Grands pêcheurs (devant l’Eternel)

Depuis que nous avons commencé ce voyage nous avons narré dans ces pages nos exploits de pêche. Mais en fait ils ont été très rare et ont toujours concerné des poissons pélagiques (thons, dorade coryphène, king fish etc) pêchés à la traîne. Car il faut bien le dire, nous ne sommes pas pêcheur dans l’âme, nous traînons une ligne avec une petite poulpe en plastique qui sert de leurre derrière le bateaux quand le temps s’y prête mais sans y croire vraiment. Nous sommes à chaque fois surpris quand un poisson, probablement suicidaire, fini par mordre à l’hameçon…. Nous sommes bien sûr toujours émerveillés et ravis de l’aubaine de quelques bons repas en perspective. Par contre dès le premier poisson sorti de l’eau nous nous dépêchons de remonter la ligne de peur qu’un autre ne vienne s’y prendre et nous attendons pour recommencer que tout est été mangé et digéré soit en général plusieurs jours plus tard.
En Nouvelle Zélande tout Kiwi qui se respecte va à la pêche. On ne peut pas dire que ce soit le sport national (sauf si le but de la compétition est d’exhiber le plus grand nombre possible de cannes à bord) c’est avant tout une façon de vivre en profitant (peut-être un peu trop) de ce que nous offre la nature. Tout et bon pour aller pêcher: bateaux à voile de toute taille (ici on les appelle des yachts), vedettes à moteur ultramodernes ou classiques (ici des launches), pneumatiques ou semi rigides, barques à rame, jet skis, kayaks, radeaux où n’importe quoi qui puisse flotter et tenir une canne à pêche.
A bord de Rêve à Deux, j’ai une canne achetée avant le départ des Sables. Mais jamais encore je ne m’en suis vraiment servi. Soit l’hameçon n’était pas adapté, soit je n’avais pas l’appât ou le leurre qui va bien. Mais pour vous dire toute la vérité c’était plutôt que je n’avais tout simplement pas la patience de rester à attendre en tripotant le moulinet qu’un poisson veuille bien mordre. Pourtant ici le poisson est vraiment abondant et n’ayant plus grand chose à faire en attendant que le voyage redevienne possible, nous devrions avoir du temps pour la pêche.
J’ai donc décidé de m’y mettre. La première tentative fut fatale pour le matériel: en m’exerçant au lancé la moitié du moulinet, sans doute mal serré, est partie à l’eau. J’ai dû plongé pour récupérer les pièces mais malheureusement il manquait l’écrou qui maintient tout l’assemblage.

Il y a quelques semaines, en nous promenant sur une plage nous avons trouvé un vielle canne avec son moulinet mais elle avait séjourné trop longtemps dans l’eau et le mécanisme était bloqué par la rouille. Qu’à cela ne tienne, je l’ai équipée d’un moulinet flambant neuf (acheté en promo chez le ship du coin) et je l’ai mise à poste dans le support ad hoc à l’arrière du bateau pour qu’elle soit prête à servir au premier moment favorable. Malheureusement pendant la nuit les amarres se sont détendues et celle qui nous retenait à terre s’est emmêlée autour du moulinet et l’a tordu. Bref un coup pour rien! Quelques semaines plus tard, le gérant du magasin d’article de pêche et de plongée de la marina de Nelson (il y en a dans tous les ports) nous déniche la pièce manquante du premier moulinet dans son stock de pièces usagées et nous la donne gratuitement. On est donc paré pour entamer notre campagne de pêche dans les Sounds qui ont la réputation d’être très poissonneux. Préoccupés par la tenue très aléatoire de nos ancres dans le Pélorus (voir cet article), nous n’y avons pas pris le temps de pêcher. Mais une fois dans le Queen Charlotte, après avoir cotisés au Waikama boating club nous donnant accès à des tas de bouées de corps morts, les conditions deviennent plus favorables à l’apprentissage de ce dur métier.


Il y a beaucoup plus de bateaux qui naviguent dans le Sound que de bouées disponibles mais on peut se mettre à couple jusqu’à 3 bateaux sur une bouée.

Aujourd’hui, nous sommes à Baker’s Bay, une petite crique du sud-ouest d’Endeavour Inlet et la seule bouée est occupée par un joli petit bateau. Nous venons nous mettre à couple. Richard et Barbara vivent à bord . Nous les invitons à prendre un verre le soir pour les remercier de nous avoir accepté comme voisin de bouée. L’après midi Richard part avec son annexe pneumatique. Il est équipé d’une petite canne dont la ligne se termine par une cuillère brillante et un hameçon style grappin. Il revient un quart d’heure plus tard avec trois Kahawai. Ni une ni deux, il en fait aussitôt des filets et entreprend de les fumer. Pour cette opération, il allume quelques boulets de charbon de bois au fond de son barbecue posé en plein milieu du cockpit juste sous la barre relevée. Pendant que le BBQ chauffe, il fait mariner les filets dans un seau d’eau de mer ( ici l’eau est claire et transparente). Au bout d’une demie heure le charbon de bois achève de se consumer doucement. Il couvre les boulets d’une tôle sur laquelle il a disposé des copeaux de Manuka (arbuste emblématique de la région proche du tea tree et de la myrthe, connu pour ses propriétés médicinales et dont les fleurs donnent un miel particulièrement prisé)

on peut aussi utiliser des copeaux d’érable ou de même de bouleau. Ce sont ces copeaux qui, en se consumant sans aucune flamme sur la plaque chaude, vont produire la fumée qui va confir le poisson. Richard place les filets marinés, égouttés et assaisonnés d’une sauce au piment doux sur une grille au dessus des copeaux et ferme le couvercle du barbecue tout en laissant le tirage nécessaire afin que la fumée dégagée par les copeaux de manuka se concentre tout autour des filets. Comme les poissons n’étaient pas gros, 10 à 15 minutes plus tard les filets sont prêts – pour des filets de plus grande taille l’opération peut durer 30’ ou plus. Richard nous promet d’en apporter ce soir pour l’apéritif. C’est le procédé de fumage à chaud beaucoup plus rapide que le fumage classique à froid. Il permet de conserver le poisson quelques temps mais moins longtemps toutefois que le fumage classique.


On se régale le soir à l’apéro. Ces filets fumés ont un goût divin, subtile et moelleux et particulièrement mis en valeur par un excellent chardonnay bio de Canterburry (la province de Christchurch) que Barbara avait apporté.
Cà c’est une leçon de pêche comme je les aime. On ne fait rien, on apprend beaucoup et on déguste…. Merci Richard et Barbara nous avons passé une super soirée en votre compagnie! J’espère qu’on se reverra!


Aprés leur départ j’essaie de mettre en pratique la technique de pêche de Richard mais directement à partir du bateau et en levant ma canne les pales de l’éolienne qui lui rabotent l’extrémité du jonc. Vraiment, les cannes à pêche c’est pas mon truc! Après quelques tentatives j’arrive quand même à sortir un sprat qui nous sert d’apéro une fois grillé. Domi, lui, préfère la pêche à pied et va cueillir des moules pour le diner, au moins ces bêtes là çà ne bouge pas, on peut les attraper facilement et préparées à la marinière ce n’est pas mauvais non plus.


Je vais quant même essayer de persévérer dans l’apprentissage de la pêche à la ligne mais c’est loin d’être gagné… A suivre

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