Traversèe vers le Brèsil

Mardi 25 novembre 2024 On a rempli tous les jerricans à la station service de la marina on ne sait jamais il est fréquent de rencontrer des calmes entre ici et l’équateur. Et pour la suite du voyage ce ne sera pas forcément évident de refaire le plein que ce soit au Brésil, en Guyane ou même aux Caraïbes.
Juste avant midi on décolle du ponton. Mais une rafale nous pousse et on se prend la ligne d’une pendille dans le safran. Par acquis de conscience on ancre dans la zone de mouillage et je plonge pour vérifier qu’il n’y a rien de coincé ou d’abîmer: tout va bien. On profite d’être à l’ancre pour casser la croûte et c’est parti pour le grand saut.


Une grosse dizaine de bateaux ont quittè Mindelo à peu près au même moment. Tous mettent rapidement cap au sud ouest pour parer la pointe sud de Sao Atao et infléchissent leur course plus à l’ouest. Un seul arrondi la pointe sud de Sao Vicente et met cap au sud-est: c’est Rêve à Deux!
Nous allons chercher le point où l’alizé de nord-est passe la main à celui de sud-est sur la plus petite distance possible. Depuis plusieurs jours nos routages situent ce point au même endroit. Tous les modèles indiquent aussi que cette route évite le gros des orages. (Pour les routages des traversées océaniques, nous utilisons le modèle GFS avec une maille de 23 km que nous comparons avec ICON, on vérifie ensuite les données des autres modèles (ECWF, Météo Blue) avec Windy. GFS s’avère le plus fiable sur ces grandes distances alors qu’en navigation côtière il l’est beaucoup moins car sa grille est trop large et il tient très peu compte du relief et des phénomènes locaux).
Ça fait un assez grand détour par rapport à la route directe mais on devrait bénéficier de bonnes conditions et surtout on se positionne suffisamment à l’est pour éviter d’avoir à louvoyer dans l’alizé du sud-est.
Et tout se déroule comme prévu. Nous alignons les journées de 150 à 170 milles. Le vent oscille entre 12 et 22 nds, un peu de pluie quelques éclairs au loin sur l’horizon mais sur nous, rien. La transition entre les deux alizés est bien à l’endroit prévu et le vent tourne progressivement du NE au SE sur une trentaine de milles en faiblissant mais sans vraiment s’éteindre complètement. Nous appuyons au moteur pendant ces quelques heures car la mer reste assez formée. Les images satellites fournies par Windy nous montre sortant du pot au noir un petit trou de souris bien dégagé mais entouré de masses nuageuses.

Au passage de l’équateur nous enregistrons 4 jours d’avance par rapport à notre passage de 2018.
Le 05/12/2025 vers 01:30 nous arrivons dans la baie de Fernando de Noronha. Il y a de houle là c’est supportable. Par contre le mouillage est couvert de vedettes « promènent touristes ». C’est la pleine lune nous avons donc une bonne visibilité pour voir les bateaux mais pas suffisante pour repérer les bouées inoccupées à moitié immergées et prolongées par de longue aussières flottantes. Nous ancrons donc dans 25 m d’eau dans la partie extérieure de la zone de corps morts. On verra demain matin quand il fera jour s’il y a de la place plus près .


Au matin on vérifie la météo et une houle de Nord de 2,60m est prévue pour la soirée. Il n’y a que deux voiliers à l’ancre devant les brisants. Vaton, un autre voilier qui était là jusqu’à hier et que nous avons contacté par Navily nous annonce que les pêcheurs lui ont annoncé la houle et qu’il a préféré repartir. Par contre les conditions sont idéales pour continuer sur Jacaré. On hésite un moment et finalement on décide de se contenter de cette vue magnifique de cette île sublime et de continuer jusqu’au continent. Si on ne traine pas en route on devrait même pouvoir arriver juste avant l’étale de marée haute.


Et c’est exactement ce qu’on fait. Et une trentaine d’heures plus tard vers 16:30 nous ambouquons le chenal extérieur. A 17:15 le 6 décembre nous remontons la rivière et nous arrivons à Jacaré juste avant la tombée de la nuit. Trop tard pour aller directement au ponton, nous ancrons un peu à l’écart les bouées de corps morts étant trop difficile à attraper.
Et là on est immédiatement immergés dans l’ambiance Brésilienne. Samba à fond sur tous les bateaux qui passent que se soit des vedettes privées ou des barges-resto. Çà tombe bien c’est l’anniversaire de ma co-skippeuse unique et préfèrèe.