Notre petite Otarie est devenue de jour en jour de plus en plus envahissante. Une nuit elle décide de venir se promener sur le pont juste au-dessus de notre cabine et autant ces animaux sont gracieux et furtifs dans l’eau, hors de l’eau c’est à peu près aussi discret qu’un éléphant… Bon! Dominique sort et arrive à la convaincre qu’à cette heure-ci ce serait beaucoup mieux pour elle d’aller à l’eau. Après quelques pourparlers elle se laisse finalement convaincre et nous pouvons nous rendormir. Le lendemain matin elle n’est plus là sans doute vexée qu’on ne la laisse pas batifoler sur le bateau à sa guise.
Le vent d’est assez fort souffle toute la semaine levant une forte houle au large qui rend la plupart des mouillages de la Baie de Iles peu confortable. Opunga Cove par contre est parfaitement abritée par ce temps nous y resteront donc 7 jours. On profite de l’escale pour explorer les baies voisines en annexe et à pied. Ce n’est pas facile parce que le rivage est entièrement bordé de propriétés privées. Les grèves regorgent de coques et on en ramasse plusieurs fois. Pour être sûr de ne pas croquer du sable on les fait dégorger dans un panier suspendu à fleur d’eau à l’arrière du bateau pendant 24 heures. Sur la rive sud-ouest au fond d’Assassination Cove il y a une route d’accès semi privée et un parking. En remontant la route empierrée on trouve des poubelles collectives pour les maisons des environs. On arrive à se glisser par des chemins plus ou moins privés (pas d’indications,on est en hivers et la plupart des maisons ne sont pas occupées) et des pâturages jusqu’à la baie voisine de Te Huruhi. La mer étant basse on peut traverser le ruisseau et regagner la grand’route (Manawaora road), on pousse jusqu’à Waipiro bay et revient sur nos pas pour prendre embranchement (fermer par une barrière) qui retourne a Assassination Cove. Le lendemain on va sur l’isthme étroit qui relie la presqu’île d’Orokawa. Là encore cela semble privé mais il y a aucune indication. Ce sont de petites maisons assez modestes. L’endroit et très joli avec une belle vue sur les îles de l’autre côté. Lundi 3/8 c’est la plage d’Opuga Bay proprement dite à marée basse et en plus des coques habituelles, on fait une moisson d’huîtres qui feront notre régal le soir même avec un petit verre de Sauvignon blanc de la région de Nelson.
On a aussi utilisé ces quelques jours d’arrêt pour essayer de regréer le spi lourd (le blanc) sur son emmagasineur. Ce n’était pas simple vu que le temps nous obligeait à faire la manip à l’intérieur du bateau mais c’est fait, on pourra essayer dès que le temps le permettra. (Pour les voileux qui serait intéressé par le pourquoi et le comment de cet opération voir la note explicative à la fin de cet article**)

L’apport quotidien de protéines est certes assuré par dame nature mais les fruits et les légumes frais commencent à s’épuiser, il n’y a plus beaucoup de vent aujourd’hui (mardi 04/08/2020) c’est le moment d’aller faire des courses. Notre idée était d’aller mouiller devant la plage de Waitangi pour aller au super marché Count Down a 300 m de là. Mais la houle du large levée par le vent de ces derniers jours rentre directement dans la baie rendant le mouillage inconfortable et les débarquements en annexe pratiquement impossibles. Nous nous rabattons donc sur Russel ou il y a une petite superette. Le mouillage n’est pas très confortable non plus mais l’accostage en annexe au ponton du wharf ne pose aucun problème. Courses rapides, on en profite pour aussi remplir la bouteille de gaz et à 13:30 on est repartis pour notre mouillage favori d’Opunga cove. Il fait un temps superbe et il n’est pas encore trop tard dans l’après midi. On en profite pour piquer une tête et aller voir l’état de la carène. Il n’y a pas de coquillages ni de « fan worm » mais beaucoup d’algues qui lui font une bonne barbe d’une dizaine de centimètres. Pas étonnant qu’on avançait pas ! Il va vraiment falloir faire quelque chose. En grattant un peu tous les jours en 3 – 4 jours on devrait y arriver.
Le lendemain le temps est superbe juste se qu’il nous faut de vent et orienté dans la bonne direction pour que beaucoup de mouillages de la Baie des Iles soient bien abrités. On choisi d’aller mouiller à Paradise Bay (ne pas confondre avec Paradise’ Betz, les familiers de la Touraine du Sud comprendrons) sur Urupukapuka Island. Nous arrivons vers 11:00. Il y a deux bateaux ancrés mais ils se préparent à partir. Le temps est magnifique on commence donc par passer 45’ sous la coque. Un bon déjeuner tardif pour nous réchauffer (ici l’eau est très claire mais plus froide qu’à Opunga) et c’est parti pour une exploration des sentiers de l’île. Nous avions déjà exploré la partie nord lors de notre passage ici en novembre dernier, cette fois ci-nous nous concentrons sur la partie sud. Les falaises qui surplombent le large sont superbes avec une vue imprenable sur le cap Brett et toute la baie.
Le soleil se couche quand nous rentrons au bateau et passons une excellente nuit.
Le répit météo a été de courte durée. Il ne faut pas oublier que nous sommes au coeur de l’hiver. Du mauvais temps est à nouveau annoncé pour les prochains jours. Mais cette fois-ci ce n’est pas de l’ENE, le vent va cette fois commencer à souffler du nord est pour tourner au nord puis nord ouest puis à l’ouest et même au sud ouest et le tout en moins de 72 heures. Trouver un mouillage protégé ne va pas être simple. En plus on aimerait bien avoir de la 4G pour la vacation skype du jeudi soir avec Mamy. Dans tous les cas, on ne peut pas rester ici, le vent est encore faible mais une petite houle commence à se lever. On passe d’abord voir en face à Waipiro Bay, ce sera très bien dès que le vent sera passé franchement ouest pour l’instant avec encore de l’est dans son nord ce n’est pas l’endroit idéal en plus il n’y a pas de réception. On se rabat donc sur la baie suivante, Orokawa Bay juste opposée à Opunga Cove. On profite du court trajet dans 10 nds de vent portant pour essayer notre spi remis sur son emmagasineur. On le hisse déroulé sans trop de mal, il s’établit bien on fait deux ou trois essais d’enroulement et de déroulement qui se passent bien. Essai concluant donc (à confirmer dans des conditions plus soutenues) !
On mouille à Orokawa, tout près de la plage. Pour l’instant il fait encore beau. On en profite pour continuer le carénage. La carène commence à devenir convenable même si il reste encore une fine couche d’algues brunes ici ou là. Le mouillage et bien protégé mais le vent à tendance à contourner le promontoire qui termine a péninsule d’un côté ou de l’autre si bien que nous tournons beaucoup sur notre chaîne. Le jour suivant en début d’après-midi, Folligou nous rejoint et mouille juste à côté de nous. Carole et Daniel on passé quelques jours à Opua ou ils ont loué une voiture pour aller voir le Cap Reinga le week-end dernier puis ils se sont déplacés pour remonter la rivière de Keri Keri jusqu’au « old stone store » grâce au faible tirant d’eau de leur bateau. Ils nous racontent leurs promenades autours du repas du soir à bord de Rêve à Deux.
Le lendemain samedi 8/8/2020 le vent tourne progressivement vers le SW comme prévu. Nous nous déplaçons pour ancrer à Waipiro toujours avec Folligou. Demain les prévision sont parfaite pour continuer notre remonter vers le nord. Au cours du dîner à bord de Folligou nous décidons de partir de bonne heure demain matin pour passer les îles Cavalli avec la marée et arriver à une heure raisonnable à Whangaroa.
Dimanche 9/8/2020 à 8:30 nous levons l’ancre, le temps est superbe, pas de nuage, mer plate. On se glisse entre les îles le vent s’établit à une dizaine de nœuds. S’établit c’est beaucoup dire, si la force reste relativement constante, ce n’est pas du tout le cas de la direction comme c’est souvent le cas pour un vent de terre. On passe de 90° à 120 puis à 50° en quelques minutes et çà recommence l’instant d’après. Le pilote à du mal à suivre et nous aussi, il faut barrer et régler les voiles en permanence. Mais faire de la voile à « l’ancienne » par ce temps là c’est tout de même bien agréable ! Et puis notre travail sous marin de la semaine semble avoir porté ses fruits : dans ce vent léger et variable on reste toujours au-dessus de 90 % de la vitesse cible de la polaire (vitesse théorique du bateau en fonction de l’angle et de la force du vent) alors qu’avant le nettoyage on avait parfois du mal à atteindre les 60 %…. On passe au pied du monument commémorant le Rainbow Warrior, le navire de Green Peace coulés par les services secrets français dans une opération honteuse et catastrophique pour essayer de continuer les essais nucléaires à Mururoa. Le vent accélère dans le passage entre les îles et la terre et on prend même un ris pour quelques minutes. Passé la pointe nord de l’île plate le vent est pile dans l’axe de l’entrée du havre de Whangaroa. Comme le temps est superbe et le bateau glisse bien on s’amuse à tirer des bords en virant à la refusante jusqu’à l’entrée du goulet. A 14:45, on jette l’ancre à Waitepipi bay. Carole et Daniel arrivent peu après. Diner ensemble à bord et nuit calme à l’ancre.
Lundi 10/08/2020, le temps va encore changer, avec du vent de sud ouest et d’ouest assez fort pour mardi et mercredi. On décide d’aller s’amarrer à la petite Marina de Whagaroa. On en profitera pour se réapprovisionner en passant une commande au supermarché NewWorld de Kerikeri. La livraison est prévue pour jeudi matin. Mais il y des travaux en cours à la marina et on nous demande de repartir impérativement mercredi matin au plus tard.

Mardi, il pleut beaucoup mais dans l’après-midi une éclaircie nous permet d’aller marcher un peu à terre. Dans la nuit le vent forcit et tourne franchement à l’ouest. Au matin nous avons plus de 40 nds au ponton et pour seule protection le ponton lui-même qui est presque recouvert en permanence par le clapot de la baie et en plus il pleut à torrent. Pas question d’essayer de partir par ce temps malgré l’insistance du gérant de la marina qui a vraiment besoin de notre place. Finalement en milieu d’après midi, le vent se calme un peu et nous arrivons à sortir. Pour assurer le coup, je suis dans l’annexe avec le moteur et je pousse l’étrave de rêve à deux pour l’aider à tourner dans l’espace étroit entre les pontons. Nous allons ancrer à l’orée des mouillages dans Waitapu bay (de l’autre côté de la colline qui surplombe la marina). Jeudi, on revient mouiller entre la pointe et le wharf et on va à terre en annexe pour aller réceptionner notre commande qui arrive comme prévu à 13:00. Le reste de la journée se passe à ranger les provisions à bord et à nous reposer. Mémorable soupe de poisson à bord de Folligou le soir : un plaisancier local leur avait offert le matin même un superbe snapper le poisson roi local (en français vivaneau) on s’est régalés.

A suivre…
** Note explicative sur notre emmagasineur de spi.
Quand nous avions acheté le bateau le petit spi asymétrique blanc (105m² tout de même) était monté sur emmagasineur et était supposé être un « code zero » ou un gennaker (Domi dit qu’avec un SHW/SF de 0.75 il s’agit bien d’un spi : ses épaules sont trop larges pour être un code 0 et çà se voit bien quand il est en l’air). Quand nous l’avions utilisé tel quel, une fois sur deux il se déroulait dans le milieu avant qu’on ait fini de l’enrouler complètement. On s’était même fait assez peur un fois en doublant basse Spinneg (devant le Guilvinnec). Du coup, on l’avait regréé en chaussette et depuis il n’a jamais posé de problème (à part Domi faisant des nœuds avec le bout de la chaussette en le hissant ou en l’affalant autour du radar…). Mais dans les vent très variables de la région avoir une voile de portant à poste que l’on puisse très vite enrouler ou dérouler en fonction des caprices d’Éole nous semblait intéressant. En réfléchissant nous nous sommes dits que le problème venait peut être de la drisse simple qui pouvait tourner sur elle même et provoquer le déroulement intempestif. On a donc simulé une drisse mouflée à l’aide des deux drisses ce qui a aussi l’avantage de bien positionner la voile enroulée devant l’étais et non plus sur le côté (Rêve à Deux dispose d’une drisse de spi de chaque côté du mat, suivant l’amure on utilise l’une ou l’autre), ce qui pourrait aussi contribuer à améliorer l’enroulement. Il a fallu en suite repasser le câble anti torsion en se servant du nerf de bord d’attaque comme d’un messager (ce qui n’est pas une opération des plus simple à faire dans le carré mais vu ce qu’il tombe dehors pas question de sortir) refaire les transfilages, épisser le bout de manœuvre de la galette et ranger le tout dans son sac en vue d’un envoi classique (l’enroulement ne peut se faire qu’une fois hissé à poste). On essayera un de ces jours par vent faible…