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Cap vert « Sal »

Traversée en une cinquantaine d’heures et sans histoire sur un long bord de travers dans un vent de secteur Nord Est d’une quinzaine de noeuds et une longue houle d’à peine deux mètres. Le 15 novembre au lever du jour nous sommes en vue de l’île de Sal et de sa voisine Boa Vista. Nous avons choisis d’arriver par le sud et de remonter le long de la côte sous le vent dont le paysage n’est pas sans rappeler certains endroits des Canaries.


Le port de Palmeira est déjà bien plein. Il faut dire que l’ARC (Rallye transatlantique) ayant bloqué le port de Mindelo avec plus de 100 voiliers, les candidats à une traversée de l’Atlantique sont bien obligés d’aller ailleurs. En plus c’est un mélange de bateaux sur corps-morts et à l’ancre avec, donc, un rayon d’évitement très différent. On se trouve une place juste devant l’extrémité de la première jetée en limite du chenal d’accès. La houle rentre mais elle est suffisamment longue pour ne pas être gênante, le bateau restant bien orienté grâce au vent assez fort.
Nous sommes samedi et nous pensons devoir attendre lundi pour faire les formalités. Mais quand en fin d’après midi nous allons à terre et passons devant le bureau le policier qui en sort nous dit en français: « là on ferme pour aujourd’hui mais revenez demain matin on s’occupera de vous »
Et effectivement le dimanche matin on a pu faire toutes les formalités même si les tampons d’entrée dans nos passeports à demandé un peu de temps, l’appareil de reconnaissance faciale n’acceptant pas nos trombines. Bonne nouvelle, les formalités sont désormais entièrement gratuites.
Il n’y a pas de distributeur d’argent à Palmeira mais les euros sont acceptés partout et Djidna une sympathique Guinéenne qui vend des boubous et des bijoux africains au marché nous échange un peu de nos Francs CFA que son mari encore là-bas sera ravi d’utiliser.

Palmeira est un village propre et coloré. Quelques épiceries dont un chinois assez bien achalandé, des bistrots comme dans tous les ports mais surtout un marchand d’eau potable super bien filtrée où on peut faire remplir ses bidons.

Nous restons 4 jours à Sal pour laisser passer du vent assez fort avec de la houle.
Le samedi 29/11/2025 vers 17:00 nous levons l’ancre et mettons le cap sur Sao Nicolau non sans être passés à la police maritime ce matin pour faire notre sortie de l’île de Sal.

Au Cap Vert les formalités sont les suivantes:

A l’entrée en venant d’un autre pays et à la sortie en quittant le Cap Vert

  1. police maritime: documents du bateau (acte de francisation), assurance, liste d’équipage et passeports
  2. police des frontières: documents de la police maritime, passeports et contrôle biométrique
    Il n’y a pas de douanes, ce rôle est tenu par la police maritime.

En partant d’une île de l’archipel et en arrivant sur une autre

police maritime: documents du bateau (acte de francisation), liste d’équipage et passeports
(Ne pas oublier de faire cette formalités les amendes sont paraît-il très cher)


Avant de se rendre sur les îles classées parc naturel il faut en plus une autorisation à demander à l’IMP
Toutes ces démarches sont gratuites. Les fonctionnaires sont très gentils et ont manifestement reçus des consignes de bien accueillir les plaisanciers.

Retour à Dakar: entre les lignes

Nous avions envisagé la possibilité de pousser notre exploration des côtes africaines plus au sud vers la Casamance.

Mais bien que la saison des pluies soit terminée, les conditions prévues pour les 15 prochains jours sont loin d’être idéales avec de violents orages. Ajouter à ça le stress de se faufiler dans les bolongs de faible profondeur avec des cartes peu précises: depuis 2016 quand nous avons acquis Rêve à Deux jusqu’à aujourd’hui nous avons eu la chance de ne pas encore nous être échoués. On croise les doigts pour que ça continue. Et si c’est pour rester dans le bras principal du fleuve ça ne présente pas grand intérêt. 

Donc après avoir étudié les fichiers météo et tous ce qu’on pu écrire les voileux sur ces endroits, la décision est prise, nous n’irons pas en Casamance ni en Guinée Bissau pour les mêmes raisons et pas en Gambie non plus car il faudrait revenir à Dakar ou aller à Elinkin en Casamance pour faire la sortie du Sénégal. En plus la météo des 7 prochains jours s’annonce idéale sur la route Dakar – Cap Vert 

Vers 13:00 à l’étale de marée haute nous prenons le chenal de sortie puis remontons la côte vers Dakar. Il n’y a pas beaucoup de vent mais juste assez pour zigzaguer entre les très nombreuses bouées de filets. Heureusement il fait jour et ce sont des filets de fond, peu de risques de s’y accrocher. La nuit ne devrait pas tomber avant que nous n’atteignons la hauteur de Saly. Nous avions vu à l’aller que de là à Dakar les pécheurs utilisaient des filets de surface tirés entre 2 bateaux donc a priori une pêche de jour.

Erreur ! Un fois la nuit tombée la mer se recouvre de centaines de barques peu ou pas du tout éclairées sur plusieurs rangées de 5 à 30 milles de la côte. Chaque barque tire un filet de plusieurs centaines de mètres a l’extrémité duquel se trouve une bouée, le plus souvent un simple bidon vide plus rarement une vraie bouée avec un feu clignotant de couleur. Les plus attentifs nous font signe avec une torche s’il pense qu’on risque de passer sur leur filet mais la plupart ne font aucun cas de notre présence. Et ce qui devait arriver arriva. On se prend un premier filet qui fort heureusement se dégage tout seul mais une demi heure plus tard c’est le freinage brutal. Cette fois-ci on est bien accrochés. On enroule le foc et affalons la grand voile.

Il faut couper. La quille se dégage assez facilement mais un morceau semble rester accroché au safran. De nuit avec tous ces filet et le bateau qui dérive Domi n’a pas trop envie de plonger pour aller vérifier. On coupe tout ce qui dépasse à l’arrière. Le safran fonctionne par mesure de sécurité on utilisera pas le moteur avant d’ avoir dégagé le dernier bout. On est en train de finir quand on voit une barque déployer son filet à 3 mètres devant nous , on dérive droit dedans pourtant on est super éclairés (feu de route et feux de pont avant et arrière). On hèle le pêcheur en lui expliquant que l’on dérive sans voiles et sans moteur et qu’on ne peut rien faire pour les éviter mais il ne parle que wolof. Finalement un des marins comprend la situation et ils tirent leur filet quelques mètres plus loin. Pas un signe du pêcheur dont nous avons massacré le filet?

On déroule le foc et on reprend notre route au ralenti en essayant d’être le plus visible possible tout en redoublant d’attention et en faisant un grand détour à chaque fois qu’une torche bouge.

Finalement nous arrivons à Dakar en fin de nuit sans autre incident mais c’était très chaud.

Comme nous l’avons dit plus haut les routages sont excellents pour une traversée rapide et confortable vers Sal au Cap Vert. On va donc faire les formalités de départ (en fait juste tamponner les passeports à la police du port) et les courses à Auchan le plus rapidement possible pour pouvoir partir dès demain matin.

Quelques précisions sur les déplacements dans la ville de Dakar. Il y bien sûr les taxi jaunes en général des vieilles voitures des années 90 ou parfois même 80 complètement délabrés et mainte fois fois bricolés. il faut impérativement négocier le prix avant de monter. A titre indicatif une course du CVD au centre ville coûte 200 CFA.  Jusqu’à Ngor ce sera 400CFA. Inutile de prendre un taxi pour la journée si vous avez des choses à faire à plusieurs endroits ça coûtera beaucoup trop cher. On trouve très facilement des taxis partout.

Si vous restez plus longtemps çà vaut le coup de télécharger l’appli Yango, l’équivalent de Uber ici. Les courses sont à peine 50% plus chère mais il n’y a pas à négocier, les véhicules sont très récents, en excellent état et climatisés.

Le xx/12/2025 nous levons l’ancre une fois contourné l’île de Gorée, la côte Sénégalaise s’estompe rapidement.

Nous garderons du Sénégal un souvenir partagé entre le peuple sans doute le plus gentil et le plus accueillant que nous ayons vu, de très beaux paysages et d’un autre côté une très mauvaise gestion de la part gouvernement (infrastructures délabrées ou inexistantes rues défoncées enseignement manquant de tout etc mais palais présidentiel et statue monumentale) et surtout une pollution galopante.

Saloum : Diomar

On reprend notre descente du Siné jusqu’à Dinouar où on entre dans le Saloum.
Une fois passés Djifer puis les marques du chenal d’accès au delta. Il faut descendre assez bas pour contourner le banc de sable et remonter le long de la côte. Nous n’avons pas rencontré mois de 3,50m a mi-marée.


On mouille devant les lodges et on descend à terre pour une petite balade à travers la savane jusqu’au village.
Motos et chevaux sont les seuls véhicules sur cette île.


Dinouar (ou Donouwar) est un village musulman typique avec ses petites maisons aux murs gris sans fenêtre et ses mosquées carrelées.
Les habitants nous accueillent avec leur habituel « bonjour comment ça va »
Un petit chantier construit de magnifiques pirogues en bois. Un local nous dit qu’elles sont souvent utilisées par les passeurs pour essayer de transporter des candidats à l’immigration vers les Canaries.


Au bout des petites jetées des cabanons sans équivoque, ce sont les toilettes publiques elles se déversent directement dans la mer.


Le rivage est aussi couvert de déchets plastiques: tout l’écosystème du delta déjà gravement affecté par le réchauffement climatique et la montée des eaux est en danger d’effondrement imminent.

Siné : Moundé

Le samedi 08/11/2024 nous quittons Foundiougne après un contrôle par un zodiac de la marine sénégalaise. Il sont montés à bord à quatre, le fusil d’assaut au poing (sans doute seulement pour impressionner: les chargeurs n’ étaient pas en place) juste pour voir nos passeports et les papiers du bateau.

Nous pensons aller dans le bolongs de Maya juste au nord de Fanbine. Nous disposons des traces de 2 bateaux y ayant séjourné il y a 2 ou 3 ans. Tous deux indiquaient des profondeurs de l’ordre de 4 m. Mais quand nous nous présentons l’alarme du sondeur se déclenche: moins de 2 m. Nous essayons à plusieurs endroits sur la largeur: même résultat et nous sommes pourtant à marée pratiquement haute. Les fonds doivent se modifier pas mal par ici. Nous ancrons à l’extérieur 1/2 mille devant Fanbine pour la nuit.

Le lendemain matin nous repartons pour le bolongs suivant: celui de Djirdna mais cette fois nous remontons jusqu’à Moundé. Nous ancrons à l’embranchement et remontons le petit bras en kayak et rentrons dans la lagune à travers la mangrove juste avant l’appontement du village. Et là on a vraiment l’impression d’être dans la savane africaine (en fait on y est même s’il s’agit d’une zone humide).

avec ses baobabs et autres arbres immenses. Quelques enfants viennent nous voir mais on ne s’attarde pas. La marée redescend et on ne voudrait pas avoir à porter le kayak dans la vase à travers la lagune.

Siné : Foundougne

Comme l’ancre c’est bien décrochée du récif artificiel, on en profite pour continuer notre remontée du fleuve Siné. Étape prévue dans un petit bras latéral juste avant Baout 7 milles en amont. La navigation sur cette partie du fleuve demande une vigilance de tous les instants en raison des centaines de filets à crevettes barrant le chenal pourtant bien balisé partout sur pratiquement toute sa largeur. La seule partie visible de ces apparaux de pêche est une pièce de bois de 3 ou 4 mètres soutenue par 2 flotteurs en général munis de pavillons et placés en travers du courant. Parfois plus d’une dizaine sont alignés sur toute la largeur du chenal avec entre eux un espace de quelques mètres. On essaie, pour autant que la profondeur le permette ( chenal assez bien balisé bouées neuves et bien visibles) , de passer entre la rive et le premier ou le dernier filet mais il faut souvent se faufiler entre deux. Apparemment les cordes qui les maintiennent descendent à pic et on peut passer tout près sans rien accrocher. Si, comme on nous l’a dit, il y a de temps en temps un cargo qui remonte il doit faire de sacrés dégâts ou peut-être les pêcheurs sont-il prévenus et dégagent un passage en temps voulu (peu probable!).

Baout n’est pas une option, le bras est assez étroit et le fond remonte brutalement en renvoyant un écho très tourmenté peut-être ont-ils immergé un récif artificiel ici aussi en tout cas on ne va pas s’amuser à ancrer là.

On continue donc la remontée du fleuve qui paradoxalement s’élargit beaucoup quand on arrive à Foundougne. On jette l’ancre dans 10 m d’eau entre la rive nord et une marque du chenal pour casser la croute. Puis on continue la remontée. Le plan d’eau est de plus en plus large. Au fond on aperçoit un pont qui ressemble (en plus petit) au pont de l’île de Ré. Nous apprendrons qu’il a d’ailleurs été dessiné par le même architecte. Sur bâbord c’est un terminal pétrolier flambant neuf (ont-ils prévu une exportation massive d’huile de Karité ou est-ce simplement prévu pour ravitailler la région en essence, mystère…) pendant les quelques jours que nous passerons dans le coin nous n’y verrons pas âme qui vive de là imaginer un montage bien subventionné et très juteux pour quelqu’un….


On ancre devant l’hôtel Indiana comme recommandé par Navily.
Le lendemain matin nous allons en kayak jusqu’au port de la ville situé juste avant le pont en profitant du courant de la marée. La ville est très animée, même si on a raté le marché hebdomadaire du mardi. Nombreux petits commerces assez bien achalandés. Cheikh (prononcez Cher) le propriétaire d’une échoppe de vêtements locaux se porte volontaire pour nous guider et trouver les meilleurs bananes, les papayes les plus succulentes le pain le plus frais( petits pain blancs).


Retour à bord avec la renverse. Le soir apéro sur Twiny le cata en strongal de l’association voiles sans frontières. Ils sont là pour apporter du matériel de première nécessité dans un village isolé du delta.


Le lendemain nous débarquons par l’hôtel Indiana et allons à pied en ville (environ 20′) rien de particulier sur le trajet à part quelques baobabs et autres fromagers pour nous rappeler que nous sommes bien en Afrique.
Sur le bord de la route deux bâtiments neufs mais apparemment déjà abandonnés: une usine à glace et un centre de formation pour mécaniciens ajusteurs tous deux financés par des ONG… Finance-t-on vraiment ce dont le pays à besoin? Ou l’argent va-t-il seulement aux riches promoteurs mais pas aux utilisateurs?

Siné :Djirnda

Nous remontons le Siné qui au fil des ans est devenu un fleuve bien plus important que le Saloum. Il est navigable assez loin en amont et balisé pour permettre à de petits cargos de le remonter (en une semaine nous n’en verrons pas un seul). Ceci dit avec le changement climatique le courant de ces fleuves diminue et les marées remontent désormais bien au-delà de l’estuaire, augmentant la salinité de l’eau. Ce changement affecte grandement l’écosystème du delta et rend la vie des habitants encore plus difficile (l’eau de certains puits devient saumâtre) sans parler du risque de submersion complète de ces terres à fleur d’eau y compris des villages. Ajoutez à ça, la pollution plastique dont on parlait dans l’article précédent…

Première escale Djirnda. Comme beaucoup de villages ici c’est une communauté de pêcheurs dont l’activité principale est la crevette très abondante dans le fleuve. Les hommes pêchent (surtout la nuit ) et les femmes sèchent et fument le produit.

On ancre en face de la jetée du village mais plus proche de l’autre rive pour ne pas gêner les nombreuses pirogues qui vont et viennent, chargeant ou déchargeant leurs cargaisons ou leur passagers. Un grand ado soufrant de douleurs articulaires vient nous voir sur sa pirogue et nous demande si on aurait un médicament qui pourrait le soulager, ici il sont rares et très chers. On lui donne une boite de paracétamol avec des instructions très strictes de ne pas dépasser 4 comprimés par jour.

Il nous fait visiter son village. Son frère nous raconte que, lui, il aurait bien voulu émigrer en Espagne pour continuer ses études, il a essayé et il est partis en mer sur une pirogue mais ça n’a pas marché.

On rencontre le directeur de l’école. Ils ont 350 élèves du CP au CM2 mais seulement 2 salles de classe pour les répartir. Si la récré est un joyeux brouhaha, une fois en classe, c’est le silence total : discipline discipline ! L’association Voiles Sans Frontière leur a fait don d’un ordi et d’une imprimante indispensable car tous les documents scolaires (textes, exercices, sujet d’examen etc) arrivent maintenant sous forme électronique mais çà consomme du papier et de l’ancre et il n’ont pas les moyens d’en acheter. Alors si vous passez par là penser à apporter quelques ramettes de papier ou du toner pour l’imprimante (voir photo). Du matériel de géométrie est aussi bienvenu (régles, compas, équerres etc). Nous n’avons que quelques cahiers, crayons et règles à offrir mais ça leur fait tout de même plaisir.

Le lendemain matin l’ado à qui nous avons donné du Doliprane vient nous voir en nous disant qu’il va beaucoup mieux. Il nous apporte un grand seau de crevettes toutes fraîches qu’il veut nous donner pour nous remercier mais on insiste pour le payer tout de même. Vu qu’on en avait déjà acheté un kilo sur le quai un peu plus tôt on va pouvoir manger des crevettes toute la semaine :)) ça tombe bien on adore ça .

Un peu plus tard dans la matinée une embarcation du parc naturel vient nous voir pour nous dire très poliment que nous devons partir. Nous sommes ancrés sur un récif artificiel nouvellement créé et classé espace protégé (juste devant la jetée, au beau milieu du chenal…). Il nous suggère d’attendre l’étale car notre ancre risque fort d’être coincée. Le sondeur donnait effectivement des indications assez bizarres mais toujours au moins 8 mètres de profondeur. Dès que la renverse s’amorce on relève donc et l’ancre remonte sans difficulté ouf !

Siné Saloum 1: Djiffer

Nous levons l’ancre qui remonte avec seulement un peu de sable et de coquillages, bien plus propre que ne le laissait présager la puanteur de l’eau. Nous avons décidé de couper la route en deux pour arriver de jour dans le chenal d’entrée du Siné Saloum. Navigation paisible sous spi, quelques barques de pêche mais pour l’instant rien d’extraordinaire. Contrôle inopiné de la Guardia Civil espagnole juste avant d’arriver à Saly notre étape pour la nuit sans doute un entraînement de routine pour leurs partenaires locaux car ils nous ont juste demandé où on allait. 10’ plus tard nous démarrons le moteur pour aller ancrer devant la ville mais, mauvaise surprise, un nuage de vapeur sort très vite de l’échappement : plus de refroidissement. Ou coupe, Domi plonge aussitôt pour vérifier la prise d’eau. Elle n’est pas obstruée c’est donc la pompe à eau de mer. Heureusement on a 2 kits de remplacement de la roue à aube et des joints à bord. En moins de 30’ c’est réparé et le moteur tourne à nouveau comme une horloge. Nuit tranquille mais un peu roulante, la large baie n’offre aucune protection contre la houle.

Au matin on repart vers Djiffer et on est bien content de s’être arrêtés pour la nuit. La mer est constellée de flotteurs de filets entre lesquels on doit se faufiler. Certains ont des drapeaux bien visibles d’autres une simple bouteille d’eau : une attention de tous les instants est requise et ce jusqu’à plus de 15 milles au large (>20m de profondeur).

L’entrée est bien plus facile que nous pensions en regardant les cartes. Le chenal est large, bien balisé et profond de plus de 7 m d’un bout à l’autre. Sur toute la zone les cartes sont d’ailleurs archi-fausses, les relevés datent sans doute de l’époque coloniale et le fleuve à largement modifié son lit depuis. A l’époque cette passe n’existait même pas, il fallait contourner la pointe Sangomar plus au sud, cet itinéraire est aujourd’hui beaucoup plus difficile. Nous avions téléchargé les traces de bateaux qui nous avaient précéder, ça aide bien !

On ancre un peu au nord du village dans le Siné devant l’estacade délabrée. C’est là qu’habite Etienne, un français très sympathique qui a créé l’association Région Nature pour aider à la protection des aires marines protégées en notamment éduquant les enfants et créant des emplois pour les locaux. Il a aussi créé une halte nautique pour accueillir les plaisanciers de passage. Il nous invite à partager son dîner.

Djiffer est un village de pêcheur très (très) actif avec des centaines de pirogues échouées sur la plage du port. On y trouve quelques commerces de base dont une boulangerie et de nombreuses épiceries.

La spécialité du village c’est la production de poisson séché et fumé qui occupe une très grande partie de la place disponible devant le village.

Babacar nous guide très gentiment dans la découverte de cette activité. Par contre une catastrophe écologique est en cours : seul point positif, les habitants trient leur déchets plastiques mais c’est seulement pour les entasser sur le bord de la plage afin que les vagues les emportent au large ou dans la rivière : un désastre et de fait, partout ou nous irons sur la rivière et dans les bolongs (bras latéraux) nous trouverons des monceaux de plastique. La situation est aussi critique que l’Indonésie.

Dakar 3) une semaine bien chargée

Nous sommes lundi, les administrations sont ouvertes, nous allons donc pouvoir régulariser notre situation et faire enfin notre entrée officielle au Sénégal. C’est de bonne heure et de bonne humeur que nous allons à terre. Deux autres équipages sont là pour la même raison. On parle de partager un taxi mais de toute façon il en faudrait au mois 2 et chacun à un programme différent. On prend donc le notre et on lui dit qu’on va à la police pour tamponner nos passeports. Du coup il nous dépose devant le ministère des affaires étrangères, on lui dit qu’on pense que ce n’est pas là mais il nous répond qu’il ne connaît pas d’autre endroit pour les passeports. On se présente donc à la porte. L’agent nous dit de faire la queue comme tout le monde sans accepter nous dire si nous sommes au bon endroit. Au bout d’une trentaine de minutes c’est notre tour, il n’a aucune idée si c’est bien là mais nous fait entrer. Nous interrogeons plusieurs personnes qui ne sont sûres que d’une chose : nous ne sommes pas au bon endroit mais où faut-il aller, mystère ! Nous ressortons donc et c’est finalement un policier faisant la circulation qui nous renseigne : c’est à la police du port que nous devons nous rendre et nous pouvons y aller à pied car c’est seulement à quatre rue d’ici. Quand nous arrivons les autres équipages sont bien entendus là, attendant sagement leur tour. Midi approchant l’efficacité des fonctionnaires accélère rapidement et en 20 minutes nous sommes dehors nos passeports dûment tamponnés, empreintes et reconnaissance faciale vérifiées. Il est encore temps pour faire un saut au marché Kermel pour ramener quelques fruits et légumes.

C’est un bâtiment circulaire de style art déco. On mange un thiéboudienne (çà devient une habitude) à l’une des mamas qui officie à l’entrée du marché. On rentre au CVD déposer nos courses et on a encore le temps d’aller à la douane (10’ de marche du CVD) pour obtenir le passavant (document d’importation temporaire et permis de circulation).

Mardi matin mauvaise surprise : l’ordi de Domi sur lequel il fait tout ses routages, cartes satellites, dossiers administratifs et autres correspondances à rendu l’âme. Quoiqu’on fasse il refuse obstinément de démarrer victime sans doute de la très forte chaleur (il fait jusqu’à 33 à l’intérieur) et d’une utilisation intensive sur toutes les mers du globe pendant plus de 7 ans. Pas de doute il faut le remplacer mais ici on ne peut pas juste passer la commande sur le site du fabriquant et attendre qu’il arrive, il va falloir se débrouiller autrement. Les gars du CVD suggèrent d’aller au marché Alizé. On prend donc un taxi mais les petites boutiques du marché Alizé sont pour la plupart axées sur les téléphones portables et leurs accessoires. Pour se renseigner tout en se posant 5’ au frais on rentre un peu au hasard dans le magasin tout neuf d’un opérateur télécom local. On leur explique qu’on cherche un ordi portable 14’ neuf avec processeur Intel et Windows 11 Professional de préférence et qu’on ne sait pas trop où s’adresser car les boutiques du coin ne semblent pas avoir de matériel pro. Pas de problème on va vous trouver çà nous disent-ils. Les filles nous font la conversation et nous offre un verre d’eau. Au bout d’1/2 heure, le gars revient avec une première machine. Le prix est intéressant mais ce n’est pas ce que je cherche. Il repart et au bout d’une heure il revient avec exactement celle que je cherchais. Elle est toute neuve, c’est le haut de gamme des Thinkpad L6 avec toutes les options possibles seul inconvénient, elle a un clavier Suisse mais vu le prix proposé ( celui du modèle de base sur le site du fabriquant) on va pas chipoter. Maintenant il faut payer et devinez quoi : le prix d’un ordi neuf on l’a pas en petite monnaie au fond de la poche alors on voudrait bien payer par carte mais il n’y a pas de TPE dans cette agence. Qu’à cela ne tienne, le gars va en chercher un dans une autre agence et revient 1 heure plus tard avec le terminal mais pas moyen de connecter. Finalement une des filles nous accompagnent à la banque du coin où on retire la somme en liquide en utilisant tout le plafond de nos cartes. Imaginez la même aventure dans une grande ville française en s’adressant à la boutique Orange du quartier : les Sénégalais sont géniaux !

Le soir nous avons convenu de passer la soirèe avec Nouzla (c’est la compagne de David le fils de Jean-Michel et Bernadette (notre amie potière),( et qui habitent juste sur l’autre versant de la petite vallée où nous vivons quand nous ne sommes pas en mer– décidément Dakar semble une destination très prisée par les conjoints des habitants de la vallée -voir article précédent) Nouzla est à Dakar pour l’organisation des prochains jeux olympiques de la jeunesse dont elle dirige une partie du projet. Nous nous retrouvons dans un resto de la plage de Ngor ou nous passons un super moment.

Les deux jours suivant sont bien occupés par la configuration du nouvel ordi (récupération de la sauvegarde, téléchargement et installation des applis, cartes etc.)

On a tout de même un peu de temps pour descendre plusieurs fois à terre boire un verre au CVD, papoter avec les autres voileux, négocier avec Mama Nougat pour son beurre de cacahuètes, prendre des mesures chez Mama Chiffon pour un ensemble chemisier pantalon 3/4 de style local. L’ambiance est relax et bon enfant et tous les intervenants du CVD sont tellement gentils. On citera notamment Doumia le passeur si serviable et disponible et Abdul toujours près à aider et à apprendre et tous les autres qui sont aussi adorables.

Journée courses

On passe aussi du temps à faire les courses. Côtè super marché, il y en a partout et de toutes les tailles mais pour des grosses courses le meilleur choix est sans aucun doute l’hypermarché Auchan Mermoz (quartier chic de la ville) qui présente un choix assez similaire à ce qu’on peut trouver chez nous.

Pour les fruits et légumes la palme va au marché HLM qui s’étend sur tout un quartier, les stands bien achalandés d’une multitude de marchands occupent rues et places, protégés des ardeurs du soleil par des bâches sommaires.

Enfin Jeudi soir nous sommes prêts. Il est temps que l’on quitte cet endroit. La ville de Dakar est un vrai cauchemar urbain : voirie défoncée, déchets s’amoncelant partout, camion, minibus et voiture hors d’age bricolés maintes fois pour continuer à rouler envers et contre tout recrachant autant de fumée qu’un millier de vieille locomotive à charbon, poussière dense omniprésente partout dans l’air, égouts à ciel ouvert se déversant directement dans la mer comme celui qui donne à notre mouillage cette odeur pestilentielle (mais des travaux sont en cours pour y remédier) heureusement que l’extrème gentillesse des habitants fait oublier une partie de ces nuisances.

Demain dernier jour d’octobre, (qui marque la fin de la saison des pluies) nous partons pour le Siné Saloum.

Dakar 2: dimanche touristique

Comme se promener en ville sans visa d’entrée ne semble pas poser de problème nous allons continuer à jouer les touristes clandestins. En plus aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec Stéphane un très bon ami (le compagnon de la fille de notre voisin le plus proche au fin fond de la Touraine où nous vivions quand nous ne sommes pas sur l’eau si vous voulez tout savoir.) C’est un amoureux de l’Afrique de l’ouest où il a vécu de nombreuses années et il parle le wolof ce qui est souvent bien pratique dans le coin.

On s’est donné rendez-vous au musée Théodore Monod d’art Africain.

La salle principale du musée est plutôt décevante même si elle expose quelques artefacts intéressants. Par contre la salle des expositions temporaires vaut largement le détour avec en ce moment les œuvres de 3 peintres locaux rassemblés sous le titre « Lien Commun ». Tous trois peignent en effet des scènes urbaines et nous montrent la ville dans toute sa vérité et sa crudité. Tempidaro nous offre ces visions de la vie à Saint Louis dans un style qui semble tout droit sorti d’une BD déjantée. Sadio utise une technique bien particulière qui fait penser par certains côtés aux dessins des arborigènes d’Australie . Mais c’est Ibou Diagn qui emporte tous nos suffrages . Cet artiste très talentueux utilise un style qui pourrait s’apparenter à de l’impressionnisme mais complètement revisité pour mettre en lumière l’atmosphère locale: de près on ne voit qu’une multitude de tâches de couleurs sans aucun trait ni motif apparent mais en s’éloignant de quelques pas on découvre une foule en pleine activité sur un marché ou ailleurs.

Mais il est temps de songer au repas de midi. Le plateau et particulièrement le quartier Ponty est désert et la plupart des restos sont fermés : pas le bon endroit pour casser la croûte un dimanche. On prend un taxi pour la pointe des Almadies tout à l’autre bout de la ville.

« Mosaïque sur mes murs de l’ambassade Américaine« 

Resto en terrasse tout au bord de la mer où on se mange un excellent ceebu jën (thiéboudienne) LE plat traditionnel de riz et de poisson. Petit altercation avec le restaurateur : en débarrassant la table, il jette par dessus le balcon nos sachets d’eau minérale vides. Anne lui fait tout de suite la remarque. Il essaie de dire que c’est pas grave mais elle insiste. Heureusement sous le balcon il y avait une corniche, les sachets ne sont donc pas tombés directement à la mer et il a pu facilement les récupérer. Le Sénégal est sans doute le pays du monde où les gens sont les plus accueillants et les plus gentils mais le pays croule sous les déchets plastiques et absolument rien est fait pour y remédier.

De là nous mettons le cap sur Ngor tout à côté. C’est sans doute le joyaux de Dakar, particulièrement le quartier entourant la grande mosquée d’Ngor avec ses ruelles étroites bordées de maison traditionnelles aux murs peints de fresques évoquant principalement la mer et des scènes traditionnelles.

La grande maison sur la pointe appartenait parait-il à la chanteuse France Gall.

La petite baie est protégée de la grosse houle du large par l’île touristique de Ngor. La partie ouest de la plage est remplie de barques de pêche artistiquement décorées (comme partout au Sénégal) parmi lesquelles se promènent de nombreuses chèvres, tandis que la partie Est est dédiée à la baignade et aux loisirs. L’eau est ici suffisamment claire pour avoir envie de s’y tremper. C’est à la terrasse d’un des cafés de la plage que nous finirons cette belle journée de détente.

Dakar (1: Arrivée)

On apperçoit au loin le phare des Almadies. Un vol de petites punaise vertes nous accueillent, elles sont des dizaines sur le pont. Le temps est calme, on a tout le temps de découvrir la côte plutôt escarpée de péninsule où est bâtie la ville.

Puis on contourne l’île de Gorée et ses fortifications. Gorée, désormais classée au patrimoine de l’UNESCO, fût jusqu’au milieu du XIXème siècle, la capitale économique et administrative de la région (avant l’avènement de la ville de Dakar proprement dite). Elle dû, en grande partie, sa prospérité au sinistre commerce de la traite des esclaves vers l’Amérique.

On zigzague entre les chalutiers chinois rouillés, les sacs plastiques et autre déchets dérivants pour arriver à l’anse de Hann. L’eau est très polluée et dégage une odeur pestilentielle. Depuis plusieurs années la principale station d’épuration de la ville est en panne. Des travaux sont en cours pour y remédier mais ne sont visiblement pas encore terminés. C’est sur cette plage qu’est situé le CVD (Cercle de Voile de Dakar) institution incontournable de la plaisance en Afrique de l’Ouest. C’est une escale pratique, l’accueil du personnel et des voileux déjà sur place est chaleureux et de bon conseil. Et cerise sur le gâteau : le bateau taxi/navette qui vient nous chercher à bord et nous ramener toute la journée (de 08:00 à 22:00), vu la propreté de l’eau ne pas avoir à utiliser notre annexe est vraiment un plus.

Nous sommes samedi les administrations sont fermées. Il faudra donc attendre lundi matin pour aller faire les formalités d’entrée, mais on peut quand aller en ville! On prend un taxi pour l’après midi ce qui est une erreur il vaut mieux les prendre pour une simple course en négociant le prix où télécharger l’appli Yango (Uber local). Mais bon on voulait trouver une banque ouverte pour retirer des francs CFA, aller acheter une carte SIM locale et s’offrir une visite de musée.

Pour cette première après-midi à Dakar, notre choix s’est porté sur le Village des Artistes. Lieux incontournable de l’art contemporain au Sénégal il est situé sur la route de l’ancien aéroport. A première vue le site ne paye pas de mine, de l’extérieur ça ressemble plus aux baraquements d’une caserne désaffectée qu’à un musée. Mais c’est de l’intérieur que l’endroit prend tout son intérêt. D’abord la salle Léopold Sédar Senghor où se tient l’exposition principale, souvent remise à jour pour présenter les œuvres les plus en vue des artistes hébergés par le village. De là on passe aux ateliers des artistes : ils sont nombreux mais nous n’en retiendrons que quelques-uns. La palme va sans aucun doute à leur très sympathique ainé, Tita (Amadou Mbaye de son vrai nom), ancien professeur d’art plastique à l’université il a un longue carrière d’artiste. Ses peintures et ses sculptures ont la particularité d’utiliser des matériaux naturels et locaux comme par exemple la sève de baobab.

Ou encore ce potier (dont nous avons malheureusement pas noté le nom) qui réalise des vases au formes extraordinaires sans les tourner et en y intégrant des morceaux de cuir.

Le préféré de Domi est M.Baba Ly (https://www.threads.com/@m.babaly) sa peinture exprime le regret d’une tradition ancestrale qui s’efface sous la pression de la technologie.

A suivre