Toute traversée bien préparée comporte des portes virtuelles ou il faut décider de la route à prendre pour la suite du parcours. Pour nous cette première porte était matérialisée au sud par les îles Torres et au nord par Vanikolo avec deux possibilités, franchir cette porte et passer à l’ouest des Salomons pour remonter le long de la côte de Nouvelle Guinée ou continuer vers le nord en contournant cet archipel au large par l’est. La route « ouest » est plus courte de 75 milles (soit 2,5% du trajet total) et elle passe entre de grosses îles bien cartographiées au lieu d’une multitude d’atolls et autres récifs n’apparaissant sur l’écran qu’au zoom maximum pour la « est » mais c’est aussi une route trés fréquentée par les cargos contre seulement quelques pêcheur à l’est (d’autant qu’on ai pu en juger sur Marine Traffic avant le départ). La décision finale s’est faite hier avec le dernier routage météo: 80 cm de houle et vent modéré portant à l’ouest contre 2 à 3 mètres de houle et vent très variable à l’est. Y a pas photo, par la route ouest nous passerons donc… En plus toute la journée d’hier on a vu s’empiler les nuages et passer les trains de grains dans notre nord est: peu engagent. On était juste dans la zone de transition entre les deux systèmes matérialisée par une dorsale, ce qui nous a quand même permis de nous prendre quelques beaux grains accompagnés de pluies diluviennes sans doute pour nous donner un avant goût de ce qui nous attend dans la zone équatoriale…
On a donc mis le clignotant à gauche avant la nuit pour franchir la porte et là, nous sommes vent de travers dans 10 noeuds de vent sur une mer quasiment plate avec un ciel assez dégage. C’est reposant, d’ailleurs nos corps ne s’y sont pas trompés et on s’est octroyé chacun à notre tour un quart couchette de 4 ou 5 heures de sommeil ininterrompu…
Mais, me direz vous, cette première partie a-t-elle été si fatigante que çà? Pas réellement, juste comme un début de traversée habituel où on se contente plus ou moins des 2 heures de sommeil entre chaque quart de nuit additionnées de quelques moments de repos supplémentaires grappillés par-ci par-là au cours de la journée. Ajoutez à çà que nous étions vent arrière dans un vent d’une vingtaine de noeuds très instable en direction (notre trace digne d’un breton en retour de fest noz en témoigne) nous contraignant à des empannages fréquents avec à chaque fois le foc à tangonner et la retenue de bôme à remettre plus quelques réductions de voilure pour parer aux grains. Mais ce n’est que du plaisir: on est en pleine mer, on navigue et on est bien.
La porte de Nord Vanuatu
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