Taravao : tourisme terrestre et parcours du combattant

Mercredi 16 Juin 2021 au mercredi 30 juin

Bouclée en 2 jours, la traversée de 380 milles depuis Raivavae s’est avérée comme prévu très rapide mais aurait pu être inconfortable pour beaucoup de bateaux. A 130° d’un vent de 20 à 30 noeuds dans cette mer croisée de 3 m et très courte Rêve à Deux est très à son aise sans qu’on ait besoin de torcher de la toile. La plus grande partie du trajet c’est faite sous grand voile à deux ris et trinquette cette dernière étant remplacée sur la fin par le foc qu’on enroulait ou déroulait au gré des variations de la force du vent. Pour l’occasion on avait remisé la moustiquaire et ressorti la «portière d’hiver» pour être bien au sec sous notre véranda (fortes pluies et vent 3/4 arrière).

L’apparition de la côte de la Presqu’île et de ses falaises et de ses aiguilles vertigineuses entre les sommets cachés dans de gros nuages noirs est un moment magique. Dans cette mer formée de Sud et de Sud Est, le franchissement de la passe nous inquiétait un peu mais le vent est complètement tombé à quelques milles et la passe de Tapuaeraha est large et très profonde (les plus grands paquebots la franchissent) praticable par tout les temps et à n’importe quelle heure de la marée. C’était tout de même intéressant de voir les rouleaux de chaque côtés…

Port Phaéton est une baie parfaitement abritée, coincée entre l’île de Tahiti proprement dite et la Presqu’île. Cette baie est sans doute le mouillage le plus sûr de tout l’archipel: un vrai lac. On compte une cinquantaine de bateaux au mouillage mais on pourrait sans doute y mettre le double.

Dans une crique sur la rive ouest il y a une petite marina mais bien sûr elle est pleine comme un œuf. Au fond de la baie se situe Taravao qui est la ville la plus importante après bien sûr l’agglomération urbaine de Papeete ce qui veut dire qu’on a tout ce qu’il faut à quelques minutes du mouillage (débarquement à la marina – 2km du centre commercial ou à la cale de mise à l’eau des vaas au fond de l’anse – 200m seulement) super marché Carrefour, Super U, magasin de bricolage (ACE), accastillage (Sin Tung Hin Marine), banques, gare routière (bus pour Papeete), pharmacies, hôpital, location de voiture (garage de Taravao) etc.

Pour nous le but de cette escale est triple: 1) visiter l’île côté terre 2) faire réviser le radeau de survie et acheter du matériel de remplacement 3) décider que faire pour la suite de notre voyage.

Après avoir exploré les ressources du coin à pied jeudi , vendredi matin nous louons une petite voiture pour explorer l’île.

Cap sur Papeete via la RT1 côté sud la route suit bien sûr le bord de mer, c’est plutôt joli, on traverse plusieurs villages, il y a beaucoup de circulation bien qu’on soit en fin de matinée. Première étape à Marina Taina (juste avant l’aéroport de Faa) pour déposer notre radeau de survie chez le ship qui va la réviser (Tahiti yacht Accessories). Il est midi et la faim se faisant sentir on s’offre une petite folie: le restaurant presque gastronomique de la marina. La marina est complètement pleine, très peu de chance qu’une place se libère avant très longtemps. Un des locataires longue durée est le Fleur Australe de Philippe Poupon qui parait tout petit entre 2 énormes yacht de luxe.

Quant au lagon, depuis la passe juste devant la marina jusqu’à l’aéroport, ce sont des centaines de bateaux sur corps morts et sur ancre, certains sont habités mais la plupart sont là sans personne à bord depuis le début de la pandémie.

On rentre à Taravao toujours par le RT1 mais cette fois ci côté nord. Cette côte est beaucoup plus escarpée, ici pas de plaine côtière ni de lagon sur la plus grande partie. Comme de l’autre côté il n’y a aucune route qui pénètre à l’intérieur de l’île ou les magnifiques sommets, gorges profondes et végétation luxuriante nous narguent. A Papenoo on voit bien une indication: Parc Naturel mais au bout de 2 km la route empierrée qui suit la rivière est totalement impraticable (on comprend pourquoi ils ont tous des gros 4X4. Le seul point d’intérêt qu’on arrive a visiter côté montagne sera les 3 cascades de Tiarei et encore une seule est en fait accessible (heureusement elle vaut le coup!)

Samedi, on voulait visiter le muséee Gaugin à Papeari (moins de 10 km du mouillage) mais il est fermé depuis plusieurs années et ne rouvrira sans doute jamais.

Par contre, l’immense jardin botanique qui le jouxte est ouvert et parfaitement entretenu. On y trouve des essences provenant de tous les régions tropicales du globe mais la partie la plus fascinante est sans aucun doute la forêt humide qui abrite essentiellement des châtaigniers tahitiens dont les racines sont de vrais œuvres d’art Après un pique-nique rapide nous passons sur la côte sud de la presqu’île jusqu’à Tehupoo. C’est là que la route se termine et pourtant on est même pas encore à mi-chemin de la pointe la plus à l’est de la péninsule. C’est l’un des spots de surf les plus prisés de l’archipel mais aujourd’hui, c’est calme plat aucun rouleau ne vient se briser sur les haut fonds qui bordent la passe. Le bord de mer à des allures de petite station balnéaire avec villas luxueuses et bungalows à louer. Mais juste derrière ce sont de petites exploitations maraîchères. L’ensemble est pittoresque et très agréable. On traverse la rivière à gué pour rejoindre la voiture.

Dimanche, on explore la côte nord de la presqu’île jusqu’à Tautira. Cette côte semble beaucoup plus humide. La route qui pénètre à l’intérieur de la montagne le long de la rivière est privée mais il y a un numéro de téléphone a appeler si on veut y passer. On appelle mais la réponse est très sèche: non on ne passe pas! Dommage on aurait bien voulu voire un peu ces gorges et ces montagnes de près. Tant pis, on se contentera de la côte et on profitera du coucher de soleil sur Tahiti vu de la plage du village.

Mais on a pas utilisé le week-end uniquement pour faire du tourisme. On a aussi recherché comment continuer ce voyage. L’option de laisser le bateau ici dans un port et rentrer en France pour un mois ou deux s’est refermée: aucune place de port, de marina ou de chantier disponible et hors de question de laisser Rêve A Deux seul sur ancre sans surveillance. Et si on essayait de continuer vers l’ouest, peut-être passer encore quelques semaines en polynésie pour visiter au moins Morea et huanine que nous n’avons pas encore vu et de là partir pour les Fiji qui seraient ouvertes… Oui les Fiji çà nous plairait beaucoup. Bien sûr on voudrait éviter d’être bloqué là pendant la saison des cyclones (c’est sans doute l’endroit du Pacifique sud ou il en passe le plus) on verra bien se qui sera ouvert à cette époque là quitte à pousser jusqu’en Thailande) et au pire ils disposent de très bons trous à cyclones ou on peut laisser les bateaux. On se renseigne (internet c’est quand même vâchement pratique,4G plein pot dans tout lemouillage), Véronique notre amie des gambiers nous communique les coordonnées et le blog de leurs amis Fabienne et Dominique qui ont fait le voyage au mois de mai. Finalement çà semble tout à fait faisable.

Le gouvernement des Fiji à mis en place depuis plusieurs mois une procédure spéciale appelée l’initiative «Blue Lin» pour permettre au yachts (très orienté super yachts mais les petits voiliers de plaisance sont aussi les bienvenues) de fréquenter les eaux de l’archipel et faire fonctionner le business local. Les seules mesures supplémentaires par rapport à la procédure habituelle d’avant la pandémie, sont: de passer par un agent (coût 350USD), d’effectuer un test COVID (PCR) 72 heures avant de partir et un autre à l’arrivée et d’arriver obligatoirement à Port Denarau (côte ouest de Viti Levu, la plus grande île – donc le plus loin pour nous. Le texte dit qu’on pourrait aussi arriver à Savu Savu mais çà semble plus compliqué). Il y a aussi une quarantaine de 14 jours mais le temps passé en mer compte – çà tombe bien il y a 2000 milles à faire çà devrait tomber pile poil. On contacte aussitôt un agent (parmi les 3 officiellement reconnus par les autorités) qui nous répond du tac au tac en confirmant la procédure et en nous envoyant tous les documents nécessaires.

Maintenant c’est à nous de jouer pour planifier le départ. D’abord partir quand? Vu le coût des formalités autant y passer le plus longtemps possible et donc partir rapidement, çà tombe bien: l’alizé semble vouloir enfin s’établir à partir du 29 juin donc des vents favorables. Ensuite partir d’où? Avec un test COVID moins de 72 heures avant et des labos habilités seulement à Tahiti et à Moorea, la décision est vite prise. Moorea aurait pu être une option mais il faut de toute façon revenir à Tahiti pour la police des frontières. On partira donc d’ici de(Travao).

On a trouvé un labo à Tamanu (prononcer ta ma nou à ne pas confondre avec t’a mal où…) de ce côté ci- de l’île 20 km avant Papeete et on prend rendez vous pour lundi matin, ils nous promettent les résultats pour le même jour dans l’après-midi.

Par contre pour les formalités de départ ici c’est plus compliqué que sur les îles éloignées (toutes sauf Tahiti et Mooréa) ou tout se passe à la gendarmerie. Ici il faut obligatoirement passer par la douane et la police des frontières , deux administrations bien distinctes.

On commence par se renseigner à la douane à Fare Ute (port de Papeete): c’est facile, on peut venir (sans le bateau;) faire la clearance, quand on veut, quelques jours avant la date prévue pour le départ (si par hasard on en partait pas, il suffit de venir leur rendre le papier). On passera donc lundi après le labo.

La police des frontières (leur bureau est à l’aéroport de Faa) est plus tatillonne. Tout les membres de l’équipage doivent venir à leur bureau avec leur passeport et Il faut obligatoirement partir le jour même. En supposant qu’on ait le résultat du test COVID lundi après-midi et qu’on l’envoie aussitôt à notre agent au Fiji et que ce dernier nous envoie la confirmation du feu vert des autorités mardi, on retournera donc à Faa mercredi matin pour un départ en fin de journée de Taravao.

Vous me suivez – non? Ne vous inquiétez pas, nous non plus au début, mais en faisant un planning sur une belle feuille de papier on a fini par y voir un peu clair. Parce que là vous avez juste les étapes administratives mais il faut y rajouter tout le côté logistique et préparation: refaire les pleins de gas oil, d’eau de gaz, conserves et vivres frais pour la traversée d’une quinzaine de jours, petites réparations ici et là, coup de brosse sur la carène et j’en passe. Çà va être juste mais on devrait être près surtout qu’entre temps on a envoyé tous les formulaires nécessaires dûment remplis et signés à notre agent qui nous à confirmé que si on lui envoyait bien les résultats des tests lundi il devrait nous avoir, sans problème, les autorisations mardi. Croisons les doigts!

( Vive la vie paisible de retraités peinards!)

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