malgré des pentes escarpées mais grâce à cette pluviométrie plus élevée qui fait fuir le touriste et a une température moyenne plus basse et surtout plus constante, c’est sur cette côte que se sont installés les premiers habitants, les Guanches, suivis une douzaine de siècles plus tard par les colons Espagnol. En effet grâce à ces conditions météorologiques favorables sur un sol riche en cendres volcanique il était possible de cultiver la terre. En plus des cultures vivrières des premiers habitants, la culture de la canne à sucre et de la vigne se développa rapidement permettant aux plus riches exploitants d’exporter leur production.
















La ville de Garachico fut fondée par le marchand génois Cristóbal de Ponte en 1496, tout de suite après la défaite des tribus Guanches par l’envahisseur Espagnol. Elle devint très vite le port principal de l’île par où passait toutes les exportations. Il est difficile d’envisager aujourd’hui cette petite ville à la côte rocheuse battue par la houle du large comme un grand un port actif. Sa période faste fut d’ailleurs de courte durée. En en 1646 un glissement de terrain fit 200 morts et coula une quarantaine de bateaux et en 1706 une forte irruption volcanique remodela complètement cette partie de l’île, ensevelissant complètement le port sous une coulée de lave. La ville elle-même et une grande partie de la population fût, cette fois-ci, épargnée ce qui nous permet encore aujourd’hui de visiter son joli centre illuminé pour les fêtes avec notamment le couvent de San Francisco. Suite à ce cataclysme, le petit port de La Orotava (aujourd’hui Puerto de la Cruz) se développa et devint LE port de l’île (voir plus bas).










Il faut aussi se baigner dans les piscines naturelles Del Caleton crées dans des tunnels de lave effondrés (Décembre 2024 : l’accès à ces piscines était interdit).







A noter aussi que depuis quelques années, la ville dispose d’un superbe port de plaisance. Mais si l’abri est bon une fois à l’intérieur des jetées, c’est l’entrée qui pose problème dés qu’il y a de la moindre houle.

Tout à côté de Garachico se trouve la ville d’Icod de los Vinos dont comme son nom l’indique la richesse économique fût longtemps basée sur la production de vin.

















La ville crée à peu près à la même époque que sa voisine est célèbre pour son centre historique, son église San Marcos et le jardin qui l’entoure mais surtout pour l’arbre le plus vieux de l’île : le dragonnier millénaire (mais il n’aurait en fait que 400 ans.)














L’étroite plaine côtière est couverte de bananeraies. Les premiers bananiers furent sans doute introduits dans l’archipel au XVIème siècle mais la culture de la banane ne devint une activité économique et une source d’exportation importante seulement à la fin du XIXème siècle. c’est aujourd’hui sa deuxième ressource (après le tourisme). Sur cette côte, les conditions climatiques permettent une culture à l’air libre alors que dans les endroits plus sec les parcelles sont recouvertes d’un voile textile, c’est plus agréable à l’œil. La plus plantée est une variante locale de la Cavendish, en raison du climat elle mûrit en 6 mois au lieu de 3 dans les régions inter-tropicales ce qui lui donnerait une saveur plus parfumée et plus sucrée.






























En logeant la côte on arrive à Puerto de La Cruz les restes du port stratégique de l’île sont noyés dans les constructions modernes, hôtels et autres immeubles destinés à la location. Il n’est pas facile de s’imaginer les lourds galions et autres vaisseaux marchands faisant escale dans le port exposé aux vents de nord et à la houle et en repartant chargé de vin. Le centre historique ce limite au port lui-même et à quelques constructions qui l’entoure car, nous l’avons dit, il ne s’agissait, à l’époque du port de La Orotava, cette ville magnifique située à 400 mètres d’altitude et à quelques kilomètres seulement de là.

















La Orotava fut aussi fondée en 1496 après la défaite du dernier chef Guanches (mencey) Bencomo par le conquistador Alonso Fernández de Lugo. Les terres des aborigènes furent distribuées aux nobles castillans ayant participé à la conquète.
La région était bien irriguée et la terre plus fertile que nulle part ailleurs sur l’île. A l’époque il y avait même assez d’eau pour faire tourner des moulins. (c’était avant le réchauffement global) Devant ces somptueux hôtels particuliers et autres demeure bourgeoises opulentes, on comprend la richesse des exploitations qui ont découlées de ce partage. Elle devint si riche qu’en 1648, un décret royal l’émancipa de l’autorité de la Laguna capitale officielle de l’île. Cette prospérité issue pendant les premières décennies de culture de la canne à sucre puis de la vigne fluctua au cours des siècles au gré des conflits entre les royaumes européens mais se maintint pour être renforcée à la fin du XIXème siècle par l’apparition de celle de la banane.

Tout au long de cette côte il y a de nombreuses criques ou piscines naturelles certaines sont inaccessible car il faut traverser des exploitations bananières beaucoup sont impraticable dès qu’il y a la moindre houle de Nord ou Nord Ouest (80 % de l’année). Notre piscine préférée est à Jóver juste en dessous de Tejina. on y accède par une petite route qui passe entre les bananeraies. Un parking, quelques maisons avec un petit bar resto sur l’arrière. L’endroit est surtout fréquenté par les locaux le dimanche. La piscine naturelle est sans doute la plus agréable de toute l’île. Elle est facilement accessible, d’une bonne profondeur d’un bout à l’autre, très bon ensoleillement (nous sommes sur la côte nord:)) et surtout elle est praticable pratiquement quelque soit l’état de la mer.



Aprés Tacoronte, on peut pousser encore le long des falaises de Bajamar, au pieds desquelles il y a encore plusieurs piscines dont une immense plus artificielle, jusqu’à la Punta del Hidalgo où la route s’arrête et où commence l’un des sentiers qui s’accroche aux pentes abruptes de la vallée pour pénétrer au cœur du parc d’Anaga.















Nous finissons cette promenade par la visite de San Cristobal de La Laguna. Aussi fondée en 1496 elle fut la capitale de l’île jusqu’en 1823 et est encore le siège de l’évêché et de la plus importante université de l’archipel. La vieille ville est un peu enfouie dans le développement urbain et commercial généré par sa proximité avec Santa Cruz et l’aéroport Nord. Mais le centre historique est bien préservé et il est très agréable de déambuler dans ses rues piétonnes. Ce serait la première ville coloniale à avoir été créée sans mur d’enceinte. Elle aurait aussi servi de modèle à de nombreuses villes construites sur le continent américain par les conquistadors.



















