Mardi 3 mai 2022, baie de Batu Montjo, île de Koodo, Les collines arides et escarpées parsemées de roches rouges, ocres ou beiges affleurent les pentes abruptes qui entourent la baie lui donne un aspect grandiose et hors du temps, très différent de tous les paysages que nous avons pu voir dans cette Indonésie qui nous semblait jusqu’ici toujours couverte d’une jungle verdoyante impénétrable. On imagine facilement les fameux varans, ces lézards monstrueux, véritables fossiles vivants (contemporains des dinosaures), appelés ici dragons de Komodo, qui ont fait la célébrité de l’île, se cachant dans ce paysage austère pour épier notre arrivée. Nous mouillons l’ancre par 16 mètres dans une eau calme et transparente devant la plage et bien sûr nous sommes seuls !. Nous sommes en tout début d’après-midi, le temps de nous restaurer et nous descendons faire un tour à terre. Pas de traces de varan mais la plage et recouverte de déchets de toute sorte. Une petite séance de snorkeling nous fait découvrir le beau récif ou s’ébattent des poissons de toutes couleurs mais là encore dès qu’on s’approche de la plage, les fond sont recouverts de déchets plastiques. A part les rares voiliers qui viennent parfois mouiller ici, il n’y a pas de touristes dans cette partie du parc naturel, il n’y a pas non plus de ville ni de village à proximité, ces détritus viennent donc de tout le pays, portés ici par les courants marins, c’est une vrai catastrophe, il est plus que temps que les autorités prennent les mesures nécessaires !
























Nuit paisible, à terre on entend des grognement bizarre, sans doute des varans en maraude. Au matin nous repartons en logeant la côte nord de l’île. Nous croisons plusieurs bateaux de plongée devant la superbe Gili Lawa Laut, où il est parait-il désormais interdit d’ancrer pour préserver les coraux. Nous avons choisi la baie de Loh Gebah juste de l’autre côté qui est bien abritée et où il devrait il y avoir des corps morts. Il y a effectivement 2 corps morts mais les haussières sont complètement pourries, enfin pour une nuit sans vent, çà devrait faire l’affaire, d’ailleurs, dans la soirée un gros « live aboard » (bateau locaux traditionnels qui font des mini croisières dans l’archipel) faisant au moins 5 fois notre poids viendra s’amarrer à la deuxième bouée que nous avions considérée vraiment trop limite pour Rêve à Deux. L’après-midi on explore un peu la mangrove et la plage qui semble plus propre que la précédente mais le récif en bordure est lui aussi très affecté par les déchets plastique. On aperçoit quelques cochons sauvage (l’un des mets préférés des varans) mais ici non plus pas de trace de dragons, que des bruits suspectes.
Au matin nous avons la visite des rangers. Nous sommes dans le parc et il faut passer à leur bureau pour payer l’entrée (150 000 rp par personne + 100 000 pour le bateau soit environ 25 euros). On leur explique qu’on s’en va pour faire les provisions à Labuhan Bajo, mais rien à faire il faut payer. De peur qu’on s’éclipse en douce avant de payer (ou peut être par pure gentillesse) ils amènent Domi dans leur bateau rapide jusqu’au bureau du parc sur Gili Lawa Darat à un gros mille de là. 20’ plus tard il est de retour à bord.




Les jours fériés de la Eide sont terminés Il est temps d’aller refaire nos provisions, nous mettons le cap sur Labuhan Bajo, l’une des villes principales de Flores et plaque tournante du parc de Komodo. Le port de Labuhan Bajo est situé sur le bras de mer séparant la petite île de Bajo de Flores. La ville a manifestement fait de gros efforts au niveau de l’architecture et de l’aménagement du front de mer autour du port. Le port lui-même abrite des dizaines et des dizaines, peut-être même des centaines de « liveaboard » (voir plus haut), tous construits sur la base de bateaux de travail traditionnels en bois mais dont les superstructures ont été revues pour l’hébergement et le confort des passagers dans un grande variété design allant du cossu le plus classique aux concepts les plus improbables faisant planer un fort doute sur leur comportement à la mer. Malgré la période festive et l’afflux de touristes locaux et asiatiques la grande majorité des bateaux restent encore au mouillage. C’est entre 2 de ces vaisseaux qu’on nous indiquera une bouée libre, le marin nous aidera d’ailleurs très gentiment à passer nos haussières. La ville est entièrement tournée vers le tourisme, centre de plongée, agences de voyage proposant des mini croisières, bars et restaurants, magasins de mode. On trouvera quand même 2 supermarchés à l’assortiment classique. Le marché au poisson dont la halle est pourtant pratiquement neuve est d’une saleté repoussante par contre le marché au fruits et légume de Wae Kesambi (15-20’du port en taxi) est très appétissant et super bien achalandé.




















Après une nuit sur ce mouillage, les « live aboards » qui rentrent commencent à nous faire sentir qu’ils aimerait bien utiliser le corps mort que nous avons emprunté, aussi, sitôt nos courses terminées nous repartons pour l’île de Rinca qui fait aussi partie du Parc Naturel de Komodo. Il paraîtrait qu’il y a là bas plus de dragons que sur Komodo proprement dite et qu’ils seraient beaucoup plus facile observer. Nous arrivons à l’anse de Loh Buya, nous attendant à la trouver bondée mais surprise à part 2 ou 3 pirogues de pêcheurs amarrées au ponton, nous sommes seuls. Il est 17 heures, le parc fermant vers 16:00 tout le monde à déjà du repartir pensons-nous. L’endroit est très beau et parfaitement protégé on verra bien demain quand ils ouvriront.
Mais juste avant que la nuit ne tombe tout à fait 4 rangers sur leur bateau viennent nous voir. Leur moteur fait des siennes et ils ont toutes les peines du monde pour nous accoster. Quand finalement ils y arrivent ils nous disent que le parc est fermé et qu’il faut qu’on parte tout de suite. On leur dit qu’il fait déjà presque nuit et qu’on ne pourra pas trouver un autre mouillage dans l’obscurité. Après quelques tergiversations ils acceptent que l’on reste en nous faisant promettre de repartir au plus tard à 8:00 demain matin, de ne prendre aucune photo de l’endroit et de ne dire à personne que nous avons passé la nuit ici, le projet de construction en cours doit rester secret. De quoi s’agit-il ? D’une base militaire stratégique ? d’une centrale nucléaire ? Renseignement pris, ils sont en fait en train de construire un parc d’attraction sur le thème de Jurrassic Parc en utilisant le renom des dragons de Komodo et une bonne partie de leur territoire. Vous avez dit parc naturel et protection des espèces en voie d’extinction???…





direction de la baie de Loh Liang sur Komodo ou se trouve l’entrèe pricipale du parc. Il n’y a pas un souffle d’air et la mer entre les îlots brille comme un miroir ce qui rend les turbulences provoquées par le fort courant encore plus impressionnant heureusement il est dans le bon sens. Finalement un peu de vent se lève au milieu de ce court passage et c’est à la voile que nous entrons dans cette grande baie.
Une très longue jetée a été aménagée pour accommoder les nombreux bateaux de touristes. Pour l’instant il y en a déjà une quinzaine mais on en voit qui arrive toutes les 5’. Nous jetons l’ancre pas loin du quai et nous rendons à terre aussitôt. Il y a déjà beaucoup de monde. La porte à peine franchie on nous attribue un guide mais avant de commencer la visite il faut payer notre entrée : 150 000rp et 100 000rp de taxe gouvernementale par personne, 100 000rp pour le bateau et 120 000 pour le guide (soit 720 Krp environ 45 EUR) pour ce prix le fonctionnaire nous confirme qu’on pourra passer la nuit à l’ancre. Le parc propose en principe 4 sentiers pour les visites. Un court d’environ 30’ , un moyen d’à peu près une heure, un long de 3 heures et la piste dite « aventure » pour la journée ou plus si on campe. Mais toute de suite le guide refroidit notre ardeur la piste longue et la piste aventure sont fermées pas ordre du gouvernement. Le circuit court est encombré par tous les touristes des tours opérators qui veulent boucler la visites en un minimum de temps. Allons donc pour la piste moyenne mais il nous faudra vraiment traîner les pieds pour la faire durer toute une heure, à la fin notre guide commençait d’ailleurs à s’impatienter en pensant au nombre de tours qu’on lui faisait manquer (ils sont payés 60 000rp par visite et par groupe de maximum 5 personnes quelque soit l’itinéraire choisi, tant qu’il y a des touristes qui arrivent sur l’île, ils n’ont donc aucun intérêt à trainer en route…) .














Bon assez craché dans la soupe, on verra tout de même 5 dragons dont un gros entourés de 50 touristes, mais le clou de la visite est sans doute cet oiseau jaune (Kapodang) et cette araignée très spéciale. Près de la plage on verra aussi de nombreux cervidés que l’on soupçonne être attirés là volontairement par du fourrage ou de la nourriture pour « fixer » quelques dragons sur place et satisfaire ainsi les touristes.










Nuit à l’ancre de l’autre côté de la baie devant une plage tranquille (après 16:00 tous les touristes sont repartis) ou s’ébattent des cochons sauvages. On entendra aussi les même grognements qu’à Batu Montjo et notre guide nous a confirmer hier qu’ils sont bien des cris de varans…




Lundi 9 mai, le but de la journée est de faire le tour de Komodo par le Sud et l’Ouest pour aller passer la nuit à l’ancre dans l’immense caldera de l’île de Banta. Pas de soucis pour arriver à Pulau Lankoi à l’extrême sud-Ouest de Komodo mais là, nous rencontrons un courant contraire allant jusqu’à 5 nœuds que les 7 nœuds de vent ne suffisent pas à étaler et nous devons appuyer au moteur. Heureusement après quelques milles le courant diminue et nous pouvons progresser normalement non sans essuyer un bel orage au passage.
Le soleil se couche quand nous arrivons à Banta et le vent de Nord Est de 8 à 10 nœuds qui souffle depuis quelques heures a levé une petite houle qui rentre directement dans cette grande baie très ouverte. Les falaises tombent à pic dans la mer et il n’y dans la baie que 2 ou 3 terrasses de sable tout près du rivage ou la profondeur n’est pas trop grande pour mouiller. Pas les conditions idéales, donc, pour une nuit tranquille. Nous décidons de profiter de cette petite brise pour continuer notre route.






La nuit se déroule en une alternance de voile et de moteur dans un vent plutôt faible et très variable en direction puis tombe complètement. Il y a beaucoup de dispositifs de pêche mais ils sont tous bien éclairés. Au matin nous sommes par le travers le la pointe Juli. Nous décidons de faire une pose dans la baie de Kilo qui semble assez bien abritée en attendant que le vent se lève. Kilo est un très bon mouillage par vent de Nord Est à Sud mais la plage est très sale et l’endroit n’est pas joli heureusement les gamins qui viennent nous voir sont adorables. Cette escale nous confirme ce que nous avions identifié à l’aller: la côte nord de Sumbawa est assez belle vue du large mais dispose de peu de mouillages sûrs et encore moins qui présentent un intérêt touristique.

Vers 17 heures le vent se lève et nous repartons. Timide d’abord, il se renforce rapidement jusqu’à 25 nœuds au large de la point Katupa nous contraignant à réduire la voilure. Mais en un peu plus d’une heure les conditions redeviennent plus clémentes et c’est vent de travers dans une gentille petite brise que nous arrivons à l’île de Medang à l’heure du petit déjeuner. Nous ancrons dans la baie au nord-Ouest de l’île. L’eau est bleue limpide parfaitement transparente, à 15 m nous voyons parfaitement l’ancre sur le fond.
A peine ancré nous avons la visite d’Adnan. Lui et sa mère nous ont vu arriver depuis le village (plus à l’est) quand nous longions l’île. Il a tout de suite mis sa pirogue à l’eau et déplié sa voile pour nous rejoindre. Il nous apporte 2 superbes noix de coco en guise de bienvenue. Il ne veut pas qu’on les lui paye, c’est cadeau ou plutôt il aimerait bien qu’on lui donne des choses dont ils ont besoins sur l’île. Finalement il repart avec du riz, un tuba pour la chasse sous-marine des lunettes de soleil pour sa sœur et des lunettes de lecture pour sa mère qui aime bien lire.





Enfin d’après-midi, encore une fois pour profiter des vent favorables de la soirée, nous levons l’ancre destination cette fois-ci Lombok et un endroit que nous connaissons bien : Medana Bay pour une courte escale ravitaillement et lessive.