On vous le disait dans le dernier article: fini les vacances!

Vous avez peut être l’impression que chaque fois qu’on s’arrête de naviguer quelques semaines c’est pour faire des travaux. C’est tout à fait vrai! Pour des navigations sereines et des traversées sans soucis, un bateau de grand voyage doit être entretenu de façon régulière et approfondie chaque fois que c’est possible et de préférence avant que des problèmes ne surviennent . A titre de comparaison, nous avons parcourus plus de 15 000 milles lors des 12 derniers mois ce qui représente entre 10 et 15 ans d’une navigation estivale semi intensive: il est facile de comprendre les besoins d’entretien et de renouvellement que cela entraine. En Nouvelle Zélande nous avions mis l’accent sur le gréement, les voiles et le pont. Plus récemment à Sorong c’est le moteur et les panneaux solaires qui nous avaient occupés. Cette fois-ci, comme nous nous préparons à la traversée de l’Indien et la remontée sur l’Europe, il est temps de se pencher sur ce qui se passe sous la ligne de flottaison. Après 4 ans de navigation sans chantier important la liste des travaux est longue:
- Le CopperCoat: antifouling (protection sous marine contre les algues et coquillages) semi permanent nous a donné entière satisfaction, depuis 4 ans. Nous naviguons toujours avec une coque parfaitement propre et de plus en plus lisse. Mais aux endroits les plus souvent nettoyés il commence à s’user, en remettre quelques couches nous assurerait une protection encore plus durable.
- Le joint de quille avait été fait au mastic souple genre sikaflex est abimé par endroits on va le refaire mais cette fois ci à l’époxy
- Les rotules/paliers de safran: après 5 ans et plus de 40 000 navigués, ils ont pris du jeux, rendant la barre moins agréable et moins précise, sollicitant davantage le pilote et grinçant dans les mouillages un peu rouleurs. Il est temps de les changer
- Le saildrive: les anodes sont à changer, la peinture à refaire, les joints spie de l’arbre à remplacer et les roulements à caler.
Et bien sûr tous ces travaux sont à faire sous le bateau! Il nous faut donc être sur la terre ferme






Medana Bay est la seule marina d’Indonésie à pouvoir sortir un bateau avec une quille profonde à bulbe comme le notre . Il sont équipés d’une remorque élévatrice hydraulique (slipway trailer) permettant de sortir n’importe quel type de bateau à partir d’un plan incliné. C’est l’endroit idéal pour ce type de travaux.

La Marina est aussi un hôtel, le parking à bateau est une grande pelouse entouré de cocotier et à la fin de la journée de travail on peut aller nager à la plage avant de se doucher et d’aller manger au restaurant de l’hôtel. Un cadre beaucoup plus agréable et relaxant que tous les chantiers ou nous avons pu passer en Europe ou dans le pacifique.

Et ce n’est pas seulement le cadre: çà tient surtout à Peter ancien ingénieur des mines et propriétaire du chantier qu’il dirige avec compétence et dévouement, Soraya, sa fille qui gère le resort et à qui on peut tout demander (même une livraison de CopperCoat …) et tout le staff de l’hôtel et du chantier, de la cuisinière au conducteur du tracteur qui sont d’une compétence et d’une gentillesse exceptionnelle.






Et puis c’est un lieu de rencontres fantastiques. Depuis notre départ de Sorong en janvier, les seuls contacts que nous avons pu avoir étaient avec des Indonésiens ce qui s’est avéré très enrichissant mais les discussions entre navigateurs nous manquaient un peu. En plus les quelques plaisanciers présent à Medana Bay ont tous vécu des aventures maritimes passionnantes.

A commencer par notre ami Pablo le navigateur argentin et son OVNI39 Manragore qui est venu dans le pacifique par le passage du Nord-Ouest (en deux tentatives: lors de la première il perdra son bateau broyé par les glaces). Phillipe, l’ornithologue Allemand sur son Parotia un bateau hollandais en acier à toute épreuve. José et Nathalie sur Nomad, partis de La Réunion depuis 10 ans, ils ont fait du convoyage pendant plusieurs années entre la Malaisie et la Thaïlande et quand ils sont repartis c’était pour se retrouver bloqués ici 2 ans par le COVID et ils en ont profité pour remettre leur bateau en état. Ivy, Martin et Mederik venu pour convoyer Soul Sacrifice, le catamaran d’un ami, immobilisé dans le chantier depuis 2 ans, jusqu’en Australie et qui a du être remis en état de fond en comble avant de pouvoir renaviguer. Adam et Emily, les surfeurs californiens venus il y a deux ans à Bali après un tour complet de l’Amérique du Sud en camping car avec leur enfants, sur un coup de tête ils ont acheté un bateau et apprennent à naviguer entre les îles , Ils passent au chantier pour une remise en état express de Wedimynd. Adam et Deborah deux retraités de Norwich (Est de l’Angleterre), qui avait laissé leur bateau à Medana Bay début 2020 pour rentrer en Angleterre, un voyage à l’origine prévu pour quelques semaines et qui c’est transformé en plus de 2 ans en raison de la Covid les contraignant maintenant à une remise en état complète après cette immobilisation prolongée. Plusieurs autres bateaux dont les propriétaires sont revenu récemment sont d’ailleurs dans le même cas voire bien pire.












A ce sujet, en écoutant les histoires horribles de tout ceux qui ont dû abandonner leur bateaux plusieurs mois dans cette marina de rêve ou ailleurs pendant cette crise sanitaire, nous sommes vraiment content de n’avoir pas eu la possibilité de le faire: entre les cafards, les fourmis les termites, les souris ou les rats, grignotant tout à bord les guêpes, abeilles et autres mouches maçonnes obturant les canalisations et échappement moteurs, la moisissure salissant tout en causant souvent des dommages irrémédiables aux voiles aux vêtements et aux aménagements quand ce n’est pas les moteurs hors d’état faute d’avoir tournés régulièrement et les voiles brûlées par le soleil, les retours à bord sont très douloureux.








Lors de l’une de ces discussions autour du repas du soir nous apprenons que l’hôpital local de Tanjung dispose de vaccins Pfizer alors que partout où nous sommes passés ils n’utilisaient que les Sinovac ou Sinopharm non reconnu en Europe et dans beaucoup de pays. Dés le lendemain on passe donc à l’hôpital et en 10 minutes montre en main nous ressortons vaccinés et nos carnets de vaccination dûment tamponnés. Au moins on sera en règle pour la suite de notre voyage.





On fait aussi une journée courses à Mataram la capitale de l’île de Lombok, essentiellement pour acheter des fournitures pour les travaux mais aussi de l’alimentation et accessoirement une courte visite aux artisans qui travaillent le bambou. La route entre Tanjung et Mataram traverse une zone de forêt montagneuse et passe un col d’où on a un superbe point de vue sur la vallée et la côte. L’endroit est peuplé de très nombreux singes en quête de fruits ou de friandises jetés par les passants.








Et les travaux me direz-vous? çà se passe bien merci! Les petites réparations de la quille au mastic et à l’enduit se font sans problème après un bon décapage. Comme la coque est déjà recouverte de CopperCoat et qu’elle est très propre et en bon état on a juste besoin d’un léger ponçage suivit d’un bon lavage pour appliquer les nouvelles couches. Bien sûr c’est un peu compliqué de faire de la résine époxy (la base du Coppercoat) quand il pleut tous les jours, fait 35°C et 99% d’humidité relative.

Mais à l’aide d’une voile de rechange et de bâches plastiques achetées chez le quincailler du coin on arrive à se protéger tant bien que mal. Comme il faut appliquer les quatre couches « dans la foulée » et que vu la température la résine prend très très vite on divise la coque en 5 zones de surface à peu près égale que l’on fera à raison d’une par jour avec un intervalle de 2 jours pour laisser la résine polymériser complètement et pouvoir déplacer les bâches. Domi applique le produit au rouleau laqueur et je prépare les mélanges résine + durcisseur + poudre de cuivre à la balance de précision, 100g de résine à la fois pour ne pas en gaspiller si elle prend trop vite. L’embase du sail drive et l’hélice seront traitées de la même manière après un bon décapage et 3 couches de primaire époxy anti corrosion.



Pendant ce temps les rotules de safran on été commandées chez le fournisseur en France. Il doit les fabriquer spécialement avant de les expédier mais bon, il ne faut que quelques minutes pour les remettre en place, du moment qu’elles arrivent avant qu’on ait fini tout le reste, pas de soucis. On avait aussi commandé un nouvel IridiumGo en Angleterre pour remplacer le précédent détruit par le gonflement de sa batterie, il est arrivé en moins de 10 jours et on a payé la taxe d’importation directement au chauffeur d’ojek venu le livrer espérons que çà se passe aussi bien pour les rotules!
à suivre….