Caribou à Mayotte

Non on ne va pas vous raconter qu’un grand cervidé d’origine canadienne s’est échoué sur une plage de ce département français proche de l’archipel des Comores! Caribou (s’écrit parfois karibou ou karibu) signifie bienvenue en Mahorais (langue dérivée du Swahili) c’est donc par ce mot que les bénévoles de l’ACMH (le club de voile local) nous ont accueilli.

départ de la Réunion

La traversée depuis la Réunion c’est passé sans histoire. Nous avions pris de la marge pour être sûr de passer le cap d’Ambre au bon moment et avec les meilleures conditions possible (voir fin de l’article précédent) et du coup** on a pu naviguer relax sans avoir à pousser la machine sur toute la première partie. Par contre on a été surpris par le courant que les modèles RTOFS et Copernicus qui nous donnait favorable sur une grande partie du parcours et qui s’est avéré contraire la plupart du temps. Bien sûr à partir d’une cinquantaine de mille avant le fameux cap il était bien avec nous, avec une force de 2 à 3 nœuds comme indiqué, C’est un des grands mystères de l’Océan Indien : la trajectoire tortueuse des courants !  Pourquoi en plein océan, le courant peut être Est Ouest à un endroit, dans la direction opposée à quelques milles de là et perpendiculaire un peu plus loin ? Difficile d’optimiser la route dans de telles conditions, la plus directe reste donc la meilleure option. Autre surprise, nous sommes remontés de 23°S à moins de 12°S et pourtant, la nuit, la température restait plutôt fraîche, nous contraignant à fermer la portière de notre véranda et à mettre une petite laine. Il a fallu passer de l’autre côté du cap et commencer à redescendre vers Mayotte pour trouver des températures plus chaudes.

Dimanche matin à encore environ 6 heures du cap d’Ambre les gros nuages sombres, accompagnés de grains pouvant aller jusqu’à 28 à 30 nœuds nous ont incité à réduire la voilure et rester sous toilé. Mais en milieu de journée, pour le passage du cap proprement dit, ciel parfaitement était dégagé avec un vent de Sud Est stable d’une vingtaine de nœuds, un bon courant portant et une mer belle. Des conditions idéales pour cette zone réputée difficile, qu’elle chance me direz vous, sans doute, mais surtout on s’est présenté pile au bon moment, celui pour lequel nous avions choisi cette date de départ illustrant une nouvelle fois l’intérêt de ne pas hésiter à partir dès qu’un bon créneau météo se présente. La lumière sur la côte aride de cette péninsule était magique. On n’aurait bien aimer visiter Madagascar mais le pays est toujours fermé pour les voiliers, dommage !

Là dernière partie de la traversée a été très agréable dans une mer plutôt plate et un ciel sans un nuage avec juste quelques heures de moteur pour retrouver l’alizé après la zone de calme générée par le dévent de Madagascar.

Arrivée dans le lagon mardi 02/08/2020 en fin de matinée, 920 milles en moins de 6 jours malgré les courants et la voilure toujours très conservatrice. Appel VHF à Mayotte Traffic Contrôle pour signaler notre arrivée (« du coup** vous avez prévenu le Maitre de Port que vous arriviez? »). Le courant de la marée descendante sortant de cet immense lagon est assez fort, jusqu’à 3 nds dans les passages étroits mais ne crée apparemment pas de barre ni même de remous. Les passes sont très bien balisées et les alignements bien visible. Caroline de l’ACHM nous trouve un corps mort libre pas trop loin du club et des pontons de Dzaoudzi. Et c’est là que nous faisons nos premiers pas sur l’île. Jérôme nous inscrit comme membre invités du club ce qui nous donne le droit d’utiliser gratuitement le corps mort pendant 15 jours (après c’est 20 EUR/mois!) et les facilités du club. De là nous prenons un taxi (collectif, 2EUR/personne) pour l’aéroport où se déroulent les formalités d’arrivée. En guise de formalités c’est juste un tampon de la PAF (Police de l’Air et des Frontières) sur notre déclaration d’entrée (à renvoyer ensuite au Maître de Port), le douanier nous dit que çà suffit et qu’il n’y a pas besoin du sien.

Nous rentrons à pied histoire de nous dégourdir les jambes et de découvrir un peu les environs. Arrêt à la boulangerie et au quai des pêcheurs où nous achetons une belle tranche de thon. On termine la journée au club. Domi interroge des membres pour essayer d’en apprendre un peu sur cet archipel notamment sur les choses à voir et les bons mouillages; c’est ainsi qu’il découvre l’existence du Parc Marin de Mayotte qui a installé des corps morts un peu partout autour de l’île principale et des îlots (https://parc-marin-mayotte.fr). Moi je suis en grande discussion avec André, le charpentier de marine au passé passionnant qui a roulé sa bosse du Vanuatu à ici en passant par Tours, La Charente et surtout Madagascar. Nous rentrons à bord pas trop tard, la traversée à beau avoir été cool, on a du sommeil à rattraper !

**du coup: expression française actuelle utilisée systématiquement et à de nombreuses reprises dans toute conversation par les milléniums et, de plus en plus, par les plus vieux. Elle est sensée établir un lien de cause à effet entre 2 parties d’une phrase en replaçant des locutions comme donc, de ce fait ou par conséquent, comme dans « j’aime pas les épinards du coup j’ai pris des frittes » mais souvent la relation est beaucoup plus ténue comme dans « du coup vous faites quoi là ? ». Cette fois nous y avons même eu le droit à la VHF, les temps changent et « du coup » notre langue évolue...

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