Mardi 16 novembre 2021, les pièces pour le moteur sont commandées, mais elles n’arriverons pas avant au moins 2 semaines. Nous n’allons pas rester attendre tout se temps là dans la fournaise étouffante Tampa Garam et de sa cacophonie de tamtam , d’appel du muezzin, de sermons de l’église pentecôtiste et des karaokés. Nous avons soif de nature et d’eau claire. On s’échappe donc dés que la marée nous permet de sortir de la marina, destination une petite baie tranquille du nord est de Batanta à une vingtaine de milles pour éviter d’avoir trop de route à faire et épargner le moteur et, vous allez voir, nous ne serons pas déçus.

Les grandes filles du coin sont venu saluer notre départ et se baigner dans le bassin, ici pas de maillot on se baigne tout habillé. Elles sont trop mignonnes et font de leur mieux pour communiquer avec l’anglais qu’elle ont appris à l’école, certaines se débrouillent très bien (surtout qu’avec la pandémie les occasions de pratiquer se font rare) d’autres sont limitées au traditionnel « Hello Mister! » mais c’est toujours un plaisir de les voir sourire .
Le vent nous abandonne à mi-parcours et la dernière dizaine de milles se fait au moteur sur une mer parfaitement lisse. Nous jetons notre dévolu sur Mariabio, une petite baie d’aspect tranquille et bien protégée au fond de la grande baie entourant la petite île d’ Ayemi sur la côte est de Batanta. C’est un très joli endroit, super protégé, entouré de forêt vierge avec une vue sur le large. Les habitations les plus proches sont à plus de deux milles, à part les oiseaux (il y en a beaucoup) on entend pas un bruit et cerises sur le gâteau, l’eau est claire sans aucun déchet plastique visible.




Pendant les douze jours que nous serons là nous ne verrons quasiment pas âme qui vive. Quelques locaux traversent la baie une ou deux fois par semaine pour remonter la petite rivière ou aller travailler sur leur jardin potager (une clairière déboisée de l’autre côté de la baie). Seules 2 pirogues sont venu nous voir: un homme avec son fils et deux jeunes qui voulaient troquer des noix de coco contre des cigarettes ou de la boisson (finalement on leur en a acheté 3) mais la conversation est restée très limité à cause de la barrière de la langue .




Les mangroves et la forêt entourant la baie de Mairibio sont l’habitat de milliers d’oiseaux et leur chants nous aide à retrouver le calme et la sérénité que la vie trèpidente de Sorong avait un peu ébréchée. Un cadre idéal pour des vacances bien méritées en pleine nature . Du matin au couché du soleil c’est un vrais concert de sifflement, roucoulement, jacassement et autres croassements et la nuits quand la lune apparait entre les nuages (ou réapparait après l’éclipse totale à la quelle nous aurons le privilège d’assister) le concert reprend de plus belle.



Pour explorer les alentours en respectant le calme de cette belle nature nous gonflons le canoë (réparé à Fulaga) , il fuit encore un peu mais pour les eaux plates de la baie et des mangroves çà devrait le faire.



Tous les matins nous pagayons jusquà notre petite plage située juste après la pointe qui ferme la baie. C’est une petite plage de sable blanc qui émerge même à marée haute et qui est bordée à une vingtaine de mètres du rivage par un superbe récif de corail, idéal pour le snorkeling . Nous nageons une bonne heure émerveillés par la multitude des espèces de coraux et de poissons multicolores. Nous y verrons aussi à plusieurs reprises de belles langoustes cachées sous une patate de corail dans à peine deux mètres d’eau. Sous un autre, nous verrons aussi un beau petit requins à pointes blanches en attendant sans doute le soir pour partir à la chasse. Autre particularité de cette plage privative de rêve, une bonne connexion 4G permettant à Domi de communiquer avec le monde et de suivre les commandes (pièces moteur, plaque inox pour réparer le halebas de bôme) et envois DHL (cartes de credits envoyées de France par Michel) . On arrive parfois à accrocher un peu de réseau au bateau en hissant le téléphone tout en haut du mat mais c’est souvent interrompus.



Autre but de promenade en kayak, les magroves qui bordent la baie et surtout la petite rivière qui les traverse et s’enfonce dans la jungle équatoriale. Nous croisons les doigts pour ne pas rencontrer un de ces crocodiles de mer qui sévissent parait-il dans la région et sont réputé pour avoir une bonne taille.






Nous sommes entourés de toutes sortes d’oiseaux. On les entend tout proche, parfois on en aperçoit quelques uns qui se faufilent dans la frondaisons, on entrevoit ici quelque chose qui ressemble à un pigeon , là à un perroquet, là encore un corbeau ou un merle on voit même un échassier genre héron passer au dessus des arbres oiseaux mais pas moyen d’en photographier un seul, ils sont trop rapides et le feuillage trop dense .







Nous essayons de remonter la rivière jusqu’au pied des collines ou un local nous à fait comprendre qu’on pouvait trouver de l’eau potable. Mais la rivière devient trop peu profonde pour continuer et la jungle qui la borde est tout simplement impraticable.







Non pas que l’eau douce soit un problème ici: pratiquement tous les jours un bel orage passe sur la baie et nous fournit généreusement en eau douce. Jeudi nous en avons même récolté 160 litres en une grosse demi-heure: ici pas besoin de dessalinateur. Douches, lessives, ici pas de restriction d’eau. Nous utilisons aussi cette eau tombée du ciel pour boire , elle manque sans doute un peu de minéraux mais elle est très pure et le kéfir n’a pas l’air d’en souffrir en tous cas il est délicieux et pétille comme un grand champagne. Je fais toujours mon kéfir avec une figue sèche mais mon stock renouvelé en Polynésie est épuisé et à Sorong nous n’en avons pas trouvé, par contre grâce à Noor le chauffeur de taxi nous avons trouver des dattes et pour remplacer nos pamplemousses favoris (depuis les Gambier c’est dur d’en trouver) j’utilise des clémentines citronnées locales qui font très bien l’affaire .



Les cartes de crédits sont arrivées à Sorong au début de la semaine. En allant à la plage Domi à pu téléphoner et à appris que les pièces moteur était en transit à Singapour et pourrait donc être disponibles courant de semaine prochaine. Les fruits et légumes et autres vivres frais sont épuisés et on a commencé à attaquer les conserves. Il serait donc temps de songer à rentrer sur Sorong. On se met d’accord pour un départ dimanche et continuons à nous faire plaisir dans ce petit paradis terrestre croyant disposer encore de plusieurs jours. Mais un matin après le petit déjeuné, en farfouillant dans son ordi Domi s’aperçoit tout d’un coup que nous sommes dimanche et que nous avons déjà passé 2 semaines ici. Pas le temps de se préparer psychologiquement à quitter ce qui restera l’un de nos plus beaux mouillages, c’est le jour prévu, il faut partir. Ni une ni deux nous dégonflons le canoë plions le taud de pluie roulons les tauds de Grand-voile et démarrons le moteur, relevons l’ancre et hissons les voiles pour rentrer vers la civilisation. Heureusement il y a un peu de vent et c’est sous grand spi que nous quittons Batanta.