Dimanche 17 octobre, nous sortons de la mer de Bismarck en milieu de journée et retrouvons les eaux du Pacifique Sud à deux degré de latitude sous l’équateur. Notre sortie a d’ailleurs été saluée ce matin par un grain mémorable. C’était au levé du jour, content d’avoir évité tous les orages de la nuit, nous avancions sur la route dans un vent d’une douzaine de noeuds au largue tribord amure. J’était seul sous la véranda, Anne, ayant fini son quart 1/2 heure plutôt, dormait à poings fermés dans sa couchette. Le vent a tout d’abord faiblit quelques instants sans changer de direction puis les voiles ont pris brusquement à contre. Il a fallu en quelques minutes, empanner la grand voile, rouler le foc, enlever la retenue, seul c’était un peu chaud et pour tout dire je commençait à m’emmêler les pinceaux, même si, fort heureusement on avait gardé un ris toute la nuit par égards aux grains menaçants tout au tour de nous. Réveillée par le raffut, Anne est apparue dans le cockpit dans le plus simple appareil (vive les climats chauds!) et, à deux, en moins de 5 minutes nous étions parés bâbord amure juste à temps car le vent montait à 30 noeuds venant exactement de la direction opposée d’ou il soufflait quelques instant plus tôt. Nous avons été récompensés de cette brillante manoeuvre par une formidable douche gratuite (d’où l’intérêt de ne pas s’habiller avant de sortir) avec remplissage express de tous les seaux et recipients que nous avons pu trouver.
Ceci dit, c’est le seul grain sérieux que nous avons essuyés depuis le passage du détroit de Vitiaz. N’allez pas penser pour autant que ces quelques jours passés sur les flots Papous aux accents Prussiens aient été mornes ou ennuyeux. Pas du tout, les conditions météo ont été dans l’ensemble plutôt bonnes nous permettant de progresser à la voile la plupart du temps et même de nous offrir quelques bords de spi bien agréables.
Si les journées sont relaxantes, les nuits sont plus inquiétantes avec feux d’artifice non-stop garanti. On se fait un peu l’impression de stars de cinéma sur le tapis rouge du festival de Cannes aveuglés par les flashes des photographe (au cas où: on oublie pas de sourire). Nous ne sommes pas loin de l’équateur et sans surprise, la tendance orageuse est bien là avec, pour les connaisseurs, des valeurs de CAPE presque tout le temps supérieurs à 2000J/kg sur toute la zone que nous traversons (rouge très, très sombre sur les gribs). Mais les grains orageux semblent, en majorité, s’amasser sur la terre sans développer beaucoup d’activité directement sur notre route.
La pêche va bien aussi. A peine sortis du détroit, un gros barracuda est venu se prendre à notre ligne. Pas le plus succulent des poissons à mon goût mais la ration quotidienne de protéine était assurée pour plusieurs jours et avec de bonnes sauces on s’est bien régalés
Sur la mer de Bismarck il y a beaucoup de traffic commercial. Principalement des vraquiers se rendant vide en Australie ou en revenant chargés de minerais vers la Chine la Corée ou la Japon, des transporteurs de gas naturels (LNG) sur les mêmes destinations et les inévitables porte-containers et leurs milliers de « boites » plus ou moins rouillées. Mais il y a suffisamment de place pour ne pas se gêner, certains se détournant légèrement pour nous laisser passer, d’autre engagent même la conversation à la VHF comme cet officier chinois du Shangai Express.
Et puis il y a les thoniers senneurs qu’on voit illuminés comme des villes en pleine nuit (mais sans AIS) et dont un hélicoptère (ils s’en servent pour repérer les bancs de thons) viendra nous tourner au tour quelques minutes en nous faisant bonjour.
Mais surtout il y a les îles volcaniques. Je peux vous confirmer que ces cônes de roches culminant parfois à plus de 1000m sont bien des volcans et qu’ils ne sont sûrement pas tous éteints. Nous avons, en effet, pu assister en direct à une l’irruption de celui de l’île Kadovar, magnifique panache de fumée et colonne de cendre projetée dans l’atmosphère, impressionnant…
PS: pour voir des photos, revenez sur cette page d’ici une dizaine de jour: depuis le bateau via l’Iridium, nous ne pouvons pas charger grand chose, on se rattrapera une fois à destination.