Comme prèvu, un peu avant 17 heures la pluie se calme, on peut partir sans se mouiller. En fait la raison principale de cet horaire étrange est d’éviter d’arriver de nuit à l’autre bout de cette traversée de 250 milles. Nous avons choisi de remonter vers la côte Italienne jusqu’à la hauteur de Brindisi avant de faire route directe vers Dubrovnik. C’est l’itinéraire le plus rapide proposé par notre logiciel de routage (Time Zero, modèle Arpège) mais surtout cet itinéraire nous fait éviter une dépression orageuse au large de l’Albanie et nous permettrait d’aller facilement nous mettre à l’abri à la marina de Brindisi si la météo venait à se détériorer plus rapidement que prévu.

Nous longeons la côte Ouest de Corfu. Le vent de SE prévu est en fait encore très variable et ne s’établit tout à fait que vers minuit. Le trafic maritime est assez dense dans le détroit d’Otrante et il n’y a pas de dispositif de séparation de trafic, c’est un peu dans tous les sens mais tous les navires passent loin de nous.
Dans la matinée nous captons un réseau 4G ce qui nous permet de télécharger les fichiers météo (nous n’avons plus d’Iridium). La météo est plutôt bonne avec du vent de Sud 18 à 20 nœuds et peu de houle nous pouvons donc empanner et mette le cap sur Dubrovnik. Mais la mauvaise surprise est que ce que nous croyons être un réseau Italien était en fait Albanais et donc hors forfait (l’Albanie n’est pas encore dans l’EU): l’addition est salée (60 euros pour 4 Mo, merci Orange). L’idéal eut été de faire la route directe plein vent arrière avec le foc tangoné mais juste à ce moment là, notre pilote automatique refuse de fonctionner correctement en mode vent. Pour éviter le risque d’empannage intempestif, on préfère donc tirer des bords entre 150° et 160° du vent en mode auto en ajustant manuellement en fonction des variations de la direction du vent. Ça veut dire un peu plus de route et plusieurs empannages mais nous restons dans les temps du routage.




Il est 10:00 le samedi 13/05/2023 quand nous apercevons la côte enveloppée de nuage. Un bon grain (25 – 30 nœuds + pluie torrentielle) nous cueille juste devant le phare de Grebeni qui marque l’entrée de la rade. En principe il faut aller au quai de la douane/capitainerie pour faire les formalités (même si elles sont très réduites pour les ressortissant de l’EU) et payer la taxe de navigation. Mais avec ces grains violents çà ne nous enchante guère de nous retrouver plaqués contre un quai. Je téléphone au capitaine du port (plus discret qu’à la VHF) pour lui demander si c’est vraiment nécessaire. Je vous vois à l’AIS me dit-il, vous arrivez de Grèce donc pas de problème vous pouvez aller mouiller ou vous amarrer où vous voulez, vous passerez me voir plus tard dans la journée en taxi ou en bus, n’oubliez pas d’apporter les documents du bateau et vos certificats d’aptitude. Whaou ! Merci monsieur ! Çà c’est une bonne nouvelle. Au même moment le vent et la pluie de calme et nous apercevons le port et le pont suspendu qui enjambe la rivière Dubrovaka.



C’est là que nous allons, tout au fond de l’estuaire. Un bon abri en prévision du mauvais temps prévu. Il y a une grande marina (très chère, pas pour nous) mais juste devant (il y a déjà beaucoup de monde à l’ancre) et de l’autre côté de la rivière devant la vieille abbaye (où nous avons trouvé de la place) il est possible d’ancrer gratuitement bien abrité du mauvais temps à venir. L’endroit s’appelle Prijevor. Nous avons mouillés dans 8 de fond, avec 50 m de chaîne. Le courant est fort et après deux jours de fortes pluie qui ont provoqué, nous le saurons plus tard, de graves inondations dans le pays, il atteint près de 3 nœuds. Le vent a soufflé à plus de 35 nœuds en mer, ici nous aurons au maximum 25 nds et encore seulement pour quelques heures et toujours dans le même sens que le courant. Après 4 jours de ce traitement notre ancre (Rocna Vulcan 25kg) était solidement enfoncée dans le fond et n’a jamais dérapé. Nous verrons en la relevant (il a fallu la retourner au moteur) que le fond est composé de sable compact très collant. Autre bonus, c’est de l’eau parfaitement douce (rivière) qui était certes boueuse au pic de la crue mais assez claire les autres jours : très bon pour débarrasser la carène d’éventuels mollusques et autres algues marines.





Pas de soucis pour aller à terre en annexe, notre moteur électrique s’est avéré suffisant pour remonter le courant qui devient moins violent quand on se rapproche de la berge, on a aussi trouvé un petit quai ou on pouvait la laisser bien à l’abri du courant et des rafales.






Pour rejoindre la route principale, il faut passer devant l’abbaye et remonter sur la droite après 50 m. Il y a un arrêt de bus un peu plus bas. Les bus (lignes 1A et 1B) passent toutes les 20’ dimanche compris.

Les arrêts sont très pratiques qu’on aille au port (Gruz) ou dans la vielle ville (Pole). Il y a même un arrêt juste à la porte d’un grand supermarché très pratique pour faire les courses parce que , par contre, là ou nous sommes mouillés il n’y a rien à proximité à moins de débarquer à la marina ce qui n’est parait-il pas toujours accepté.




Les formalités à l’Autorité Portuaire se sont déroulées comme sur des roulettes. Le fonctionnaire que j’avais eu au téléphone ce matin à recopié les données de l’acte de francisation dans son ordi, a jeté un vague coup d’œil à ma licence VHF, nous avons payé 83 euros par carte bancaire sur son terminal (taxe annuelle de sécurité et environnement qui permet de naviguer en Croatie jusqu’au 31/12 même si on sort du pays entre temps) et en 4’ chrono nous étions ressortis. Autant pour les récits courtelinesque lu sur les blogs et les commentaires de Navily. Nous avions déjà payé en ligne la taxe touristique (1,33 euros/jour/personne) soit 47,88 euros pour nous deux jusqu’à la fin du mois (si nous l’avions prise pour le bateau çà aurait coûté 185 euros : en équipage réduit vaut mieux prendre la taxe individuelle). Finalement, les taxes à payer pour naviguer en Croatie reviennent moins cher que la taxe ETPAI Grecque…

Voilà pour le côté pratique de notre arrivée en Croatie, maintenant, coincés à terre par le mauvais temps nous sommes des touristes ordinaires qui vont profiter du dimanche pas trop pluvieux pour découvrir la fameuse cité médiévale mais çà c’est l’article suivant !
