Archives de l’auteur : Rêve à Deux

Avatar de Inconnu

A propos Rêve à Deux

Un grand voyage à la voile autour du monde

Retour sur la côte française continentale

Traversée paisible dans un vent d’Est plutôt faible nous obligeant à appuyer au moteur pendant une heure ou deux mais qui se renforce un peu quand nous approchons du continent et nous permet enfin de bien avancer. Jusqu’au moment où nous entendons un hélico nous tourner autour :

« Rêve à Deux, Rêve à Deux, ici l’hélicoptère de la Marine Nationale me recevez vous » « Hélico , Hélico, ici Rêve à Deux,» « Rêve à Deux, vous entrez dans une zone de tir, vous n’avez pas vu les derniers AVURNAV (avis urgent aux navigateurs) » «  non, désolé ! » «Bon ! Il y a une opération de tir en cours, vous ne pouvez pas continuer sur ce cap, vous devez faire du plein Ouest pendant 10 milles avant de reprendre votre route » « OK Helico, bien reçu nous changeons de cap au 270, terminé, reprenons la veille sur canal 16 »

Bien sûr, avec 10 nds de vent de travers le bateau avançait super bien mais une fois au cap demandé on se retrouve dans un vent arrière bâtard mais bon c’est toujours mieux que de se faire couler par un missile. Une heure et demie plus tard, nous sommes près à reprendre notre route quand l’hélico revient : « Rêve à Deux , Rêve à Deux, continuez encore 6 milles avant de changer de cap et mettez le moteur pour sortir plus rapidement de la zone dangereuse »

Entre temps le vent est monté et quand nous reprenons notre route, nous sommes au près avec un ris et la trinquette, merci la Marine ! Il est midi quand nous doublons le fameux cap des Mèdes et ses rochers si caractéristiques.

Quelques minutes plus tard nous jetons l’ancre dans la partie Sud-Ouest de la baie d’Alicastre. La dernière fois que nous avons ancré là, c’était en 1977… On reconnaît bien le paysage mais il nous semble plus vert, plus boisé (depuis le temps, les arbres ont sans doute eu le temps de grandir). Nous y resterons deux jours en attendant qu’un peu de mauvais temps de Nord Est passe.

Vendredi 16/05, le vent à tourné à l’Ouest et il fait un temps splendide. Mais le frigo est vide il faut faire les courses (la dernière fois c’était à Olbia…). On jette notre dévolu sur le Lavandou distant d’une dizaine de milles. Il y a 7 ou 8 voiliers à l’ancre. On embarque dans l’annexe et on se dirige vers la plage par un large chenal balisé de bouées jaunes. On pensait que c’était le chenal d’accès mais non, un maître nageur se précipite vers nous en nous disant que c’est le chenal réservé au secours et qu’il est bien sûr strictement interdit à toute embarcation mais que, comme la zone de baignade estivale n’est pas encore en place, on peu aborder un peu plus loin sur la plage à condition de démonter notre moteur et de le mettre au fond de l’annexe… Bon, je resterai sur la plage, pendant qu’Anne fait un saut au marché des producteurs locaux juste à côté. Elle revient avec quelques fruits une forte appétissante copa artisanale qui quand nous déchiffrerons les petits caractères de l’étiquette trahira sa provenance soit-disant locale pour avoir été produite en Charente Maritime…). On pose tout ça au bateau et on repart en laissant cette fois-ci l’annexe entre deux barques au fond du port. Centre ville plutôt agréable avec ses terrasses de café, courses rapides au Carrefour Market du coin.

On va mouillé pour l’après-midi et la nuit à l’anse de Gau à la sortie de la baie. Nous sommes seuls dans cette jolie baie entourée de résidences privées. Nous mouillons dans 8 m d’eau sur un fond de sable bien clair. Baignade et farniente. L’application Donia fait référence à un arrêté municipal réglementant le mouillage autorisé dans cette zone mais sans aucun détail, sur Navily, quelques commentaires indiquent une longueur maxi autorisée de 12 m : espérons que le brigade du littoral ne se promènera pas dans le coin avec un décamètre dans la poche (longueur officielle sans le bout dehors 12,80 m.

Vendredi 17/05/2024, ce matin le temps est idéal pour aller à Port Cros. Les bouée du parc devant le port sont gratuites pour la journée (payante pour la nuit – une quarantaine d’euros pour nous). On se fait une grande promenade dans la forêt et sur les falaises de la côte Sud. Le parc naturel rempli vraiment son rôle : la nature est superbe et visiblement préservée et en plus, en ce vendredi matin il n’y a encore presque personne. On rentre à bord en début d’après-midi, fourbus et affamés mais ravis de notre petite rando. Après un casse-croûte bien réconfortant (salade, feta, tomates, pois chiches) nous hissons les voiles et repartons sur un petit bord de vent de travers dans une gentille brise. Bord qui nous ramène rapidement et en douceur à Porquerolles où nous passons la nuit.

Corse Express

Ce matin, après une nuit paisible dans le décor de rêve de ces merveilleuses îles de l’archipel Madalena, nous traversons les bouches de Bonifacio.

Temps idéal, brise légère mer plate. On contourne Budelli par le Sud et l’Ouest en explorant la fameuse Cala Marina avant de quitter les eaux Italiennes. C’est au moteur et sans un souffle que nous arrivons aux îles Lavezzi. Première étape (de la journée…)

Nous jetons l’ancre au fond de la Cala Ghiucu sur fond de sable blanc de 3 à 4 m c’est très joli, mais c’est tout petit et nous sommes Samedi (11 Mai) : de nombreux zodiacs et autres petits bateaux à moteur arrivent de Bonifacio. Dans peu de temps la Cala sera bondée et si le vent s’en mêle, çà va devenir rapidement intenable.

On lève l’ancre et on continue notre route vers l’Ouest. Le vent se lève du Nord Est et c’est sous spi que nous longeons les falaises de Bonifacio avec sa vieille ville et sa citadelle perchée au sommet.

Conditions idéales, on se paie même le luxe de réparer une petite déchirure dans le bas du spi sans l’affaler. Avec ce vent de Nord Est on se dit qu’on sera très bien dans l’anse de Stagnolu de l’autre côté du cap Feno. Mais à peine passé ce promontoire rocheux, le vent tourne à l’Ouest accompagné d’une petite houle rendant cette crique très inconfortable. On se réoriente vers la baie de Chevaneau un peu plus haut sur la côte. Là l’abri n’est pas mauvais mais les fonds ne sont pas très plats. Anne se baigne et s’aperçoit que si pour l’instant on est bien mouillé, dès que le vent tournera, la chaîne risque de s’enrouler autour des gros rochers qui parsèment le fond. Il est presque dix huit heures mais le soleil se couche tard en cette saison, on a encore le temps d’aller à la baie suivante. On est au près mais à part un petit contre bord on peut y aller en route directe. Il est 20:00 quand nous doublons la pointe de Roccapina et un quart d’heure plus tard on ancre bien à l’abri dans la partie nord de la plage de Erbaju. Il n’y a qu’un autre bateau dans cette grande baie. Il y a aussi une fête au resto de la plage qui est illuminé de centaines de bougies mais la musique est très bonne et ne nous empêche nullement de nous endormir.

Au matin nous découvrons la plage de rêve que nous nous empressons d’aller explorer. A part le resto dont tous le mobilier est fait de bois flotté artistiquement mis en œuvre nous sommes seuls (l’autre voilier a décollé de bonne heure). Derrière la dune il y a une vallée luxuriante. Cet endroit est sans doute l’une des plus belles plages que nous ayons vu (et nous en avons vu pas mal) et le temps était idéal cette nuit car on imagine facilement qu’avec un tout petit peu de Sud dans l’Ouest le mouillage deviendra rapidement intenable malgré un excellent fond de sable sans posidonie. Du temps instable est justement prévu pour les prochains jours : il faut avancer.

Petite parenthèse : si vous voulez naviguer sur les côte française de la méditerranée (y compris en corse) téléchargez l’application Domia sur votre téléphone ou votre tablette. C’est une application cartographique qui répertorie les mouillages autorisés (si si, il en reste encore…) tout en indiquant les restrictions (zones délimitées par des bouées jaunes) la nature des fonds et les herbiers de posidonies.

Pour l’instant le temps est encore très agréable et nous tirons des bords le long de la côte de la province de Sartène dans une gentille brise de N.O. Puis nous traversons le golfe de Valingo au fond duquel se trouve le port de Propriano mais nous préférons aller ancrer dans la jolie baie de Cupabia au Nord Ouest. Il y a déjà 4 bateaux. La baie est belle avec des rives boisées plutôt escarpées avec quelques tours Génoises et au fond une grande plage avec une payotte/guinguette pas encore en activité. La nuit sera paisible.

Lundi 13 mai, les gribs du matin confirment ce que l’on entrevoyait depuis quelques jours : 24 heures de temps convenable suivis dans les prochaines jours d’orages assez violents sur toute la côte Ouest de l’île et accompagnés d’une houle d’Ouest pas énorme mais suffisante pour rendre beaucoup de mouillages de cette partie de l’île de Beauté plutôt inconfortables. Nous décidons donc d’entreprendre la traversée vers le continent tout de suite. Et c’est sur la vision des sommets enneigés du Monte Cinto et du Capitello que nous quittons la Corse et mettons le cap sur Porquerole.

C’était une visite vraiment très courte mais nous connaissons bien la Corse pour l’avoir explorée en long et en large même si ça remonte à la 2ème moitié des années soixante dix!

Sardaigne 3: la costa Smeralda et les îles Maddalena

La Costa Smeralda (côte d’émeraude) est une portion de la côte sarde qui s’étend du Cap Figari (que nous avons passer hier) au sud jusqu’au port Palau (à ne pas confondre avec l’archipel de Micronésie qui porte le même nom) au nord. Avec en son centre la célèbre station balnéaire/port de luxe de Porto Cervo. Cette région à l’origine très pauvre mais gâtée par la nature de paysages marins d’une beauté exceptionnelle a été développé dans les années 1960 en un lieu de villégiature exclusive pour les plus riches et le plus célèbres de ce monde par le Prince Karim Agha Khan IV. Si l’on peut contester les bienfaits d’un tel développement sur la nature, il aurait été très bénéfique pour la population local, et il faut reconnaître que de très gros efforts ont été accomplis pour intégrer les constructions dans le paysage.

Mais le luxe de Porto Cervo n’est absolument pas pour nous : notre but, ce sont les îles Maddalena qui s’étendent dans toute la partie Sud des bouches de Bonifacio (le détroit séparant la Corse de la Sicile). Un grand beau temps avec du vent très modéré de Nord Est est annoncé pour les jours suivant. C’est idéal et il faut en profiter car ici la topographie du détroit en fait un cône de venturi presque parfait et dès que le vent souffle un peu fort de l’Ouest ou de l’Est il est brutalement accéléré rendant au mieux les mouillages inconfortables voire impraticables.

Tout l’archipel de Maddalena et les îlots voisins ont été déclaré parc naturel depuis de nombreuses années afin de limiter l’impact du tourisme et de la pêche sur la faune et la flore tant marine que terrestre. Des règles strictes mais assez simples ont été mises en place (voir carte ci-dessous) et un permis d’entrée payant imposé pour financer une partie du coût de cette protection. On peut le souscrire directement en ligne (et voir les tarifs) à cette adresse : https://autorizzazioni.lamaddalenapark.it/index.php?ssez=Home&lang=fr_FR

En saison les gardes font des contrôles fréquents, ils vendent aussi des permis mais c’est 50 % plus cher.

En tous cas ça vaut vraiment le coup : ces îles sont de pures merveilles.

Nous commençons ce séjour par 2 jours dans la baie de Porto Palma sur la côte sud de Caprera. Encore tranquille en cette saison nous avons toute la place pour choisir un beau patch de sable sans posidonie pour y déposer notre ancre. La baie est le terrain de jeu d’une école de voile très active (ça nous rappelle des souvenirs de jeunesse) et toute la journée dériveurs et petits habitables de régate s’ébattent dans un ballet incessant d’empannages, virements de bords et autres manœuvres.

L’avantage de cette baie est qu’on peut descendre à terre (je rappelle que nous sommes dans un parc naturel) et se balader sur les sentiers qui traversent le maquis et montent aux sommet de collines surplombant la baie . L’île à été pendant 20 ans la propriété du patriote Italien Giuseppe Garibali qui est mort est mort en 1867. Elle fût ensuite une base militaire dont on voit encore les vestiges un peu partout, la nature reprenant lentement ses droits.

Le 10 Mai nous quittons Caprera et tirons des bords dans une brise évanescente pour nous faufiler entre les îles : San Stefano, La Maddalena, Spargi pour venir ancrer à Budelli juste à l’entrée sud du « lagon » formé par les îles Budeli, Santa Maria et Razzoli.

Nous ne sommes que vendredi mais l’endroit est déjà assez fréquenté et entre l’espace disponible, les zones de posidonies et les rochers tapissant le fond et le changement rapide de profondeur il n’est pas très facile d’ancrer. D’ailleurs, dans la soirée, quand une petite brise d’Ouest se lève nous dérapons, mais à cet heure là nous ne sommes plus que 3 bateau à l’ancre et il est beaucoup plus facile de mouiller correctement.

Petite parenthèse sur l’usage du sondeur pour trouver le bon endroit pour ancrer : nous n’avons pas d’écho sondeur sophistiqué avec représentation 3D des fonds en couleur et tout le tintouin, juste une bête sonde mixte vitesse/profondeur relié au système, par contre l’afficheur du même système nous permet de visualiser soit le chiffre de profondeur soit un graphique représentant la profondeur détectée sur une échelle de temps ce qui c’est avéré suffisant pour repérer les endroits les plus plats : les rochers sont facilement visibles et les algues apparaissent comme une ligne très irrégulière.

Budelli est très jolie mais on ne peut guère s’y promener. Même la super plage côté « lagon » est interdite (messieurs les gardes du parc excusez nous : nous n’avons vu la pancarte qu’en revenant de notre promenade sur la plage déserte…) mais c’est vrai que l’endroit sans touriste est absolument magique.

Sardaigne 2: Mouillages idylliques et vents changeants

Le plein de vivre frais dans le garde manger et un peu plus de culture dans la tête, nous quittons Olbia dans le calme du petit matin. Le but explorer un peu les criques du sud de ce grand golfe avant de continuer notre progression vers le Nord.

Mais ce qui devait nous prendre 2 ou 3 jours relax s’avéra finalement un peu plus intense.

Nous profitons de la légère brise de Sud qui se lève à la sortie du chenal pour parer le cap Ceraso et tirer quelques bords entre entre l’île Tavolara et la terre. Vers 10:00 nous ancrons dans l’adorable crique de Girgolu bien protégée des vents de secteur Sud Est.

L’endroit est magique, eau transparente bien sûr, quelques villas autour et surtout la plage de sable blanc soulignée par les roseaux de la lagune juste derrière. Ballade à terre, mais à par la route il n’y a pas grand-chose tout le reste est privé… Nous rentrons à bord alors qu’un vent d’Ouest Nord Ouest se lève, il n’est pas encore très fort mais on est plus abrités et s’il forcit un peu….

Nouvelle vérification de la météo, nous sommes juste sur une zone de transition entre un système de SE et un autre de NO et chaque modèle la situe un peu plus sud ou un peu plus nord et çà change à chaque mise à jour… Bon ce n’est pas grave il fait beau, on va naviguer un peu. La côte Est du golfe D’Aranci devrait offrir de bonne possibilité d’ancrage pour du Nord Ouest. A 14:00 nous jetons l’ancre à nouveau dans l’anse de Terrata. Il n’y a pas beaucoup de place entre les rochers de chaque côté mais nous sommes seuls et l’abri semble bon pour du NO sur tout qu’il ne souffle vraiment pas fort pour l’instant. Mais voilà, vers 16:00 Rêve à Deux commence à tourner sont tableau arrière vers la plage, tiens tiens voudrait-il repartir. Bah ! C’est juste un courant d’air ! Mais non 10’ plus tard il y a une bonne douzaine de nœuds d’ENE et le clapot qui va avec, notre petite étendue de sable devient rapidement inconfortable. Bon ! C’est encore cette zone de transition qui bouge, si on veut un vent stable il faudrait monter encore un peu plus haut et quitter le golfe d’Aranci pour être suffisamment loin au-dessus pour arrêter de subir ces bascules incessantes. Chose dite chose faite et à peine en vue du cap Figari, le vent retourne au NO et c’est en tirant des bords dans 20 à 25 nœuds de vent sous grand voile à 1 ris et trinquette que nous arrivons finalement dans le fond de la baie de Marinella. bien à l’abri, c’est un peu comme rentrer à la maison (on y a passé 4 jours la semaine dernière).

Trois mouillages dans la même journée, on n’avait pas encore fait çà, mais c’est juste une illustration de la volatilité des conditions météo en Méditerranée. En cette saison, vu le peu de bateaux, tant que le changement de vent se passe de jour çà ne pose aucun problème, il suffit d’aller un peu plus loin dans une baie mieux abritée. En plein été, quand tous les mouillages sont bondés çà doit être beaucoup compliqué.

Sardaigne 1: la règion d’Olbia

On a tout de suite flashés sur cette région : le relief de collines tourmentées en arrière plan, la côte découpées de baie aux eaux tellement limpides et plages de sables blancs, rochers arrondis par l’usure du temps et falaises vertigineuses. En plus cette côte de rêve présente un énorme avantage c’est qu’elle regorge d’excellents mouillages avec des fonds de sable de très bonne tenue et en cherchant un peu ou trouve facilement un ancrage sûr quelque soit la direction du vent surtout que la saison estivale n’étant pas encore commencée il y a de la place partout. Si on en croit les comptes rendu en plein mois d’août c’est bondé !

Et heureusement qu’il y a toutes ces golfes, baies, criques, calas et autres anses parce que dans les jours qui viennent les vents vont parcourir pratiquement tous les quadrants de la rose.

Bon pour commencer c’est du Sud Est On va donc aller s’abriter sur la côte nord de la péninsule formant le Golfe d’Aranci plus précisément la Cala Sabina une petite crique entourée de maquis d’où débordent de gros rochers et terminée par une petite plage de sable blanc donnant à l’eau cette couleur émeraude si caractéristique. À peine 21° l’eau est loin d’être chaude mais elle est tellement cristalline que c’est un plaisir de s’y plonger même si après quelques brasserons en ressort très vite. Après la baignade ballade dans le maquis.

Mais pour les jours suivant du vent plus fort de Sud Ouest tournant à l’Ouest puis au Nord Ouest est annoncé. Bien que nous soyons le seul bateau, l’abri nous paraît trop précaire pour les conditions prévues (rafales Ouest Nord Ouest à 40 nœuds).

Nous nous déplaçons donc juste à côté, tout au fond du Golfe de Marinella. La veille avant de jeter l’ancre à Cala Sabina nous avions été reconnaître l’endroit. Nous savons donc exactement où mouiller pour être bien abrité sur un font de sable bien plat, exempt de roches et d’anciens blocs de corps morts, juste devant l’entrée d’un adorable petit port privé entouré de jolies villas.

Il y a un cata plus près de la plage et en soirée, deux autres voiliers nous rejoindrons dans la soirée, c’est loin d’être la foule : vue la taille de la baie il y aurait de la place pour une vingtaine de bateaux en plus !

Le vent ne mollissant pas nous serons contraints de rester là jusqu’au week-end (3 jours). Au plus fort, de jolies rafales tombent de la falaise forment des mini williwaws sur la surface de la baie qui demeure néanmoins tout à fait plate.

Samedi 4 mai 2024 le vent c’est bien calmé, nous repartons vers Olbia

Nous passons la nuit dans la baie de Porto Istana, juste en face de l’île majestueuse de Tavolara. Très jolie plage mais le fond est parsemé de grandes roches plus ou moins paltes, il faut bien choisir ou poser son ancre.

Le lendemain nous mettons le cap de bonne heure sur Olbia même. La ville a conservé deux quais (le Molo Brin et le Molo Vecchio accessible (presque) gratuitement aux voiliers de passage. Il suffit d’appeler les gardes côtes à l’arrivée pour obtenir l’autorisation et de s’acquitter d’un timbre fiscal de 16,80 Euros. L’amarrage est autorisé pour 48 heures. Apparemment de nombreux plaisanciers ne s’embarrassent pas de ces formalités et restent plus longtemps mais on préfère être en règle et on joue le jeu.

Olbia est une bonne surprise. Nous sommes accueillis en musique, c’est le marathon annuel.

La ville est propre agréable avec ses rues piétonnes et ses immeubles pimpants. Ce matin on se contente de flanner et de passer à la boulangerie. On verra plus tard pour les courses.

L’après midi nous visitons le musée archéologique à deux pas du quai. Nouvelle bonne surprise : l’entrée est gratuite y compris l’audio-guide. Le musée est très intéressant même si plusieurs salles sont en travaux. Il retrace l’histoire de la ville depuis le paléolithique jusqu’à nos jours dont voici un très bref résumé : les premiers habitants de la région était les Nuraghi, la ville elle même et son port ont été fondés par le Phéniciens vers le Xème siècle av. JC puis les Grecs qui lui ont donné son nom, supplantés à leur tours par les Carthaginois, avec qui elle connu son apogée en temps que plaque tournante commerciale, puis les Romains pour être dévastés par les Vandales au Vème siècle de notre ère (se sont eux qui ont coulé la magnifique épave exposée) et végété quelques temps sous domination Bizantine. Elle tomba ensuite pratiquement dans l’oubli au grès des périodes d’indépendances et de colonisations de l’île (Pise, Aragon) pour ne renaître qu’au XXème siècle. La colline où est bâtie la ville est en fait un mille feuille constitué des restes de toute ces civilisations.

(N.B. ne pas confondre cette Olbia (Sassari, Sardaigne) avec le site archéologique d’Olbia à côté d’Hyères dans le Var sur la côte française…)

La découverte se prolonge lundi avec la visite de la basilique de San Simplicio construite au 5ème siècle sur les reste d’un temple dont elle garde l’orientation et la base des colonnes et sous laquelle se situe une grande nécropole datant de 200 av. JC, parfaite illustration de cet effet mille feuilles,

elle a été découverte très récemment en creusant un parking souterrain.

Quelques courses pour remplir le frigo, une nuit paisible à quai et nous sommes repartis pour notre exploration de la côte.

Arrivederci la Campanie, Ciao la Sardaigne

Jeudi 25 Avril, une fenêtre météo se profile qui devrait nous permettre de traverser enfin sans souci cette mer Thyrrénienne vers le nord de la Sardaigne.

Mais le temps de comparer les modèles, discuter des destinations possibles et faire tourner les routages il est déjà 11:00. Et en jetant un coup d’œil dehors on trouve qu’il y beaucoup de monde à la marina aujourd’hui. Et m…. ! on avait oublié, aujourd’hui c’est l’anniversaire de la chute du fascisme et de la fin de la guerre et c’est donc un jour férié en Italie. On se précipite donc en ville avant que les magasins ne ferment (la plupart restent ouvert jusqu’à 13:00. Il nous faut donc faire les provisions, le Carrefour Express tout proche et le 365 près de la gare y pourvoiront. Mais surtout il nous faut trouver à tout prix un broyeur pour qu’Anne puisse continuer à faire notre lait d’amande et surtout ses fameux cookies à l’okara dont la recette est pour l’instant tenue strictement secrète mais que je ne désespère pas de voire paraître un jour dans la rubrique cuisine de ce blog -stay tuned ! Sans ces délicieux biscuits la vie serait bien terne. Bon, il à fallu faire vite, mais on a tout trouvé, ouf !

Le lendemain matin sous un ciel très maussade nous larguons les amarres. Il n’y a plus de vent mais la mer est encore agitée. Contrairement aux grands océans ou une houle de 3 ou 4 m peut passer quasiment inaperçue, ici, 1 m c’est déjà très gênant tant la période (le temps entre 2 crêtes) est courte (ici 4 ou 5 secondes). Nous longeons la côte Almafitaine rendue célèbre par sa beauté et par les nombreux films tournés à Amalfi ou dans les environs. Mais aujourd’hui, elle a perdu tout son charme tant le temps est bouché. Le temps s’éclaircit quand nous passons à côté de Capri que nous avions adoré lors de notre visite il y a quelques années. En regardant à l’Est on distingue le Vésuve qui ne semble pas en irruption aujourd’hui. Au milieu de la baie de Naples nous croisons un voilier magnifique : le fameux Class J Topaz : 43m, 180 tonnes, 950m2 de voilure au près. Ce serait la réplique, lancée en 2014, d’un concurrent de la Coupe de l’América 1935.

La houle résiduelle d’Ouest et le vent qui va tourner du Sud-Ouest à L’Est au cours de la nuit, ne nous laisse pas beaucoup de choix pour le mouillage. Nous optons pour la côte ouest de Procida, aujourd’hui bien protégée, mais nettement moins jolie que la côte Est ou se trouve notamment le fameux village éponyme avec ces maisons aux murs de toutes les couleurs. Au matin l’eau de la baie est trouble et dégage une odeur pestilentielle : les égouts de la ville se déverseraient-ils ici ?

Le créneau mer plate vent adéquat se confirme pour Dimanche. Nous avons le temps pour un halte à Ponza. Il reste encore un peu de houle mais le vent est suffisant pour stabiliser le Rêve à Deux, propulsé par son grand spi. Nous passons au large de la petite île de Ventotene. Sur l’horizon, Poza apparaît comme un croissant de falaise. Cette fois encore, la côte Est ou se situe le port et la ville principale est ouverte à la houle nous allons donc sur l’ Ouest. Mais là, pas de déception, au contraire, le paysage de hautes falaises est tout simplement grandiose. Nous mouillons dans la Cala Feola, juste entre le bout de la jetée et les piscines naturelles creusées dans la roche au pied de la falaise. Mais avant d’aller voir ces bassins il nous faut nous baigner ici au bateau : l’eau est tellement claire qu’on ne peut y résister. Nous avons vu notre lot d’eaux transparentes et cristallines aux quatre coins du monde mais là, c’est le top du top, on a tout simplement l’impression d’être suspendu dans le vide au dessus d’un sable turquoise c’est magique. En plus elle avoisine les 20° donc on peut nager un peu.

Les grottes et les arches qui mènent aux piscines sont superbes mais malheureusement le fond du bassin naturel est souillé de déchets d’emballages…

Le lendemain, départ matinal encore sous spi mais cette fois-ci sur une mer sans houle ni vagues. On passe à proximité de l’île Palmarola et de ses falaises vertigineuses. En début d’après-midi, juste à l’heure prévue par le routage, le vent se calme et le spi ne porte plus, on met donc le moteur pour aller chercher le vent de Nord qui doit s’établir une vingtaine de milles plus loin.

On traverse d’immense bancs de Vellele. Ce ne sont pas des méduses mais des hydrozoaires, constitués chacun d’une colonie de polypes, portés par un disque cartilagineux, surmonté d’une voile rigide. Il parait qu’on en trouve un peu partout dans le monde et particulièrement en Méditerranée en cette saison mais nous n’en encore jamais rencontré. Pour en savoir plus cliquez le liens ci-dessous:

https://doris.ffessm.fr/Especes/Velella-velella-Velelle-228

Nuit paisible dans une dizaine de nœuds de vent de travers. Grande première depuis Mayotte, nous captons notre premier message en français sur la VHF : c’est une alerte météo émanant du CROSS Med Ajaccio histoire de nous rappeler qu’on est plus très loin des côtes françaises.

Au matin on voit les côtes Sardes se détacher sur l’horizon.

Plus nous approchons plus leur beauté se révèle à nos yeux. C’est un savant mélange de hautes falaises, d’îlot rocheux usés par la mer, de collines couvertes de maquis et de plages de sable blanc aux eau turquoise ou peut-être plutôt émeraude, en effet , cette portion de côte entre Olbia, où nous atterrissons, et les Bouches de Bonifacio s’apelle la Costa Smeralda… çà donne envie d’y passer quelque temps.

A 14:00, nous embouquons le chenal du port d’Olbia, petit arrêt à la station service de la marina pour remplir quelques jerrycans de gasoil (la dernière fois c’était à Leros et les stations semblent rares sur cette côte). Au passage un grand merci au pompiste l’accostage vent de travers dans les rafales qui s’étaient subitement mises à souffler était un peu olé-olé.

On repart aussitôt pour aller mouiller au calme devant la plage de la Saline juste à la sortie de la baie. On va pouvoir réfléchir au programme des jours suivant qui risque d’être un peu compliqué en raison d’un bon coup de Mistral prévu pour le milieu de la semaine: affaire à suivre…

Paestum

On n’avait pas encore vu beaucoup de vieilles pierres cette année mais là on s’est bien rattrapé.

Non nous sommes pas retourné à Pompeï que nous avons visité 3 ou 4 fois par le passé mais à Paestum un site beaucoup moins connu mais tout aussi intéressant. Situé en Campanie, une quarantaine de km au Sud de Salerne entre Battipaglia et Agropoli. Très facile d’accès en 30’ de train (ticket : 3,40 euros) depuis la gare de Salerne, avec des départs pratiquement toutes les heures.

Un chemin piétonnier mène directement, à travers les murs de la cité, à l’entrée du site proprement dite.

C’est un site immense et très agréable à visiter avec ses 3 temples Grecs, sans doute parmi les mieux conservés au monde, et ces nombreux vestiges très instructifs. Mais avant de le découvrir en image, penchons nous un peu sur son histoire:

C’est aux environs de 600 avant notre ère que des Grecs venus de Sybaris (une colonie Grecque située en Calabre sur le golfe de Tarente) fondèrent la cité sous le nom Poseidonia. Elle était à l’époque sur le bord de la mer à l’embouchure d’un fleuve. C’est son port et son sanctuaire qui en firent la richesse et la célébrité atteignant son apogée au cours des VIe et Ve siècles av. J.-C. Son sanctuaire devint l’un des plus vastes et des plus vénérés de la péninsule italienne.

Vers 420 av. J.-C., les lucaniens, un peuple déjà établit dans la région, évincèrent les Grecs et baptisèrent la ville Paiston.

En 273 avant notre ère, elle devint une colonie romaine, sous le nom de Paestum.

La cité commença à décliner au IVe siècle de notre ère, et la situation s’aggrava avec la chute de l’empire romain. La ville sur sa plaine côtière était très difficile à défendre des attaques barbares. Puis en raison des caprices du fleuve, la région se transforma en un vaste marécage insalubre générant une épidémie de paludisme vers l’an 500. Les survivants préférèrent quitter la ville pour s’établir au pied de la montagne notamment à Capaccio. Le site de Paestum, fut oublié de tous à part quelques bergers qui faisaient paître leur troupeau entre les vestiges sacrés. Il resta abandonné, jusqu’à sa redécouverte au XVIIIe

Voilà vous savez presque tout! Ou vous laisse parcourir les images:

(diaporama)

(diaporama)

(diaporama)

Les rues pavées et les riches villas, certaines avec piscine, datent de l’époque romaine

(diaporama)

Non seulement les monuments sont superbes mais le cadre verdoyant rend la visite très agréable. De gros nuages noirs venant de la mer s’amoncellent dans le ciel et nous songeons plusieurs fois à chercher un abri mais ils passent tous à droite ou à gauche du site sans qu’une goutte nous atteigne.

(diaporama)

En plus de son sanctuaire, la ville disposait de tout ce qui fait une grande cité, amphithéâtre, ekklesiasterion et comitium (utilisés par les notables de la ville pour leur débats ), forum entouré de galeries marchandes et autres centres commerciaux et même un grand asklepeion (hôpital)

Le site actuel n’occupe que la partie centrale de la cité là où se trouvait les principaux monuments. Les murs d’enceinte délimitent une zone près de 3 fois plus grande incluant notamment les quartiers résidentiels et les ateliers des artisans qui restent à ce jour encore enfouis sous la végétation.

(diaporama)

Le site est complété par un musée très intéressant retraçant son histoire depuis le paléolithique jusqu’à nos jours. Une des pièces les plus fameuses de cette collection est sans aucun doute la Fresque du Plongeur découverte dans une tombe de l’époque hellénistique qui a bien sûr un côté très actuel: oui, il y a 25 siècles les jeunes plongeaient en frimant comme aujourd’hui mais l’histoire ne dit pas si le locataire de la sépulture était mort à un âge avancé après une vie sportive bien remplie ou beaucoup plutôt en sautant directement de son balcon dans la piscine un soir de beuverie. Mais surtout cette œuvre très particulière a apporté des renseignements précieux sur les techniques employées par les artisans de l’époque.

Mais l’orage approche et la pluie qui nous a épargnée toute la journée semble maintenant inévitable il est temps de sauter sur nos trottinettes pour rejoindre la gare.

Salerne

Il nous faut trouver une marina pour passer la fin de la semaine à l’abri du mauvais temps prévu. Nous tentons de réserver à Cetara, joli village entre Salerne et Amalfi avec une bonne marina mais ils n’ont plus de place. Nous jetons donc notre dévolu sur la Marina Azimut à Salerne. Nous y arrivons le 23/04/2024 en fin de matinée.

C’est une marina associative gérée par les propriétaires plaisanciers et il y a très peu de place (je pense que Rêve à Deux était de la taille maxi acceptable) mais blottie derrière le mur du port, l’abri est excellent et on est à 2 pas centre ville. Côté service bonne aide à l’amarrage par le gardien très sympa mais sanitaires exigus et peu pratiques dans un container de chantier. Pour le prix (équivalent d’une nuit d’hôtel, 84euros) il pourrait mieux faire ! Mais bon, on va pouvoir laisser Rêve à deux en toute sécurité et faire un peu de tourisme terrestre…

Mais avant d’explorer la ville on voudrait faire une lessive, la dernière remonte à Chania, le linge sale commence à s’entasser ! La laverie automatique la plus proche est à 2,5 km. Qu’à cela ne tienne on sort nos trottinettes à propulsion 100 % pedibus cum jambis et c’est en fait une très agréable promenade sur le Lungomare di Salerno : le front de mer aménagé et boisé qui borde tout le centre ville. 1 h plus tard, tout le linge est étendu sur les cordes à l’arrière du bateau et nous reprenons les trottinettes pour explorer la vieille ville.

Le monument le plus fameux est le Duomo, la cathédrale de Salerne. Construite au 11éme siècle sur un plan inspiré de l’abbaye de Montecassino. Le cloître d’influence arabo byzantine et la tour dateraient du 12ème siècle. La basilique contient de nombreux sarcophages d’époques romaines et plus récents. Elle fut rénovée à la fin 17ème siècle après le tremblement de terre de 1688 dans son style baroque Napolitain actuel.

La riche décoration des murs et des plafonds de la crypte est typique de cette époque mais ici poussé à l’extrême. Le reliquaire situé sous l’autel de cette crypte contiendrait la dépouille de l’évangéliste St Mathieu. Mort en Ethiopie, son corps aurait été rapatrié ici dans des conditions obscures au 5ème siècle directement depuis là bas ou plus probablement de sa sépulture du Caire, et selon certaines légendes, via la Bretagne petite ou grande, en entier ou seulement une main et quelques ossements, d’autres parties ayant été conservées ailleurs en Europe, ici un bras là un crâne…

La vieille ville de Salerne est une ville avec de vrais habitants vivant normalement, pas un musée à ciel ouvert avec pour seuls occupants les touristes des RB&B et les boutiques de souvenirs qui vont avec comme le sont devenu tant de centre-villes historiques.

L’esthétique architecturale s’en ressent un peu avec quelques constructions en béton des année 60 et autres édifices délabrés parmi les demeures d’époques  datant du moyen âge et les immeubles baroques, mais pas l’atmosphère : on sent l’Italie qui vit ! Surtout avec tous ces tags sur les murs! Ce n’est pas du Banksi mais bien une expression populaire à l’état pur. Un clin d’œil à notre amie Dodo qui aime tant cette forme d’art.

Nous arpentons les ruelles jusqu’au soir mais sans toutefois nous attarder car demain nous avons prévus une longue journée: nous prenons le train pour aller visiter les ruines de Peastum…

En remontant la botte

21 avril 2024, après une nuit assez rock’n’roll (surtout roll d’ailleurs) devant le port de Scario nous repartons sans descendre à terre. Le vent c’est calmé mais la houle du large est encore très active.

Le problème de cette partie de la côte italienne est le manque d’abri naturel où il serait possible d’ancrer. Il y a bien quelques petits ports mais ils sont, soit hors de prix, soit mal protégés de la houle, de plus s’il y 3 pontons dans le port chacun est géré par un opérateur différent à des prix pouvant aller du simple au double avec des services la plupart du temps inexistants.

Ça ne donne pas envie de trop s’attarder pourtant la côte avec ces sommets encore enneigés en arrière plan est assez spectaculaire. On profite donc du vent faible pour continuer à gagner vers le Nord.

Au bout de 12 milles nous arrivons au meilleur mouillage de la région. C’est la baia del buon dormire : avec un nom pareil si on ne trouve pas le sommeil… L’endroit est assez grandiose, une jolie crique entourée par les hautes falaises sur le côté sud de la péninsule du cap Palinuro et protégée au Sud Ouest par un îlot rocheux. Effectivement la houle d’ouest qui atteint encore les 2m au large ne se fait pratiquement plus sentir une fois ancrés et nous passons une très bonne nuit.

Étape suivante, Agropoli. Il est possible d’ancrer juste à l’entrée du port, à l’abri de la jetée sous la falaise de la vieille ville. L’endroit est minuscule, avec 15 m de chaîne par 3 m de fond on a l’impression de prendre toute la place et pourtant le guide parle de 8 à 10 bateaux ancrés là en saison : çà doit tricoter dur avec les chaînes !

La vieille ville est assez intéressante mais il y a encore peu de bâtiments convenablement restaurés, on est loin du soucis de perfection des vieilles cités moyenâgeuses de Croatie.

Agropoli serait une déformation du nom qui lui fut donné par les Bizantins, Akropoli, rien à voir donc avec l’agriculture intensive. Le château fort construit par un noble Aragonais au 15ème siècle est en travaux et nous n’avons pu le visiter.

La partie moderne de la ville ne présente pas grand intérêt, on notera tout de même un supermarché Eté (c’est son nom, il est ouvert toute l’année) très bien achalandé à quelques minutes du port et une boutique libre service vendant légalement du hashish et des produits dérivés.

Mais du mauvais temps d’Ouest avec du vent fort et de la houle qui devrait balayer tous les cadrants du Nord Ouest au Sud Ouest est annoncé pour la deuxième partie de la semaine. Il n’y a guère d’autres solutions que de trouver une marina bien abritée : une fois ne sera pas coutume !

Volcan actif et traversée expresse

Samedi 20 avril 2024, six heures du matin le vent qui soufflait très fort hier soir c’est un peu calmé en cessant de mettre du Nord dans son Ouest rendant le mouillage beaucoup plus confortable. Les prévisions confirment ce que nous avions entrevu les jours précédents le créneau est bon pour rejoindre rapidement la côte continentale Italienne avant l’arrivée du prochain front. En plus le ciel est bien dégagé, on voit distinctement toutes les îles Eoliennes se détachant sur l’Horizon.

c’est un grand progrès : les jours précédents on réussissait seulement à apercevoir Vulcano – la plus proche entre deux nuages sombres. P’tit dej’ rapidement avalé et à 07:00 l’ancre est relevée. A quelques milles de la côte, merveilleuse surprise : l’Etna apparaît dans toutes sa splendeur enneigée surplombant de sa masse imposante tous les autres sommets de l’île.

Nous le verrons nettement jusqu’à une quarantaine de milles de la côte. En attendant nous fonçons vent de travers entre les îles et leurs falaises torturées. Mais le clou du spectacle c’est en tout début d’après-midi : la côte nord du Stromboli. Au dessus des coulées de lave noires toutes récente, le cratère crache des volutes de fumée blanche. Le Stomboli est le volcan européen le plus actif et est en irruption permanente depuis 1930, la dernière explosion importante remonte à 2022. Malgrès tout, il y a deux villages et des gens qui y vivent. Pour nous, passer 1 mille au large c’est déjà assez impressionnant.

Le vent reste soutenu et la mer pas trop mauvaise jusqu’au bout. A minuit nous arrivons à Scario au fond du golfe de Policastro. Nous pensions que la côte protégerait le mouillage du vent et de la houle orientée nettement Nord Ouest au large. Pour le vent c’est bien le cas mais pour la houle pas vraiment : elle contourne les pointes en s’atténuant à peine rendant l’endroit assez rouleur mais bon ! On ancre quand même devant les jetées du petit port. Ce n’est pas notre nuit la plus confortable mais l’accroche est bonne et on arrive quand même à dormir.