Siné Saloum 1: Djiffer

Nous levons l’ancre qui remonte avec seulement un peu de sable et de coquillages, bien plus propre que ne le laissait présager la puanteur de l’eau. Nous avons décidé de couper la route en deux pour arriver de jour dans le chenal d’entrée du Siné Saloum. Navigation paisible sous spi, quelques barques de pêche mais pour l’instant rien d’extraordinaire. Contrôle inopiné de la Guardia Civil espagnole juste avant d’arriver à Saly notre étape pour la nuit sans doute un entraînement de routine pour leurs partenaires locaux car ils nous ont juste demandé où on allait. 10’ plus tard nous démarrons le moteur pour aller ancrer devant la ville mais, mauvaise surprise, un nuage de vapeur sort très vite de l’échappement : plus de refroidissement. Ou coupe, Domi plonge aussitôt pour vérifier la prise d’eau. Elle n’est pas obstruée c’est donc la pompe à eau de mer. Heureusement on a 2 kits de remplacement de la roue à aube et des joints à bord. En moins de 30’ c’est réparé et le moteur tourne à nouveau comme une horloge. Nuit tranquille mais un peu roulante, la large baie n’offre aucune protection contre la houle.

Au matin on repart vers Djiffer et on est bien content de s’être arrêtés pour la nuit. La mer est constellée de flotteurs de filets entre lesquels on doit se faufiler. Certains ont des drapeaux bien visibles d’autres une simple bouteille d’eau : une attention de tous les instants est requise et ce jusqu’à plus de 15 milles au large (>20m de profondeur).

L’entrée est bien plus facile que nous pensions en regardant les cartes. Le chenal est large, bien balisé et profond de plus de 7 m d’un bout à l’autre. Sur toute la zone les cartes sont d’ailleurs archi-fausses, les relevés datent sans doute de l’époque coloniale et le fleuve à largement modifié son lit depuis. A l’époque cette passe n’existait même pas, il fallait contourner la pointe Sangomar plus au sud, cet itinéraire est aujourd’hui beaucoup plus difficile. Nous avions téléchargé les traces de bateaux qui nous avaient précéder, ça aide bien !

On ancre un peu au nord du village dans le Siné devant l’estacade délabrée. C’est là qu’habite Etienne, un français très sympathique qui a créé l’association Région Nature pour aider à la protection des aires marines protégées en notamment éduquant les enfants et créant des emplois pour les locaux. Il a aussi créé une halte nautique pour accueillir les plaisanciers de passage. Il nous invite à partager son dîner.

Djiffer est un village de pêcheur très (très) actif avec des centaines de pirogues échouées sur la plage du port. On y trouve quelques commerces de base dont une boulangerie et de nombreuses épiceries.

La spécialité du village c’est la production de poisson séché et fumé qui occupe une très grande partie de la place disponible devant le village.

Babacar nous guide très gentiment dans la découverte de cette activité. Par contre une catastrophe écologique est en cours : seul point positif, les habitants trient leur déchets plastiques mais c’est seulement pour les entasser sur le bord de la plage afin que les vagues les emportent au large ou dans la rivière : un désastre et de fait, partout ou nous irons sur la rivière et dans les bolongs (bras latéraux) nous trouverons des monceaux de plastique. La situation est aussi critique que l’Indonésie.