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Lipsos, Levita, Amorgos et Ios

Mardi 26 mars 2014 , du mauvais temps de Sud Est (le fameux Sirocco) est annoncé pour les jours suivants, il nous faut donc trouver un bon abri et après une semaine au chantier, la perspective de rester encore à Partheni ne nous enchante pas. Lipsos ou Lipsoi est une petite île à quelques milles au nord de Leros et Lipsi, le port de l’île semble bien protégé des vents de ce secteur, c’est donc vers là que nous nous dirigeons à peine mis à l’eau.

Nous sommes seuls amarrés le long du quai, en fin de journée un voilier finlandais vient aussi se mettre à l’abri et ce sera tout. On voit que la saison n’a pas encore commencé, si l’on en juge par les photos du guide, en été c’est plutôt vingtaine de bateaux qui s’entassent au même endroit.

Lipsi est un joli village dont l’activité semble plus locale et authentique que sur d’autres îles où en l’absence de touristes tout semble mort. Il y a bien sûr quelques locations saisonnières et un ou deux restaurants fermés mais tout le reste est ouvert et les commerces sont bien achalandés dont plusieurs boulangers, un supermarché, un boucher et un quincaillier. Le square aménagé pour les enfants, les ruelles bordées de maisons traditionnelles blanches et bleues, tout respire la communauté ou il fait bon vivre. Les ressources sont pourtant très limitées, une belle exploitation viticole, quelques vergers d’olives et d’oranges, de la petite pêche artisanale et bien sûr les chèvres et les moutons dont les cloches résonnent sur les flancs des collines escarpées.

Comme nous sommes là pour plusieurs jours nous prenons le temps de nous promener sur les routes très peu fréquentées de l’île et admirer les superbes paysages étonnamment verts et fleuris en ce début du printemps . Autre particularité de l’île : ses chapelles. Dans toutes les îles grecques il y a beaucoup de chapelles mais ici leur nombre est particulièrement élevé et toutes sont surmontées du même dôme peint en bleu. Depuis le coteau surplombant le village nous en avons compté 16 seulement dans la vallée Nord et probablement autant de l’autre côté. Recette assurée pour perdre quelqu’un demandant son chemin, il suffit de lui dire : tourne à droite juste après la chapelle avec un dôme bleu…

Coup de cœur : si on devait choisir une île pour vivre une bonne partie de l’année sans doute Lipsos serait-elle tout en haut de la liste.

Mais nous sommes déjà Vendredi et le coup de Sirocco est passé laissant un peu partout sur le bateau sa poussière jaunâtre. Depuis hier soir le vent est tombé, la mer a eu le temps de se calmer pendant la nuit, il est temps de partir vers l’ouest.

Première étape Levitha. Nous y étions l’année dernière le 7 avril soit 9 jours plus tard. Il y avait cinq voiliers aux corps morts dans la crique. Cette année nous somme seuls et à l’ancre, les corps morts n’ayant pas encore été remis en place.

Après une bonne nuit sans vent (heureusement, vu que les blocs des corps morts et leurs chaînes traînaient sur le fond on aurait pas voulu coincer notre ancre) nous continuons moitié à la voile moitié au moteur sur Amorgos dont le port de Katapola est tout aussi désert. Le producteur bio dont nous avions tant apprécié le vin et les fruits lors de notre premier passage n’a pas encore ouvert la boutique de son exploitation, nous sommes donc un peu déçus. Surtout que la plupart des épiceries sont ouverts mais aucune ne propose de produit locaux : le plus ressemblant étant du fromage de Naxos île distante d’une vingtaine de milles. En rentrant à bord nous assistons à une cérémonie surprenante pour nous qui ne sommes pas habitués aux rites Orthodoxes. Un enterrement avait lieu, et le convoi funéraire passait sur le quai. En tête marchaient 2 prêtres en grande tenue mais semblant bavarder entre eux comme à la promenade. Suivait un pickup un peu déglingué sur le plateau duquel reposait le cercueil ouvert avec le visage du défunt bien visible parmi les gerbes de fleurs. Les proches, la famille et les autres participants marchaient derrière.

Au matin nous repartons pour Ios (île des Cyclades à ne pas confondre avec le système d’exploitation des smart phones de la marque à la pomme). Là aussi nous sommes seuls quand nous arrivons et nous nous amarrons devant la terrasse du café bondée de locaux : nous sommes dimanche. Nous assistons à un phénomène étrange. Un banc de brouillard pénètre dans la baie donnant tout d’un coup au paysage un aspect un peu surréaliste. Avant que le soleil ne se couche, un autre voilier nous rejoint mais il va finalement s’amarrer sur le quai extérieur.

Lundi 1 avril, paiement de la taxe portuaire (la première que nous payons depuis que nous avons quitté Leros) à l’agence de voyage Actéon, courses rapides au super marché du port moderne et bien achalandé par contre pour le pain il aurait fallu monter à la Chora. Mais on préfère se réserver pour la chora de Folegendros notre étape du jour, qui lui vaut, parait il, vraiment le déplacement.