Nous quittons le détroit de Lambeh à nouveau par le nord pour continuer notre progression vers l’Ouest , le temps est beau avec juste quelques nuages à l’horizon mais rien de bien sérieux .





Un de nos modes de navigation favoris est de faire du cabotage en s’arrêtant dans un mouillage différents tous les jours, nous avions déjà fait cela en Patagonie et nous allons essayé de le faire pour cette partie du voyage .



Première étape, 10 milles au Nord-Ouest de Bitung: Blue Bay à la pointe sud de l’île de Bangka. C’est un très bon mouillage, abrité de tous les vents et de la houle du large .






L’endroit est paradisiaque . Une demi-douzaine de ces genres de grands trimarans à cabanes traditionnels utilisés pour la version locale de la pêche au carrelet encombrent l’entrée mais ne nous empêchent pas d’aller mouiller tout au bout entre un « live aboard » (bateau de plongée) et une jolie goélette. Par contre le fond est à plus de 30 mètres. C’est une première pour nous et Domi doit rallonger nos 75 mètres de chaîne par un câblot textile pour respecter la règle du sacro-saint minimum de 3 fois la profondeur. Domi stress un peu car la manip est délicate et il s’inquiète surtout pour quand il faudra remonter l’ancre, mais il n’y a pas de vent et tout se passera bien , par contre pas sûr qu’on le refasse…




Nous allons à terre pensant peut-être profiter du resto du resort pour s’offrir un petit repas sympa, comme on avait fait à Bitung. Nous abordons en annexe sur la plage et approchons du bar qui se trouve juste sur le bord. Blue Bay Dive Resort est réputé pour ses plongées magnifiques et son cadre enchanteur. Mais pour nous, à peine franchi le muret qui sépare le bar de la plage, c’est « arrêt sur image ». On se fait aussitôt interpeler par une personne vociférant dans un anglais au fort accent germanique qu’elle ne comprend pas comment nous avons pu pénétrer sur son île dont elle nous demande littéralement de « foutre le camp » immédiatement et nous chasse sans ménagement en nous expliquant que son resort est un lieu de quarantaine et que personne ne doit approcher de son île ni de son live aboard (le bateau de plongée mouillé en face). Un paradis privé comme il y en a beaucoup dans le monde mais qui se transforme maintenant en prison pour ceux qui y sont enfermés dans un cadre certes magnifique mais prison quant même et ces quelques touristes privilégiés ne verrons de l’Indonésie qu’une plage de sable blanc entourée d’un massif de corail. Nous comprenons que la gérante de ce centre de plongée veuille à tout prix conserver son label de lieu de quarantaine pour continuer à attirer quelques clients étrangers en ces temps difficiles mais une ou deux pancartes judicieusement placées sur la plage aurait suffit à nous dissuader de débarquer et la situation ne la dispensait de toute façon pas de la plus élémentaire politesse. Nous nous excusons sans approcher plus et repartons illico dans la direction opposée. Je profiterai tout de même d’une rapide plongée libre avant la tombée de la nuit dans le lagon de l’autre côté du resort.


Au matin nous reprenons notre route. Nous faisons l’impasse sur les autres îles qui débordent la point Nord Est de Salwaisi. Les seuls endroits accessibles sont accaparés par des resorts, sans doute aussi transformés quarantaine au paradis).









Nous longeons la côte à moins de 2 milles pour profiter au maximum du paysage. Rêve a Deux glisse sur une mer parfaitement plate par 6 a 8 noeuds de vent.





Si la plupart des resorts ont fait preuvent beaucoup de goût pour l’intégration de leur bâtiments à la nature environnante il en est un qui n’a pas été de main morte dans la direction opposée et a carrément gâché le paysage

Sur notre tribord, côté large, on aperçoit les îles Bunaken et le cône du volcan endormis Manado Tua. Le parc national de Bunaken est un paradis de la plongée célèbre dans le monde entiers pour ses eaux limpides, sa faune sous marine extraordinaire et ses tombants vertigineux. L’à-pic est d’ailleurs tel que pour un bateau comme le notre il est tout à fait impossible d’ancrer où que ce soit dans l’archipel. Le seul moyen d’y aller est par l’intermédiaire de l’un des nombreux centres de plongée.




Le « Cruising Guide Indonesia » nous indiquait un très bon mouillage juste en face dans la baie de Kima Badjo devant d’ailleurs un centre de plongée qui aurait un excellent restaurant est serait très accueillant pour les voileux… Un grain menace quand nous entrons dans la petite baie mais grosse déception, toute la place disponible est occupée par des radeaux de pêche / ou parc à poissons. Pas la moindre chance d’y trouver le moindre espace pour poser notre ancre. Nous ressortons de la baie juste avant la pluie en laissant l’orage éclater derrière nous ouf.




La seule étape restant possible pour ce soir est Manado, capitale de la province de Nord-Sulawesi. C’est une grande ville de sept cent milles habitants. Elle s’étend sur 10 mille le long de la mer, mais à quelques dizaine de mètres de la côte les profondeurs sont vertigineuses et en plus l’immense baie est grande ouverte sur le large. Nous avons beaucoup de chance ce soir, toutes les prévisions s’accordent pour annoncer des vents de terre et une petite houle de Nord Est nous serons donc bien à l’abri.
Il nous faudra longer les 2/3 de la ville pour trouver un fond à peu près plat dans la zone des 20 mètres ou jeter l’ancre pour la nuit. Et çà tombe bien c’est le plein centre ville. On est juste devant le Mac-do et le KFC et il y a un petit escalier pour débarquer. Par contre pas question d’y laisser l’annexe, il y a malgré tout trop de houle. Nous irons donc à terre à tour de rôle. Pour ce soir c’est moi qui vais faire un tour et je vais m’imprégner de la vie citadine pour une heure en essayant de trouver quelque chose à manger qui nous sortira de notre ordinaire et bien que dalle! le super marché Multimart du Mega Mall est très décevant et sur les étalages à moitié vide je ne trouve presque rien .






Dés que le jour ce lève j’amène Domi à terre. Il va chercher du gasoil chargé de ces deux bidons de 20 litres. Il y a 2 station à 500 m du quai, mais celle qui vend le fameux DEX (faible taux de souffre, non subventionné) n’est pas encore ouverte et il doit attendre un peu. Il revient au quai les bras un peu plus long style orang-outan mais il est content d’en avoir trouvé.








Après un petit déjeuné bien mérité et copieux il retourne à terre pour un raid sur le supermarché Jumbo Pasar en espèrant qu’il soit mieux achalandé que le Multimart. C’est fort heureusement le cas et même si le rayon surgelé reste très pauvre au moins le rayon des fruits et légumes est très bien et il y a même du Tofu et du soja frais. Il revient les bras chargés (et qui continue à s’allonger dit-il). Nous sommes sauvés! On pourra manger frais encore une bonne semaine. Il est à peine 10 heures nous pouvons repartir!





Et il est temps d’y aller le vent monte et un orage se profile à l’horizon. La baie est grande ouverte aux vents de secteurs du Sud Ouest au Nord Ouest nous n’aimons pas le petit clapot qui se lève. Bye bye Manado et tes volcans , nous devons continuer.

