Reconnaissance côtière autour de Bali

Notre séjour à MedanaBay sera cette fois-ci très bref. Le temps de faire la lessive (8000rp/kg à la marina) et les courses chez un marchand de légumes hindou très bien achalandé à Tanjung (plus rapide, plus propre et pas beaucoup plus cher que le marché traditionnel) et nous sommes repartis toujours cap à l’Ouest. Nous sommes partis avec un petit passager clandestin : une chauve-souris fructivore (fruit bat) c’était cachés dans le foc enroulé, on a eu beaucoup de mal à la convaincre de lâcher la voile et de s’envoler pour la terre.

On nous avait parlé de Lovina comme étant une escale fantastique, nous allons donc voir çà. Il est 6:30 heures le vendredi 13 mai 2022 quand nous quittons le mouillage de Medana pourtant les brises évanescentes ne nous permettrons pas de couvrir les 75 milles du parcours avant la nuit et loin sans faut. Au large de la côte nord de Bali il y a de nombreux dispositifs de concentration de poisson. Certain sont bien éclairés beaucoup mal et certains pas du tout. C’est donc au radar que nous nous frayons un chemin. Fort heureusement la mer et parfaitement plate et ces petits radeaux de bambou nous renvoie des échos étonnamment clairs mais nous savons qu’à la moindre vague ils deviendrons parfaitement invisibles.

Il est minuit quand nous arrivons à Lovina (de son vrai nom Kalibubuk) La large baie aux fonds remontant tout doucement vers la plage ne pose aucun problème pour une arrivée de nuit surtout qu’il n’y a aucun autre bateau d’ancré.

La première chose qui frappe quand on descend à terre c’est les fioritures et autres scultures d’inspiration hindou qui ornent tous les bâtiments fussent-ils temples, commerces restaurants ou maisons d’habitation. Chaque île d’Indonésie est vraiment un pays à part ! La deuxième chose c’est le désespoir des habitants qui ont dû survivre tant bien que mal à ces deux années de COVID,eux dont l’économie est entièrement basée sur le tourisme. Du coup ils sautent littéralement sur le premier étranger qu’ils voient (aujourd’hui c’est nous:() pour lui vendre des bijoux traditionnels, des perles, des fruits, de la boisson, une promenade en bateau pour aller voir les dauphins ou en voiture pour aller voir les cascades ou des temples et il est très difficile de leur faire lâcher prise et de les convaincre que pour l’instant on veut juste se dégourdir les jambes le long du bord de mer. Pour les chutes d’eau et les temples on aura tout le temps d’en faire la tournée avec nos amis Régine et Michel à la fin du mois.

Quelques courses chez Pepito un super marché de type occidental relativement bien achalandé mais sans plus (pour l’Indonésie jusqu’à présent la palme revient toujours au Saga de Sorong) plus pour voir ce qu’ils avaient que par réel besoin. L’après midi nous vidons les jerrycans de gasoil qui nous restent dans le reservoir et allons à terre pour les remplir. Aucun problème pour trouver une voiture et un chauffeur mais les stations du coin ne vendent que du Solar (bio diesel à l’huile de palme, très mauvaise combustion) ou au mieux du DEXlite (jaune foncé et très gras) il faut aller jusqu’à Seririt à 15 km de là pour trouver du DEX (le carburant diesel le plus propre disponible dans le pays, équivalent de notre Euro 4) Nous en ramenons 165 litres il fait déjà bien nuit quand le dernier Jerrycan est rangé au fond du coffre. Ce sera toujours çà de moins à faire avant notre grand départ le mois prochain.

Dimanche matin nous levons l’ancre direction la pointe Ouest de l’île. Le vent est faible mais on a tout le temps alors on s’amuse à chasser les risées . Il est 17:00 quand nous ancrons au milieu de la petite baie de Banyuwedang. C’est une très jolie baie parfaitement protégée de tous les vents, on y rentre par une passe étroite mais sans danger, elle est entourée de mangrove et de collines boisées. La vue depuis le mouillage est époustouflante, à l’Ouest le sommet des volcans de Java flamboient dans le soleil couchant, du sud et à l’Est les sommets découpés des montagnes de Bali sont mis en valeur par les derniers rayons. Dîner au restaurant du Menjangan Dynasty resort, sur la plage. Décors superbe mais repas décevant, prix élevés et portions à peine suffisantes pour une midinette anorexique.

Toute la péninsule et l’îlot de Menjangan à l’ouest de la baie constitue le parc naturel de Bali Ouest et l’accès en est maintenant très réglementé, pas question d’y aller sans ticket d’entrée (après Komodo on a l’habitude) et surtout sans prendre un guide.

On décide de se contenter de profiter de la baie. Ballade à terre jusqu’aux sources chaudes (une piscine aux allures de temple hindou) mais on avait oublié de prendre nos maillots.

Mardi 17 nous décidons de repartir vers Denpansar pour remettre nos passeports à notre agent/sponsor Bisavisa pour la dernière prolongation de nos visas.

Nouvelle étape à Lovina pour la soirée et la nuit. A peine ancrés nous avons 3 propositions pour aller voir les dauphins….

Au matin à huit heure nous mettons les voiles. Le vent nous rejoint avant la pointe pas tout à fait face à la route directe mais il y aura des bords à tirer. Au passage de la pointe Bungkalang le vent monte d’un cran nous contraignant à prendre un ris que l’on enlève très rapidement. Toute la journée nous progressons bien le long de la côte qui est très belle. C’est intéressant de voir de jour tous ces radeaux que nous avions aperçu de nuit à l’aller. En fin d’après midi nous sommes devant Ambat ou nous voyons des dizaines de pirogues traditionnelles partir vers le large avec leur voile triangulaire de couleur puis revenir vers la terre.

Nous sommes en avance sur le routage de ce matin, si on continue comme çà on arrivera de nuit à Serangan ce qui nous parait un peu risqué. Mais la mer très confuse sur la pointe Nord Est de Bali ne permet pas réduire vraiment la vitesse sauf à s’arrêter complètement. Nous en sommes encore à chercher une solution confortable quand le courant s’inverse brutalement. Nous avons maintenant plus de 4 nœuds de courant contre nous ! Le problème n’est plus du tout de ralentir mais d’aller le plus vite possible pour l’étaler. Toute la nuit nous progresserons péniblement mille par mille long de la côte Est de l’île, en compétition avec un remorqueur et sa barge sur des trajectoires pour le moins bizarre.

Au lever du jours nous sommes au nord de l’île de Lembongan, soit une progression de 15 milles en 8 heures, quand finalement le courant s’inverse avec la marée et les derniers milles sont avalés rapidement.

La passe d’entrée de la baie de Serangan est facile et bien balisée. La baie est complètement remplie de «live aboards» dont beaucoup sont manifestement en travaux. Après avoir tourné en rond pendant un moment nous trouvons finalement un corps mort libre que les bateaux voisins nous confiment qu’on peut utiliser. Le village de Serangan très active malgré le peu de touristes est plutôt une bonne surprise avec ses ruelles bordées de temples et le canal séparant la presqu’île de l’îlot voisin réserve de tortues.

Il y a parait-il un hypermarché carrefour à Denpensar nous y rendons en taxi (taxis Blue Bird, on réserve grâce à une application sur le téléphone et on paye ce qui est indiqué au compteur à la fin de la course – plus la peine de marchander avant de monter) pour voir ce qu’on pourrait y trouver pour remplir notre cambuse avant la traversée de l’Océan Indien. Transmart Carrefour est un centre commercial affligeant, c’est immense mais il n’y a pas grand-chose. Il faut chercher un moment pour trouver un logo carrefour quelque part. De prime abord çà ressemble à un Carrefour normal avec son rayon électroménagers, vêtements et son espace gigantesque consacré aux denrées alimentaires sauf qu’il n’y a aucun choix, seules des piles de quelques produits identiques remplissent le gondoles avec pratiquement aucun produit occidentaux, australiens ou même asiatiques : en résumé à peu près la même chose que dans n’importe quel supérette Indomart mais à des prix plus élevés.

Notre mission principale pour la journée est de remettre nos passeports à notre agent (appelé ici sponsor) pour le renouvellement des visas. Il est un peu débordé et ne peut venir les chercher nous convenons donc d’aller les lui remettre au bureau de l’immigration qui est de l’autre côté de la ville. Denpensar ressemble plus à une vrai ville que la plupart des endroits ou nous sommes passés. Maisons et édifices aux styles bien particuliers, avenues bordées d’arbres, marchés et commerces, l’atmosphère semble plutôt agréable.

Avant de rentrer au bateau nous allons nous offrir un excellent homard à l’ail et un mérou grillé dans un restaurant de Serangan (tous deux délicieux, les serveurs étaient très gentils mais ne connaissaient vraiment pas le métier) puis nous flânons dans les ruelles et assistons au coucher de soleil sur la lagune.

Rentré au bateau nous étudions les possibilités qui s’offrent à nous. Le port est manifestement plein et nous ne savons pas combien de temps nous pourrons utiliser cette bouée, ce matin en arrivant sur le ponton un quidam nous en a demandé 150 Krp par jour mais comme il n’a pas insisté, c’était sans doute une arnaque. Autant donc aller dès que possible sur Gili Asahan ou nous voulons laisser Rêve à Deux pendant que nous visiterons Bali et Lombok avec nos amis. Mais nous ne sommes pas à la bourre non plus. Pour éviter les déboires de la nuit dernière et passer des heures à lutter contre le courant nous étudions donc en profondeur les fichiers météo et toutes les cartes de courants. Deux options se dessinent 1) partir demain matin avec le courant descendant, passer par le sud de Nusapenida (côté océan) et retrouver le courant montant pour franchir le détroit de Lombok dans un vent de sud est de 10 à 12 nœuds (travers). Ou 2) partir le jour suivant de très bonne heure (avant la renverse) passer par le nord de Nusapenida pour traverser le détroit sur plus ou moins la même trajectoire que les ferrys. La solution 1 est sur le papier la plus rapide mais on risque de rencontrer une mer plus formée, la solution 2 risque de nous faire arriver très tard voir d’être obligé de remonter sur Gili Air.

Vendredi 20/5, 4:00 du matin nous sommes réveillés par un orage très violent, la foudre frappe à quelques mètres du bateau mais la pluie diluvienne nous permet de remplir nos réservoirs avant de s’arrêter aussi vite qu’elle était venue. Puisque nous sommes debout de bonne heure, autant y aller. Il n’est pas 7 heures quand nous franchissons la passe.

Dehors la mer est plutôt calme et le courant porte au large, le choix est rapide nous prendrons la route sud. Le vent de secteur Est est assez irrégulier. Par endroit il s’oppose au courant générant des vagues très courtes si bien que quand il descend en dessous de 9 nœuds on a du mal à avancer, qu’à cela ne tienne, on appuie légèrement au moteur dans ces moments là. Le courant nous pousse au large mais n’est jamais franchement contraire. A midi nous sommes à la pointe Sud Est de Nusapenida et de ses superbes falaises. Le courant devient carrément favorable et augmentant sa puissance, le vent aussi à mis beaucoup de Sud dans son Est si bien que la mer certes parfois un peu confuse n’est pas trop agitée. Nous traversons le détroit à plus de huit nœuds sur le fond. A 15:30 nous prenons le dernier corps mort libre devant Gili Asahan. Il nous reste une grosse semaine pour préparer notre escapade terrestre, ranger le bateau pour accueillir nos amis et effectuer les quelques vérifications et réparations de routine en vue de la traversée de l’Indien, et nous sommes bien contents d’être ici au calme plutôt qu’au milieu de la vie trépidante de Bali.

Pour les voileux : Bilan météo de ces ballades autour des îles Indonésiennes

Les prévisions de vent du modèle allemand ICON semble de loin les plus fiables pour la région, elles sont disponibles via le module météo de MaxSea Time Zero (ce qui permet de les utiliser pour faire des routages) et sur Windy. Elles sont bien plus réaliste que celles générées par le modèle Européen ECMWF, disponible via Predictwind ou Windy, ou le modèle GFS, disponible via Saildocs, Zygrib, Windy et d’autres sources (seule la direction est à peu près fiable).

Pour les courants le modèle RTOFS (disponible via Saildocs) est fiable pour la direction générale du flux mais sa force est souvent sous-estimée. Copernicus est fiable en force et en direction mais les données existent seulement pour 48 heures (Windy – Time Zero) . Les indications de courants portées sur les cartes sont souvent fantaisistes. La plus grande difficulté dans cette zone est de pouvoir estimer l’influence du courant de marée sur le courant océanique, ce flux qui traverse en permanence l’archipel de/vers l’Indien ou le Pacifique.

Note ces constatations s’appliquent seulement à la partie de l’archipel Indonésien où nous avons navigué et particulièrement les zones côtières. Au large, en zone océaniques, même si des différences importante subsistent la fiabilité des modèle GFS et RTOFS devient très bonne ce qui est rassurant parce qu’étant disponible sur saildocs ils sont facilement téléchargeables par Iridium ou même radio BLU/SSB

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