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De Kythnos à Paros

Nous n’osons pas rester plus longtemps dans la jolie crique de Fykiada. Le vent doit tourner au Sud Ouest en fin de journée pour devenir assez fort les jours suivants. Dans la matinée, nous contournons donc la partie nord de Kythnos pour aller à Loutra. Nous allons voir au port mais toutes les places le long du premier quai sont déjà occupées et nous ne sommes pas emballés à l’idée de mouiller cul à quai entre 2 catas dans le petit bassin du port : on y serait sans doute bien mais s’il y a du vent pour repartir demain matin ça risque d’être une prise de tête.

Nous préférons nous rabattre sur l’anse de Agios Eirinis et nous ancrons au milieu de son bras Est puis nous tirons nos 2 haussières à terre sur la rive Sud, parfaitement abritée sous la parois rocheuse. Quand nous étions passés ici au printemps, nous étions amarrés à la rive Nord mais il y avait beaucoup de roches affleurantes, ce côté-ci est beaucoup plus franc.

Excursion en annexe jusqu’au village de Loutra qui a part les bateaux de plaisance dans le port (dont un grand cata immatriculé en Malaisie et qui fait le tour du monde avec un équipage Japonais) semble totalement mort.

Un seul petit supermarché reste ouvert mais n’a pratiquement plus aucun produit frais à vendre. Le boulanger est en train de nettoyer sa boutique nous lui demandons s’il peut nous vendre du pain qui sont restés sur les étagères derrière le comptoir il nous répond que non, il est fermé et quand nous voulons savoir quand il ouvre il nous répond : début Avril…? Tous les cafés, bars et restos sont aussi fermés, partout, des planches ont été clouées sur les fenêtres des maisons. Ambiance un peu déprimante !

Nuit calme sous nos rochers. Le flux de Sud assez fort se confirme pour le reste de la semaine. Les conditions seront encore très bonnes aujourd’hui et demain mais Il nous faut trouver un bon abri pour la suite. Et ce n’est pas évident ! Des baies ou des ports ou l’on peut se protéger des vents du Nord dans le coin il y en a pas mal et ils sont bien listés dans les guides nautiques de la région. Normal, ici c’est le vent dominant, le fameux Meltem, qui souffle pratiquement tout l’été. Par contre un endroit protégé du Sud surtout si ce Sud passe de l’Ouest à l’Est pendant la nuit, c’est plus rare. Bien sûr on peut toujours se mettre au fond d’une crique ou derrière les digues d’un port l’ancre devant et 2 amarres à terre comme ici mais si le vent tourne brutalement ou la houle se met à rentrer çà peut devenir rapidement dangereux si l’abri n’est pas vraiment sûr. On passe une bonne partie de la soirée à étudier les cartes et les guides en comparant les mérites respectifs de beaucoup de mouillages et nous en venons à la conclusion que l’emplacement le plus adapté pour nous est sans doute la baie de Naoussa au nord de l’île de Paros et plus particulièrement sa partie Sud, l’anse de Plastiras. Nous y avons déjà passé une nuit au printemps. C’est une assez grande baie presque fermée, entourée de terres basses et de quelques collines, offrant une protection adéquate contre les vents et la mer du secteur Est à Nord en passant par le Sud et surtout dans la plus grande partie de l’anse les fonds de très bon sable sont plats à une profondeur entre 4m et 5m, parfait pour pouvoir allonger toute la chaîne nécessaire. Vendu :  c’est là que nous établirons nos quartiers pour le restant de la semaine! Le lendemain 01/11/2023, les conditions sont idéales pour s’y rendre. Le vent souffle du Sud Est à une quinzaine de nœuds et la mer n’a pas encore eu le temps de se former. Les 42 milles qui nous séparent de Paros sont avalés en moins de 6 heures !

Sous le temple de Poséidon

Perché tout en haut de la colline qui surplombe la pointe, il trône majestueux depuis plus de deux millénaires mettant en garde les marins venant du levant et tentant de rentrer dans le golfe Saronique ou saluant et souhaitant bon vent à ceux qui en sortent. De loin la vue est impressionnante même si on devine qu’il doit être en moins bon état que l’acropole ou le temple de Aphaia!

La baie à son pied est bien abritée des vents de secteur Est à Ouest en passant par le Nord et donc du fameux Meltem (le mistral Grec). Nous y ancrons le dimanche 29/10/2023 à 17:00 à la fin d’une journée magnifique mais peu ventée. Trop tard pour monter admirer le coucher du soleil mais à temps pour voir le temple se parer des couleurs mordorées du soleil couchant.

Le lendemain tout de suite après le petit-déj’ nous sautons dans l’annexe que nous laissons sur la plage pour rejoindre la route qui mène à l’entrée du site distant de quelques centaines de mètres.

Le site était déjà célèbre dans la mythologie. Selon la légende, ce serait au Cap Sounion que le roi Égée, père de Thésée voyant le navire de son fils revenir de Crête avec une voile noire aurait mis fin à ses jours en se jetant dans la mer qui porte depuis son nom. En fait Thésée et son père avaient convenu que si par malheur il était tué lors de son fameux combat contre le Minotaure l’équipage arborerait une voile noire, mais dans allégresse de la victoire, Thésée oublia complètement cet accord, provocant involontairement le désespoir et le suicide de son père.

Le cap Sounion n’était pas seulement un lieu sacré ( on y trouve aussi les vestiges d’un temple d’Athéna fermé à la visite) mais surtout une forteresse défendant Athènes des attaques maritimes notamment des Perses. Il est important de se rappeler que la Grèce Antique n’était pas du tout un pays unifié mais un ensemble de villes-états indépendants comme par exemple Athènes ou Corinthe ou encore des îles-états comme Aigina ou Hydra. Si le plus souvent ces états commerçaient pacifiquement il arrivait parfois qu’ils entrent en conflit et se fassent la guerre ou encore s’allient ensemble contre un ennemi commun voire même avec cet ennemi contre l’autre (comme Aigina et les Perses). La vocation religieuse de ces temples est bien évidemment incontestable mais on peut aussi se demander si leur situation et leur architecture imposante n’étaient pas aussi des signaux adressés aux voisins, du genre : je suis le plus fort : le mien est plus balèze que le tien, paradigme éternel du mâle dominant …

Nous passons toute la matinée sur le site. Il est presque midi quand nous rejoignons Rêve à Deux. Le vent de Nord qui souffle est idéal pour une traversée rapide vers Kythnos la première Cyclade sur notre liste. Et c’est sous le regard de Poséidon que quittons cette fois l’Europe continentale.

Les 22 milles qui nous séparent de cette île sont rapidement couverts. Nous atterrissons dans la crique de Fykiada juste au sud du cap Kolona sur la côte Est de l’île. C’est une petite baie bien protégée par l’îlot de Agios Loukas lui-même relié à l’île principale par un banc de sable. De l’autre côté du banc de sable au milieu de la rive Nord de la crique de Kolona il y aurait parait-il une source chaude mais ce soir elle est occupée par 4 ou 5 catas de location et demain le vent devrait tourner au Sud Ouest la rendant sans doute inconfortable, tant pis ! De toute façon avec la température se maintenant aux alentours de 28°C pour l’air et 27° pour l’eau on ne recherche pas du tout l’eau chaude !

Le paysage est très beau mais ce qui nous surprend le plus est que quand nous avions quitté les Cyclades mi-Avril, la végétation sur la pentes des collines abruptes, sans être luxuriante donnait tout de même à l’ensemble une tonalité plutôt verte d’où émergeait quelques touffes plus sombres et quand on s’approchait on distinguait de nombreuses fleurs de toutes les couleurs. Alors que maintenant on a l’impression qu’il n’y a plus que des cailloux entre lesquels expire un peu d’herbe rase jaunie et desséchée…

Au temple d’Achaia (ou Aphaia)

Le mois d’octobre se termine, il commence à être temps de laisser derrière nous le Golfe Saronique pour aller retrouver nos Cyclades mais avant ça, nous voudrions voir encore deux magnifiques temples anciens l’un sur l’île Aigina et l’autre sur le continent

Commençons par Aigina. Nous hissons les voiles juste à la sortie du port d’Epidaure et à part un petit ralentissement quand nous passons sous le vent de Agkistri le vent nous propulse gentiment .

Quand nous arrivons en vue de la pointe Tourlos (Nord Est d’Aigina) nous apercevons le premier temple sur une colline dominant la mer et le problème habituel de la région se pose : où mouiller pour la nuit ? La petite baie avant la pointe est bien protégée du vent d’Est qui souffle ce soir mais elle ne le sera plus en 2éme partie de nuit quand il aura tourné à l’Ouest. En plus elle est à 3km de marche du temple alors que la baie Aigina Marina de l’autre côté de la pointe n’est qu’à 1,5km du site et sera abritée en fin de nuit et demain. Nous optons pour cette dernière en plus il y a un quai, peut-être pourrons nous nous y amarrer. Finalement une houle passait derrière la jetée risquant de rendre l’amarrage inconfortable et nous avons préféré ancrer devant la plage juste à côté. Grand bien nous en a pris ! Vers 20 heures, 7 ou 8 gros catamarans de location sont arrivés pour s’y amarrer: la saison tirant à sa fin, nous avions oubliés que le Samedi soir l’endroit est une destination privilégiée pour les équipages qui viennent de louer leurs bateaux depuis les marinas des environs d’Athènes. Certains ont même essayé de s’amarrer sur le côté extérieur de la jetée, une opération limite dangereuse avec cette houle les poussant sur la jetée.

Dés l’ouverture le matin nous sommes descendu à terre. Le site est facilement accessible d’abord par une petite rue du village puis un chemin à travers bois. Dès qu’on aperçoit le temple on se rend compte que c’est quelque chose d’extraordinaire. D’abord ce monument imposant est un chef d’œuvre d’architecture et du travail de la pierre encore en excellent état 2500 ans après sa construction. Ensuite du haut de sa colline, on a une vue magnifique sur l’île et sur tout le golfe Saronique de chaque côté.

Le site contient aussi de nombreuses explications sur sa construction, les moyens utilisés pour lever les lourdes pierres taillées sans en abîmer les arrêtes, les assemblages sans mortier etc.

Mais surtout il n’est pas dédié à Zeus ou à Apollon n’y même à Athena, mais à une déesse très peu connue, Aphaia (aussi écrit Achaia ou Aphea) et dont l’histoire est très intéressante : Fille de Zeus, née en Crète, celle qui s’appelait alors Britomaris était parait-il d’une grande beauté et attira la convoitise du roi Minos. Sautant d’une falaise pour lui échapper elle fut prise, au propre comme au figuré, dans les filets d’un pêcheur qui la ramena chez lui à Aigina. Pour enfin échapper à l’assiduité malsaine des hommes, elle demanda à Artemis (sa demi-sœur et protectrice) de la faire disparaître. Ce que fit Artemis en faisant, au passage, une déesse. Et c’est depuis que Britomaris est appelée Aphaia/Achaia qui signifie « l’invisible » . Le temple fut construit à l’endroit où elle aurait disparu.

De l’île de Poros à Epidaure

Nous quittons la baie de Poros mais nous ne sommes pas seuls dans la petite passe: en même temps que nous sortent un super yacht de 50 mètres et le “Speed Cat” à destination du Pirée que nous éviterons de prendre pour un homme des fois que les dauphins qui nous suivent songent à nous noyer. Ceux qui ne se rappellent plus du poème peuvent toujours le relire ici.

A la sortie du chenal une toute petite brise de Sud Est se lève juste ce qu’il faut pour nous déhaler tranquillement vers l’île de Aigina. Comme nous approchons de l’île, le vent se renforce et nous passons rapidement devant le petit port de Pedrika pour aller nous abriter pour la nuit dans la petite crique de Profitis Ilias.

Le lendemain c’est le calme plat de chez plat et c’est au moteur que nous couvrons les 10 milles qui nous séparent de la vieille Epidaure (Archaia Epidavros ou Palaia Epidavros) heureusement il y a des îles au paysages grandioses sur la route.

Quand nous arrivons il n’y a que deux autres bateaux dans le port et en plus c’est des vrais plaisanciers pas des charters. Une aubaine ! On va pouvoir se mettre à quai. En plus le voisin nous apprend que le maître de port a pris ses quartiers d’hiver et qu’en conséquence, l’amarrage, l’eau et l’électricité sont gratuits. C’est d’ailleurs le premier endroit ou nous avons pu échanger avec d’autres vrais navigateurs depuis que nous avons repris la mer le 24 Septembre, performance de notre Rêve à Deux, endroit visités par les uns et les autres, tout y passe.

Nous étions venus ici il y a 12 ans (par voie terrestre avec Mamie – Grand MERCI à Adrien et Miriam pour nous avoir fait connaître cet endroit) et rien ne semble avoir changé dans le village tout juste une couche de peinture blanche sur la façade, un peu défraîchie à l’époque, de l’hôtel où nous avions dormi. Pas étonnant les ruines antiques ont bien tenue 2,5 millénaires!

Parce que bien entendu, c’est pour çà que nous sommes là : revoir le fameux théâtre antique. Il n’est qu’à une quinzaine de km il faut donc trouver le moyen d’y aller. Le taxi à 45 Euros, non merci ! Il y a parait-il des bus. On essaie de trouver les horaires sur le site de la companie (KTEL) qui indique que pour pouvoir faire l’aller et retour dans la journée il faudrait partir à 7:30 et acheter ses billets à l’avance. C’est un peu tôt mais bon, le site ouvre à 08:00. Le soir nous passons au bureau de la compagnie pour acheter les billets et on nous dit non non, ce bus ne passe pas par le site mais il y a 2 autres à 8:30 et 10:30. Le tiket c’est 1,60 Euros et vous le prenez dans le bus. A 8:30 nous sommes là l’employée du bureau est aussi le chauffeur du bus.

Le site est toujours aussi magnifique, et en cette saison et à cette heure nous sommes très peu nombreux. Un théâtre de cette taille pour pratiquement nous tous seuls, c’est quelque chose. Nous allons même jusqu’à tester l’acoustique du lieu (parfaite comme il se doit : du haut des gradins on entend parfaitement une personne parler doucement au milieu de la scène). Mais discipline discipline, on se fait rapidement rappeler à l’ordre par un coup de sifflet de la gardienne : on ne badine pas avec l’antiquité interdit de chanter ou de danser dans l’arène.

Mais ce théâtre si impressionnant soit-il n’est qu’un des éléments de ce sanctuaire d’Asclépios, un immense complexe dédié au dieu de la médecine ou l’on trouve aussi les ruines des temples d’Artémis et d’Asclépios, du Tholos (temple circulaire), de l’enkoimeterion (bâtiment ou l’on mettait les malades pour qu’il soit guéris par les dieux ou leur serviteurs medecins). Le site de l’UNESCO le décrit ainsi : Premier sanatorium organisé, le sanctuaire est important pour son association avec l’histoire de la médecine, apportant la preuve que la croyance en la guérison divine s’est peu à peu muée en science de la médecine. Dans les premiers temps, au IIe millénaire av. J.-C., le sanctuaire fut un site de pratiques thérapeutiques cérémonielles avec associations curatives peu à peu enrichies à travers les cultes d’Apollon Maléatas au VIIIe siècle av. J.-C. puis d’Asclépios au VIe siècle av. J.-C. Le sanctuaire des deux dieux est devenu le centre thérapeutique le plus important du monde antique. Ces pratiques ont par la suite été diffusées au reste du monde gréco-romain et le sanctuaire est ainsi devenu le berceau de la médecine.

Parmi les installations de la période classique se trouvent des édifices qui représentent toutes les fonctions du sanctuaire, notamment cultes et rituels thérapeutiques, bibliothèque, bains, sports, hébergement, hôpital et théâtre. A noter que l’hôpital était conçu pour accueillir des malades très contagieux sans qu’ils risquent de contaminer d’autre patients

Nous rentrons vers10:30. A y réfléchir, on aurait du rester jusqu’au bus suivant (11:45), il y a tant à voire. A bord c’est lessive et plein des réservoirs (il y a de l’eau potable gratuite profitons-en) puis courses dans la soirée. La vieille Epidaure n’est sans doute pas le meilleur endroit pour se réapprovisionner. Il y a bien un super marché AB de bonne taille mais il est sur les hauteurs complètement à l’extérieur du village impossible d’y aller sans un véhicule! On se contente donc des deux petites supérettes proches, du port convenablement achalandées au vu de leur taille mais encore à des prix spécials touristes. Un peu de natation et une bonne douche sur la plage de la pointe pour finir la journée. En fin de journée plusieurs gros bateaux de location (catamarans et monocoques) viennent s’insérer dans les espaces restés libres mais bon çà se passe plutôt bien. Athènes n’est pas loin et les locations se terminent le Samedi et la saison la semaine prochaine.

Vendredi 27 octobre nous restons ici encore une journée. L’idée est d’aller nager au dessus des ruines de l’ancienne cité engloutie d’Epidaure. Elle se trouve à moins de 2 km du port, il faut passer près du petit théâtre antique de la ville, toujours fermé des fouilles étant en cours. On essaie de longer la mer mais des propriétés privées bloquent le passage. On se rabat sur la route. On cherche un peu le long de la plage avant de la trouver. L’eau est parfaitement transparente et dans moins de 2m on découvre ces ruines assez intéressantes y compris de grandes jarres qui servaient sans doute à stocker les denrées dans les entrepôts du port. Il y a des poissons partout ce qui n’est pas si courant dans cette mer et rajoute à l’attrait du lieu. Par contre, je doute un peu que ces petits murs et surtout ces jarres remontent à quelques siècles avant Jésus-Christ… surtout à cette faible profondeur sur une côte pas très protégée de la houle du large.

Poros

A moins de 2 heures de route, 45’ de vedette rapide ou une journée en voilier d’Athènes, Poros est LA destination touristique de la région.

Les quais et les mouillages autour de la ville sont bien entendu bondés surtout que l’étroit passage entre cette île et le continent n’offre pas grand place. Nous trouvons un endroit convenable au Nord Ouest de la ville juste devant l’école Navale au Nord Ouest du quai des bacs.On craignait un peu que de là, il soit un difficile d’aller en ville à cause du passage de ces bacs mais en fait ils ne posent aucun problème car ils ne passent que toutes les 1/2 heures et quand ils arrivent près de leur quai leur sillage est négligeable, à la différence de celui, monstrueux, des « SpeedCat », vedettes rapides et bateaux taxi qui, sont fort heureusement, tous cantonnés sur le quai Sud.

Ce qu’il y a de fantastique avec les villages Grecs c’est que même les plus fréquentés comme ici Poros, ont sût garder leur cachet authentique et leur côté paisible. Les maisons sont comme elles ont toujours été, pas de grands immeubles en béton ou de McDo aux couleurs criardes.

Nous passons une bonne partie de la journée à flâner dans les ruelles encore très calmes : elles s’animeront dans la soirée quand les catamarans de location auront déversé sur le quai leurs équipages assoiffés.

Repas de midi au restaurant Το Σοκάκι (To Sokaki : la ruelle) un vrai restaurant Grec, je veux dire : un restaurant pour les vrais Grecs, un resto où les gens du coin vont manger à midi quand ils travaillent , pas un de ces pièges à touristes des quais. Cuisine excellente, portions copieuses et prix très très raisonnables, on s’est régalés !.

Ce soir le mouillage est suffisamment calme pour que nous puissions y passer une bonne nuit non sans avoir admiré le coucher du soleil sur la ville.

Au matin, nous nous déplaçons tout de même pour une baignade dans la petite baie dite des « Russes » un peu plus à l’Ouest de l’île.

De Ermioni à Poros

Retour sur Hermione à temps pour aller nous baigner non sans un clin d’œil au passage aux mangeoires à oiseaux accrochées à l’arbre du quai. Sur cette même bord de mer vous constaterez que le phare de l’alignement d’entrée est « made in France » construit à Paris dans les années 30.

Dimanche 22/10/2023, nous repartons d’Ermioni et comme il n’y a pas un souffle on en profite pour aller raser au plus près la merveilleuse côte d’Hydra. Ce relief accidenté et toutes ces couleurs du vert sombre des oliviers et des buissons épineux au gris de la pierraille en passant par le beige des herbages desséchés et le brun noir des roches est grandiose à admirer mais rappelle aussi que la vie ne doit pas être facile sur ce caillou quand on n’est pas un armateur fortuné ou un riche touriste.

Pause devant Vlychos, il y a deux autres bateaux à l’ancre et la profondeur est bonne (7 à 10 m). L’eau est parfaitement limpide mais les fonds sont tellement rocheux que nous n’osons même pas y passer plus que le temps de la baignade de peur que l’ancre ou la chaîne ne restent coincées.

Nous passons au ralenti devant la ville pour bien en imprégner notre mémoire: qui sait, peut-être ne la reverrons nous pas de si tôt : la prochaine fois nous quitterons la mer Égée, le canal de Corinthe sera peut-être ouvert?

De là, toujours au moteur nous mettons le cap sur l’étroit passage qui sépare les îlots Spathi et de Tselevinia. Le vent nous rejoint juste avant le passage et c’est à la voile que nous le franchissons. On jette un coup d’œil dans la baie de Sprathy à la recherche d’un ancrage paisible pour la nuit mais une légère houle d’Est rentre et l’endroit ne nous plaît pas de trop.

Nous trouvons notre bonheur juste avant l’île de Poros : la petite plage de Plaka bien protégée par les îlots Mpourtzi et Lemoni. Le cadre est joli et l’eau est limpide, nous passerons une nuit très calme seuls au mouillage. A moins d’un mille de Poros c’est une aubaine !

Hydra

Habitée au moins depuis l’époque mycénienne, cette île aride et escarpée resta longtemps en marge de la mythologie et de l’histoire. Désertée pendant le moyen âge à cause des attaques de pirates elle fut repeuplée par des réfugiés albanais (Arvanites) au XVIème siècle. Son histoire maritime commençe XVIIème siècle par le développement d’une flotte marchande qui lui permit de commercer avec l’Orient, la Mer Noire et l’Occident pour atteindre son apogée sur la deuxième moitiè du XVIIIème et le tout début du XIXème. On raconte même que pendant la révolution française et l’empire ses navires livrèrent des cargaisons de blé Ukrainien au port de Marseille. Pendant la guerre d’indépendance de la Grèce en 1821 les riches familles d’armateurs Hydriotes jouèrent un rôle prépondérant dans la défaite des Ottomans en mettant leurs flottes et leurs fortunes à la disposition de la révolution. A l’avènement de la marine à vapeur Hydra ne sut pas s’adapter et quitta la scène du commerce maritime. L’île attira par la suite (et attire toujours) de nombreux artistes, peintres, chanteurs et autres personnages célèbres. L’île est entièrement interdite aux voitures (sauf les services de secours et services municipaux) en dehors de la marche à pied, le seul moyen de transport, c’est à dos de mule.

En venant du large la ville fait penser à un théâtre antique dont les gradins ne seraient pas garnis de spectateurs mais de fortins, moulins à vent, maisons, villas d’époque, chapelles et autres édifices et dont la scène serait le port où se joue le ballet incessant des yachts, vedettes à passagers et bateaux taxis. C’est super joli mais on est tout de même content de ne pas avoir essayé de venir ici avec Rêve à Deux.

Notre vedette se faufile avec dextérité dans ce tohu-bohu pour accoster juste devant l’entrée du monastère de la Dormition de la Vierge, une cathédrale abritant des reliques et entourée d’un cloître à 2 étages.

De là nous montons à la villa de Lazaros Kountouriotis. La vue de la ville depuis la terrasse est époustouflante. Léguée par la famille du célèbre armateur au musée national l’imposante demeure est aménagée comme elle l’était au début du siècle dernier, cuisines comprises. Elle abrite des collections de costumes traditionnels et de peintures modernes avec les œuvres de Periklis et Constantinos Byzantios ainsi que des peintures et aquarelles de Panagiotis Tetsis tous trois natifs ou enfants adoptifs de l’île. Les œuvres que nous avons peut-être le plus appréciées dans ce musée sont celles de Vangelis Kyris and Anatoli Georgiev. Réalisées en 2021 pour le centenaire de la guerre d’indépendance, il s’agit de photographies mettant en scène des modèles vêtus de costumes traditionnels locaux du XIXème siècle. Les photos en elles-même sont très belles mais ce qui les rend si particulières est qu’elles ont été tirées sur toile et que des parties importantes des costumes ont été brodées à la main pardessus le cliché; difficile à rendre sur un écran mais les originaux méritent le détour.

Nous finissons notre matinée culturelle par la visite de la demeure et de l’atelier du peintre Panagiotis Tetsis situé à quelques ruelles de là et dont l’entrée est comprise dans celle du musée, complétant ainsi notre immersion dans l’Hydra de la fin du vingtième siècle.

On redescend en flânant dans ces ruelles magiques. Ici tout à été fait pour ne pas casser l’ambiance par une surabondance de boutiques de souvenirs ou de luxe (comme à Mikonos) ou de cafés et restaurants (ceux-ci sont concentrés sur le port). Tout à l’air authentique et serein.

Pour ne pas perdre trop de temps, nous achetons une salade à emporter et une boisson à la supérette du coin pour un pique-nique improvisé sur un banc du port. Flânerie encore d’un bout à l’autre du port et il est déjà temps de reprendre le bateau pour Ermaioni la tête pleine de toutes ces superbes images

De Porto Héli à Ermioni (Hermione en Français).

Porto Chéli est sans doute le mouillage le plus sûr de toute la région. Une baie circulaire ouverte seulement par son chenal d’accès orienté plein Ouest. Un fond plat de sable de très bonne tenue et une profondeur de 7 à 3 m. Le tout entouré de rives boisées et construites avec des collines très basses en arrière plan: aucun risque de rafales catabatiques. Escales pratiques aussi grâce au grand super marché AB juste derrière la Marina et à la station service tout près du bord avec son petit ponton bien pratique pour amener les bidons annexe. Par contre si l’entrée de la baie et le paysage sont agréables (si l’on excepte les quelques hôtels en béton qui bordent sa rive Est), la ville elle-même ne présente aucun intérêt.

L’orage prévu est finalement passé en plein milieu de la nuit accompagné de quelques rafales bien senties et de pluies diluviennes qui ont eu l’avantage de bien rincer le pont qui n’avait pas vu l’eau douce depuis Monfalcone.

Jeudi 19 octobre 2023 on quitte Porto Chéli en tirant quelques bords entre Spetsai et le continent puis vers l’île Dokos ou nous mouillons devant la petite plage de galets tout au fond de la grande baie de Skiros. Pour une fois nous sommes seuls et nous profitons sans contraintes de l’eau parfaitement limpide.

L’attraction de la région c’est la fameuse île d’Hydra et sa vieille ville mais tous les mouillages suffisamment proches de la ville pour aller la visiter sont mauvais ou trop fréquentés. Nous décidons donc que nous allons mouiller dans la baie d’Ermaioni d’où part une navette tous les jours pour Hydra, ce sera plus simple.

Ermaioni est un charmant village prolongé par une pointe boisée qui abrite le port avec un un sentier de promenade qui en fait le tour. Le port ce trouve côté baie et c’est là que nous ancrons.

L’eau de la baie n’est malheureusement pas très claire en raison de travaux de dragage sur son côté Nord. Mais de l’autre côté ou sont d’ailleurs la plupart des accès, rampes ou escalier aménagés dans les rochers pour aller se baigner est limpide. Il existe aussi un quai sur la rive sud de la petite péninsule bien pratique quand les vents de secteur nord balayent la baie – ce qui n’est pas le cas en ce moment.

Demain, la vedette pour Hydra part à huit heure…

La Pointe du Péloponnèse et le détroit d’Elafonissos

Dimanche 15 Octobre 2023, matin, nous sommes au large de l’île de Sapienza qui marque l’extrèmité Sud Est du Péloponèse. Il fait beau mais la météo annonçant un bon 30 nds de la pointe de Tainaro au détroit d’Elafonissos en fin de journée nous décidons donc de nous arrêter quelques heures à Koroni pour laisser passer.

Le mouillage du port de Koroni bien calme à notre arrivée est devenu de plus en plus agité dans l’après midi au fur et à mesure que le vent de ENE montait et les rafales contournaient l’escarpement qui protège le port. Mais tous les modèles météo étaient formels dés la nuit tombée le vent serait parfait pour le reste de notre passage. Vers 18 heures nous sommes donc repartis, à temps pour le superbe coucher de soleil. Les rafales à 25 nds qui soufflaient au port ont rapidement fait place à un vent portant de 12 à 15 nds mais la mer pourtant pas très creuse (0,70m) était plein travers à notre route et les vagues très rapprochées donnaient des mouvements vraiment très désagréables : un peu comme quand on se fait rattraper par un sillage de bateau à moteur sauf que là çà ne s’arrêtait pas.

La situation s’est améliorée une fois passé le cap Tainaro mais pour être remplacé par un trafic de cargos très dense une vrai autoroute à l’heure de pointe. Il n’y pas de DST (séparation de trafic) ni de contrôle trafic sur cette zone et si la plupart des navires marchands respectent la réglementation IMO (naviguer sur le côté tribord d’un détroit ou chenal) ce n’est pas le cas de tous et certains ne se gènent pas pour « couper le fromage » et naviguer à contre sens. Ajouter à çà tous les navires en attente dans le golfe de Lakonikos ou sous le vent de Cythère et qui subitement viennent se joindre au trafic et vous avez la recette pour passer une nuit de veille sans avoir ne serait-ce que l’envie de fermer l’oeil. Heureusement ils ont tous l’AIS et répondent volontiers à la VHF quand on a un doute sur leurs intentions (OK sir, red on red!)

Le jour se lève quand nous passons ce détroit d’Elafonissos. Le vent faiblit et la mer se calme et c’est comme sur un lac que nous franchissons le très redouté cap Maléas. Çà y est ! Nous sommes passés en mer Égée et ce très largement dans le temps que nous nous étions fixé en partant de Monfalcone. Sans doute les moines de la petite abbaye perchée sur la falaise ont ils fait le nécessaire pour nous assurer les meilleures conditions possible – qu’ils en soit remerciés !

Le vent en à profité pour passer au Sud Est 7 à 8 nds, juste ce qu’il faut pour longer la côte à la voile en admirant le relief abrupt. Nous dépassons Monemvasia dont on aperçoit la vieille ville fortifiée pour rentrer dans le tout petit port de Gérakas.

C’est en fait une sorte de boyaux en S passant entre et hautes collines et joignant la pleine mer à une grande lagune. On ancre dans la partie la plus étroite du boyaux juste devant le petit village. Au dessus de ce charmant village, des ruines d’origine Minoennes, une sorte de forteresse sans doute, il n’en reste que quelques murs fait d’énormes pierres jointives. Le site est désert, quoi rêver de mieux pour s’installer face à la mer et tailler la barbe de Domi qui commençait un peu trop à le faire ressembler au Père Noël : c’est pas encore la saison !

Nous célébrons notre retour dans cette mer mythologique à la terrasse du café juste devant notre Rêve à Deux à l’ancre.

Au matin la houle d’Est qui s’est levée rentre un peu dans le port. Des conditions instables avec une possibilité d’orages sont annoncées pour les prochain jours. Nous décidons donc de repartir pour Porto Héli (parfois écrit Porto Chéli , on même Khély)

Les îles Ioniennes 2, la descente

Mardi 10 octobre 2023 nous quittons la citadelle de corfou pour mettre cap au Sud. Nous hésitons pour notre étape du soir entre Paxos dont nous avions adorés les mouillages et Antipaxos que nous ne connaissons pas encore. Comme demain nous voulons passer le canal de Lefkas nous choisissons Antipaxos quelques milles plus au sud et nous ancrons dans la très jolie baie de Karavi au Sud Est de l’île. Malheureusement malgré le manque de vent, l’endroit s’avére plutôt rouleur.

Au matin nous repartons, le vent se lève de l’est et monte rapidement à 15 – 20 nds. (heureusement que nous avons quitté la baie!) Un grand bord légèrement débridé nous amène à l’entrèe du canal juste à temps pour l’ouverture du pont à 14:00. Nous ne sommes que 5 bateaux à entreprendre le passage vers le Sud et un seul dans l’autre sens.

La baie formée entre l’île de Lefkas et le continent est toujours aussi grandiose, entourée de ces sommets escarpés culminants à plus de 1000m et 1500m respectivement. Nous tirons des bord dans la petite brise de cette fin d’après-midi jusqu’à la pointe Nord de Meganisi ou nous ancrons tout au fond de la callanque de Bàlos l’une des nombreuses baies bien protégées de cette île paradisiaque.

Le lendemain vent faible à nouveau mais çà m’arrange car je suis en pleine recherches culinaires : je mets la dernière main à ma recette pour produire du Tempeh à bord (publiée ici).

Aujourd’hui nous frôlons la violation du règlement informel que nous nous étions fixé pour ce retour (éviter de refaire escale aux endroits que nous avions déjà visités à l’aller): en décidant de passer la nuit dans la baie magnifique de Vathi à Ithaque. Mais cette fois-ci nous mouillons juste devant le village (la dernière fois c’était devant le chantier à l’entrée de la baie) Ouf ! l’honneur est sauf ! Courses au supermarché (on est juste devant) et lessive à la laverie juste à côté.

Vendredi, peu de vent prévu mais suffisamment pour nous amener tranquillement jusqu’au petit port de Poros sur l’île de Kephalonia à ne pas confondre avec l’île de Poros de l’autre côté du Péloponnèse. Ce petit port très fréquenté en été est aujourd’hui désert et nous nous amarrons le long du ponton: une première, depuis que nous avons quitté Monfalcone nous avons toujours passé la nuit à l’ancre! C’est 12 euros la nuit eau comprise. Ballade jusqu’à la petite station balnéaire de l’autre côté de la pointe et baignade. Au retour nous prenons un pot dans un bistro aménagé dans une grotte à côté du port.

Le lendemain nous partons pour Zakyntos, la plus sud des îles Ioniennes.

Il y a toujours très peu de vent et pendant que j’essaie de capter la moindre risée Domi est plongé dans son ordi étudiant la météo. Nous sommes au milieu du passage entre les deux îles quand il relève la tête de son écran et me dit : j’ai fait des routages avec tous les modèles disponibles : si on passe par l’ouest de Zakyntos on devrait avoir un vent favorable et pouvoir descendre jusqu’à Koroni d’une seule traite et peut-être même passer de directement de l’autre côté du Péloponnèse, si on ne profite pas de ce créneau, il faudra peut-être attendre une dizaine de jours. Banco ! C’est parti !

Comme le vent annoncé ne va se lever qu’au Sud-Ouest de l’île, on en profite pour longer au plus près cette côte Ouest de l’île, célèbre pour ses falaises à couper le souffle et sa fameuse plage de l’épave dont les photos ont illustré tant d’affiches et de brochures touristiques.

Une fois passé l’îlot Agios Ioanisos nous nous éloignons de la côte de Zakynthos et comme prévu nous trouvons le vent. La journée se termine sous spi. Mais nous sommes sur la route des cargos, il faut rester vigilants!

Pendant la nuit, une espèce de houle très courte se lève et fait rouler le bateau de façon assez désagréable, surtout pour le matériel, dés que le vent descend en dessous de 12 nds.

Au petit matin nous sommes au large de Methoni et de l’île de Sapienza.