



Lundi 25 avril 2022, après plus d’un mois de travaux à terre, l’envie de naviguer nous démange. L’idée générale est d’aller jusqu’à Komodo mais avant nous voulons voir la côte Sud de Lombok. On commence doucement, les dernières courses effectuées et les passeports avec nos nouveaux visa prolongés récupérés, il est déjà 16:00 : juste le temps d’aller jusqu’à Gili Air pour passer la nuit. Le lendemain matin sans aller à terre (Domi n’est pas emballé par l’aspect station balnéaire de Gili Air) nous profitons du vent favorable pour aller vers le sud de Lombok. Le spi est hissé rapidement et c’est à plus de 8 noeuds que nous voyons la côte défiler. Première escale avant de sortir du détroit, Gili Asahan moins connue que sa voisine Gili Gede mais tout aussi belle. Le mouillage est bien protégé et les corps-morts pour l’équivalent de 3 Euros la nuit, pas de quoi s’en priver. Pas loin, on aperçoit Nomad mais José et Nathalie ne sont pas à bord. A peine sur la plage, nous tombons sur Marcel, un Quebequois qui vient de convoyer un bateau depuis la Thaïlande et qui a comme nous passé pas mal de temps à Abu Dhabi. Nous passons la soirée avec lui au resto du resort en échangeant nos souvenirs du désert.

Le lendemain nous avons à peine le temps de passer saluer José et Nathalie immobilisés là par une panne moteur, avant de partir tant l’appel du large se fait pressant.

Il y a peu de vent mais le courant aidant la sortie du détroit de Lombok se fait tranquillement. Nous entrons enfin dans l’Océan Indien, notre troisième de cette circumnavigation. Il nous accueille à bras ouverts avec sa grande houle très longue. La côte sud est faite d’une alternance de haute falaises déchiquetées et de grandes plages de sable blanc ou la houle vient se briser en superbe rouleaux même par temps calme comme aujourd’hui, un paradis pour le surfeurs.






Nous tirons nos premiers bords dans cet océan que nous espérons traverser bientôt…




La première grande baie de cette côte, Teluk Sepi, est un mouillage parfait. Bien protégée de tous les vents, une dizaine de mètres de fond de sable, c’est là que nous passerons cette nuit. L’entrée est un peu délicate car il faut slalomer entre les très nombreux radeaux utilisés apparemment pour la culture des algues heureusement il fait encore bien jour quand nous arrivons.
Jeudi matin nous repartons vers l’est toujours en tirant des bords dans un vent modéré sur cette grande houle. Objectif d’aujourd’hui, Teluk Gumbang. Très large entrèe mais ici aussi encombrée de radeaux. En plein milieu de la baie il y a un magnifique rouleau ou jusqu’à la tombée de la nuit de nombreux surfeurs s’amusent. Mais de chaque côté de cette vague le plan d’eau est parfaitement calme. Nous choisissons la branche Est avec l’intention d’aller faire une promenade dans le parc naturel qui occupe la péninsule demain matin. Mais la baie à du s’ensabler depuis que la carte du Cruising Guide Indonesia a été éditée nous contraignant à mouiller très loin du fond de la baie. Trop loin par le vent qui souffle ce vendredi matin.
Nous repartons donc sans être descendus à terre. Il y a plus de vent que les jours précédents et en début d’après-midi nous devons même prendre le premier ris en commençant la remontée du détroit entre Lombok et Sumbawa. La côte Est de Lombok est plutôt basse et plate alors que de l’autre côté se découpe de hautes montagnes. Les mouillages suggérés dans le guide sur la côte Ouest de Sumbawa ne nous emballent pas. Soit ils ne sont pas protégés de la houle du large soit ils sont occupés par le terminal d’une compagnie minière mais rien n’est proposé sur la côte de Lombok. En cherchant un peu sur les images satellites, on finit par dénicher une baie qui semble bien abritée côté Lombok dans l’espace entre la péninsule de Tanjung Cumi et les îlots jusqu’à Pulau Maringki (Gili Maringkik). Le village qui occupe toute la petite île semble tout droit sorti d’un conte des milles et une nuits ou des histoires de Simbab le Marin avec sa mosquée au dôme doré qui le surplombe. Mais il y a des dizaines de bateaux de pêche mouillés là et là où il n’y en a plus il y a trop de fond pour ancrer par contre côté péninsule, dans l’une des petites rias découpées entre les ondulations des champs de maïs on trouve rapidement notre bonheur entre deux constructions de pêche au carrelet (le filet pas le poisson) qui sont ici fort heureusement des constructions en bambou plantés dans le fond et non des bateaux ancrés comme c’est souvent le cas dans ce pays… En plus pour un fond de baie l’eau est plutôt claire nous y passerons l’une de nos nuits les plus paisible (pas de haut parleur de mosquée ici).
Samedi 30 avril, le plan pour la journée est de remonter tous le détroit (Selat Alas) et trouver un mouillage côté Sumbawa quelque part du côté de Poto Tano. La matinée est cool, le vent est faible mais suffisant pour contrer le faible courant et son orientation Nord-Ouest nous permet de bien progresser sur la route en restant sur un seul bord. Les choses se corsent un peu en arrivant dans la partie la plus étroite du détroit devant Pulau Belang, le vent se renforce certes un peu mais le courant aussi (jusqu’à 4 nœuds) et les deux sont maintenant pile dans l’axe. Nous multiplions les virements de bord pour profiter de chaque refusante et gagner sur la route mètre par mètre. On aurait bien aimer pouvoir faire quelques courses avant le long weekend de la Eide marquant la fin du Ramadan (Idul Fitri en Indonésien) ou tout sera fermé. Mais le plan d’eau autour du village de Poto Tano n’est rien d’autre que le terminal des ferry dont les rotations incessantes rendent le mouillage très désagréable, tant pis, on survivra bien jusqu’à jeudi avec ce qu’il nous reste! Il fait presque nuit quand nous ancrons sur une petite étendue de sable à 18 mètres de profondeur entre les îlots de Pulau Mano et Pulau Talong, il y a du courant et on est un peu exposé: pas forcément le mouillage idéal s’il y a du vent mais rien de tel n’est prévu pour la nuit.




Dimanche nous partons de bon heure pour être sûr d’arriver avant la nuit à Pulau Moyo à 45 milles dans un vent faible et un courant contraire. Le vent s’établit fort heureusement dans l’après-midi et nous permet d’arriver à temps pour choisir le bon endroit pour mouiller notre ancre. L’île de Moyo est magnifique (c’est une réserve naturelle) mais sa côte est bordée de coraux tombant à pic sur des fonds de plus de 100m il faut trouver le petit coin de sable pas trop profond et pas trop près de la côte ni des récifs pour pouvoir éviter (tourner avec le vent). Le lendemain matin un vent de sud d’une quinzaine de nœuds s’est levé parallèle à la plage, il faut y aller.
Toute la matinée le vent de travers nous propulse rapidement et dans la bonne direction. On passe entre la terre (Sumbawa) et le volcan Satonga dont le cratère est rempli par un lac d’eau turquoise. On aurait bien aimer s’y arrêter mais le mouillage n’est pas du tout protégé et les mouillages indiqués dans le guide sur la côte face à l’île sont aussi ouverts à la houle, ont une trop grande profondeur trop près du bord et sont devant des plages de villages constellées de déchets de toute sorte.
Qu’à cela ne tienne : on continue, rien de tel qu’une petite nav de nuit pour se remettre en jambes. Bon ! Sauf qu’entre temps le vent à encore tourné et qu’on se retrouve à tirer des bords. Toute la nuit le vent n’arrêtera pas de changer, et on alternera les virements de bord, prises de ris et renvoi de toile, pendant un moment on devra même remplacer le foc par la trinquette dans un grain d’orage.(Le bateau est bien rincé c’est toujours ça de pris) Le matin tout est rentré dans l’ordre, le jour se lève sur le double cône du Bantoh et une gentille brise de sud nous propulse à 7 nœuds sur une mer plate vers les falaises de Banta et les sommets pelés de Komodo…Quelle récompense!
